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Marie-Anne Paveau - "L'affaire du "pourrisseur du web". Points de vue critiques" (25/03/12)
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Marie-Anne Paveau "est professeure en sciences du langage à l’université de Paris 13 et membre du Cenel (Centre d’étude des nouveaux espaces littéraires). Elle travaille en analyse du discours avec une dimension philosophique et cognitive. Elle a publié des travaux sur les formes du discours institutionnel et normatif (en particulier discours militaire et médiatique) et développe actuellement une philosophie du discours qui intègre les acquis de la cognition sociale et propose un renouvellement du contexte (corps, artefacts, environnement non humain). Ses recherches portent également sur l’histoire et l’épistémologie de la linguistique, en particulier sur la validité scientifique des théories profanes et l’intégration de la dimension éthique à la théorie du langage. Elle est également rédactrice du carnet REALISTA, Approches réalistes en linguistique."
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Pour ceux qui l'ignoreraient, Scoop-It permet de rassembler sur une page web des contenus divers, comme un journal personnalisé, ici en l'occurrence des points de vue sélectionnés. Points de vue présentés comme "critiques", mais dans le sens restreint du terme : aucun des articles défendant mon expérience n'a été sélectionné, comme une démarche scientifique, neutre et objective se serait attachée à le faire. A titre d'exemple, on y trouve un article critique de Vincent Tanguay, en réponse à un article enthousiaste de Christian Rioux dans "Le Devoir", article qui lui n'est pas sélectionné...
Pour dire, on trouve même dans cette bienveillante curation le communiqué indigné d'Oodoc , dont on peut par conséquent supposer que Mme Paveau partage le point de vue assez amusant !
Puisque "curation" il y a, il aurait été intéressant également de préciser chaque fois qui s'exprime car il est toujours instructif de savoir d'où parle celui qui parle. Il faut notamment compter parmi les auteurs de ces articles sélectionnés ceux d'amis numériques de Mme Paveau. En toute objectivité !
Jusque là, rien à dire si ce n'est qu'il faudrait remplacer "en particulier" par "entre autres", Wikipédia n'entrant que dans une partie secondaire de ma démarche.L'affaire : le 21.03.2012, un enseignant raconte sur son blog "La vie moderne.net" comment il a "piégé" ses élèves en leur fournissant via le web, et en particulier Wikipédia, de fausses informations (voir le post "Comment j'ai pourri le web") en bas du dossier, qui est construit en chronologie inversée)
Il ne s'agit donc pas d'une réaction à l'expérience, mais à sa médiatisation. Car c'est la médiatisation qui agace avant tout Mme Paveau, d'autant que le point de vue que je défends n'est visiblement pas le sien. Pour la forme je n'ai pas été invité au journal de France 2 mais peu importe. Ce qui agace ensuite Mme Paveau, c'est l'absence de point de vue : il faut donc supposer qu'approuver ma démarche sans argumenter, c'est n'avoir pas de point de vue.Pourquoi j'ai constitué ce dossier :
– parce que l'enseignant qui a "tendu sa toile" (sic) pour piéger ses élèves ("pris au piège") a fait l'objet d'un assentiment ou d'un amusement général peu argumenté, ainsi que d'une médiatisation importante (il a été invité au JT de France 2 le 24 mars 2012) - son post a également souvent été relayé voire commenté sans point de vue, quel qu'il soit d'ailleurs
Mais, puisqu'il s'agit d'emblée d'une critique médiatique, pourquoi ne s'intéresse-t-elle pas pour commencer à l'enthousiasme suscité par cet article sur les réseaux sociaux, dont elle ne fait aucune mention ? Presque 100.000 J'aime sur Facebook et presque 6000 tweets : il y a pourtant de quoi réfléchir en soi, non ?
"D'enseignants en classe" ?– parce que les réactions et points de vue critiques très rapides (voir les dates des posts) d'enseignants en classe ont été peu relayés et entendus, au contraire d'analyses de chercheurs universitaires ou d'experts, qui ont été mieux médiatisées (et parfois postérieures au passage télé), et souvent axées sur une critique du système éducatif et un discours sur la nature et l'usage de l'information sur le web...
