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Yann Houry - "Comment j'ai nourri le web" (23/03/12)
- Loys
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Yann est également membre de Neoprofs et j'ai également eu l'occasion de discuter avec lui depuis de manière plus sereine (voir dans les commentaires de cet article ).
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- Loys
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Ce compte-rendu est honnête et Yann a parfaitement le droit d'être en désaccord avec ma conclusion, qui se revendique comme un paradoxe. Comme tout bon paradoxe, elle a le mérite de faire réfléchir.J’ai beaucoup ri en lisant l’article Comment j’ai pourri le web. J’ai ri d’un rire primesautier, sans trop porter d’attention à l’objet de ma lecture, une parmi tant d’autres lors d’un mercredi après-midi. J’ai d’ailleurs trouvé l’idée de cette expérience excellente. L’idée de montrer aux élèves qu’ils ne devaient pas se fier aveuglément à ce qu’ils trouvent sur internet, l’idée de leur montrer la vénalité et l’inanité des sites qui vendent des commentaires ou des dissertations, l’idée enfin que la paresse est un bien vilain défaut, tout cela me plaisait. Mais je ne m’attendais pas à une telle conclusion. L’auteur y affirmait qu’internet creuse «la tombe de l’école républicaine», que paradoxalement on ne profite du numérique que quand on a formé son esprit sans lui».
Yann est lui-même de Neoprofs : est-il "réactionnaire" pour autant ? Pourquoi discréditer tout un forum ?L’école se meurt, c’est la faute à internet
À ce moment de ma lecture, ces réflexions me chiffonnent. Je les ai déjà lues quelque part. D’ailleurs, en parcourant la liste de liens en regard de ce texte, je ne m’y trompe plus, je suis bien en présence d’un lecteur de Néoprofs, de Bonnet d’âne, probablement membre de Sauver les lettres, etc. Ce n’est pas bien grave. Ce sont mes réacs préférés, mais je sais à quoi m’en tenir.
A vrai dire Neoprofs est un endroit sympathique : n'importe quel professeur peut s'y inscrire pour y exprimer librement sa pensée... et notamment aller contre le courant dominant actuel, institutionnel, qui veut imposer le numérique à l'école.
Peut-être que Yann pense que l'école française va pour le mieux aujourd'hui : c'est en général un premier sujet de désaccord. Pour ma part je renvoie généralement les sceptiques et les incrédules à mon billet "Copies non conformes" .Je suis donc en présence d’un article pour lequel l’auteur va consacrer toute son intelligence à vouloir démontrer une chose : l’école meurt, et le numérique est son virus.
Pour dire la vérité, l'école meurt de bien d'autres choses, et le numérique n'est rien de plus que l'un des symptômes. C'est parce que depuis vingt ans l'enseignement du français n'est plus que l'ombre de lui-même (nouvelles pédagogies, décloisonnement, nouveaux programmes, suppression du redoublement, diminution des horaires consacrés au français depuis le primaire, moyens insuffisants en FLE, baisse des exigences à chaque niveau et à chaque examen) que les élèves, même dans les meilleurs lycées, sont en si grande difficulté par rapport aux exercices traditionnels du commentaire ou de la dissertation. D'un côté ils n'ont plus confiance en eux, de l'autre depuis dix ans le web leur offre les mirages de ses fausses solutions pleines de facilité.
Chacun ses poncifs : ceux à qui on démontre la baisse du niveau des élèves en français répondent généralement que les élèves ont acquis d'autres compétences ( un exemple avec ce syndicat). Mais quelles compétences peuvent être plus importantes que de savoir lire, écrire et comprendre un texte à l'issue de la scolarité obligatoire ?Je me garderai bien de récolter un point Godwin si tôt, mais enfin le parallèle avec la décadence (le corps qui dépérit), le mal localisé, incarné… On a là tous les poncifs de la pensée réactionnaire. Il ne manque plus que le nivellement par le bas, le bon sens, et on y est.
Comme nous ne sommes pas d'accord sur le constat de l'échec de l'école, nous ne pouvons pas être d'accord sur le reste.
C'est surtout que la tentation est bien grande. Chaque élève peut trouver des résumés d’œuvres littéraires ou des corrigés sans même sortir de chez lui, en une requête sur Google. Et qu'il y a des sites (gratuits avec de la publicité ou payants) qui se font une spécialité de surfer sur l'angoisse scolaire.Évidemment, je ne vais pas entamer un paragraphe pour expliquer l’innocuité du numérique à l’école. Dans la majorité des écoles, collèges et lycées de France et de Navarre, le numérique se réduit à une misérable salle informatique pour des centaines d’élèves. Ce n’est pas ça qui est mortifère. À lire le contempteur des usages informatiques, les élèves paresseux et pas très futés seraient les fautifs.
Mon expérience va dans ce sens, je pense...Mais il faut dire que ces pauvres enfants, à qui l’on confie des bijoux technologiques dès leur plus tendre âge, ont des enseignants qui préfèrent se gausser de leur nullité plutôt que leur apprendre à s’en servir.
Voilà cette phrase qui embarrasse les défenseurs des TICE à l'école : "Pour ma part je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école.". Bien sûr qu'il peut être utile, dans de nombreuses disciplines, d'apprendre aux élèves à utiliser les meilleures ressources du web, mais c'est oublier que le web offre aussi le pire. Parce qu'un élève a appris la recherche lexicologique sur le CNRTL, il n'aura plus la tentation d'aller copier un corrigé sur Oodoc ou de demander la solution d'un exercice sur Facebook ? L'an passé des sujets éventés de baccalauréat ont été diffusés via les réseaux sociaux et les smartphones. Bref le numérique "institutionnel" doit-il faire oublier qu'il existe une numérique "sauvage" ? Dans ces conditions, faut-il encourager l'entrée du numérique à l'école ou bien la contrôler le plus possible ? Est-ce qu'utiliser les outils du numérique est impossible "quand on a formé son esprit sans lui" ? Bien au contraire !
De toute façon, les élèves sont au contact du numérique chez eux : il ne s'agit pas de leur interdire.
Mais quand je dis que "sous sa forme sauvage, il creuse la tombe de l'école républicaine" je pèse mes mots. il est en effet devenu presque impossible de donner un travail à la maison, comme le montre mon expérience : mais supprimer le travail régulier à la maison, c'est par contrecoup accentuer encore davantage les difficultés des élèves. En court-circuitant la pensée ou la culture personnelle des élèves, Google n'est en rien leur ami.
Dans ma discipline particulièrement, en lettres, c'est-à-dire au lycée, je mesure avec déception les avantages et les inconvénients du numérique, et croyez-moi les inconvénients sont bien plus grands que les avantages. Et ce n'est pas de ma part l'expression d'un préjugé ou d'une quelconque pensée "réactionnaire", mais d'une expérience, d'une observation et d'une réflexion personnelle : depuis des années j'utilise le web avec mes élèves : création de site, forum, créations de contenus, listes de diffusion, etc.
Et, comme je dis, je pense qu'il y a d'immenses profits à tirer du numérique. Pour ceux qui ont la maturité nécessaire.
De l'excès, Yann, de l'excès...Et que dire de ce prétendu paradoxe dont la formulation ne se pare des plumes de la rhétorique que pour masquer son indigence ? Des phrases comme celle-là, je vous en ponds à la dizaine : «On ne profite du sport que quand on a formé son corps sans lui» ou encore «On ne profite de l’informatique que quand on n’a jamais utilisé un ordinateur ». Ah ! mince ! Celle-là a déjà été faite…
Il y a dans l'apprentissage un temps pour tout. Avant de nager en pleine mer, on apprend à nager dans le petit bassin d'une piscine.
Ça, je le reconnais, mais ne pas oublier qu'il s'agit d'une expérience amusante, pour moi comme pour mes élèves.Et puis, tout de même, quelque talentueuse que soit la démonstration, elle n’est pas dépourvue d’une certaine perversité.
