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Cyrille Borne (1) - "Comment il a pourri le web mais pas seulement" (22/03/12)
- Loys
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On commence avec un beau contresens. Qui a lu le billet a compris que l'expérience ne vise pas à faire cette découverte pour moi-même.Si vous fréquentez sur twitter les mêmes personnes que moi ou pas loin, vous n'aurez pas pu passer à côté du billet comment j'ai pourri le web. Il s'agit d'un enseignant de Français qui réalise que ses élèves pompent comme des malades sur internet. Effectivement, c'est une belle découverte
Le but était de faire prendre conscience à mes élèves de ce qui les conduit à faire un mauvais choix pour préparer l'épreuve écrite de français. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai publié cette expérience, qui n'était pas destinée à être médiatisée, que longtemps après, presque par hasard.
Sauf qu'en lettres - ce que l'auteur semble ignorer - on n'attend pas pour un même texte une même réponse...et je l'en félicite, en mathématiques, soit ils trichent sur le meilleur de la classe ce qui fait qu'on peut avoir des pointes à 17 copies identiques sur une classe de 25 personnes (testé et approuvé), soit les parents ont les moyens et font appel à un prof particulier qui fera le travail, soit enfin on a une relation dans la famille qui sait faire et qui fera, parfois par accident des élèves essaient de faire le travail par eux-mêmes, et viennent même poser des questions à la fin du cours. En mathématiques on est pas chez James Bond, on est plus classique dans l'art de la triche.
Toujours et encore cette confusion, cette incompréhension fondamentale, qui suppose qu'un commentaire de texte est un travail d'information, une recherche documentaire. A la vérité un corrigé, gratuit ou payant, ne constitue pas une "source d'information" sur un texte : c'est tout simplement votre travail fait par un autre.Donc aux grands maux les grands remèdes, puisque les élèves sont des James Bond en puissance, l'enseignant doit prendre la place de Goldfinger et s'attaquer à la source en disséminant de fausses informations. Il n'y va pas de main morte, puisqu'il va jusqu'à glisser des informations erronées dans Wikipedia, poster de fausses infos dans les forums, aller même jusqu'à proposer des devoirs bidons à acheter, enfin tout ça vous le lirez sur son billet remarquablement écrit. A la fin bien sûr, c'est lui le vainqueur, il a pourri non seulement l'internet en y laissant de fausses informations mais aussi ses élèves car il a montré qu'il était le patron.
Toujours la même confusion, inspirée évidemment d'une autre matière où la recherche documentaire a tout son sens, l'histoire-géographie. En français, aucune recherche ne permet de commenter un texte, si ce n'est à trouver un commentaire tout fait lui-même.Avant de donner mes conclusions personnelles sur ce remarquable travail d'enseignant, je tiens à évoquer un souvenir personnel avec vous. Je suis en 1992 et je porte les cheveux longs, je suis élève en 1ère S et nous sommes déjà un peu accablés par les devoirs de mathématiques et de sciences physiques. Notre professeur d'histoire-géographie, dont j'ai perdu le nom a la bonne idée de nous diviser en groupes et de nous imposer un travail sur un pays d'Europe. Pour une raison qui m'est inconnue, je me retrouve avec mes deux acolytes à me taper un dossier complet sur le Portugal.
L'Encyclopedia Universalis est plus digne de confiance que les sites de corrigés dont les "comités de lecture" publient n'importe quoi, mon expérience en est la preuve.Direction la bibliothèque et vas-y que je te prends l'encyclopédie Universalis pour en copier des passages complets, sans vérifier toutes les informations et sans parfois en comprendre totalement le sens, si c'était écrit dans l'encyclopédie Universalis alors c'était vrai. La moralité de ma fable c'est que l'internet n'y est pas pour grand chose, il a simplement facilité les procédures, il n'est plus désormais obligatoire de se déplacer à la bibliothèque, il suffit de récupérer les infos depuis son fauteuil.
Bref, toujours cette croyance essentielle à laquelle les défenseurs du web s'accrochent que l'écrit sur internet vaut bien l'écrit dans un livre. Certes, parfois. Mais comment le savoir quand on est soi-même un élève ? A qui peut-on faire confiance ? Qui écrit ? Qui valide ? Qui publie ?
Diantre, avec une petite phrase anodine glissée pendant quinze petits jours sur la page d'un auteur presque inconnu, j'ai "sabordé", que dis-je j'ai "fracassé" Wikipédia !Notre professeur de Français vient de nous montrer que la fin justifiait les moyens. Besoin de saborder Wikipedia, une encyclopédie où des gens de façon bénévole essaient de donner la bonne information de façon libre, aucun problème, on fracasse, ça donnera l'idée à plein de petits malins.