Je laisse les visiteurs de cette section du forum de "La vie moderne" en juger. Car le scoop-it de Mme Paveau ne présente jamais les auteurs des articles qu'elle a sélectionnés, et c'est bien dommage, comme nous l'allons voir.
La "pratique humaine" du scoop-it uniquement à charge et dont le titre m'invective pourrait aussi être discutée......mais sans beaucoup prendre en compte la pratique humaine en cause dans l'affaire
"L'enseignant pourrisseur" a un nom.– parce que les aspects éthiques de l'affaire n'ont quasiment pas été évoqués, malgré le vocabulaire moral présent dans le post de l'enseignant "pourrisseur" lui-même : "morale de l'histoire", "moralisation du numérique à l'école", "imposture intellectuelle", "ils ont ensuite rougi", etc. : je trouve qu'il n'est peut-être pas utile de laisser au "pourrisseur" le monopole de la morale
Le stratagème aurait moins bien fonctionné avec mon vrai nom en l'occurrence...– parce que l'ensemble des substitutions et falsifications réalisées par l'enseignant, en nombre assez conséquent, n'a pas été non plus beaucoup commentée :
+ l'ouverture d'un compte contributeur wikipedia sans objectif "wikipédien" ("pour montrer patte blanche"), dans le seul but de monter l'opération
+ la double falsification du rôle : "en me faisant passer pour un élève" et "en me faisant passer pour un érudit"
+ la fausse identité (avec anthroponyme cynique, on le notera) : "Je me suis ensuite inscrit comme auteur, sous le nom de Lucas Ciarlatano"
+ la falsification de l'exercice : "j'ai rédigé un pseudo-commentaire"
"doctrinaire" quand on commence par ces mots : "Je défends ce paradoxe" ?– parce que ce post se termine sur une "maxime" que je trouve aussi doctrinaire que fausse, mais qui a produit son effet intimidant car elle a beaucoup été relayée sur twitter, en particulier : "on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui".
Les doctrinaires sont souvent ceux qui commencent par qualifier leurs adversaires de "doctrinaires".
La preuve avec Oboulo et Oodoc.Cette remarque est absurde : le numérique fait intégralement partie de notre univers de pensée, d'apprentissage, d'information, de création, de nos modes de littéracie et cette "pureté" archaïque de la formation de l'esprit qui lui échapperait est aussi irréaliste qu'idéologique.
Quand à la "pureté" archaïque évoquée, il se trouve que c'est celle d'un examen national communément appelé le baccalauréat de français, pendant l'écrit duquel l'élève ne dispose ni de livre ni de connexion internet... Archaïque ! irréaliste ! idéologique !
L'article dit que j'ai pris du plaisir à rédiger le faux corrigé. Mais c'est certainement un plaisir "inhérent au métier d'enseignant de lettres"... Beaucoup de collègues m'ont d'ailleurs dit avoir pris du plaisir à le lire !– et aussi parce que ce post laisse transparaître une intense satisfaction (regarder le lexique suffit) qui me dérange profondément : ressentir du plaisir à "piéger" des élèves me semble ne pas relever des sentiments inhérents au métier d'enseignant.
Pas une seule mention d'ailleurs des comités de lecture de Oodoc et Oboulo qui ont validé mon commentaire.
Quant au piège, il était amusant, autant pour moi que pour mes élèves (ils ont ri et applaudi, c'est dans l'article, et ils l'ont confirmé dans toutes les interviews depuis), puisqu'il n'y avait pas d'enjeu si ce n'est un apprentissage des travers de l'asservissement au numérique. Un peu d'humour, dans la vie, ça ne fait pas de mal.
Pour finir, à part le jugement moral et une stigmatisation incantatoire, cette justification superficielle de Mme Paveau n'apporte finalement aucune réflexion sur les enjeux de mon expérience. Ne déplorait-elle pas pourtant le manque de "point de vue" "argumenté" ?
Ces enjeux semblent pourtant plonger cette grande penseuse des nouveaux modes de "littéracie" (sic) dans l'embarras.
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