Laurent Fillion - "Comment j'ai pourri le CDI" (23/12/12)

Une réaction à mon canular "Comment j'ai pourri le web" quelque peu tardive, neuf mois après la bataille, mais qui s'explique sans doute par un long travail sur le fond et sur la forme, de Laurent Fillion, professeur d’histoire-géographie-éducation civique "dans un collège semi-rural du Pas-de-Calais" et donc bon connaisseur du commentaire de texte littéraire, sur son blog bien nommé "Peut mieux faire" : "Comment j'ai pourri le CDI" (23/12/12).

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A lire aussi, les commentaires sur Twitter. Du coup, nous avons ainsi facilement la liste de tous ceux qui, comme Laurent Fillion, ignorent ou feignent d'ignorer :

• la différence entre commentaire de texte et recherche documentaire
• qu'un site qui vend des corrigés n'est pas un site documentaire
• qu'un livre doit être publié par un éditeur
• qu'un livre doit être sélectionné par un professeur-documentaliste pour entrer dans son CDI
• etc. etc.

Pour défendre le web tout est bon !

Comment j’ai pourri le cdi

Rien de vraiment original dans cette veine parodique. Déjà il y a sept mois, Bruno Devauchelle, avec un peu plus d'inventivité, proposait : "Comment j'ai pourri mes livres" .

Je me suis amusé à une petite expérience « pédagogique ».
J’ai donné une recherche à réaliser au cdi à mes élèves sur les grands personnages de la révolution française. Mais j’avais pris soin de glisser parmi les Robespierre, Danton et la Fayette un illustre inconnu (et pour cause car tout droit sorti de mon imagination !) Louis Binid, marquis de Pronoef, noble éclairé.

Quel sens de la parodie, quelle créativité verbale...
Je vois que même neuf mois après M. Fillion n'a toujours pas compris qu'un commentaire composé n'est pas une recherche documentaire et que sa démarche en histoire-géographie n'a donc pas grand chose à voir avec celle d'un professeur de lettres préparant à l'examen du baccalauréat...

J’avais pour l’occasion écrit et édité un faux livre retraçant la biographie dudit marquis et glissé cet ouvrage dans les rayonnages du cdi.

Quitte à faire une parodie, il faudrait quand même aller jusqu'au bout et présenter au moins un extrait amusant, comme j'ai fait avec mon faux corrigé. C'est du bâclé, tout ça...
Quant à mon faux corrigé, il n'était pas sur un site documentaire, mais sur deux sites de corrigés payants, Oboulo et Oodoc. Bref, pas grand chose à voir avec un CDI...

Que croyez-vous qu’il advint ? Ces crétins d’élèves ont recopié le contenu du livre sans chercher à croiser avec une autre source.

Quitte à faire une recherche documentaire, sur le web ou au CDI, toujours croiser les sources, effectivement. On notera l'usage du mot "crétins", qui n'est que le fait de M. Fillion.

J’ai pu lors de la correction leur montrer tous les dangers du livre. On peut en effet y trouver tout et n’importe quoi ; je leur en avais apporté la preuve.

Non, car il aurait fallu que le livre soit publié par un éditeur et sélectionné par un professeur-documentaliste pour entrer dans son CDI. Or précisément mon faux corrigé a été validé par les "comités de lecture" de Oboulo et Oodoc.
Bref, les filtres dans les ouvrages imprimés mis à disposition des élèves existent à plusieurs niveaux (éditeur, professeur-documentaliste). Et ils n'existent pas dans les pages web que consultent les élèves. CQFD.

Cette petite expérience m’a valu les honneurs des medias. Mes amis, (que je prévenais systématiquement sur notre forum d’échanges où se retrouvent tous les ennemis du livre et autres réacs), m’y ont à chaque fois trouvé excellent et pertinent. Seuls quelques esprits chagrins ont critiqué ma démarche en me surnommant le « pourrisseur des bibliothèques ».

M. Fillion, syndiqué au SE-UNSA et fervent défenseur du socle commun de compétences, fait partie d'une petite clique sympathique qui m'éreinte régulièrement sur Twitter, sans doute en hommage au meilleur du numérique. Je note au passage tout son mépris pour Neoprofs, un forum enseignant de 15.000 membres.

Il faut dire que ces derniers sont des partisans de l’utilisation du livre en classe. Certains en font même écrire à leurs élèves !!

M. Fillion est un enseignant innovant, il ne faudrait surtout pas l'oublier.

Je suis ainsi devenu le porte-parole de tous les enseignants qui mettent en avant les dangers du livre. L’actualité récente nous a donné raison à maintes reprises avec la sortie d’ouvrages antisémites, racistes, xénophobes ou à pure vocation commerciale. Il est évident désormais qu’il est extrêmement dangereux d’habituer les élèves à utiliser le livre au risque de les amener à être confronter un jour à ce type de publication.

On aimerait bien savoir quels ouvrages antisémites, racistes ou xénophobes ont été publiés récemment sans poursuites judiciaires puis sélectionnés pour entrer dans un CDI... Parce que sur Twitter , par contre.
Voilà sans doute la vraie raison de ce billet si tardif, d'ailleurs : on ne touche pas à Twitter, cet outil pédagogique !

Rassurez-vous, tout ceci n’est que pure invention, un conte de Noël.
On imagine mal un enseignant utiliser de tel procédé et surtout en tirer de telles conclusions.
Non ?

