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Philippe Watrelot - "“Comment j’ai pourri le web” (et pas que…)" (23/03/12)
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Philippe Watrelot est professeur de Sciences Économiques et Sociales dans un lycée de l'Essonne et professeur (à temps partagé) à l'IUFM de Paris. Il est également président du CRAP-Cahiers Pédagogiques et membre de "Teacher 2.0".
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Comment ne pas réfléchir à une expérience ? En commençant par discréditer l'auteur...Âgé de 36 ans, «Loys Bonod», professeur certifié de lettres classiques dans un lycée parisien a décidé de piéger ses élèves en «pourrissant le web». Son témoignage, très détaillé, a été publié par Rue89 après l’avoir été sur son propre blog . Il commence à devenir une “vedette” des médias. Et peut-être est-ce cela qu’il recherchait ?
En réalité, qui pouvait prévoir un tel enthousiasme pour cet article, écrit d'ailleurs un an et demi après les faits, avec le recul ?
Philippe Watrelot résume ensuite mon article.
Des élèves du secondaire ne sont pas des étudiants. Que signifie cette "mise en perspective" ? Serait-ce encore l'argument de la triche universelle ?Cette affaire a fait le tour du web et suscite de prime abord des réactions amusées. Marie Estelle Pech dans Le Figaro , qui a par ailleurs publié récemment un ouvrage sur le sujet de la “triche” , est la seule à mettre en perspective ce phénomène. Elle nous rappelle qu’une étude conduite en France fin 2005 sur 1200 étudiants du supérieur montrait que 97,6% d’entre eux disaient se documenter en ligne, quand un sur deux seulement affirmait fréquenter les bibliothèques.
Merci.Le fait est que de la recherche d'informations au plagiat pur et simple, la frontière est désormais ténue: il suffit d'un copier-coller. On peut considérer que cette “expérience” a pour mérite de pointer ce fait et de vouloir “ faire la démonstration que tout contenu publié sur le web n'est pas nécessairement un contenu validé, ou qu'il peut être validé pour des raisons qui relèvent de l'imposture intellectuelle ” comme l’auteur l'écrit lui même.
L'adverbe "éventuellement" est en trop.Mais on ne peut s’empêcher (et je ne suis pas le seul… ) de ressentir un certain malaise au récit de cette “expérience pédagogique”. Plusieurs billets de blogs développent les mêmes critiques. Si on peut éventuellement admettre que l'intention de cet enseignant vis-à-vis de ses élèves "n'était pas de les punir", comme il le dit lui même...
On ne peut rien cacher à Philippe Watrelot !ça ressemble quand même pas mal à un piège…
Techniquement je ne les ai pas piégés : ils se sont piégés tout seul. Je ne les ai pas envoyé sur Internet : au contraire...
Bref, les laisser tricher, c'est permettre aux élèves d'avoir davantage confiance en eux.De même lorsqu'il écrit "je leur ai démontré que, davantage que la paresse, c'est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu'ils trouvent ailleurs", je ne suis pas sûr qu'au final cela leur donne vraiment confiance dans l'enseignement et dans les adultes qui s'amusent à ce petit jeu...
J'ai remarqué que ma conclusion dérangeait beaucoup de gens, effectivement.Mais surtout cela le conduit à des conclusions qu’on ne partage pas.
Et on a le droit de le penser. Tout en rappelant que ma conclusion est personnelle et s'entoure de précautions oratoires.L'auteur conclut en effet que "les élèves au lycée n'ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres" et qu'il ne croit pas à une “moralisation possible du numérique à l'école”. On peut penser qu'il se trompe.
Mon expérience est à mes yeux la forme la plus aboutie d'éducation au numérique.D'abord parce qu'il ne s'est pas donné les moyens de les initier/éduquer au numérique et qu’il considère que cela ne fait pas partie vraiment de sa mission.
Mais elle a le malheur de pointer du doigts les limites du numérique, ce qu'il ne faut jamais, au grand jamais, faire ! Le numérique ne peut en effet pas avoir de défauts : il est l'avenir de l'éducation et d'ailleurs il faut le faire entrer davantage dans l'école. Enfin ce que j'appelle le "numérique institutionnel", bien cadré et souvent d'un intérêt limité.
