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"Les nourritures numériques" (Nathalie Couzon)
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Je veux dire, moi qui ai toujours été très paresseux, et bien je n'ai pas fait prépa. Je ne comprends pas la logique de quelqu'un qui va en prépa littéraire et se plaint ensuite de devoir faire des versions latines jusqu'à deux heures du matin.
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Quel joli titre. Voyons de quoi il retourne.Les nourritures numériques
Gide aurait sans doute applaudi ce magnifique graphique de la technopédagogie moderne, même si le savoir n'a pas grand chose à voir avec le commentaire de texte !«Comprendre, c’est se sentir capable de faire. »
André Gide, Les nourritures terrestres
Ce qui serait bien, à ce stade de l'article, ce serait de présenter en quoi consiste cette expérience avant de la disqualifier.Depuis quelques jours, un prof de lettres dans un lycée parisien fait la une des manchettes pour avoir publié sur son blogue un article relatant une expérience édifiante (sic!) qu’il a intitulée Comment j’ai pourri le web.
... mais pas contre les sites de corrigés en revanche.Indignée par la conception de ce que DOIT être l’école derrière les propos de celui qui a pourri le web et piégé ses élèves...
Et qui en l'occurrence a un nom et un prénom, mais bon, on ne va pas se formaliser pour si peu.– quelle longue périphrase pour le désigner, j’invente donc un acronyme par souci d’efficacité… tiens : CQPW (Celui Qui a Pourri le Web) –
Toujours employer l'expression web 2.0 plutôt que web : c'est un marqueur fort d'expertise technopédagogique....je m’insurge contre la surexposition médiatique de ces enseignants, dépassés par les changements de paradigmes qu’imposent le web 2.0...
Donc le web 2.0 a été mûrement réfléchi pour s'imposer à l'école : voilà qui est donc rassurant.
En l'occurrence pas du tout puisqu'il s'agissait d'un commentaire de texte, mais peu importe....le nouveau rapport au savoir...
Les sites de corrigés en ligne (jamais évoqués dans cet article) sont donc des TIC que je dois intégrer dans ma pratique : m'en voilà ravi....et l’intégration des TIC dans l’apprentissage et l’enseignement (voir aussi cet article).
"frustration", "malhonnêteté intellectuelle" : quel sympathique article ! En même temps, mon expérience porte préjudice à certains fonds de commerces. A lire aussi l'invective "prof réac'" sur les réseaux sociaux : Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valideJe suis renversée par la malhonnêteté intellectuelle de CQPW quand il note dans le forum de son blogue : «A ma décharge, l’expérience n’était pas scientifique, mais pédagogique et à l’intention des élèves. Je ne pensais pas que j’aurais à rendre des comptes publics un jour… » Selon moi, il n’y avait aucune intention pédagogique dans cette expérience, mais simplement l’expression d’une frustration bien loin de l’éducation aux TIC.
Je n'en avais pas l'intention au départ. L'idée m'est venue quand j'ai ensuite créé mon blog : voilà toute la malhonnêteté dont je suis capable.D’autre part, s’il ne désirait pas rendre de comptes publics, il ne fallait pas s’exposer sur le web.
Merci beaucoup pour ce tombereau d'invectives.La démarche de ce prof à l’éthique douteuse...
...commenté ici-même ...... comme le souligne Delphine Regnard dans cet excellent billet...
Oui, pour parler de mon expérience, autant parler d'une autre.....a ramené à ma mémoire le souvenir de ce que faisait un de mes profs de khâgne il y a plus de 20 ans...
Quel triste sire ! Car lire une traduction "aide" effectivement à traduire, et pas qu'un peu....pour nous obliger à traduire par NOUS-MÊMES la quantité phénoménale de textes latins destinés à nous préparer au concours de Normale Sup. Internet n’existait pas en ce temps. Pour éviter la triche, désireux de développer notre autonomie et notre pensée critique (resic!), ce prof retirait des bibliothèques du lycée et de celles de la ville, toutes les traductions qui auraient pu nous aider à traduire.