Non, je le dis vigoureusement, je n'ai pas favorisé le piège : en aucun cas pour cet exercice ils n'avaient à aller sur des sites ou des forums fournissant tout ou partie d'un corrigé. C'est la spécificité du commentaire, que Yann semble avoir oublié. Ceux qui n'ont pas utilisé internet ne sont pas tombés dans le piège.Semer des erreurs sur un texte et un auteur dont les élèves ignorent tout ; attendre d’eux, dénués qu’ils sont, qu’ils se fourvoient dans le piège tendu pour ensuite jeter le blâme sur des procédés auxquels on s’attendait qu’ils s’adonnent et qu’on a même favorisés, si cela n’est pas de la manipulation, de la perversité…
Si mon expérience n'amène pas "à prendre en compte l’usage des sources sur internet"...Les voix de la pédagogie étant inextricables, la chose était concevable si elle amenait à prendre en compte l’usage des sources sur internet, à poursuivre la démonstration par un travail sur le bon usage des sources sur internet ou ailleurs.
Bref l'argument peu reluisant de la triche perpétuelle, utilisé par tous mes détracteurs.Parce qu’il n’y a qu’un naïf pour prétendre que le plagiat éhonté est l’apanage de notre époque. Pour autant que je sache, les élèves ont toujours puisé où ils le pouvaient des réflexions toutes prêtes, leur épargnant ainsi le moindre effort de pensée. Ce n’est franchement pas une nouveauté.
Yann, sois honnête : la différence n'est pas dans le stylo...Je ne développe pas ce point ; on ne va pas ergoter pour savoir si aujourd’hui c’est plus facile ou si, avant, prendre le stylo pour recopier était d’un quelconque profit.
Elle est dans l'immense facilité actuelle des solutions offertes par le web, solutions disponibles à la maison ou sur un téléphone, grâce à cette bibliothèque exponentielle de corrigés et de résumés, bref de prêt à penser.
Mon expérience porte sur le travail à la maison. Bien sûr en classe je surveille, mais c'est de plus en plus difficile, comme en attestent les cas de plus en plus fréquents de triche au smartphone au baccalauréat. Et - croyez-moi - ce n'est qu'un début.Tout au plus fera-t-on remarquer que si l’on ne veut pas, lors d’un devoir, qu’un élève en classe prenne son iPhone pour butiner des réponses toutes faites, on peut aussi se donner la peine de le surveiller.
Et certains, comme M. Fourgous, pensent encore qu'il faut plus de numérique à l'école ?
Le titre était volontairement provocateur. En réalité je n'ai pas pourri grand chose : une ligne pendant quinze jours sur Wikipédia, de fausses réponses sur des forums qui ont disparu depuis, un faux corrigé retiré par Oodoc et Oboulo. Mais les forums en général ou Oboulo, Oodoc et d'autres sites continuent massivement de proposer leur prêt à penser médiocre. Est-ce vraiment moi qui "pourris le web" ?Achevons. L’idée est de battre en brèche l’usage d’internet, de le pourrir annonce le titre.
Oui, quand on manque de maturité.La conclusion est évidemment sans appel : «Leur servitude [celle des élèves] à l’égard d’internet va même à l’encontre de l’autonomie de pensée et de la culture personnelle que l’école est supposée leur donner.» Ainsi l’école serait l’opposée d’internet, l’école émancipe tandis qu’internet asservit.
Moi oui.J’ai vu en revanche des lycéens paresseux, mais est-ce que cette paresse s’origine dans l’usage d’internet ? Très sincèrement ? La question ne m’intéresse même pas.
L'essence du numérique (dans son acception la plus répandue), c'est avant tout la recherche de la facilité.
Yann, tu préjuges beaucoup à mon sujet : que sais-tu de ce que je fais depuis des années avec mes élèves ?Ce qui m’intéresse, c’est ce que ce prof clame haut et fort : «Je pourris internet». Et plus je lisais cet article, plus je me disais que je faisais exactement le contraire. Depuis cinq ans, je m’efforce de nourrir internet, d’y apporter tout ce qui permettrait à mes élèves d’apprendre, de comprendre, de se documenter, d’obtenir de l’aide, de s’entraîner, de réfléchir, etc. Ma démarche est exactement l’inverse de celle prônée par l’auteur de cet article.
C'est louable et même admirable, mais ça n'empêche pas lescorrigés.com d'exister, avant le retour un jour de faismesdevoirs.com .Je veux que mes élèves n’aient pas à s’inscrire ni à payer pour obtenir une information qui plus est erronée.
Qu'ai-je fait d'autre en leur montrant le manque de scrupules des sites commerciaux de corrigés ?Je veux que mes élèves sachent où chercher, raison pourquoi je mets tous les liens des sites qui me semblent fiables.
Et pour les liens, j'ai moi-même un site avec mes élèves et je fais la même chose.
Toujours aimable.Je veux que mes élèves puissent me contacter dès qu’ils achoppent sur une notion, qu’ils puissent retrouver tous mes cours, faire des exercices, etc. Tout cela s’appelle Ralentir travaux, et certainement pas Pourriture du web.
Pour ma part j'aime beaucoup le titre de ton site, "Ralentir Travaux". Car il va à l'encontre de ce à quoi le numérique sauvage incite : l'absence de travail et la consommation immédiate.
Relis mon expérience en tant que professeur de lettres, et non pas seulement de français. La perspective est déjà très différente.
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- Loys
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On sent que Yann Houry voudrait bien en finir avec moi, effectivement.Pour en finir avec le pourrisseur du web
Un canular pertinent ?
Au moins Yann fait partie des rares détracteurs qui ont été sensibles à l'aspect humoristique de mon expérience.Pourquoi la talentueuse galéjade d’un dénommé Loys n’en finit-elle pas de faire couler de l’encre ? Cette farce n’est-elle donc pas réussie ? Bien sûr qu’elle l’est, et c’est précisément pour cette raison qu’elle est couronnée de succès. De surcroît, elle pose un vrai problème que l’Éducation nationale devra prendre un jour à bras-le-corps. Je veux parler de l’utilisation d’internet dans la rédaction de réponses à un devoir et même lors d’un examen.
Attention, on va retrouver l'argument de la triche universelle.Mieux encore, on comprend que c’est un problème de société lorsque l’on constate que les lycéens paresseux n’ont pas l’apanage du vice dénoncé.
Qu'est-ce que je disais ! J'ai répondu à Rémi Mathis par ailleurs .L’auteur du blog À la toison d’or ne dit pas autre chose :
« Des élèves de lycée recopient leurs devoirs ? Et pourquoi ne le feraient-ils pas ? On a vu en moins d’un an un journaliste culturel à succès, une ancienne ministre, un présentateur vedette de journal télévisé et celui qui est présenté comme le plus grand écrivain actuel se rendre coupable de plagiat ! Soit ils ont avoué, soit ils ont présenté des excuses tellement lamentables que personne n’a été dupe. »
Ah quand même !Le plagiat, la copie éhontée sont donc des problèmes réels qu’on ne peut ignorer. De ce point de vue, il est intéressant de reconnaître que l’article de Loys met en évidence la plaie que représente ce que j’ai déjà appelé les marchands du temple, ces commerçants du soutien scolaire qui vendent des commentaires et des dissertations à la qualité douteuse. Eux aussi pourrissent le web.
Je dirais plutôt "Eux surtout pourrissent le web" car de mon expérience il ne reste rien, mais sur ces sites, des milliers et des milliers de corrigés à vendre à des lycéens inquiets mais bon, merci quand même, Yann.