Mais c'est oublier ce que j'appelle "le numérique sauvage", les sites de corrigés gratuits ou payants, de mutualisation des devoirs, les résumés en ligne, les mauvaises encyclopédies en ligne etc. qui constituent l'essentiel du rapport entretenu entre les élèves et le numérique.
Où ai-je fait cette hypothèse ?Ensuite parce qu'un enseignant qui fait l'hypothèse que ses élèves ne sont pas capables d'apprendre est mal parti !
Au contraire mes élèves ont bien appris quelque chose avec cette expérience, et même ceux à qui j'ai raconté mon expérience, et même ceux qui sont venus par dizaines de milliers lire cet article qui a fait le tour du web et des médias... Ce quelque chose, c'est la méfiance vis à vis d'internet, pas seulement en tant que source d'information, mais en tant que source de servitude intellectuelle : car - faut-il le répéter encore - le commentaire de texte en tant que tel ne nécessite pas d'utiliser un ordinateur. La pensée n'a pas besoin d'internet pour exister, et heureusement. Comme elle n'a pas besoin de documents bibliographiques d'ailleurs.
Quand à apprendre à "profiter vraiment du numérique", ils le feront d'eux mêmes quand ils auront les outils intellectuels pour aborder ce nouveau continent : l'autonomie de pensée, l'esprit critique, la capacité de raisonnement, le vocabulaire, une culture personnelle etc.
A vrai dire j'ai passé peu de temps à tendre ce piège, en tout cas beaucoup moins que pour préparer un seul de mes cours !Enfin, il a joué avec eux (en y passant beaucoup de temps !) de manière très cynique et perverse comme un savant fou jouerait avec des rats de laboratoire.
Question : Rousseau, qui pratique une pédagogie du piège beaucoup plus affirmée, est-il également "un savant fou" "cynique et pervers" ?
Question de point de vue. Les leçons de morale délivrées par le B2i ne sont guère pédagogiques, de mon point de vue. Le B2i oublie d'ailleurs totalement le "numérique sauvage" : c'est tout simplement comme s'il n'existait pas !C'est détestable. Et absolument pas pédagogique.
Allons-y pour l'argument de la triche perpétuelle. Non applicable au commentaire, puisqu'il ne peut pas y en avoir deux identiques ! On voit qu'on n'a pas affaire à un professeur de lettres.Et puis enfin ce n'est pas le numérique qui est en cause mais la marchandisation des rapports humains. Quand j'étais gamin et même ado, il y a très longtemps, alors que le numérique n'existait pas et qu'on avait même pas de calculatrice (la règle à calcul et les tables de trigo , vous vous rappelez ?), il y avait déjà des élèves qui vendaient des devoirs tout faits à d'autres.
Pour faciliter, il facilite... C'est bien une question de masse critique : la triche numérique devient un problème industriel, à la maison et même en classe.Et le numérique (même si aujourd’hui on conviendra qu’il facilite la triche) n'intervenait pas du tout là dedans…
On revient au début de l'article : discréditer l'expérience en discréditant l'auteur (avec deux insultes au passage). Toujours aimable...Mon sentiment de malaise à l'égard de ce récit s'est trouvé renforcé lorsque je me suis rendu compte que son auteur en faisait la promotion sur le fameux forum “néo-profs” où se retrouvent des enseignants qu’on qualifiera gentiment de conservateurs (on peut même dire à l’anglaise que ce sont des “néo-cons“ — et que le temps ne fait rien à l’affaire — ).
Ce que je retiens surtout, c'est qu'un forum de douze mille membres aux opinions diverses ne peut avoir avoir raison contre M. Philippe Watrelot !
Critiquer un article en critiquant un commentaire, ce n'est pas très honnête intellectuellement.Un commentaire quelque lignes plus bas exprimait la satisfaction d'un des lecteurs de forum en ces termes : “Cynique et sadique, je suis fan !" . Tout est dit…
D'ailleurs, cette réaction d'une collègue ne me choque pas. Car à la vérité le cynisme ou le sadisme ne va pas à l'encontre des élèves, mais du discours institutionnel qui vénère le numérique et veut l'imposer à toute force à l'école.
L'auteur de ce commentaire, se sentant mise en cause, a d'ailleurs écrit une belle tribune sur Neoprofs .