Encore un frustré à l'éthique douteuse et malhonnête intellectuellement.Désolée, Monsieur CQPW, vous ne détenez pas l’apanage du machiavélisme! Et lui non plus n’avait pas compris ce en quoi consiste l’apprentissage…
Conduire ses élèves à traduire par eux-mêmes un texte, c'est effectivement une horrible intention....ni le rôle très différent qu’il aurait pu jouer si ses intentions avaient été autres que d’évaluer tout le temps nos performances…
Ah le "plaisir" de recopier une traduction ou un corrigé. Mais au fait-: n'y aurait-il pas un certain plaisir à parvenir à traduire ou à commenter par soi-même un texte ?Mais faut croire que notre rôle à nous, les élèves, c’était de souffrir pour apprendre, pas d’en tirer un certain plaisir…
Merci pour ce rappel salutaire, effectivement.Bref, revenons à nos moutons, ceux de Panurge, ce sont les meilleurs parce qu’ils sont devenus célèbres eux aussi et on se rappelle pourquoi hein? Pour avoir démontré qu’ils ne savaient pas penser par eux-mêmes! Je fais de l’ironie, moi? Non, à peine…
En voilà un bel exemple d'honnêteté intellectuelle, d'éthique non douteuse et d'apprentissage à la fois utile et source de plaisir !Comme je n’étais pas assez riche pour acheter les traductions, même dans les boutiques de livres usagés, et que des stations prolongées devant les tablettes des librairies pour recopier la traduction avaient l’air louche, j’avais mis à profit mes ressources personnelles pour sauver quelques heures de sommeil (me comprendront ceux et celles qui sont passés par les classes prépa de lettres. Les autres attendront la publication de ma biographie pour lire les savoureux récits de ces deux années de ma vie). J’avais dans mon réseau d’amis, un prof de lettres classiques d’une célèbre institution parisienne. Quand j’étais surchargée de préparations de colles, de traductions anglaises, de devoirs de philo, d’histoire et tutti quanti, qu’une journée de 24 h ne suffisait pas à la charge de travail imposée par tous nos profs, je lui demandais de traduire les passages de Sénèque, de Tite-Live et compagnie sur lesquels je butais.
Ce n'est pas le premier exemple de personne s'insurgeant contre mon expérience en justifiant la triche : voir aussi Rémi Mathis .
A défaut d'exigence on peut avoir des prétentions. Et visiblement, c'était surtout le professeur de lettres classiques dans le "réseau d'amis" qui était "trié sur le volet".J’avais alors 18 ans, je faisais partie de ces jeunes triés sur le volet pour préparer le concours de Normale Sup....
L'argument du cynisme. Eh bien en l'occurrence non, le professeur attendait autre chose......mais je ne me questionnais pas à cette époque sur la pertinence d’une tâche scolaire. Si on l’exigeait de moi, ça devait forcément me servir à quelque chose… (reresic!) En fin de compte, je donnais au système ce qu’il attendait de moi.
Les élèves avaient donc raison de tricher !Cependant, j’avais fini par comprendre une chose comme ces jeunes lycéens piégés : c’était qu’une tâche ne méritait pas que j’y accorde du temps si elle n’était pas authentique ni signifiante pour moi!
Et ils devraient également le faire au bac puisque c'est à cet examen que je les prépare, sauf si l'épreuve est authentique et signifiante pour eux.
Donc la vacuité du bac de français, en somme.Elle ne m’apprenait rien sinon à trouver un moyen pour survivre et pour fonctionner selon les exigences du système. Ce qu’ont prouvé ces jeunes en allant chercher des réponses toutes faites et en ayant aucune autre ressource pour les vérifier, c’est la vacuité de la tâche qui était exigée d’eux voire la non-pertinence de ce type d’évaluation pour démontrer leurs compétences en lecture.
Finalement la servitude au web et le copier-coller sans comprendre sont des actes de résistance intellectuelle.
