- Messages : 18192
Yann Houry - "Comment j'ai nourri le web" (23/03/12)
- Loys
- Auteur du sujet
J'ai dû modérer le titre !Ces péda***** qui ont assassiné l’École
Encore aujourd'hui, me semble-t-il. Mais rassembler n'est pas le but... Visiblement, pour Yann Houry, critiquer les ravages du pédagogisme, c'est être contre le collège unique.Hier, le collège unique rassemblait tous les élèves, tous !
Il y a comme une contradiction à concevoir que les "générations" ne comprennent pas tous les élèves.Le cancre et le génie, le feignant et le courageux, le savant et l’inculte, tous rassemblés au mépris des différences, nivelant par là même les aspirations au savoir de générations entières sacrifiées sur l’autel de la soi-disant bienveillance pédagogique et de la diversité.
L'élitisme n'est une mauvaise chose que quand il devient l'instrument de la reproduction sociale. Paradoxalement, le rejet de l'élitisme a cette vertu de la permettre également.Ladite bienveillance – euphémisme cachant à peine la haine de l’élitisme – ne cherche rien d’autre qu’à détruire l’école. Imaginez une chimère, ce monstre d’hétérogénéité auquel le valeureux enseignant doit faire face, muni de son seul savoir face à l’ignorance érigée en principe, pire, en modèle sociétal.
C'est vrai que suivre ses camarades sans parvenir à suivre les cours, c'est moins douloureux.Le redoublement, retour à la réalité
Plus récemment, les précieuses ridicules du pédagogisme ont battu en brèche le redoublement. Il n’est désormais plus possible de faire redoubler « l’apprenant ». L’élève en difficulté ne peut plus saisir sa chance, et subir l’humiliation douloureuse mais nécessaire de ne pas suivre ses petits camarades partis s’envoler dans les sphères supérieures du savoir.
Quel pouvoir ? Le redoublement est déjà supprimé depuis des lustres... avec les effets merveilleux que l'on constate.Supprimer le redoublement, c’est surtout une mise à mal du pouvoir de l’enseignant de dire : « Non, tu ne passeras pas » !
De fait il y a une justice à ce que l'élève qui n'a pas travaillé réussisse aussi bien que celui qui a travaillé !Le redoublement, ce mal pour un bien, ce microtraumatisme doit ramener l’enfant à la réalité : « Tu n’as pas travaillé, tu n’as rien fait, tu ne passeras pas ». Pour quelle raison le paresseux n’ayant pas fourni le travail demandé se verrait-il garantir une injuste ascension et nécessairement un jour limitée par la dure réalité des examens et du marché de l’emploi ?
Il suffit de décréter la réussite après tout...Depuis quand récompense-t-on les enfants ayant démérité ? En a-t-on déjà vu qui progressaient en passant dans la classe supérieure ?
Effectivement, on peut en douter.Le numérique, nouvel obscurantisme
Et que dire de cette croyance, cet obscurantisme des temps modernes qui voit dans le numérique la solution à tous nos maux ? Comme si cette prétendue panacée aller sauver l’école, comme si fournir de coûteux objets technologiques à nos enfants allait leur permettre de mieux savoir lire, écrire et compter !
A lire part exemple le bilan de douze ans d'ordinateurs dans les Landes...
C'est vrai : les priorités avant tout.L’on voudrait même que des analphabètes n’ayant jamais approché un livre apprennent les rudiments algorithmiques de la programmation !
En l'occurrence, c'est vrai qu'Apple, dont Yann Houry est un fervent promoteur, défiscalise ses profits au Luxembourg. Un bel exemple de civisme moderne !Marche-t-on sur la tête au pays de l’Éducation nationale ? Il faut qu’au sommet de l’État l’on soit devenu fou pour brandir cette aveugle foi en la technologie, cette mode se réinventant sempiternellement pour mieux vendre, cette fiction éducative agitée par les marchands du temple que sont Google et Apple, ces ogres des temps modernes venus dévorer et nos enfants et nos impôts.
On pourrait presque croire que pour Yann Houry, tout va bien. Mais à quoi bon réformer alors ?Le baromètre d’une école malade
Aujourd’hui, l’école, menacée de la ruine, une ruine orchestrée par des décennies de réformes, est l’objet d’une nouvelle attaque pédagogique...