Pour conclure avec Brassens, que je ne laisserai pas à M. Watrelot, "je ne fais pourtant de tort à personne en suivant mon chemin de petit bonhomme". Et je continuerai à le suivre même si ça me vaut une mauvaise réputation dans les "Cahiers pédagogiques".
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Pour ma part, quoique pugnace, je veille à toujours rester poli.
Philippe Watrelot me reprochant de pratiquer une moulinette à ses yeux "digne de récré" sur ce forum (qu'il confond avec le blog), je lui réponds aimablement que l'invective et l'insulte publiques sont à mes yeux moralement plus répréhensibles. Philippe Watrelot demande des "mots précis" et estime que certaines injures ressortissent peut-être à un simple "ressenti". Je lui rappelle ses mots d'il y a deux ans .
Philippe Watrelot assume alors ces propos en ces termes, en renouvelant l'amalgame : ""neo-cons" j'assume. C'était un jeu de mots avec l'expression US de neo-conservateurs qui vous va si bien... Brighelli fait pire!" ; "quant à l'insulte et l'invective, les habitués de neoprofs n'ont pas de leçons à donner..."Philippe Watrelot écrit: Mon sentiment de malaise à l'égard de ce récit s'est trouvé renforcé lorsque je me suis rendu compte que son auteur en faisait la promotion sur le fameux forum “néo-profs” où se retrouvent des enseignants qu’on qualifiera gentiment de conservateurs (on peut même dire à l’anglaise que ce sont des “néo-cons“ — et que le temps ne fait rien à l’affaire — ).
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Suite : sur son blog, Philippe Watrelot se veut consensuel : "A propos de neoprofs et du débat pédagogues/conservateurs en général" (27/04/14)
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Nouvel épisode sympathique le 15 mars 2015 quand j'interroge Philippe Watrelot sur la position des "Cahiers" à l'égard du latin supprimé dans la réforme du collège 2016 :
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Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il ne fallait pas laisser le champ médiatique à ces polémistes même si la construction du débat dans les médias est plus favorable à une pensée simpliste et à des clivages caricaturaux. Et même si cela expose les quelques personnes qui acceptent ce rôle (comme Philippe Meirieu) à l’insulte et à une agressivité voire une haine complètement irrationnelle et démesurée. Il y a une limite à la critique et elle se situe dans la diffamation et l’insulte. On n’en est pas loin ici.
Je suis inquiet pour ma part d’une parole qui s’est libérée dans les réseaux sociaux (et dans les salles des profs ?) et qui devient de plus en plus agressive et intolérante à l’égard de ceux qu’on n’hésite plus à qualifier de “pédagogistes”. Même si j’ai appris au cours de toutes mes années militantes à distinguer le discours des enseignants de leurs pratiques réelles, je ne peux que m’interroger sur les valeurs véhiculées par certains de mes collègues.
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Pour s'en convaincre :
Ah, c'était le bon temps quand on était entre soi !...Mais la manière dont ces réseaux évoluent... Les tweets (gazouillis en anglais) donnent une musique de moins en moins agréable... Je me suis inscrit sur Twitter en avril 2009. J’ai du y publier plus de 12 000 tweets et j’ai plus de 6000 abonnés. Pourtant aujourd’hui, j’y vais à reculons. Je n’aime plus Twitter. Je n’aime pas ce que ce réseau social est devenu...Ce que j’ai apprécié sur les réseaux sociaux c’est que la dimension de mutualisation et d’échanges y est forte. Peut-être devrais-je écrire “était” tant les choses ont changé au cours de cette dernière année et notamment depuis l’annonce de la réforme du collège. Même si les dérives de l’Internet existaient bien avant et étaient déjà bien repérées...Dans le domaine de l’Éducation, les échanges très virulents ne sont donc pas neufs mais ils ont pris une tout autre ampleur et ont même changé de nature avec la réforme du collège... Il y a aussi une variable syndicale qu’il faut évoquer. Tous les syndicats n’ont pas envisagé les réseaux sociaux de la même manière et surtout avec la même rapidité. Le SE-UNSA par exemple avait inscrit très tôt dans ses résolutions de congrès la nécessité de s’investir dans les réseaux sociaux (Le CRAP-Cahiers Pédagogiques a aussi pris très tôt ce tournant numérique). Mais avec #college2016 on a vu débouler de nouveaux acteurs et en particulier le SNES qui est arrivé en force sur Twitter. Et pas toujours en en respectant les codes jusque là en vigueur (mutualisation, partage de liens,...)