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"Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe"
- Loys
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Ce guide n'est pas une réforme généralisée de la langue française mais un ensemble de conseils - donc non contraignants - pour les acteurs de la communication publique. Il ne me semble pas choquant que l'on tente d'obtenir que celle-ci évite de perpétuer des représentations stéréotypées dont l'auteur de l'article ne nous dit pas s'il estime ou non qu'ils sont fondés ou critiquables.
Ainsi les contre-exemples donnés par le guide sont, me semble-t-il, pertinents : les affiches de la campagne de recrutement de l'En avec la femme rêveuse dans des tons pastels et l'homme devant un ordi sur fond bleu sont effectivement typique de ces représentations dont on peut se passer.
Il a bien sûr des exagérations qui témoignent effectivement d'une volonté "performative" (ce n'est peut-être pas le terme adapté) : l'idée que nommer les choses permettra de les changer. Je n'ai guère été convaincu par l'histoire des noms de rue par exemple.
Néanmoins, si les bénéfices de l'application de ces règles apparaissent minces, leurs inconvénients le sont encore plus. Si le féminin "professeure" choque encore la langue - laquelle n'est évidemment pas une structure figée et peut évoluer - l'existence linguistique des institutrices n'a jamais choqué personne. C'est là question d'habitude, et comme toujours avec la langue, c'est l'usage qui tranchera en s'imposant ou non.
Enfin la mauvaise foi de l'article ressort surtout du ton employé : qualifier ces conseils parfois pertinents, parfois artificiels, de pensée totalitaire, faire référence à Staline, c'est quand même violenter les mots de façon plus graves, ou au moins outrancière, que de rajouter une marque de féminin qui n'est qu'une habitude à prendre. idem pour le paragraphe final dénonçant un "faux" féminisme qui s'occuperait des mots et l'opposant à un vrai qui s'occuperait des situations concrètes et beaucoup plus graves d'oppression des femmes. Comme si il fallait absolument choisir entre ces différents combats...
En tout cas, ce guide, et a contrario l'article de Marianne, m'ont convaincu et bien que ce ne soit sans doute pas une priorité, j'essaierai de faire davantage attentiion à certains points soulevés.
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Je connais une enseignant-chercheur (<= à votre avis, ai-je masqué qu’il s’agit d’une femme ?) qui se revendiquait "maître de conférence", se revendique aujourd’hui "professeur". Elle revendique son féminisme, n’est évidemment pas dérangée par le fait d’occuper un terrain propre aux hommes, trouve plutôt dérangé les obsédés de la féminisation des titres, et elle déteste toujours autant les abominables "maîtresse de conférence" et "cheffe de cabinet".Les noms de métiers au féminin dérangent car ils traduisent le fait que des terrains conçus comme propres aux hommes sont investis par des femmes.
Je n’ai pas lu l’article de Marianne, mais je rappelle qu’il y a déjà au moins une personne en France qui a pris une amende pour avoir refusé de féminiser un titre. Alors oui, ce féminisme de pacotille est, sinon fasciste, du moins tyrannique.
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Si seulement c'était la plus grave tyrannie qui, de nos jours, nous était imposée....
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Les stéréotypes sexistes qui me faisaient rire, le font beaucoup moins depuis que ma femme, co-auteur d'un livre, s'est vue privée sur la jaquette de son grade supérieur, au profit d'un homme (évidemment), et depuis que ma gamine est revenue de l'école avec la question (citation approximative) : "Je suis une femme qui accueille les passagers dans l'avion et je suis responsable de leur sécurité et de leur confort". J'ai demandé à ma fille de répondre "la commandant de bord", et l'institutrice a reconnu sa bourde d'un élégant "bravo". Oui, les stéréotypes sexistes existent, oui, il faut lutter contre. Mais ce n'est pas en construisant des féminins fantaisistes que vous gagnerez quoi que ce soit : songez seulement à l'usage sexiste qu'on fait du très installé féminin de "coq".Hervé écrit: Il me semble que qualifier de "tyrannie" des conseils pour éviter que la communication publique ne véhicule des stéréotypes sexistes - dont vous n'avez pas dit ce que vous en pensiez - relève d'une mauvaise utilisation de la langue autrement plus gênante que de rajouter quelques "e" par ci-par là....
Sur mon précédent message : oui, on peut parler de tyrannie lorsqu'on met des amendes à ceux qui ne suivent pas les aimables "conseils". (Il me semble avoir lu qu'il y a chez Pascal un rapport entre la tyrannie et le grotesque : on y est).
Quant à la féminisation du vocabulaire, il est plus simple de prendre pour règle que pour les noms dont l'histoire a effacé le féminin ou qui n'en ont jamais eu, on donne pour forme féminine la forme masculine : un professeur, une professeur, un chef, une chef. C'est le plus simple et le plus rapide. On notera que la plaquette de "conseils" a évité de mettre en avant l'amusant "rectrice", et ne s'engage pas sur le féminin de "médecin". Les rédacteurs connaissent les limites du ridicule.
Pour finir sur le vocabulaire, il est quand même paradoxal dans le même document de prôner l'utilisation des épicènes et de demander à les éliminer de la langue.
Quant à la féminisation de la syntaxe, reprenez ci-dessus votre message du 11 nov, 15h11, et expliquez-nous si vous avez machistement considéré que les "acteurs de la communication publique" ne sont pas aussi des femmes.
Surtout, il est complètement dogmatique de prétendre que la lecture n'est pas gênée par la graphie "tou.te.s" à la place de "tous" (ou pire : "nombreux.ses" à la place de "nombreux"). Évidemment, si, si, la lecture est gênée, ne serait-ce que parce que le point est la marque d'une scansion dans le déroulé du texte, une respiration dans le signifié lui-même. Cette indifférence aux enjeux de la lecture fluide serait inquiétante quant au niveau d'éducation des rédacteurs de la recommandation ; soyons plutôt certains qu'ils sont prisonniers de leur vision sectaire de la langue : on rejoint ici la tyrannie.
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