C'est vrai que je n'apporte pas de réponse. Je ne suis pas un penseur ou un phare de l'Humanité : comme je le dis dans mon second article , "il va donc falloir réfléchir à ce qui ressemble bien à une grande question de société. Et c'est tant mieux."Mais alors, si cet article est bien écrit, est même brillant et pose de vrais problèmes, que ne sommes-nous satisfaits ? Eh bien si l’on passe les petites manifestations d’ego auctoriales (« j’ai voulu démontrer aux élèves que les professeurs peuvent parfois maîtriser les nouvelles technologies aussi bien qu’eux, voire mieux qu’eux », « cette expérience [...] me vaut aujourd’hui une belle réputation dans mon lycée. »), le méchant et pernicieux piège tendu aux élèves, force est de constater que le texte n’apporte aucune réponse au problème posé ou, plus précisément, il l’évacue de la pire des manières.
Euh... non. Mais pour lire des œuvres littéraires, oublions un instant les écrans, à moins que ce ne soit déjà plus possible ?Foin du numérique
Retournons au bon vieux temps où l’ordinateur n’existait pas. Tel pourrait être le credo de Loys.
Où l'on voit que l'injonction de modernité est totalitaire : ceux qui refusent le tout numérique sont nécessairement pour le zéro numérique. Pourtant je dis bien dans la conclusion de mon article qu'il y a bien un vrai profit à tirer du numérique, j'en suis même le premier convaincu. Mais pas si l'on suit la direction actuelle. Je ne suis d'ailleurs pas le seul à le penser .
Ce n'est plus possible ? En classe chacun peut prendre et consulter à son gré son iPad, son baladeur, son smartphone ?Exigeons des élèves qu’ils se passent de leurs jouets technologiques.
Je n'irai pas jusque là, car je vois bien certaines utilisations pertinentes des TICE dans certaines disciplines, même très occasionnellement dans la mienne. Mais je rejoins Finkielkraut sur un point : quand les élèves sont absorbés par les écrans à longueur de temps hors de l'école, doit-on leur imposer encore plus d'écrans dans l'école ? C'est une vraie question.Cette injonction rappelle fortement le désir finkielkrautien de débrancher les établissements scolaires.
Justement Yann, tu devrais t'interroger.Outre que, avant de les débrancher, j’aimerais qu’on les branche, on peut s’interroger quant à la légitimité d’une telle demande. Si elle n’étonne plus de la part du philosophe (s’exprimant sur France culture le samedi matin), elle laisse pour le moins perplexe quand il s’agit de notre jeune auteur qui voit dans le numérique le mal qui ronge notre école.
Alain Finkielkraut est souvent raillé et disqualifié, parce que n'appartenant pas au monde numérique (ce qui est à mes yeux ne le disqualifie en rien puisque la réflexion sur l'école n'a pas à être confisqué par les tenants du numérique). Moi, je suis relativement jeune et geek : qu'est-ce qui peut bien motiver une critique qui vient de l'intérieur en quelque sorte ? Eh bien tout simplement mon expérience personnelle et ma réflexion.
Je n'ai pas particulièrement d'admiration pour Steve Jobs, qui fait partie de ceux qui ont transformé le numérique en objet de consommation passive, et non plus de création.Tout se passe comme si de jeunes gens nés à une époque où Steve Jobs n’était déjà plus un hippie puant et défoncé, mais un entrepreneur qui allait changer notre rapport à la machine, tout se passe comme si ces jeunes gens, disais-je, n’avaient jamais rien compris à l’informatique.
C'est bien pour ça que je suis blogueur, webmaster, webdesigner et que je pratique le DAO et la MAO...Ils ont la même réaction que leurs aînés qui ont assisté à la naissance de Pong, ils ne comprennent pas l’intérêt de l’ordinateur personnel.
Un péril pour l'éducation, sans aucun doute.Pire encore, ils le conçoivent comme un péril. Ils poussent des cris d’orfraie et tels des prophètes de malheur nous annoncent que l’école va à sa perte et que son fossoyeur est la machine.
Où l'on retrouve l'argument du défaitisme pédagogique, éternellement adossé au principe de réalité. Imaginons ce que donnerait cet argument avec le tabagisme des jeunes ou la violence scolaire.Des enseignants passéistes
C’est précisément cela que je trouve détestable. Cette vaine propension à regretter ce qui est, au lieu de le prendre en compte et d’agir en conséquence. Vous pouvez regretter tant que vous voulez l’omniprésence des machines, elles sont bien là et toutes les incantations visant à restaurer un état antérieur sont frappées d’inanité.
Et si c'était vrai pour certaines choses, comme pour la lecture ?Pour pasticher Jean-Marie Tjibaou, je dirais volontiers que notre avenir est devant nous.
Pour le coup, rien n'y oblige. Même si je sais bien que l'entrée du numérique ne fait l'objet d'aucun questionnement de fond dans l’Éducation nationale : c'est plutôt là que serait le mythe, d'ailleurs. Celui d'une forme de technophilie béate.Le retour en arrière est un mythe. Nous n’aurons pas d’école sans ordinateurs. Faites-vous à cette idée.
Ce n'est pas ce que je fais ?Et j’aurais tant voulu que notre contempteur des usages numériques nous dise, tel Umberto Eco, qu’il faut apprendre à « exercer son sens critique face à internet », « ne pas tout accepter pour argent comptant » (N’espérez pas vous débarrasser du livre).
Je ne saisis pas la nuance.Ne me répondez pas que c’est ce qu’il a fait. Il a éventuellement apporté à des lycéens la preuve qu’il fallait être prudent, il n’a rien enseigné.
Le commentaire de texte n'est en aucun cas une recherche documentaire... Il se pratique avec sa seule compréhension et réflexion personnelle, comme au baccalauréat.Or l’exercice, selon Eco, pourrait être : « à propos du sujet proposé, trouvez dix sources de renseignements différentes et comparez-les » (op. cit.).
Je suis heureux de vivre dans mon temps, mais s'il y a des choses positives dans le passé, et notamment dans l'enseignement, je suis d'avis de les conserver. A lire yann Houry, tout ce qui est passé est mauvais, tout ce qui est présent ou futur est bon...Si Loys avait eu cette idée, celle d’éduquer à l’usage d’internet, son article aurait eu l’assentiment général. Au lieu de ça, ses mesquineries piégées exaspèrent, ses regrets nauséabonds fleurent bon la nostalgie de l’école du passé.
Yann Houry devrait se méfier car d'autres de mes détracteurs vont plus loin que lui : la culture elle-même, la littérature, la poésie sont des choses obsolètes, bonnes à jeter aux orties en ce début de XXIème siècle.
Me caricaturer en "réac" parmi les réacs permet d'éviter une réflexion de fond. Quand à l'école d'aujourd'hui , tant mieux si elle te convient.Le mot « nauséabond » peut paraître excessif, mais il faut comprendre une chose. Le succès de Loys est le succès de tous les réacs en général et en particulier de professeurs qui, dans un forum bien connu, se débondent en épandant leur regret d’une école qui ne leur convient pas.
Je suis sûr que cette image du tatouage sur la plante des pieds a fait rire Jean-Paul Brighelli autant que moi ! Où l'on voit en tout cas que les tenants des TICE sont souvent des pédagogistes également, des défenseurs de Meirieu, l'un des grands apprentis sorciers des nouvelles pédagogies, de celles ont inspiré toutes les réformes depuis plus de vingt ans dans l’Éducation nationale. Et qui sont en grande partie responsables de l'échec actuel et que l'intéressé regrette en partie lui-même, d'ailleurs.Parmi eux, un chasseur de mouches (c’est ce qu’indique son pseudo) est le grand réac en chef. Je le soupçonne, tel un personnage huysmansien, de s’être fait tatouer sur la plante des pieds le nom de Meirieu pour le fouler toute la journée. Il hait le collège unique, conspue l’usage de l’informatique en classe, conchie les réformes visant à faire de l’école autre chose qu’une fabrique de crétins (mais après tout, c’est son fonds de commerce). Il abhorre jusqu’à l’Éducation nationale qu’il voudrait voir instruire et non éduquer.
Point Godwin.Instruire ?
Vous pouvez m’attribuer d’ores et déjà le point Godwin, je me l’attribue si vous le voulez : la seule fois, en près de 200 ans, qu’on est revenu au ministère de l’Instruction publique, c’était sous le gouvernement de Vichy.
