- Messages : 18192
Lyonel Kaufmann - "Piéger les élèves ou les former avec les médias sociaux ?" (21/04/12)
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Lyonel Kaufmann est rédacteur du "Café Pédagogique" ( source )
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Bref être un mauvais professeur ou un professeur vertueux.La chronique de Lyonel Kaufmann : Piéger les élèves ou les former avec les médias sociaux ?
Car nul doute que lorsque les élèves seront "formés aux médias sociaux" et qu'ils sauront que c'est une mauvaise idée ils n'auront plus la tentation de copier-coller des corrigés en ligne.
Au passage je serais très curieux de savoir ce que l'on entend précisément par "éduquer aux médias sociaux".
C'est vrai que pour ma part je préfère éteindre des réverbères et - si possible - ne pas élever mes élèves.Pendant que certains préfèrent pourrir le web et piéger leurs élèves, il reste des allumeurs de réverbères qui cherchent heureusement à élever leur élèves à la culture et au savoir historique en se saisissant des médias sociaux.
Mince ! Moi qui croyais qu'il s'agissait d'"élever les élèves à la culture"... Notez la confusion habituelle : Lyonel Kaufmann pense qu'un commentaire de texte est une recherche documentaire. Il omet évidemment de parler des sites de corrigés en ligne, ma principale cible.L’affaire de l’enseignant pourrisseur du web [1] et de ses élèves en fournissant, via le web, et en particulier Wikipedia, des fausses informations au nom de la défense de la culture, avec un grand C,...
Allons-y pour les jugements à l'emporte-pièce : c'est donc la peur d'enseigner qui conduit mon action. Je remercie beaucoup Lyonel Kaufmann pour cet éclairage psychologique d'une rare profondeur. François Jarraud, du "Café Pédagogique" avait tenu des propos psychologisants du même tonneau....et de la nécessité pour les élèves d’apprendre à penser avant d’aller sur le web en dit long sur la perception d’un grand nombre d’enseignants à vivre l’école comme une citadelle assiégée et leur peur d’enseigner avec les médias sociaux, voire d’enseigner tout court. [2]
Il s'agit donc, pour reprendre le propos audacieux de M. Kaufmann, d'"enseigner avec les médias sociaux" (sic). J'aimerais savoir quel est le rapport avec ma réflexion sur les sites de corrigés.
Au centre de mon expérience, il y a une lecture, celle d'un poème sans grande difficulté. Mon expérience montre que le numérique, cette "nouvelle technologie" si merveilleuse, fait renoncer les élèves à la lecture.Nul doute qu’enseignant au moment de l’arrivée de cette nouvelle technologie qu’a été en son temps le livre, cet enseignant et ses congénères prôneraient également que leurs élèves doivent apprendre à réfléchir par eux-mêmes avant de lire leur premier livre !
Ah... Le cours de lettres doit donc avoir pour nouvel horizon de permettre aux élèves de "maîtriser leurs vies numériques" (car - semble-t-il - le numérique offre plusieurs vies ). Et moi qui croyais naïvement qu'il devait leur permettre d'accéder à la littérature et à la culture supposée les "élever".Ainsi, au lieu d’apprendre à bien de maîtriser leurs vies numériques et d’être leur propre maître...
C'est pourquoi - en toute logique - le "Café Pédagogique" fait la promotion permanente de tous ces réseaux commersociaux à l'école....les utilisateurs-producteurs d’élèves seront livrés pieds et poings liés au marché numérique et parfois vendus sans crier gare, comme le montre le rachat récent d’Instagram par Facebook, avec leurs données et contenus à de nouveaux maîtres.
Armés d'une solide culture personnelle, d'une autonomie de penser et d'un esprit critique, les élèves seront aussi bien armés que nous pour affronter le monde numérique.Car si l’école ne s’occupe pas des médias sociaux et du numérique, le marché et principalement Facebook s’en chargeront.
Ah... Je serais curieux de savoir comment préparer efficacement mes élèves à un exercice personnel et déconnecté du Baccalauréat, le commentaire de texte, grâce aux réseaux sociaux. J'apprécie en tout cas à leur juste mesure les conseils de M. Kaufmann, qui semble si bien connaître cet exercice.Concernant la culture, l’exercice proposé était bien loin de ce qui aurait permis d’y élever les élèves en venant à leur rencontre...
C'est donc l'épreuve du baccalauréat qui est une mascarade en ce cas....et la démarche choisie lors de cette mascarade a, comme l’indique fort bien Emmanuel Jaffelin,
«moins prouvé la tricherie des élèves que mis en évidence la date de péremption des exercices demandés.» [3]
Pour M. Jaffelin, je renvoie à la réponse que j'ai pu faire .
Ce n'est donc pas moi qui suis critiqué, mais les exercices du commentaire ou de la dissertation. J'imagine que M. Jaffelin a renoncé depuis longtemps à ces exercices vieillots dans son exercice de l'enseignement de la philosophie.Sans parler que, de tout temps, ces exercices ont plus favorisé la recopie et le couper/coller que le développement de la réflexion autonome des élèves…
Quant à la pertinence ou non de ces exercices pour développer l'esprit critique, j’appellerai simplement M. Kaufmann à d'abord en comprendre le principe...