C'est le web qui les pousse à penser que tout exercice peut se résumer à une question dont la réponse en ligne. Ce qui ne peut pas être le cas d'un commentaire de texte puisqu'il s'agit d'un exercice d'interprétation personnelle, où précisément il faut comprendre et penser par soi-même et non recopier ce que l'on n'a pas compris.Sur 65 élèves, 51 sont tombés dans le panneau. Parfait! Alors qu’en déduire? 51 tricheurs? 51 paresseux? 51 idiots? ou 51 qui ont choisi de donner une réponse au prof, peu importe la réponse? Après tout, c’est ça qu’on attendait d’eux, une réponse, c’est à ça qu’on les avait formés : répondre. Pas penser, pas discriminer, pas créer, pas questionner…
Le commentaire n'exige pas de "ressources" à bien choisir : il s'agit de comprendre et d'interpréter... Quant à un développement de l'autonomie qui passe par la servitude au web...Dans le PFEQ, on peut lire, page 4 du chapitre 5, et il n’est pas question de survie dans ce cas-là, mais bien de développement de compétences dans le cadre de véritables contextes d’apprentissage : «l’élève doit pouvoir bénéficier du soutien de l’enseignant, de ses pairs et d’autres personnes ressources (bibliothécaire, orthopédagogue, conseiller d’orientation, parents, etc.). Ces conditions sont essentielles pour qu’il parvienne à exercer ses compétences en français avec de plus en plus d’assurance et d’autonomie.» Comment ce facétieux CQPW a-t-il soutenu ses élèves dans l’apprentissage du choix des ressources et dans le développement de leur autonomie?
Retenons quand même que les corrigés, comme les traductions, sont des "ressources".
Nous voici donc face à un règlement de comptes personnel dont je fais les frais.Je reviens à l’anecdote de mon prof de khâgne. Ne s’expliquant pas mes progrès soudains en traduction latine et surtout des passages qui posaient problème à l’ensemble de la classe, il a décidé un jour de ne pas me rendre ma copie. Dans mes souvenirs, le dialogue qui suivit ressemble à cela :
J'aime bien l'expression "mes progrès".
Traduit... ou recopié, peut-être : comment savoir ?Moi : Monsieur, vous ne m’avez pas rendu ma copie. Je peux savoir pourquoi?
Lui : VOTRE COPIE! Vous osez me la réclamer?! Vous osez appeler VOTRE COPIE, ce plagiat éhonté! (Persiflant) Je ne sais pas comment vous avez fait pour trouver la traduction… J’avais fait sortir toutes les traductions des bibliothèques…
Moi : Vous vous trompez, Monsieur, j’ai pas recopié une traduction de bibliothèque, c’est juste quelqu’un qui traduit pour moi, un ami…
Et techniquement, effectivement, ce n'était pas "sa" copie. C'est tout le problème : quand quelqu'un pense pour vous, ce n'est plus vous qui pensez.
C'est une bonne raison vis à vis des camarades qui - eux - n'ont pas trouvé le moyen de dormir, effectivement.....pour m’aider, me sauver du temps parce que j’en ai pas assez pour tout faire, parce que sinon je sais pas quand je vais dormir, moi…
Mais est-ce que le texte de la version était authentique et signifiant ?Il ne cessait de repéter : «Je sais pas comment vous avez fait pour… » et moi je répétais : «C’est pas moi qui traduis… » Il a donc mis un certain temps à entendre ce que je lui disais, et puis, tout à coup, il m’a entendue et là, ce fut terrible. Il a bégayé : «Quoi! Quoi! Et vous osez me dire ça! Comme ça!» L’air lui manquant, il est devenu écarlate. Puis pointant la porte du doigt, il a hurlé : «Je ne veux plus JAMAIS vous voir dans MON cours!»