En réalité, c'est surtout que la publicité faite à toute cette affaire n'est pas très bonne pour le projet d'encyclopédie en ligne. Elle prouve que n'importe qui peut écrire n'importe quoi. La preuve avec moi-même ou avec un de mes élèves facétieux comme moi qui a rétabli mes modifications (voir l'historique des modifications), lesquelles sont ensuite restées en ligne... pendant un an et demi !
Cette définition de Wikipédia est en tout cas à retenir : "des gens de façon bénévole essaient de donner la bonne information de façon libre". Comme si le caractère libre de source et le bénévolat garantissait la qualité du travail fourni...
Le B2i est une blague : les élèves l'ont validé et ça ne les empêche de faire le contraire... Comme je le disais, je ne crois pas à une moralisation possible du numérique à l'école : il faut être naïf pour penser que des élèves ayant validé des items sur la vérification d'information vont ensuite pendant toute leur scolarité appliquer scrupuleusement ce qu'ils ont validé.Oui il y a des coquilles dans Wikipedia, oui il est important de montrer aux élèves qu'il faut multiplier les sources d'informations, il y a même des cours pour ça avec le b2i (il a aussi la classe de faire le travail d'informatique) mais non, la fin ne justifie pas les moyens, on ne fait pas n'importe quoi pour montrer qu'on a raison.
Quant aux "coquilles" sur Wikipédia, pour qui a des connaissances dans un domaine précis, il y a de quoi en faire des colliers de coquillages pour l'humanité toute entière.
Soyons logiques : Wikipédia se présente comme un "projet d'encyclopédie". Est-ce qu'on recommande à des élèves de consulter des projets de dictionnaires ou d'encyclopédie ?
Donc, en montrant à mes élèves que j'avais conscience qu'ils trichaient, j'ai trahi leur confiance, c'est bien ça ?Notre professeur de Français vient de nous montrer aussi que les enseignants plaçaient des pièges. Quand il s'agit d'une bataille permanente pour avoir la confiance des élèves, que cette confiance est primordiale pour emmener les élèves là où on veut les emmener, notre collègue explique que ce qui compte c'est le final, même si on a trahi l'élève.
Mon but n'était pas seulement de piéger mes élèves, mais de leur faire prendre conscience de l'inanité de leur réflexe numérique : "j'ai voulu leur prouver que, davantage que la paresse, c'est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu'ils trouvent ailleurs, et qu'en endossant les pensées des autres ils se mettent à ne plus exister par eux-mêmes et à disparaître."Mes jeunes sont avertis, tout ce qui ressemble à de la triche c'est 0 pour toute copie identique, ils s'arrangeront après pour savoir qui a triché l'un sur l'autre. Les professeurs ne sont pas là pour démontrer qu'ils sont des pervers qui ont du temps à perdre pour piéger les élèves ils sont là pour édicter des règles claires comme on en trouve dans la société. Je vole, je pars en prison, je triche à un examen je prends 5 ans d'interdiction de passer tout examen, je triche pendant un contrôle je prends 0.
Quand on connaît le blog de Cyrille Borne, il y a de quoi sourire quant à la "pathologie"... Comme il le dit lui-même dans les commentaires "je ne lui jette pas la pierre car en fait, même si j'ai écrit mes deux articles sur un coup de cœur, j'en récupère aussi les fruits, il s'agit d'une technique de blogging bien connue que de troller sur les gens ou les sujets à succès".Je crois que nous sommes devant toutes les pathologies traditionnelles que nous connaissons et que je partage avec vous au quotidien, réputation, vanité, moi je, cet homme a de l'avenir dans le blogging, il faut poursuivre sans hésitation. Aucune solution n'est proposée à la fin du billet, par contre il aura fait le tour de la France aujourd'hui, l'objectif est atteint, banco les statistiques.
Quant à la solution miracle, tiens c'est vrai ! pourquoi n'y ai-je donc pas pensé ?
C'est un bien sympathique jugement de valeur qui est donné ici : qu'est-ce que M. Borne, qui se donne en exemple vertueux, connaît de mon enseignement ?Notre brave collègue en fait n'a pas fait que pourrir le web, il pourrit aussi la vision que je me fais de l'enseignant et de l'enseignement. Ce matin j'ai fait des systèmes d'équations avec mes troisièmes, l'un des tops de la difficulté à notre niveau. Après avoir démarré les premières étapes, ça a commencé à souffler, à me demander l'utilité dans la vie de tous les jours, à crier Ô désespoir. J'ai dit : "cela fait dix ans que j'entends des gens se plaindre au même moment, ayez confiance après quelques exemples ça ira mieux". C'est peut-être parce qu'ils me voient suer tous les jours depuis 6 mois pour leur faire passer les notions, qu'ils voient que même si je colle, que je ne suis pas toujours drôle, que je fais sauter des points dans le permis, que j'appelle les parents, je suis présent pour qu'ils avancent, qu'ils ont eu la charité de me laisser poursuivre jusqu'à la fin et d'essayer à leur tour pour commencer à y arriver et arrêter de geindre.