Oui mais comment ? C'est bien de répéter en boucle cette formule, mais ça ne nous avance guère.Heureusement, dans le même temps, d’autres initiatives vont à la rencontre des élèves, s’approprient les outils de la culture numérique pour véritablement les élever à la culture, au savoir et les former avec les médias sociaux.
Impressionnant de nouveauté : poser des questions, y répondre... Et encore une fois le travail en lettres n'est pas un travail documentaire. Et le commentaire de texte relève de l'interprétation personnelle.C’est ainsi que Laurence Juin a remis le couvert et recourt avec ses élèves à Twitter pour préparer le bac. Il s’agit ainsi en histoire d’«inciter les élèves à réviser, à chercher en posant des questions, en donnant des réponses.» [4]
Quelle pédagogie renversante !Le principe est simple. L’enseignant pose une question d’histoire, de géographie ou d’éducation civique en rapport avec le programme et les élèves y répondent en reformulant la question et donnant leur réponse.
C'est effectivement saisissant...En cas d’erreur, d’imprécision ou de faute d’orthographe, l’enseignant demande à l’élève de reformuler. De plus, tout «tweeteur» peut participer en rédigeant des questions.
C'est vrai que la mémoire de la Shoah transite mieux dans des tweets de 140 caractères ponctués de publicités et de divertissements que dans la lecture de Primo Levi.Mais mon coup de cœur du mois, l’illustration que, plutôt que rejeter les élèves et le lieu central de leur vie qu’est devenu l’Internet et le numérique [5], il faut aller à leur rencontre là où ils sont pour faire œuvre de culture et d’enseignement, vient de l’initiative de Boruch Szlezinger.
Boris Szlezinger est un rescapé de la Shoah, ancien déporté politique des camps de concentration nazis, survivant des marches de la mort. Bel exemple de collaboration et de savoir partagé et reconnu entre les générations, c’est son petit-fils qui lui a créé un compte sur Twitter et le gère dans le but de faciliter la transmission de la mémoire de la Shoah. [6]
Ou comment transformer l'indigence en qualité...Avec 140 caractères, l’économie de mots imposée à chaque message...
Télécharge l'application Twitter sur ton smartphone pour être mieux replongé dans cette abomination que fut le nazisme !...nous replonge dans l’effroi de cette abomination que fut l’expérience des camps de concentration et de l’entreprise d’extermination de l’Allemagne nazie:
Et quand ils ne seront plus là, comment fera-t-on pour tweeter avec eux ?Eythan Szlezinger, son petit-fils, explique l’intérêt de l’utilisation de Twitter dans leur démarche, alors qu’aujourd’hui en France, il reste à peine cinquante anciens déportés, un nombre qui ne cesse de diminuer au fil des jours:
«Twitter est un outil de communication particulier. Il permet de s’adresser au grand public sans intermédiaire avec moins de 140 caractères. […] Grâce aux mentions et aux messages privés (DM pour les initiés), on peut discuter en direct avec les lecteurs.
Heureusement qu'il restera cette vieille chose : la littérature.
Twitter, c'est effectivement le lieu de l'approfondissement.On peut approfondir le sujet que l’on traite, donner des détails, répondre à des questions.
La preuve d'ailleurs :
Car la démarche en lettres est vraiment de l'ordre de la recherche d'information.On y trouve des personnalités de la télévision, de la politique, du cinéma, de la musique. Grâce à eux et au relais qu’ils font, les internautes lambda, désireux d’apprendre ou de s’informer, savent que ce compte existe. À la différence de Facebook, Twitter est une plateforme dynamique sans cesse stimulée par l’actualité. Il est alors facile pour les lecteurs curieux de s’informer.» [7]
"Criminel" et même presque nazi, non ?On perçoit ainsi et notamment le formidable effet multiplicateur, de diffusion et d’appropriation des médias sociaux. Il serait incompréhensible, voire criminel, que l’éducation nationale s’en détourne.
Décidément, Lyonel Kaufmann n'avait pas anticipé le hashtag #UnBonJuif et son "formidable effet multiplicateur".
Ou de l'invective raciste et homophobe...Pour notre part, nous préférons espérer, à la suite d’Olivier Ertzscheid, que l’activité de publication avec les média sociaux sera enseignée pour «en faire le pivot de l’apprentissage de l’ensemble des savoirs et des connaissances»...
La démocratie est surtout liée à la capacité à comprendre ce qui est publié.«Cet enjeu est essentiel pour que chaque individu puisse trouver sa place dans le monde mouvant du numérique, mais il concerne également notre devenir collectif, car comme le rappelait Bernard Stiegler : « la démocratie est toujours liée à un processus de publication – c’est à dire de rendu public – qui rend possible un espace public : alphabet, imprimerie, audiovisuel, numérique. » [8]
Pour ma part, j'ai rencontré et analysé sur ce forum les propos de beaucoup d'allumés.Les allumeurs de réverbères, parsemés sur la toîle, que je rencontre me donnent à penser qu’il reste de l’espoir et un avenir pour l’école.
La Suisse a beaucoup de leçons à donner à l’Éducation nationale en France.Lyonel Kaufmann, Professeur formateur, Didactique de l’Histoire, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Lausanne (Suisse)
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18192
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.