Je ne sais pas dans quel article j'ai pu me montrer un "thuriféraire"...Comment, aujourd’hui, peut-on encore prétendre que les enseignants ne sont là que pour instruire et non éduquer (si le sujet vous intéresse, j’y consacrerai un autre article) ? Quoi qu’il en soit, le grand réac a ses thuriféraires parmi lesquels vous trouverez notre pourrisseur du web et sa vulgate : le web est truffé d’erreurs, point de vérité hors du livre dans lequel ils semblent avoir toute confiance.
Où l'on voit en tout cas que mon expérience réveille des débats beaucoup plus généraux sur l'école, et sur le constat même de son échec actuel, que Yann ne veut pas reconnaître.
Que sont ces trois choses ?C’est à croire qu’ils n’ont jamais lu la Bible, aucune histoire de la Révolution française ou de la franc-maçonnerie.
C'est d'autant plus amusant à vrai dire que les Ticiens, comme de bien entendu, forment un réseau très intimidant sur Twitter : au vu du nombre de teTweets enthousiastes, j'ai pu lire en retour des tweets assassins, voire insultants, à mon égard venant d'un petit monde clos et endogame. Tweets qui ne pouvaient pas m'être adressés puisque je n'ai pas de compte Twitter.Tapage médiatique
L’accueil réservé à de tels personnages fait donc frémir. Ils ont accaparé toute l’attention du public sur Twitter, sur Facebook, sur Europe 1, sur France 2 et que sais-je encore ?
Un vivier à sottises, oui en grande partie. Difficile de dire le contraire, sauf à nier l'existence du numérique sauvage. Mais il est vrai que Yann est un promoteur intéressant du numérique institutionnel avec son site bien fichu et très bien intitulé Ralentir Travaux .Que fallait-il faire pour cela ? Rien ou presque. Il suffisait de dire que les lycéens sont des crétins feignants et que le web est un vivier à sottises.
Pour les lycéens, voici ce que j'ai dit dans ma conclusion, qui est quelque peu différent : "j'ai voulu leur prouver que, davantage que la paresse, c'est un manque cruel de confiance en eux qui les pousse à recopier ce qu'ils trouvent ailleurs, et qu'en endossant les pensées des autres ils se mettent à ne plus exister par eux-mêmes et à disparaître."
De la jalousie, sérieusement ?Et tout le monde d’applaudir ! Les bras m’en sont tombés. Tous les gens qui, depuis des années, contribuent à faire du réseau des réseaux un lieu hautement éducatif sont boudés, ignorés, peut-être même maintenant méprisés, et un enseignant venu pourrir le web, falsifier une encyclopédie est accueilli en héros !
Je comprends ta réaction, Yann, surtout que tu fais vraiment partie des rares personnes qui s'investissent activement et intelligemment (pour ce que j'en ai vu sur ton site) dans le numérique et portent toujours un regard critique sur lui. De ce point de vue, tu ne fais pas complètement partie des béats du numérique, qui s'extasient devant un profil Facebook de Rabelais ou des twittclasses en maternelle.
Sois encore plus critique en prenant la mesure des ravages du numérique sauvage. Toi qui est professeur de lettres comme moi, mais au collège, pense au continent de la littérature, qu'on voit dériver de plus en plus loin des élèves, malgré toutes les activités superficielles qu'on peut promouvoir pour réinventer l'enseignement des lettres. Jamais les élèves n'ont si peu lu qu'aujourd'hui.
Si tu fais bien le tri, ce serait une bonne initiative. Et en reconnaissant par ailleurs que le numérique doit avoir une place limitée dans l'enseignement et qu'il n'est pas utile pour tout. Et qu'une grande partie du web enfin, la pire, existe et prolifère parallèlement à ce travail.C’est pour cela que j’ai écrit cet article Comment j’ai nourri le web. Si c’était à refaire, je l’intitulerais Comment ils nourrissent le web afin d’y inclure tous ceux qui travaillent dur pour publier le fruit de leur travail sur internet.
Yann, tu cèdes bien vite aux arguments bourdivins qui font des professeurs les agents consciencieux de la "reproduction sociale". Mais crois-moi, j'ai connu tous les publics, et c'est fort de cette expérience que je parle en toute liberté, au nom de l'école républicaine et de la vraie égalité des chances.Heureusement, certains d’entre eux ont eu l’idée d’un Wiki rassemblant toutes les contributions. C’est la fin de l’histoire du pourrisseur du web. Que celui-ci retourne dans son cénacle où l’on célèbre l’école d’antan et le charme discret de la bourgeoisie.
Quand on a vu des élèves de troisième dans des ZEP qui ne savent aujourd'hui ni lire ni écrire, et quand on a lu les théories sociologiques ou pédagogiques qui conduisent à ce naufrage, on en voue d'autres à cette damnatio memoriae. Ce n'est pas avec le ludo-éducatif qu'on sauvera ces élèves. Bien au contraire.Je vote pour la damnatio memoriae.
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En début de Première, les élèves ont seize ans. Et l'âge de mariage moyen en France est plutôt entre 30 ans et 32 ans.Lettre ouverte à un lycéen (qui n’a pas la maturité pour être éduqué au numérique)
Cher lycéen, toi qui as – ou qui es en passe d’avoir – l’âge de te marier, de voter et même de faire la guerre, tu n’aurais pas la maturité nécessaire pour être éduqué au numérique. Dix-huit ans après ta naissance, tu ne serais même pas en mesure de tirer profit du numérique !
Attention j'ai dit : "les élèves au lycée n'ont pas la maturité nécessaire pour tirer un quelconque profit du numérique en lettres". Avec le recul, j'aurais sans doute dû plutôt écrire : "pour tirer un vrai profit du numérique", car bien sûr il y a toujours un profit à tirer du numérique, même en lettres, même à seize ans. Mais c'est que la disproportion entre l'utilité éventuelle du numérique et la dévastation que je constate concrètement me conduit à cette conclusion tranchée.
Il faudrait s'entendre sur ce que signifie "vivre dans un univers numérique" d'un point de vue intellectuel et culturel...En lisant une telle assertion, tu dois passablement pouffer de rire, toi qui «du matin jusques au soir» vis dans un univers numérique.
La défense des TICE à l'école est à mes yeux schizophrène : les uns, comme Yann ici, expliquent que l'école doit préparer au numérique, d'autres que le numérique permet de mieux apprendre à l'école.En revanche, tu dois manquer de t’étrangler en avalant tes céréales quand tu entends qu’un enseignant ne veut pas t’éduquer, toi qui appartiens au mythe faux et archifaux de la génération Y, et qui connais toute l’étendue de ce mensonge. Certes, un clavier n’a pour toi rien d’anxiogène, mais tu as besoin d’apprendre à t’en servir. En effet, il ne suffit pas de naître dans une bibliothèque ou un centre hippique pour devenir un grand lecteur ou un cavalier émérite. Il faut apprendre.
J'ai employé le terme au sens large, mais il s'agit dans mon expérience du principal aspect du numérique : le web.De surcroît, tu sais bien que «numérique», ça ne veut rien dire. S’agit-il de calcul numérique ? De signal numérique ? D’appareil numérique ? Et dans ce dernier cas, parle-t-on de caméra, d’appareil photo, de téléviseur numériques ?
Non, mais cette fracture a tendance à se réduire de plus en plus.Et, au fait, la fracture numérique n’existe-t-elle plus ? Tous les adolescents sont-ils devenus égaux face au numérique ? Ont-ils tous les mêmes capacités ? Le même équipement ? La même connexion internet ?
Cette vision du numérique ets encore plus restrictive que la mienne, finalement.Bref, la chose est si vague, si fausse, si révoltante qu’elle devrait susciter l’indignation. Mais non, les gens ont préféré applaudir à tout rompre.