... Et l’effet de loupe de Twitter où les pro-réforme étaient nombreux a agacé les opposants qui ont voulu bien maladroitement montrer qu’ils étaient eux aussi nombreux sur ce réseau social... Très vite, le réseau a alors été utilisé pour interpeller systématiquement ceux qui étaient favorables à la réforme qui ont (à tort à mon avis, vues les conditions propres à Twitter décrites plus haut) tenté de répondre... J’ai utilisé des mots forts pour m’exprimer. En parlant de “dégueulis”, je succombe moi aussi à la provocation. Et je sais déjà que cela me vaudra en retour des attaques et des indignations où on criera au mépris et à l’insulte…
Pour le reste, quelques commentaires du reste de son billet très très autocentré :
Tiens, pas de citations de membres agressifs des "Cahiers pédagogiques", et qui n'ont pas attendu "Collège 2016" pour l'être...Les mots sont importants. Lorsque certains (dont un ancien Recteur) parlent d’ « esprit de collaboration » à propos des “pro-réforme” et de “jaunes” pour qualifier ceux qui s’engageaient dans la formation, lorsque d’autres évoquent le “chômage” de telle ou telle catégorie d’enseignants, on se dit qu’on a perdu le sens des mots. De même, le fait d’être opposé à la réforme ne fait pas forcément de vous un réactionnaire...
Quelques exemples (à mon égard) sur Twitter ou Facebook de Mila Saint Anne, contributrice anonyme des "Cahiers" et dont Philippe Watrelot prend la défense dans son billet :
- ""Comment mes élèves ont embelli le web" [...] la meilleure réponse aux crétins" ; "L'article "J'ai piégé le net" à la une de Rue89 : j'ai pas le courage de me battre contre toute cette connerie" ; "Le pourrisseur sera sur Europe1" ; "Ils en pense quoi l'IPR qui a la charge du lycée Chaptal ?" (sic) ; "une très belle réponse à ce crétin" (mars 2012)
- "Les cons, ça ose tout. Mettre scanner des copies d'examen et les mettre en ligne par exemple. #EnvieDeMeurtre" ; "ce con de Loys Bonot (sic) " ; "Qd un de mes collègues se met hors des clous, j’aimerais que les autorités fassent leur travail pour protéger les gamins" ; "le "pourrisseur du web [...] encore un collègue dont j'ai passablement honte" (décembre 2012)
- "Quand Loys Bonnod (sic) parle encore et toujours de ce qu'il ne connaît pas, il est toujours aussi rigolo, le pauvre #pourrisseur" ; un "abruti prétentieux" ; "ce type est un dangereux incompétent" ; "ce cher pourrisseur du web" ; "caricatural dans la mauvaise foi" ; "ceux qui peuvent lire le compte de ce cher pourrisseur du web [moi je l'ai bloqué] vont pouvoir faire un TP du cours de mauvaise foi" (juin 2013)
- "perso, je ne bloque pas les contradicteurs... juste les cons." (janvier 2015)
- "Le pourrisseur du web publie une tribune dans L'Humanité. Confusion des genres et éloge de la médiocrité suffisante" (mai 2015)
- "Loys Bonod, pour le pire, il est un des meilleurs. Faut bien réussir un truc dans la vie" (août 2015)
- etc.
Après de tels tombereaux, il est amusant de lire dans "Le Parisien" du 30/10/15 ( "Les profs s'étripent sur le net" ) : "Pour Mila Saint Anne, Internet est une salle des profs, la plus grande qui soit. Cette enseignante d'histoire-géo y partage volontiers ses méthodes et ses convictions pédagogiques. Mais à cette école virtuelle, elle a mis un verrou : elle a bloqué l'accès à son compte Twitter à plus de 1000 internautes. "C'est ma façon d'éviter de me faire insulter toutes les deux minutes". Que lui vaut cette animosité ? Appartenir au courant des enseignants qui défendent la réforme du collège".
