Quelques saines constatations, encore mêlées cependant de quelques illusions qui ont pour eux la force du consensus. On ne remédie pas à une école qui ne transmet plus par la rénovation du vieux projet de la modernité et de l'humanitarisme vieille fabrique, précisément parce que cette école est le symptôme direct de la liquidation déjà faite de la modernité. Des concepts gros comme des dents creuses tels que « postmodernisme », « égalitarisme radical », et d'autres mots en « isme » dont le sens n'est jamais précisé, tiendront lieu d'état des lieux. Ce qu'il y a de terrible dans l'école postmoderne est ce qu'il y a de terrible dans nos « sociétés » postmodernes; la perte généralisée du sens au profit de l'efficacité du signe, l'évaluation et le jugement mis au ban d'une quotidienneté faite d' « expérimentations » et de « débats » durant lesquels il faut faire preuve d'ouverture d'esprit sous peine d'être renvoyé à un passé nécessairement fasciste et obscurantiste.
Au reste, est-il besoin de faire appel à « un certain humanisme » et promouvoir « les vertus de la tradition et de l'éducation classique » pour démontrer, texte à l'appui, l'inanité du propos des innombrables pédago** mercenaires qui publient ? Je vois dans cette invocation consensuelle au vieux style une grande faiblesse, d'ordre éminemment politique. On ne combat pas le fétichisme actuel en érigeant de vieux fétiches. Ces derniers serviront tout au plus de caution utile au commerce culturaliste du dernier philosophe de salon. Il n'est absolument pas nécessaire de se référer à l'intelligence des vieux cons des neiges d'antan pour débusquer la bêtise qui se cache chez les petits cons de la dernière averse.