La remédiation est chose distincte de la note... Il y a fort à parier que la suppression de la note ne s'accompagnera d'aucune remédiation particulière, comme le redoublement d'ailleurs....il ne s’agirait rien moins que d’interdire les notes. La note traumatiserait les élèves ! La note, ce baromètre du niveau déjà bien bas, ne fournirait qu’une piètre indication et ne proposerait aucune remédiation !
Alors que tout va si bien !Las ! L’on veut supprimer tout instrument de mesure pour mieux cacher la maladie qui s’est emparée du système scolaire.
En vérité même les notes peuvent mentir, comme en témoigne l'insolente réussite aux examens. L'écart devient si criant avec le niveau des élèves qu'il est temps de jeter sur lui un voile pudique.
Oh il y a plein de raisons qui condamnaient le collège unique à échouer... Mais Yann Houry reste muet à ce sujet.Ainsi, après que la loi Haby a créé des générations entières d’illettrés, on voudrait nous cacher les effets délétères d’une éducation à veau l’eau.
Le lien logique laisse perplexe.Si la note stigmatise le vaurien, elle récompense fièrement le travail bien fait. Il est vital que notre système scolaire ne soit pas un lieu où le plaisir se loverait comme un serpent en son nid.
Derrière l'ironie, l'aveu qu'il s'agit donc de faire plaisir aux élèves...
Alors qu'Apple, avec l'iPad, a enfin résolu ce grand problème de l'Humanité !Il est vital que le travail, cette torture fructueuse de l’esprit, fasse naître devant l’adversité, devant la difficulté, devant l’ennui (oui, l’enfant doit s’ennuyer, c’est essentiel) heur et malheur.
Encore faudrait-il s'entendre sur ce que signifie "réussir". Une ambiguïté dont il faut ici sortir.Eh ! croit-on tout réussir tout le temps partout ? Croit-on que tout le monde puisse réussir ?
Moi, en l'occurrence. Mais par réussir, je n'entends sans doute pas la même chose que Yann Houry.Qui voudrait d’une société où tout le monde réussit ?
Et la dégradation objective du niveau ? Bizarrement Yann Houry fait comme si elle n'existait pas. C'est un anti-déclinisme qui ne s'avoue pas.Cette idéologie post-soixante-huitarde où il est interdit d’interdire, qui prône la jouissance et l’absence d’effort doit définitivement être éradiquée. Ou alors la fabrique du crétin aura accouché d’une nation de dégénérés…
Heureusement pour lui, Yann Houry est du bon côté des réformes. Dans le camp du Progrès et dans celui du Ministère : quelle chance !Le chant des partisans
Pour cette raison, exigeons la fin du collège unique, rétablissons le redoublement et ne cédons pas à cet appel des Sirènes, ce mirage de bienveillance éducative.
Effectivement, même sans craie, on peut faire le meilleur des cours.Nous n’avons nul besoin de votre numérique que nous laisserons au placard. Armés de nos seules craies, nous vous disons bien haut quelle est l’école que nous voulons et que nous défendrons.
Et "vivre en harmonie avec la société", ça signifie s'équiper chez Apple !Il ne sera pas dit qu’un élève ait passé une journée agréable à découvrir le monde qui l’entoure grâce à une école qui vivrait en harmonie avec la société qui l’anime.
On n'a surtout rien sans travail, papier ou pas. Et compte tenu du nombre d'heures d'exposition quotidienne aux écrans des enfants (8h par jour aux États-Unis pour les 8-18 ans), on peut espérer que l'école soit (au moins en partie) un "sanctuaire".L’école est un sanctuaire. L’élève est un moine des temps modernes, il porte un cilice de papier qui lui rappelle chaque jour qu’on a rien sans rien.
C'est là que l'ironie touche sa limite : Yann Houry refuserait "la culture, le savoir et la transmission" ?Et l’enseignant, ce croisé antipéda****, boute la compétence. Il refuse les élèves tous nuls et à égalité. Il prône la culture, le savoir et la transmission, en un mot, le retour à l’Instruction publique.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.