Ce qui n'empêchait pas la même Mila Saint Anne de déclarer fièrement sur Twitter quelques mois auparavant : "J'adore jouer les appeaux à cons." (octobre 2014)
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Attention : quand on amalgame la presse avec laquelle on n'est pas d'accord, ce n'est pas du "dégueulis".Mais c’est surtout la publication du décret d’application le lendemain de la manifestation du 19 mai qui a été vécue comme une provocation. Le sentiment de ne pas être entendu a été entretenu au cours de ce début d’année avec des sondages montrant une hostilité des enseignants et de l’opinion à cette réforme. Les Unes catastrophistes du “Figarianne” et de “Valeurs du Point actuel” n’ont fait qu’accentuer encore les clivages.
Au passage, on oublie pudiquement les critiques de "L'Humanité".
Drôle de façon de le reconnaître : qui représente 80% des enseignants ? Les syndicats opposés à la réforme du collège.Dans cette guérilla, il y a aussi l’enjeu du nombre et de la représentativité. Le vote au CSE sur le collège a été adopté à la majorité mais les syndicats opposés à la réforme considèrent qu’ils représentent quant à eux la majorité des enseignants.
Et s'ils ne les représentent pas, que représentent les syndicats qui ont obtenu moins de 20% des voix des enseignants ?
C'est donc un choix que d'accorder des décharges non seulement totales mais reconductibles plusieurs années de suite.On retrouve aussi dans ces attaques permanentes les vieilles rengaines sur les permanents syndicaux qui ne seraient plus sur le « terrain » et seraient “hors-sol”. Pour remettre en contexte cette vieille accusation, que j’ai moi même subie, il est surprenant de l’entendre chez des syndicalistes car la fonction même d’un corps intermédiaire comme le sont les syndicats (ou les mouvements pédagogiques) est de recueillir et d’agréger les informations qui remontent des adhérents. A priori un représentant syndical ne représente pas que lui même ! Cela en dit long sur la représentation que l’on peut avoir de ces corps intermédiaires. Par ailleurs, si certains syndicats peuvent se permettre de préserver quelques heures de cours pour leurs permanents c’est parce que leur nombre de décharges est important (elles sont distribuées en fonction des résultats aux élections paritaires). D’autres organisations avec moins d’heures peuvent faire d’autres choix.
Je ne "publie" pas de "texte" suivant ce procédé de la moulinette : ce sont des commentaires sur le présent forum (auquel le lien de Philippe Watrelot renvoie d'ailleurs). Procédé très utile pour démonter pas à pas une rhétorique biaisée, comme je le fais actuellement. Pas de quoi faire un article, d'ailleurs... contrairement à Philippe Watrelot.Dernièrement on a vu aussi de nouveaux comportements apparaitre. Ainsi, lorsqu’une collègue a lancé une balise #EPIpartage afin de mutualiser des idées d’enseignements pratiques interdisciplinaires, cela a donné lieu à un niveau d’attaques jamais atteint jusque là avec un “humour” plus que douteux. “Mon corps me raconte une histoire” devient la biographie du pétomane... De même un enseignant a publié sur Twitter deux textes très critiques, l’un sur la collègue à l’origine d’#EPIpartage et l’autre à l’égard de Mila Saint Anne. Il utilise un procédé (déjà employé par Loys Bonod) de découpage systématique du texte et critique sur chaque point de phrase dans une intention extrêmement malveillante.
A noter que la critique porte seulement sur la forme : les EPI proposés ne peuvent pas être ridicules.
Pourquoi critiquer ce collègue hostile à la réforme et pas ceux qui font exactement la même chose dans le camp de ceux qui y sont favorables ?Pour moi qui ait déjà écrit que l’on devrait être capable de critiquer mutuellement nos travaux dans un esprit de “dispute” professionnelle, ces textes montrent exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire : on n’est pas dans le face à face et il n’y a aucune bienveillance et esprit constructif dans ces écrits.
Railler des collègues qui ont vocation à enseigner des disciplines dont l'existence même est menacée par la réforme, c'est moins grave en revanche.Et ce qui est le plus inquiétant dans l'histoire c'est que cela va à l'encontre de la culture jusque là dominante dans les salles des profs. A savoir que par "esprit de corps" on ne remet pas en cause l'enseignement d'un(e) collègue. Critiquer était jusque là perçu comme étant de l'ordre de l'agression.