Le lycéen – lui qui vit et jongle en permanence avec divers appareils – ne mérite pas que l’on se désintéresse à ce point de son présent. On ne peut non plus négliger son avenir dans lequel les machines seront chaque jour davantage omniprésentes. Demain, le lycéen votera sur son téléphone, il paiera ses courses avec ce même appareil. Il rencontrera peut-être même sa femme par ce truchement.
Cette perspectives sont réjouissantes, il est vrai. Mais surtout tout ceci se fera (et se fait déjà) avec beaucoup de facilité, ces opérations étant simplifiées au maximum : l'école n'a nullement besoin de préparer à s'inscrire ou se connecter à un site de rencontre...
Je ne comprends pas, ou je préfère ne pas comprendre. Comment Yann peux-tu affirmer une chose pareille ?Sa culture – fût-elle littéraire – est numérique.
L'école n'a pas pour fonction d'offrir à l'élève sa propre culture en miroir, mais de le conduire à d'autres cultures qui lui seraient autrement inaccessibles. Le numérique n'a pas pour vocation d'être coupé de ces cultures : on trouve sur le web des tableaux baroques en grande résolution, des visites virtuelles de monuments baroques ou de musées qui offrent une infinité de prolongements à la découverte de la littérature baroque, et je les utilise d'ailleurs avec mes élèves autant que possible. Je mets ainsi à leur disposition des extraits de L'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach ou de Orfeo e Euridice de Luigi Rossi en écoute sur le site de mes élèves.Lui dire que l’enseignement se désintéresse de cette question, c’est lui dire : «Ton univers ne m’intéresse pas. Le tien et le mien (celui de la littérature, celui de la poésie et du baroque) ne s’interpénétreront jamais».
Mais ce ne sont que des prolongements : le cours de lettres passe essentiellement par la lecture et la bonne compréhension des œuvres. Chaque phrase, chaque image doit être comprise et analysée, chaque référence identifiée, la progression du texte étudiée, une problématique dégagée etc. Avec l'aide du professeur pour les textes présentés à l'oral du baccalauréat. Ou par l'élève lui-même pour préparer l'écrit du baccalauréat, ce qui nécessite un patient entraînement pour acquérir une méthodologie, une culture personnelle et une autonomie de pensée.
Change de métier, Yann, et deviens professeur de technologie !Le professeur de lettres que je suis trouve ce discours absolument inaudible. Le professeur que je suis voudrait te dire tout ce que je souhaiterais que tu apprennes si j’avais la charge de ton éducation numérique.
Un élève en difficulté ne peut tirer aucun profit des correcteurs orthographiques.Tout d’abord, tu apprendrais à te servir d’un clavier. Tu apprendrais donc la dactylographie afin de frapper mélodieusement et délicatement de tes dix doigts ce clavier que tu utilises tous les jours. Et pas comme ces autodidactes heurtant nerveusement et fébrilement les touches lorsqu’ils chattent sur les messageries instantanées. Les raccourcis clavier, les combinaisons de touches n’auraient aucun secret pour toi. Ta frappe aurait l’efficacité d’un développeur programmant en C++.
Tu apprendrais également la typographie, afin que les documents que tu imprimes n’aient pas la laideur repoussante de ceux que les adultes nous imposent. Tu découvrirais différentes «fontes» et saurais ce qu’est une espace insécable ou le quart de cadratin. Soucieux de ton orthographe, tu découvrirais l’importance et la richesse des correcteurs orthographiques que sont Antidote ou le Petit ProLexis.
Pour le reste, c'est certes très intéressant mais purement formel, et bien moins important que d'apprendre à lire au sens plein. Pour te faire plaisir, sache quand même que j'ai travaillé la typographie sous OpenOffice en sixième, avec colonnes, styles, lettrines, images etc.
Change de métier, Yann, et deviens professeur de technologie ! (bis)Tu apprendrais à te servir d’une machine, à la démonter et à la remonter, tu considérerais chaque système d’exploitation, chaque programme à sa juste valeur, et ta pratique ne serait pas assujettie à celle qui t’a été imposée par l’usage, celui du cercle familial, de l’impact publicitaire ou même du coût financier.
Nous nous rejoignons. Je considère comme utile le seul numérique qui permet une forme de création. Or le numérique que la société nous impose et que les élèves plébiscitent est celui de la consommation, des jeux, des films, des réseaux sociaux etc.La programmation serait enseignée. L’omniprésence du web ne plaide-t-elle pas en faveur du HTML 5, du CSS 3, du JavaScript, etc. ? Eh quoi ? Un internaute ne serait-il qu’un simple usager, jamais un créateur ?
Je suis le premier à souhaiter l'enseignement de la programmation à l'école : c'est le vrai numérique !
Que fait-on d'autre, quand on invite les élèves de maternelle à twitter en classe ou des collégiens à créer des profils Facebook ? C'est le degré zéro du numérique, un effet de mode dont profitent ces marques commerciales.Le web 2.0 n’était-il qu’un mythe ? Faut-il enfermer les lycéens dans la simple utilisation de programme délivrant des sites tout faits ?
Je suis bien d'accord.Désire-t-on un web uniforme ? En outre, l’apprentissage de la programmation invite à la plus grande des rigueurs : si le programme est mal écrit, il ne fonctionne pas.
On s'éloigne du B2i et de l'usage "responsable"...L’usage du web doit-il se conformer à des lois sinon iniques du moins inadaptées ? Un lycéen devrait pouvoir outrepasser les filtres qui lui sont imposés. Il doit pouvoir assurer la sécurité de son réseau wifi. Il doit pouvoir déplomber ce qu’il a légalement acheté pour pouvoir en jouir à sa guise. Il doit pouvoir regarder ses séries américaines sans que l’industrie télévisuelle ne lui indique quand, comment et de quelle façon il doit les regarder. De ce point de vue, le lycéen doit être un hacker, et un hacker qui parle anglais.
Polyglotte, polyglotte... Tout est en anglais, et bas de gamme... Une autre régression d'ailleurs, qui n'est pas forcément réjouissante.Il est même polyglotte, parce que connecté aux réseaux sociaux, il s’adresse à la planète entière.
C'est beau (enfin Ben Laden, est-ce vraiment utile ?)... mais il n'y a pas que ça : il joue à des jeux en lignes du type MMORPG, expose sa vie sur les réseaux sociaux, s'habitue à la consommation en ligne, regarde des vidéos idiotes, accède à des sites pornographiques etc.Il parle à ceux qui se trouvent dans leur printemps révolutionnaire, il parle aux lycéens des antipodes subissant des cataclysmes, il suit sur son téléphone l’arrestation de Ben Laden avant tout le monde.
C'est ce que font la plupart des collègues qui prônent les TICE à l'école... Utiliser la messagerie Google, Windows et les logiciels bureautiques de Microsoft, Facebook etc. C'est une bénédiction pour tous ces géants (cf l'introduction de Facebook sur le marché).Enfin, on peut espérer que ce lycéen, tel un de ces étudiants facétieux qui hantent les romans ou l’histoire de l’informatique, soit l’un de ces farceurs qui font enrager les grandes entreprises. Un Steve Wozniak en puissance mâtiné de Panurge. La culture qui est la sienne est aussi une culture soucieuse de la garantie des libertés informatiques. Le lycéen est soucieux de sa vie privée (il sait par exemple ce qu’est un VPN), il est désireux d’utiliser les standards de l’informatique, et recherche autant que faire se peut les logiciels libres. Il ne veut pas mettre son avenir (et tous ses précieux documents) entre les mains de géants informatiques mercantiles.
...mais il ne lit pas des œuvres littéraires.Retourné dans la galaxie Gutenberg, il est sorti d’un univers que l’on croyait un temps uniquement dévolu au monde de l’image. Le lycéen passe son temps à lire… sur internet.
Les élèves qui ont des tablettes ne s'en servent pas pour lire...Il faut donc lui apprendre à le faire, à choisir soigneusement ses sources pour éviter de se faire berner par le moindre pervers malicieux. Il doit croire en la liberté de la presse, et la parcourir quotidiennement. Il doit lire autant de livres qu’il veut sur son iPad, sa tablette Androïd, sur ce qu’il veut enfin, mais lire.
