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"SOS Education s’adonne à la caricature pour demander le soutien de ses adhérents" (S&C)
- Loys
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Dans sa dernière intervention adressée aux 60 000 membres et aux 200 000 sympathisants de SOS Éducation, le responsable de cette structure, Antoine Blondel, n’hésite pas à donner dans la caricature des travers actuels de l’Education nationale.
Mais, qu’on se rassure, c’est pour la bonne cause. Il s’agit de faire appel à la générosité des adhérents et sympathisants afin d’alimenter les compte de cette association, en rappelant qu’il est possible de défiscaliser 66 % du montant des dons réalisés, SOS Education étant reconnue d’intérêt général.
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- Loys
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On mêle insidieusement des revendications républicaines et des revendications maison non précisées ("biaisée", "sensibilisations idéologiques").Selon Antoine Blondel, « les projets du Ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem restent extrêmement inquiétants : suppression des notes, des bourses au mérite, des internats d'excellence, interdiction du redoublement, réécriture biaisée des programmes, multiplication des « sensibilisations » idéologiques au détriment de la transmission des savoirs fondamentaux...
De quelles "propositions" s'agit-il ici ?...et je ne parle pas de ses propositions en matière de statut des professeurs et des établissements, qui ne sont rien de moins que des capitulations honteuses face aux syndicats d'enseignants. […]
Et de quels syndicats parle-t-on, puisqu'il existe des oppositions très nettes entre les syndicats enseignants ?
Et, puisque nous y sommes, quelles "propositions" sur le statut des professeurs auraient-elles donc grâce aux yeux de SOS-Education ? Celles de l'iFRAP ?
On voit ici un discours anti-syndicats enseignants en général : l'association SOS-Education, qui prétend défendre les professeurs, dresse en vérité ses adhérents contre eux, en s'en prenant par exemple à leur statut, pourtant malmené lors de la dernière réforme.
La 25e place ne concerne que la "culture mathématique". Sur les trois domaines d'évaluation la France a progressé en moyenne entre 2009 et 2012 : elle est classée à la 24e place.Les derniers résultats de l'enquête PISA, réalisée par l'OCDE, révèlent un recul brutal de nos élèves en français et en mathématiques. Ils passent à la 25ème place des pays développés.
Le "français" n'est pas évalué par PISA. Et en 2012, la "compréhension de l'écrit" a progressé en France d'une dizaine de points : pas de "recul brutal" donc, dans PISA du moins...
Bref, on voit bien que les rapports internationaux ne sont pas lus, mais instrumentalisés. Il s'agit de donner des modèles étrangers à la France. SOS-Education ne doit pas savoir que l'école privée n'existe pas en Finlande.
On retrouve sans doute ici les chiffres de comparaison 1987-2007 de la DEPP.20% des élèves français entrant en 6ème sont en situation d'illettrisme. En mathématiques, les résultats sont plus inquiétants encore, avec 30% des élèves qui ne possèdent pas les savoirs de base.
C'est totalement faux pour la Finlande. Puisqu'on parle de classement à quinze ans (PISA), la Finlande dépense beaucoup plus que la France par élève. En valeur brute les dépenses annuelles des établissements d’enseignement par élève sont supérieures de 18% en Finlande dans le primaire et de 30% dans le premier cycle du secondaire : rien moins. Il suffit de lire Regards sur l'éducation (OCDE) pour le savoir.Toujours selon l'OCDE, des pays plus performants que nous dépensent beaucoup moins pour leur école. La Corée et la Finlande, qui raflent les meilleures places dans toutes les matières, dépensent respectivement 20% et 6% de moins que la France, par élève et par an.
Pour la Corée, ses dépenses par élèves sont effectivement plus faibles dans le premier cycle du secondaire mais égales à celles de la France dans le primaire.
On retrouve ici un discours familier qui est celui de l'iFRAP, avec les mêmes erreurs : la France dépenserait trop pour ses élèves. Et derrière, la volonté de réduire ces dépenses, qui sont pourtant très raisonnables puisque exactement dans la moyenne des pays de l'OCDE.