Comment glisser de critiquer ce qui est rendu public et donné en exemple, voire en modèle (avec l'appui de la DGESCO par exemple) à refuser la liberté pédagogique d'autrui. Mais au fait, qui porte atteinte à la liberté pédagogique, avec précisément cette réforme ?Et cela était un dogme poussé jusqu'à l'extrême. A tel point que cela aboutissait quelquefois à défendre des situations très “limites” D'une manière générale, chez les enseignants et en particulier les plus conservateurs la “liberté pédagogique" est érigée en valeur voire en tabou. Mais cette liberté semble à géométrie variable car si elle est proclamée pour ceux qui ne veulent pas changer, elle est refusée à ceux qui innovent ou qui appliquent les textes !
Car bien sûr les enseignants sont finalement bien traités par leur propre ministère...Et au nom de cette supposée oppression toutes les violences (verbales) seraient alors acceptables ? De l’opposition normale à une réforme, on est passé à une sorte de délire intolérant...
Pour ma part, je me refuse à toute violence verbale, mais je m'interdis de ne pas pouvoir critiquer.
C'était mieux quand les critiques n'étaient pas visibles...Car ce qui est finalement le plus inquiétant pour le militant pédagogique que je suis, c’est la remise en cause très agressive des valeurs, des convictions et des pratiques qui sont les nôtres.
Les valeurs sont remises en cause. On a bien vu derrière le débat sur le collège que cela fait remonter à la surface des choses pas très claires. La critique de l'“égalitarisme”, il faudra qu'on m'explique mais si on gratte un peu ce que ça veut dire n'est pas très joli. Et dans bien des discours, l'élitisme n'est même plus affublé de l'adjectif "républicain"...
Il y a aussi la remise en cause des sciences de l'éducation et plus particulièrement du constructivisme. Il ne s'agit pas de dire que jusque là tout le monde était "converti" au constructivisme mais jusque là sa remise en cause était discrète et se situait surtout dans les pratiques mais peu au niveau du discours. Aujourd'hui, sur ce point aussi, des bornes sont franchies. Les méthodes actives, la démarche de projet, l'idée même que les élèves puissent être acteurs dans la construction du savoir tout cela est nié aujourd'hui dans les déclarations qu'on peut lire non seulement sur Twitter mais aussi sur des textes plus longs et plus structurés. C'est le retour des “fondamentaux”, de la défense du cours magistral, d'une pédagogie très linéaire et de la répétition comme principal moyen d'apprendre. Et cela n'est pas réservé à quelques “conservateurs” classiques mais se retrouve exprimé dans tout le spectre syndical. Non seulement on moque les “pédagogistes” car ils sont considérés comme des soutiens du ministère mais aussi et surtout parce qu'on considère que leurs pratiques et leurs théories sont “fumeuses”. Et cette intolérance va aujourd’hui au delà du débat d’idées pour se situer dans le registre de l’agression.
Symptomatique de ce point de vue : ces "pratiques qui sont les nôtres". Pas de doute : le constructivisme est partagé par tous...
Je n'ai jamais vu que Philippe Watrelot, qui peine à voir en moi un pédagogue, signalât le moindre article de La vie moderne... à part pour aimablement me qualifier de néo-con.Bisounourseries…
J’ai voulu dire que cette séquence sur le collège a révélé des tensions et des clivages qui sont très inquiétants. Je suis inquiet pour ma part d’une parole qui s’est libérée dans les réseaux sociaux et de sa violence implicite. Reste à savoir si elle peut se réduire et surtout si elle se limite à ce microcosme qu’est Twitter ou si elle peut se répandre dans les salles des profs.
Pour ma part, sur Twitter, j’essaye maintenant de m’astreindre à quelques règles. Je suis persuadé aujourd’hui que chercher à convaincre et même débattre en 140 caractères est une impasse. Les interpellations pratiquées par certains sur les articles que je signale ne servent à rien. Je connais leur désaccord et je les invite à publier des articles sur leurs blogs respectifs et à en signaler l’existence. Au départ, Twitter pour les enseignants servait à ça…
Pour le reste, il suffit de relire ce fil...
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