Merveilleux, merveilleux... Il ne faut peut-être pas exagérer !Et prendre des notes avec l’un de ces merveilleux programmes qu’est, par exemple, Evernote.
C'est là qu'est l'illusion. L'infinité que permet le numérique n'est qu'un trompe-l’œil. Car lire des milliers de livres demande des dizaines d'années.Quand il part en vacances, il a dans sa poche ou dans son sac des milliers de livres.
Si mes élèves arrivaient à lire ne serait-ce qu'une seule œuvre à chaque vacance, je serais ravi.
Un livre est moins lourd et volumineux qu'une tablette, n'a pas besoin de fil, de batterie, de transformateur ou de chargeur, de connexion wifi ou 3G. Il peut se lire en plein soleil, ne craint pas le sable, l'eau ou la chaleur. Il ne devient pas obsolète en six mois, ne plante jamais et peut se prêter. On peut le laisser sur la plage sans craindre le vol.Il peut même, s’il le désire et si on l’a aidé à en comprendre l’importance, avoir le Grand Robert. Avec cela, il ne reviendra jamais au papier, ce support jauni, terne, en petits caractères noir et blanc.
Alors le numérique a des avantages, bien sûr. Mais pourquoi un tel mépris pour le papier ?
Internet n'est pas une bibliothèque organisée, hiérarchisée et sélective : c'est un capharnaüm extraordinaire où tout se retrouve à égalité, un fatras de catalogues people, de photos et d'informations personnelles, de bande-annonces, de publicités, de thèses scientifiques, d'articles de presse, de blogs en tous genre etc.Et quand il achoppe sur une notion, quelle qu’elle soit, il doit pouvoir trouver de l’aide dans cette grande bibliothèque qu’est internet soit en cherchant, soit en s’adressant à ses enseignants bienveillants par le biais de la visioconférence.
Où l'on voit par ailleurs que la notion de disponibilité immédiate glisse subtilement de la consultation web à la visioconférence avec des enseignants : pour faire depuis plusieurs années l'expérience de cette disponibilité nouvelle, je ne suis pas sûr que ce soit un progrès.
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- Loys
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Loys écrit: Yann,
Que tu ne sois pas d’accord avec moi, c’est une chose. Mais que tu continues à m’appeler à m’appeler « le pourrisseur » sur Twitter… Le pire, c’est que je pensais évoquer positivement RalentirTravaux dans l’émission d’aujourd’hui, pour montrer, comme je le dis depuis le début, que le dévouement de mes collègues tournés vers les TICE n’est pas en cause. Le numérique dépasse malheureusement largement le cadre des seules TICE… Je ne m’oppose pas à un vrai débat et je ne prétends pas détenir la vérité. Mais pour que ce débat ait lieu, il faut de la bonne volonté des deux côtés.
Loys
Yann Houry écrit: Je ne sais pas trop ce que fait ce commentaire dans cette partie du blog, mais qu’importe.
Oui, je continue à t’appeler ainsi, car c’est bien ce que tu fais, pourrir le débat d’idées en le truffant d’idées fausses, passéistes, en ressassant sans cesse le même discours, le peaufinant même avec des comparaisons nouvelles (le coup de la voiture), en criant au loup, en faisant de la si mal dite «technologie» un sujet anxiogène. Comme si l’école avait besoin de ça !
La vulgate snalcienne, qui semble trouver les faveurs des médias, n’en finit pas de m’étonner. Ce qui m’étonne, également, c’est l’ambiguïté de ton propos, c’est d’une part tenir un site intitulé La vie moderne (une antiphrase) avec tout ce qui va avec (le forum, les cours, etc.), et d’autre part tenir ce discours finkielkrautien qui appelle de ses vœux la disparition des écrans à l’école. Comprends pas.
Et comment faut-il dire, expliquer, répéter qu’un écran n’affiche pas autre chose que ce qu’un livre proposerait ? Ce n’est qu’une question de support. Un dictionnaire – qu’il soit sur papier ou sur une machine – est un dictionnaire. Tout au plus, la machine lui apporte une valeur ajoutée. La couleur, la taille, les liens, la facilité de recherche… Il n’y a pas lieu de le déplorer, si ? Et qu’on ne vienne pas me ressortir cette rengaine à propos de sites merdiques qui feraient du net des égouts méprisables. Que je sache, on ne propose pas aux élèves le cloaque littéraire, le menu fretin que des éditeurs peu scrupuleux ont publié de tout temps. Faisons de même avec internet, et proposons aux élèves ce qu’il y a de meilleur. Qu’est-ce que ça a d’insensé ? Les élèves ne vont pas devenir des tarés analphabètes. Il faut arrêter de croire en la déchéance du monde. Il va très bien sans ces cris d’orfraie.
Mais, je ne sais pas pourquoi je m’obstine à répondre ceci ou cela. Nous ne nous comprenons pas, nos points de vue sont inconciliables. Au fait, comment sais-tu ce que je raconte sur Twitter ? Pourquoi ne pas en parler sur Twitter. C’est là que le débat pourrait avoir lieu, pas sur Néoprof où une horde d’enseignants se vautrerait dans la collusion et l’ironie faciles.
Loys écrit: Un manuel consulté en classe ne propose pas de résumés d’œuvres, de corrigés de dissertation ou de commentaires pour que les élèves les pompent sans rien comprendre comme ils l’ont fait avec Vion d’Alibray… Et les livres commerciaux qui font ça en dehors de la classe sont aussi mauvais pour l’enseignement des lettres, sauf qu’ils sont beaucoup moins accessibles que le web.
Tu peux toujours proposer du web le meilleur, mais le web est un tout, pire et meilleur, que ça te plaise ou non.
Pour Twitter, c’est un réseau social public, tu devrais le savoir. Quand à y débattre en 140 caractères je ne vois pas trop l’intérêt : tu refuses de le faire sur mon site, tu refuses de le faire sur Neoprofs et même ici tu le refuses
Inutile d’épiloguer avec quelqu’un qui n’a que l’invective à la bouche. Essaie quand même de donner l’exemple à tes tes élèves, sur ton blog comme sur Twitter. A tout hasard relis le domaine 2 du B2i : « Adopter une attitude responsable ».
Quant au résumé erroné de Madame Bovary, puisque très élégamment tu continues à commenter sur Twitter cette discussion, mes élèves l’ont rectifié. Ne parle pas sans rien savoir.
Au moins le refus de débattre est clair : "Tu cherches le débat, pas moi, car il est inexistant."Yann Houry écrit: Bon, échangeons quelques dernières amabilités, et puis cessons là, tu veux bien ? Encore que je ne tienne absolument pas à avoir le dernier mot. Si tu veux ajouter quelque chose, je t’en prie, mais sans moi. Je ne viens pas te poursuivre de mes ardeurs sur ton propre site. Tu cherches le débat, pas moi, car il est inexistant. Tout particulièrement sur Néoprof.
Quant à l’invective, bah ! tu en es quasiment l’auteur… La rançon du succès ! N’est-ce pas ce que tu cherchais ?
Et puis, épargne-moi la référence au B2i, et plus encore, la possibilité de parler de Ralentir travaux sur France Culture. Je ne suis pas un enfant bavant devant les perspectives qu’on lui fait miroiter.
Inutile de me rappeler, enfin, ce qu’est Twitter. Je n’ignore pas ce qu’est un réseau public. En revanche, je ne vais pas m’amuser à les parcourir, sans m’y inscrire, pour lire ce que l’on raconte sur ma petite personne. Il y a des limites à mon narcissisme.
Pour finir, et en beauté en plus, c’est toi-même qui prétends, sur France Culture, que le résumé de Mme Bovary est faux. Tu viens, ici, me dire qu’il ne l’est pas. Bref, encore une fois, tu dis une chose et son contraire, et tu voudrais que nous débattions ? Tu ne trouves pas que la plaisanterie a assez duré ?