Faut-il s'en étonner ? Notre système éducatif est, depuis 40 ans, sous la coupe de syndicats, dont le but est précisément d'extorquer chaque année des augmentations budgétaires, et de se livrer à des expérimentations idéologiques sur le dos de nos jeunes.
Si le système éducatif était vraiment sous la coupe des syndicats, de nombreuses réformes désastreuses n'auraient pas pu avoir lieu, et surtout les professeurs seraient bien mieux payés qu'ils ne le sont. La France est l'une des rares pays de l'OCDE dans lequel non seulement les salaires des enseignants n'ont pas progressé, mais même ont baissé depuis quinze ans.
On est ici dans une sorte de fantasme...
On peut sans doute trouver d'autres responsables...Ce sont eux qui sont les premiers responsables de l'état actuel de l'école.
Cette phrase est contradictoire ("méthodes hasardeuses"/"même moule") parce qu'elle cherche à séduire en même temps les défenseurs et les ennemis de l'école républicaine, qui réclament le chèque-éducation ou défendent le homeschooling .Cette école où on apprend souvent à nos enfants le contraire de ce qu'on leur dit à la maison, où bien des fois on leur brouille la tête avec des méthodes pédagogiques hasardeuses et où on veut les forcer à entrer tous dans le même moule.
SOS-Education est aussi capable de déformation, comme on l'a vu.Combien de fois ai-je entendu des parents pester et réagir vivement en voyant leurs bambins s'empêtrer dans la méthode de lecture globale ? Ou ramener des questions suspectes la maison... Sans parler des contrevérités ou déformations dans les livres de classe, parfois écrits dans un jargon incompréhensible. Sans parler des professeurs des écoles recrutés à 4/20 de moyenne au concours, qui ne connaissent pas leur langue et font des fautes d'orthographe à la pelle...
C'est sans doute en portant atteinte aux statuts des enseignants, comme le souhaite SOS-Education sans le dire, qu'on pourra revaloriser le métier et le rendre attractif !
C'est vrai à une nuance près : les contenus n'ont pas besoin d'être "stupides" pour être problématiques.Nos enfants ont-ils vraiment besoin de ça, eux qui subissent déjà souvent l'influence d'émissions douteuses à la télévision, de contenus stupides sur internet, et maintenant ces tablettes numériques introduites à grands frais dans toutes les salles de classe ?
Il s'agit en vérité de promouvoir ici l'autonomie des établissements... mais pas celle des enseignants ! Credo ultra-libéral.Bien sûr, de nombreux directeurs et professeurs essayent de résister. Mais que peuvent-ils, encadrés comme ils le sont par le système et les circulaires de l'Éducation nationale, qui ne cessent d'empiler les réformes absurdes et prétendent régler leur travail dans les moindres détails ?
De fait l'autorité dans les établissements scolaires a été abandonnée par une certaine hiérarchie.Et je ne parle pas des problèmes de violence, que les pédagogistes s'acharnent à ne PAS combattre, par refus de l'autorité. Je crois qu'on a oublié que les enfants sont fragiles et que l'autorité, cela sert d'abord à les protéger. Que la discipline, cela sert surtout à leur donner confiance en eux-mêmes. Qu'il n'y a pas d'éducation sans sécurité.
C'est peu finalement, compte tenu du public scolaire sans équivalent en Europe (12,2 millions d'élèves). L'objectif apparaît sans être dit, encore une fois : tailler dans les dépenses d'éducation, promouvoir une école privée libre et autonome, subventionnée part l’État. Bref abandonner l'école républicaine et l’Éducation nationale.Moyennant quoi, nous continuons à dépenser des sommes extravagantes pour une école qui s'effondre. Et à quoi servent, au juste, ces 65 milliards d'euros que nous consacrons chaque année à l'Éducation nationale ?