Et un autre, en faire une parodie si inepte. Sans même aller jusqu'au bout de la démarche et l'appliquer dans la vraie vie.
Bref, un article aussi pertinent qu'il est drôle.

Quoi vous voulez dire qu'un prof. de géographie d'un "collège semi-rural du Pas-de-Calais" connait Twitter ? C'est grave là ça veut dire que l'invasion est sérieuse !

Disons que certains, s'ils n'avaient pas Twitter, se sentiraient bien seuls...

Je note aussi, même si ça n'a pas grand chose à voir avec mon expérience, le peu de respect que manifeste M. Fillion pour nos collègues professeurs-documentalistes, dont le travail est de plus en plus vandalisé par la non-recherche documentaire en ligne et la désertion des CDI, voués à devenir des learning centres connectés. Pour mémoire, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, mon expérience a été inspirée par celle d'une professeur-documentaliste.

Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
Euh... non. Mais, puisque votre raisonnement s'appuie sur une analogie, j'attends toujours vos éclaircissements sur les points suivants :

• quel rapport entre un commentaire de texte et une recherche documentaire ?
• quel rapport entre un corrigé tout fait et une source d'information ?
• quel rapport entre des sites commerciaux vendant des corrigés en ligne et un centre de documentation et d'information ?
• quel rapport entre un faux livre non édité, non publié et non sélectionné pour entrer dans un CDI et un faux corrigé dûment validé par des comités de lecture et officiellement publié sur le web ?
• quels ouvrages antisémites, racistes ou xénophobes ont été publiés récemment sans poursuites judiciaires ?

Je note qu'on en revient vite aux invectives sur Twitter : maintenant, si c'est ce que vous avez de mieux comme argument pour la défense du web...

Vous êtes sur le terrain de la réflexion, ils sont sur celui du nombre, du suivisme et du gazouillis collectif, comme Lebob (que vous avez la chance de ne pas connaitre), Typhon ou Dr Brains (seul sunaj reste calme en toutes circonstances, ainsi que DM) après avoir épuisé leur maigre argumentaire pavlovien, ils s'énervent...

Je note aussi que M. Fillion colporte, avec une certaine complaisance et comme nombre de mes détracteurs en mal d'arguments, l'idée que j'aurais humilié mes élèves. Il est vrai qu'il est tellement plus simple d'imaginer qu'un professeur critiquant certains usages du web est nécessairement haï par ses élèves.

Je ne crois pas que je vais reproduire ici (pour la énième fois...) les réactions de mes élèves dans les différents médias, à la radio, sur les blogs de mes détracteurs, à la télévision pour montrer à quel point ils ont été trouvé cette expérience non notée finalement très amusante. Une de mes classes m'a même applaudi spontanément : c'est dans l'article , M. Fillion...

Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi les prof. acceptent le piochage des élèves dans Wikipédia, quand un enseignant propose (impose) un exercice il est libre de fixer les règles c'est admis, donc pourquoi ne pas dire : soyez sympa dégagez-moi cette merde de Wikipédia, trouvez d'autres sources SVP ?

C'est surtout que dans le cas du commentaire de texte, les seules sources sont dans la tête : personne ne peut comprendre ou interpréter un texte à votre place.

De nouveaux commentaires sur la page de l'article de Laurent Fillion et cette réponse qui montre à quel point il est de bonne foi :

Amélie, je en m’attaque pas au « pourriseur du web » mais à ses conclusions et sa méthode.
Je reconnais dans votre sa défense « officielle », mais qu’elle soit présentée sur son site ou copié-collée ici, elle ne me convainc pas.

On attend toujours les réponses aux questions que j'ai posées plus haut .

Ainsi donc selon vos dires et les siens, ma comparaison serait bancale parce qu’il aurait demandé à ses élèves un commentaire de texte.
Je ne suis aps prof de lettres mais il me semble qu’on est en droit d’attendre des élèves qu’ils situent le texte dans l’oeuvre et dans la vie de l’auteur, qui plus est quand il s’agit d’un exercice à réaliser à la maison. Je me mets à la place de l’élève : « c’est à faire à la maison, donc le prof attend de nous un minimum de recherche pour situer cette oeuvre. ». Il a tord ?

Je n'ai pas reproché à mes élèves la recherche d'éléments biographiques, peu utiles puisqu'ils ne servent qu'à introduire éventuellement un commentaire. L'essentiel de la démonstration reposait sur la consultation de sites de corrigés, qui proposent de faire à votre place votre travail d'interprétation personnelle d'un texte.

Deuxième raison pour laquelle je en peux être convaincu par cette défense : je me souviens des propos tenus dans les médias par Loys Bonod. Il s’agissait bien de remettre en cause l’intérêt du web en général et pas seulement pour ce type d’exercice. Relisez donc sa « morale de l’histoire » sur son site !

Mieux, citons-la : "On ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui."
De la technophobie pure !

Quant à l’absence de côté humiliant de la démarche, je serai prêt à le croire si son auteur n’était pas aussi actif dans un forum où l’on ne cesse de tenir des propos que je n’accepte pas à l’encontre des élèves (ou d’une grade partie d’entre eux)

Je suis donc responsable des propos des autres...
Bon, il n'y a qu'à lire mon article ou consulter les réactions amusées de mes élèves dans les médias au lieu de me prêter les intentions d'autrui...