*Les commentaires ont disparu de son blog depuis.
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- Loys
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Extrait :
Quand les défenseurs du numérique sont à court d'idées et d'invectives, voici leur argument ultime, l'ultima ratio : s'opposer au numérique, c'est être... de droite ! Quelle horreur quand on y pense. Mais allons plus loin avec Yann Houry : c'est même être d'extrême droite, comme le montre l'extrait ci-dessus. Le pire c'est que les enseignants ne le savent même pas eux-mêmes : ils votent à gauche bêtement depuis des décennies, par réflexe, mais Yann Houry, dans son infinie perspicacité psychanalytique, a su percer à jour leur nature profonde.Le discours de la peur
On trouve, à l’école, tout un discours que je qualifierais de droite. Par exemple, celui de la peur. On se souvient peut-être de la présidentielle de 2002. Le thème de l’insécurité était porté par la droite, à un tel point d’ailleurs, que cela faisait dire à Lionel Jospin qu’on ne cherchait pas à élire le ministre de l’intérieur, mais bien un président. On a vu ce que cela lui a coûté. Ce discours anxiogène, je l’ai retrouvé dans celui d’enseignants concevant le numérique sinon comme un danger potentiel (cf. tel enseignant violenté et filmé) du moins une entrave au bon déroulement des choses (l’élève triche sur son smartphone, il est distrait…). Ce discours est automatiquement lié à un autre : celui du goût d’un état antérieur où le numérique n’existait pas.
Alors, dans ces conditions, comment peut-on dialoguer avec de tels gens, de droite ou d'extrême-droite, et qui ne le savent même pas eux-mêmes ? C'est évidemment impossible, il faut refuser le débat, il n'y a pas de débat possible.
Ah... Petit jeu amusant. Je mets au défi Yann Houry de savoir quel fut mon vote aux dernières élections. Et je l'incite à cherche qui a été missionné pour développer l'école numérique et par quel ministre.
PS Cet article fait suite à une échange un peu vif sur Neoprofs : www.neoprofs.org/t48613p30-mercr ... od#1486292
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- Loys
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Effectivement, si les ouvriers peuvent voter communiste ou front national, c'est qu'il y a bien une idéologie unique portée par cette profession...L'enseignant est-il de droite ?
Chantal Jouanno, il y a quelques jours, expliquait dans les matins de France Culture ce que signifie être de droite. Selon elle, la liberté individuelle (l’état n’a pas à s’immiscer dans vos choix individuels), la méritocratie (Chantal Jouanno est contre l’idée qu’on est socialement déterminé, on aide donc ceux qui veulent faire des efforts) sont des valeurs de droite ou, en tout cas, portées par la droite en 2007.
Je me suis alors demandé si ces valeurs n’étaient pas celles de l’enseignant ou du moins de beaucoup d’enseignants. Cette question en a entraîné une autre : une profession peut-elle engendrer une idéologie ? Je ne me suis pas demandé si telle profession portait telle ou telle idéologie (comme les ouvriers ont pu voter communiste ou front national).
C'est vrai que des musiciens amoureux de la musique du futur, il y en a assez peu. Qui plus est, l'histoire de la musique a une fâcheuse tendance à s'accroître en permanence.Je me suis demandé si le métier que l’on fait détermine notre vision des choses. Ainsi, un musicien est un passéiste. Pas toujours, mais c’est souvent le cas.
Ah, c'est ça, être passéiste ? Aimer quelque chose du passé, c'est donc être passéiste.Je connais peu de musiciens qui ne tombent amoureux de tel ou tel vieil instrument : un guitariste devant une vieille Fender des années 60, un violoniste devant un stradivarius, etc. Si l’on reprend le cas du guitariste, force est de constater que celui-ci a un penchant prononcé pour le passé. Il aime les vieilles guitares, les vieilles technologies (les amplis à lampe), et regarde avec peu d’intérêt sinon avec méfiance une guitare en fibre de carbone.
Mais c'est terrible, car, même en prenant bien garde de n'aimer que les choses actuelles, on risque tôt ou tard de devenir passéiste !
Eh oui, quand on apprécie quelque chose, on veut le conserver, voire le transmettre : on est conservateur. Pour éviter ce travers, jetez tout ce que vous appréciez.En un sens, on peut le qualifier de conservateur (comme on peut être conservateur d’une bibliothèque).
Le terme "réactionnaire", plein de mesure, semble effectivement approprié pour toute personne qui apprécie quoi que ce soit du passé.Il revendique un savoir-faire, un amour du passé (ou plus précisément un passé qui a laissé son empreinte sur le présent). Est-ce un réactionnaire pour autant ? Je n’ai pas la réponse, mais je suis persuadé que la question mérite d’être posée.
On va chercher ce qui est sérieux, ça ira plus vite.Attention, cet article, le dernier de l’année, mêle le plus grand sérieux à la facétie. Saurez-vous démêler l’écheveau ?
Il est commun de le penser, et il est commun de le constater objectivement .Liberté et méritocratie dans le monde enseignant
L’enseignant est-il de droite ? La question a de quoi surprendre, parce qu’il est commun de penser que celui-ci vote traditionnellement à gauche.
C'est vrai, alors qu'ils auraient pu voter pour une candidate socialiste qui voulait leur imposer les 35 heures.Mais, après tout, on se souvient que nombre d’entre eux, en 2007, ont voté au centre et même à droite pour Nicolas Sarkozy.
Donc, pour suivre le raisonnement, quand on s'oppose à une injonction étatique de droite, on est de droite ?Quoi qu’il en soit, la question n’est pas vraiment là. Il s’agit de voir en quoi la profession d’enseignant peut être, de facto, de droite. Commençons par voir si les propos de Chantal Jouanno peuvent être revendiqués par un enseignant.
Je connais beaucoup d’entre eux qui revendiquent la liberté évoquée par madame Jouanno. C’est la fameuse liberté pédagogique, la liberté de faire ce que l’on veut dans sa classe, sans qu’une injonction étatique à laquelle l’enseignant n’adhère pas (celle de pratiquer la pédagogie différenciée, celle d’évaluer par compétences, celle d’adopter tel programme…) vienne entraver sa vision des choses, sa façon de faire, ses habitudes en somme.
Un professeur qui s'engage dans la fonction publique est donc par essence opposé à l’État ?En un sens, un tel enseignant est un libéral. Le mot est ambigu, car encore au XIXe, dans les pays anglo-saxons aujourd’hui, être libéral, c’est être de gauche. Mais, ici, il est connoté à droite.
Comprenez : ce "on" représente les enseignants dans leur ensemble.Je me souviens avoir un peu bataillé, dans un forum pour enseignants, sur la question du déterminisme. Je faisais valoir l’idée que certains élèves, d’un milieu très défavorisé, voyaient leurs chances de réussir à l’école diminuer comme une peau de chagrin (pas d’argent, pas d’aide pour les devoirs, pas de références culturelles, etc.). On m’avait rétorqué...
L'école a pour fonction de lutter contre ce déterminisme. Sinon à quoi sert-elle ?... que d’aucuns avaient très bien réussi à l’école malgré tout cela, et que si l’on voulait, on pouvait, qu’il fallait se battre, etc. Ne retrouve-t-on pas là l’idée de la méritocratie ? Cette idée que nous ne sommes pas socialement déterminés, que l’on peut réussir, quel que soit son origine ou son milieu. Cette affirmation m’a toujours laissé perplexe. Je dois reconnaître que je n’ai jamais eu le cœur de dire à un enfant extrêmement pauvre, qui se fait violer tous les jours, qui a été abandonné, ou que sais-je encore, qu’il doit se battre, qu’il peut transcender le déterminisme qui le laisserait en bas de l’ascenseur social.
Non, ça n'arrive jamais.Voilà d’ailleurs bien une idée répétée à satiété par le monde enseignant : si l’on veut réussir, il faut faire des efforts. Souvent, le problème est réduit à cette affirmation : si l’élève ne réussit pas, c’est parce qu’il ne travaille pas.
