Tribune : "redonner à l’école les moyens de retisser les liens humains qui sous-tendent la société"

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11 Déc 2024 10:49 - 11 Déc 2024 23:14 #25316 par Loys
Dans "Le Monde" du 10/12/24 cette tribune : "Il est urgent de redonner à l’école les moyens de retisser les liens humains qui sous-tendent la société"

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La tribune est particulièrement décousue (abordant pêle-mêle les inégalités sociales, l'école privées, les évaluations nationales, les réformes ineptes de droite, la crise du recrutement, les conditions de rémunération et de travail des enseignants, leur formation initiale, les fermetures de postes etc.) et vague, y compris dans la liste de ses mesures d'urgence : qui s'opposerait à "un budget de l’éducation à hauteur des besoins" ? Qui refuserait de "retisser les liens humains" ou de refonder une institution éducative "démocratique, humaniste, moderne" ?

Mais c'est précisément un enjeu de la tribune (au moins pour une partie des signataires) : par son caractère "inclusif" et ses constats ou ses objectifs consensuels, relégitimer des acteurs et une conception de l'éducation qui portent une immense responsabilité dans ce que l'école est devenue.

On ne s'étonne pas dès lors que la tribune entérine "le caractère ségrégatif du système scolaire", "un service public d’éducation ségrégué, exacerbant le tri social" ou critique "la hiérarchisation des savoirs". On ne s'étonne pas que la tribune ne souhaite pas protéger l'école mais "repenser la finalité de notre système éducatif". Qu'elle appelle à "la reconstruction du métier d’enseignant et de la formation à ce métier". Qu'elle se réclame d'un "grand mouvement d’élaboration d’alternatives pour l’école". Le titre même de la tribune est l'écho du leitmotiv des "Cahiers pédagogiques" : "changer l'école pour changer la société, changer la société pour changer l'école".

On ne s'étonne pas que la tribune veuille redonner une place d'importance "aux parents, aux associations d’éducation populaire et d’éducation nouvelle". Qu'elle mentionne (à à trois reprises) "une diminution dramatique" du financement de ces derniers, ce qui entrave la "contribution des mouvements d’éducation populaire et d’éducation nouvelle à la formation des jeunes". On ne s'étonne dès lors pas que l'école dans le titre de la tribune devienne "l’école et l’éducation populaire" dans la conclusion (comme si l'école ne proposait pas une éducation populaire).

Dans cette tribune signée par des formateurs idéologues de cette "éducation nouvelle", on ne s'étonne pas qu'elle défende spécifiquement le haut niveau de qualification (et d'idéologie ?) des formateurs comme "nécessaire à la réduction des inégalités d’apprentissage". Que les mêmes qui condamnent "l’imposition des « bonnes pratiques » pédagogiques" ou "un management de plus en plus vertical et autoritaire renforçant la souffrance au travail" soient les mêmes qui s'en sont rendu coupables par le passé, de Claude Lelièvre à Philippe Meirieu. Le souhait d'"aller vers davantage de coopération" est bien une invitation à poursuivre l'emprise constructiviste sur l'école.

On ne s'étonne pas que la tribune ne mentionne nulle part le retour d'une école efficace, comme si "l'émancipation et l'épanouissement" pouvaient exister sans cette efficacité.

On ne s'étonne pas que le constat d'une école qui "va mal" (au sens le plus vague possible) ne soit pas accompagné d'un jugement plus lucide sur ce qui y va mal depuis des décennies, bien avant les dernières mesures (ineptes) qui font l'actualité de l'école.

On ne peut que regretter que des responsables syndicaux nationaux se soient égarés dans cette entreprise de légitimation opportuniste.

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Dernière édition: 11 Déc 2024 23:14 par Loys.

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