C'est la doxa de l'iFRAP, avec les mêmes chiffres délirants... . Encore une fois il s'agit de s'en prendre non pas tant au fonctionnement qu'au principe même d'une Éducation nationale.- A appointer les 500 000 personnels non enseignants qui pullulent dans les bureaux des rectorats, des académies et des services administratifs du système éducatif ;
Quelle belle image est donnée ici des professeurs remplaçants, lesquels sont rarement inemployés en vérité compte-tenu de la pénurie du recrutement et travaillent souvent dans des conditions difficiles (affectation de dernière minute, publics souvent difficiles etc.)... Et ce sont les mêmes qui ensuite se plaignent quand un professeur n'est pas remplacé.- A payer les milliers et les milliers de professeurs sans affectation, qui restent chez eux toute l'année à se tourner les pouces, le plus souvent bien malgré eux ;
Un chiffre totalement fantaisiste : la décharge totale concerne moins d'un millier de permanents syndicaux (voir cet article du "Monde" ). Encore une belle image caricaturale renvoyée des enseignants.- A entretenir les 8000 enseignants mis à disposition des syndicats, qui ne voient plus un élève depuis des années mais qu'on retrouve dans tous les défilés ;
C'est le principe même de l'activité syndicale qui est mis en cause ici.
Dans ces associations, des fondations défiscalisées qui tapent sur l'école publique...- A arroser les myriades d'associations et de groupes de pression subventionnés par l'Éducation nationale. Elles avaient gratté plus de 140 millions d'euros en 2011, et la fameuse réforme « des rythmes scolaires » va faire exploser la facture.
On reste ici dans le non-dit, qui permet de ne fâcher personne.C'est ainsi que, sans aucun appui du grand public, ces associations, adossées à des lobbies sordides, font pression, tirent la couverture à elles et imposent leurs idées contraires à celles de la majorité des citoyens.
Heureusement qu'il y a SOS-EDucation pour sauver l'école !Et qui s'en étonne, qui le dénonce, qui ose protester ? Vous et moi, avec les 60 000 membres et 200 000 sympathisants de SOS Éducation. Jamais la presse, ni les hommes politiques, ni même les Fédérations de parents d'élèves, n'en parlent.
Et d'avoir un peu plus d'esprit critique.C'est pourtant un problème qui nous concerne tous : parents, grands-parents, enseignants, mais aussi toutes les personnes qui tiennent à ce que notre pays reste debout. Qu'il dispose, demain, d'une jeune génération capable de prendre la relève.
Nous y voilà : le lobbying, honni plus haut, se trouve soudain vanté.C'est pourquoi il est capital d'étoffer notre mouvement et de gagner en puissance pour peser plus lourd dans le débat public.
Il s'agit bien de dénationaliser l'école pour la territorialiser.Surtout que les enjeux de l'année 2015 sont ENORMES, avec la réforme territoriale qui peut permettre de redéfinir l'organisation du système éducatif.
Il s'agit bien, derrière la récupération, d'établir un classement compétitif des établissements à l'intention des parents, dans une perspective libérale.Nous allons devoir mettre tout notre poids dans la balance pour contrer les idéologues aux manettes du Ministère, et avancer des propositions qui permettront enfin aux acteurs de terrain de prendre leurs responsabilités :
- Par le recentrage sur la transmission des fondamentaux, avec une vraie évaluation et des résultats transparents au niveau de chaque établissement
Avec le discours anti-enseignants de SOS-Education, c'est gagné !- Par la restauration de l'autorité des professeurs, indispensable pour mettre fin aux comportements inacceptables qui se répandent dans les lycées et collèges
L'autonomisation serait la garantie d'une absence de gâchis ? Curieux puisque les dépenses des collectivités locales ont explosé ces dernières années. En fait, derrière le mot "autonomie", il faut entendre "libéralisation".- Par l'autonomie croissante des futures grandes académies et des établissements, au niveau de la gestion des budgets et des personnels, afin de mettre un terme au gâchis et de rendre enfin la dépense publique utile pour tirer tous les élèves vers le haut.
Pour couler l'école en prétendant la sauver.Face à la grande misère de notre école, rien ne nous oblige à rester passifs. Au contraire, avec SOS Éducation, nous avons l'occasion d'agir efficacement, dans le cadre d'actions ciblées, organisées à l'échelle locale et nationale. »
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