Pour d'autres, si l'élève ne réussit pas, c'est parce qu'il est extrêmement pauvre, qu'il se fait violer tous les jours, qu'il a été abandonné...
Le mérite, c'est tellement de droite. Il n'y a qu'à voir les avantages fiscaux concédés aux successions par les gouvernements de droite...L’école, c’est simple comme bonjour. Les élèves qui réussissent sont portés aux nues, les autres n’ont pas fait ce qu’il fallait. Ils ont démérité. Il y a donc un goût prononcé pour la méritocratie.
Lionel Jospin, qui, en tant que ministre de l’Éducation nationale de 1988 à 1992, a été le principal responsable du démantèlement de l'école républicaine, avec la création des IUFM, des cycles, des nouveaux programmes de 1991 ?Le discours de la peur
On trouve, à l’école, tout un discours que je qualifierais de droite. Par exemple, celui de la peur. On se souvient peut-être de la présidentielle de 2002. Le thème de l’insécurité était porté par la droite, à un tel point d’ailleurs, que cela faisait dire à Lionel Jospin qu’on ne cherchait pas à élire le ministre de l’intérieur, mais bien un président.
Et pour cause. Les enseignants sont capables de réfléchir...On a vu ce que cela lui a coûté.
L'exemple politique de la supposée "peur" des enseignants, votant à droite ou à l'extrême-droite, est très mauvais : le 21 avril 2002, le vote à gauche comme à droite s'est dispersé. Il n'y a pas eu de vague de droite ou d'extrême droite. Le FN n'a obtenu au premier tour que 1,86% des voix en plus qu'en 1995, et 1,04% de moins qu'en 2012...
C'est vrai qu'un "enseignant violenté et filmé", ce n'est après tout qu'une "conception d'un danger potentiel". Pas de réponses à ces objections (danger, triche, distraction), au fait.Ce discours anxiogène, je l’ai retrouvé dans celui d’enseignants concevant le numérique sinon comme un danger potentiel (cf. tel enseignant violenté et filmé) du moins une entrave au bon déroulement des choses (l’élève triche sur son smartphone, il est distrait…).
Très peu pour moi. Je ne pourrais pas me passer du numérique.Ce discours est automatiquement lié à un autre : celui du goût d’un état antérieur où le numérique n’existait pas.
Vu comme ça, on a envie de devenir passéiste, effectivement.C’était le temps où on ne supprimait pas de postes à outrance, c’était le temps où le maître était détenteur de l’autorité incontestée, c’était le temps où l’on mettait des notes et l’on ne trouvait rien à y redire, c’était le temps où des programmes n’avaient pas bouleversé tout un paysage qui faisait que le parent comprenait ce que faisait l’élève, c’était le temps où on ne laissait pas passer tout le monde dans la classe supérieure,...
Pour ce que ça veut dire de le réussir aujourd'hui......c’était le temps où tout le monde ne réussissait pas à l’école (en 1986, seuls 49 % d’élèves obtiennent le brevet des collèges),
Autant dire des choses accessoires....c’était le temps où on se concentrait sur l’essentiel (apprendre, lire, compter)...
Heu... non....c’était le temps d’avant, un temps regretté, plus ou moins idéalisé, un temps qu’il faudrait restaurer pour retrouver le bonheur perdu.
Quand l’enseignant comprend trop bien le monde dans lequel il évolue, quand il mesure les dégradations apportées à un état indéniablement meilleur sans être idéal, il est permis de voir en lui un intellectuel lucide.Quand l’enseignant ne comprend plus rien au monde dans lequel il évolue, quand il achoppe sur les modifications apportées à un état plus ou moins idéalisé, il est permis de voir en lui un réactionnaire.
Ah... on est rassuré.Mais le mot n’est pas péjoratif...
En ce sens un révolutionnaire est réactionnaire....le réactionnaire réagit, il n’accepte pas le monde dans lequel il vit.
Si l'enseignant veut préserver une école qui peut encore donner ses chances à tout élève, quel qu'il soit, on peut le considérer comme de gauche.Il s’oppose à l’idéologie des compétences, est pour le redoublement, veut que l’école bâtisse une élite, etc. Mais, par un curieux effet de renversement, notre réactionnaire se voit en résistant, presque un gauchiste qui s’oppose au discours dominant, alors que je vois en lui un individu de droite pour les raisons que j’ai mentionnées plus haut.
Ceux qui défendent l'emprise croissante du marché sur l’Éducation nationale, la publicité pour les grands groupes technologiques et la société de consommation, ceux qui refusent que l'État interdise les portables à l'école, ceux qui renoncent à l'exigence pour tous et soutiennent — pour donner le change — des politiques de quotas paternalistes dans les grandes écoles, ceux qui discréditent les enseignements traditionnels exigeants, laissés aux privilégiés des beaux quartiers, et promeuvent l'oral et le ludo-éducatif dans les quartiers défavorisés, ne sont-ils pas des individus de droite qui s'ignorent ?
L'auteur des deux grands rapports sur le numérique à l'école, Jean-Michel Fourgous, est un néo-libéral.
On est bien convaincus que non. Mais il manque un peu de Bourdieuserie à ce discours.Un maximum d’enseignant
Mais on se souvient que ma question était celle-ci : une profession peut-elle engendrer une idéologie ?
L’enseignant, dans un cas bien précis, peut-il est autre chose que de droite ?
C'est même une forme de fascisme déguisé, disons-le. Bourdieu est enfin là !Lui qui est bien souvent assis (pas toujours, il circule dans les rangs), parfois au-dessus des autres (il est sur une estrade qui tend, il est vrai, à disparaître des salles). Ne peut-on pas se demander si être assis et au-dessus des autres n’influe pas sur notre vision du monde ? Bien sûr, tout cela est symbolique.
C'est particulièrement vrai aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir la crise du recrutement...Être assis, c’est, dit le Petit Robert, être affermi, assuré, ferme, stable. L’enseignant appartient au monde de celui qui a réussi, et a accédé à un certain statut.
Avec 71,6% d'une génération au bac aujourd'hui...On opposera le fait que l’instituteur ne jouit plus de la considération d’antan, mais j’ai pu remarquer que l’enseignant, dans le monde rural, était perçu comme étant le détenteur d’un savoir, d’un statut (il a fait des études). Ce n’est pas rien, malgré qu’on en ait. Dans un univers où l’on ne dépasse parfois pas le brevet des collèges, être enseignant est un privilège.
Le Kapo, quoi.Pour filer la métaphore des symboles, être au-dessus des autres (qu’il y ait estrade ou non), c’est simplement être celui qui sait, quand l’élève ne sait pas, celui qui interroge, quand l’élève doit répondre, celui qui oblige, quand l’élève doit obéir…
Mais citer Foucault, ce n'est pas céder à l'argument d'autorité ?C’est en somme, pour reprendre les termes de Michel Foucault, avoir le pouvoir (refusant ce pouvoir, Michel Foucault se disait être «un minimum d’enseignant»).
C'est vrai : ses notes sont harmonisées en commission, ses décisions d'orientations ne sont pas respectées, il n'est jamais consulté sur son métier, on lui demande d'être multivalent et de surveiller les élèves qui vont aux toilettes pendant les examens.L’enseignant a le pouvoir.
Directeur d'école, "notable" ?Parfois même, il devient directeur d’école, principal adjoint ou principal. Il devient un notable.
...qui expliquent entre autres pourquoi il est "celui qui sait, quand l’élève ne sait pas".Il participe aux cérémonies aux côtés du maire. Après tout, il a fait de longues études universitaires.
La distance entre le professeur et l'élève est la meilleure chose qui puisse arriver à ce dernier.Comment ne pas voir qu’il est loin, très loin du public auquel il s’adresse ? Il est à sa droite.
Bon, finalement, il y avait beaucoup de facéties.
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- Loys
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