Un peu de morale à côté de la plaque pour finir, avec quelques invectives faciles : où le subterfuge est violemment décrié mais la triche complaisamment oubliée.Si demain tous les profs de France se mettent à faire les couillons pour avoir leur quart d'heure de gloire sur l'internet, c'est la guerre dans toutes les écoles, laissons donc ce monsieur profiter sa gloriole, pour les autres continuons nos avancées malgré les difficultés, des avancées qui ne peuvent être réalisées que dans un cadre clair et sain, un cadre où les adultes ne tendent pas des pièges aux enfants, mais où la confiance règne.
Que sait M. Borne de la confiance qui règne entre mes élèves et moi ? Ne lui en déplaise cette "expérience" sans conséquence a été "amusante" pour moi comme pour mes élèves de cette année-là, avec qui j'ai entretenu d'excellentes relations. Ils en ont parlé toute l'année et continuent d'ailleurs de m'en parler.
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- Loys
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Votre analyse, bien qu'apparemment pertinente, est malheureusement en partie erronée. Je suis un des élèves de ce professeurs ( bien que ne faisant pas partie des piégés ), et je vais essayer d'exprimer ce que je pense, ainsi que la majeure partie de mes camarades, de ce professeur.
Tout d'abord, quand à l’attentat contre Wikipedia qui vous semble tenir particulièrement à cœur. L'article publié a, il me semble, déjà été corrigé. Le mal a donc été réparé, et la biographie de l'auteur, améliorée.
Ensuite, quand à votre analyse des relations entre ce professeur et ses élèves. Je vous prie de croire qu'elle est totalement erronée. Ce professeur est considéré comme l'un des meilleurs professeurs de mon lycée. Il est proche de ses élèves, à l'écoute, et est merveilleux pédagogue. Il n'a nullement la réputation de " dur " que l'on pourrait lui attribuer, au contraire. Je suis certain que les élèves piégés ( qui n'ont, je tiens à le rappeler, n'ont même pas été noté pour cette dissertation. Le but n'était clairement pas de saquer les élèves ) n'ont pas vu cette expérience comme un piège pervers mais bien comme une leçon enrichissante. Je citerais cette phrase :
" J’ai rendu les copies corrigées, mais non notées bien évidemment - le but n'étant pas de les punir -, en dévoilant progressivement aux élèves de quelle supercherie ils avaient été victimes. Ce fut un grand moment : après quelques instants de stupeur et d’incompréhension, ils ont ri et applaudi de bon cœur. "
Je suis certain que M. B n'a pas fait cette experience dans le seul but de créer le buzz. Vous voulez une preuve ? Et bien, cette expérience à été menée il y a déjà quelques années, mais n'a été publiée qu'hier. Pourquoi avoir attendu autant s'il n'était qu'un bloggeur à la recherche de la célébrité ?
Respectueusement,
Jérôme D.
Bonjour. je m'en vois désolée mais je ne peux qu'être d'accord avec Jérôme, puisqu'étant aussi une des élèves de M.B, et une de ses camardes de classe. En effet, votre billet, même si je comprends les motifs qui vous ont poussé à l'écrire, déforme la vérité. M.B est, à ce jour, dans notre lycée l'un des professeurs les plus respectés, et ce, non pas grâce à la "réputation" que vous pensez qu'il s'est faite, mais bien par lui-même.Et je suis persuadée que ce n'est pas dans une volonté de gloire qu'il a rédigé cet article- ce serait mal le connaître.Un blog n'est-il pas fait pour parler de soi ou de ce qui nous touche ? Je pense qu'il a simplement voulu en parler comme d'une expérience vécue... Après, pour Internet, les jeunes de notre âge ont bien accès à beaucoup de sites plus "nocifs" qui eux contribuent vraiment à la mauvaise réputation d'internet.
Enfin, ayant parlé avec des élèves qui ont vécu cette expérience, j'affirme, et ce de source sûre, qu'aucun d'entre eux ne l'a mal pris, mais la voit plutôt comme une leçon, que j'estime juste. En effet, nos parents, nos grand-parents et ceux avant eux n'ont jamais eu accès à Internet. Alors pourquoi aurions nous la possibilité gratuite ( ou même pire payante!) de s'arrêter de réfléchir sous prétexte que "quelqu'un" nous offre l'occasion de ne rien faire ?
Bien sûr, je comprends et respecte votre point de vue.
Respectueusement.
AudreyB
Malheureusement M. Borne a été jusqu'à douter de la véracité de leur témoignage, au motif de leur trop bonne maîtrise du français !
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