Je l’ai écouté. Je n’y suis jamais retournée. Au concours d’Ulm-Sèvres, j’ai reçu un flamboyant 4/20 en traduction latine
C'est également le cas, visiblement, de Nathalie Couzon...Ce matin, j’ai lu les commentaires postés sur le forum de CQPW et surtout les réponses que lui-même a adressées aux personnes qui ont pris la peine de réagir à son billet. Je suis très inquiète. Vraiment.
Je donne un exemple pour qu’on comprenne mieux mon inquiétude :«3/4 des élèves préfèrent ne pas penser par eux-mêmes et tricher : il faut s’y adapter. C’est entendu, je vais tricher et faire tricher mes élèves.» ou encore en parlant d’un travail d’interprétation dans le cadre du commentaire composé : «Vous faites le même contresens que beaucoup d’autres : la compréhension et l’interprétation d’un texte se fait sans document. [...] Le commentaire composé ne relève pas de la science ou même de l’apprentissage. Vous semblez ignorer totalement en quoi consiste cet exercice.»
Dans ce cas, ne pas s'en prendre à moi, mais à l'institution scolaire.Alors c’est quoi le but du jeu dans tout ça? À quoi ça sert un commentaire composé si ça ne relève pas de l’apprentissage? Est-ce une situation authentique, signifiante pour l’élève? Qu’apprend-il à faire dans cet exercice? Ne devrait-on pas remettre en question ce genre d’exercices?
Et dans les "ressources", un corrigé par exemple. C'est pareil qu'un dictionnaire ou qu'une encyclopédie après tout.Quand je dois comprendre un texte et l’interpréter, quel mal y a-t-il à recourir à toutes les ressources disponibles pour mieux comprendre et mieux interpréter?
Sûrement meilleur qu'en recopiant un corrigé qui multiplie les graves contresens sur le texte à commenter....Est-ce par ce genre d’exercices qu’on devient un meilleur lecteur?
Pour aimer lire, il faut d'abord apprendre à lire...Est-ce ainsi qu’on apprend à aimer lire et cela, pour la vie?
Donc, si les examens ne conviennent pas, en revanche les programmes - eux- conviennent.En guise de conclusion, je rappellerai simplement certaines pages du programme de français.
Voilà qui est d'une limpidité cristalline. Pas de liens vers ces programmes ?Elles me semblent tout à fait appropriées dans le contexte actuel.
L’enseignant amène les élèves :
– à comparer, avec une certaine autonomie, leurs façons de faire dans différentes situations
Quel rapport avec le commentaire de texte ?– à comparer leur démarche avec celle d’autres élèves : façon de résoudre des difficultés, utilisation des repères culturels pour interpréter les textes, prise de notes, persévérance dans la lecture de certains documents, etc. (p.27, chapitre 5)
Comme des sites de corrigés payants ou publicitaires.Dans les stratégies de compréhension et d’interprétation en lecture, l’élève apprend à :
Tirer profit de ressources externes
– en cherchant des renseignements spécifiques ou complémentaires dans des ouvrages de référence ou à l’aide d’outils diversifiés
Ou dans toute autre source fiable comme Wikipédia.– en tirant profit des différentes catégories de renseignements présentes dans un dictionnaire
Comme le jour du bac, par exemple. Les élèves ont le droit à un joker "Appelez un ami".– en sollicitant l’avis d’autres lecteurs ou de personnes-ressources (p.51, chapitre 5)
Certainement, mais quel rapport ?Enfin, dans l’annexe qui concerne les quatre dimensions de la lecture:
«De la lecture fusionnelle à la lecture distanciée, de l’affirmation de préférences à la structuration de connaissances, l’apprentissage et la réflexion qui lui est associée doivent favoriser le développement des élèves-lecteurs dans leur intégralité, c’est-à-dire leur permettre d’accéder aux textes par le chemin de la curiosité, de la sensibilité, du besoin de structurer leur identité comme par celui de la connaissance et de la culture.» (p. 128)
Comme quoi...Morale de l’histoire
Chaque jour, bien qu’ayant été formée sans lui...
Moi de même. Mais Nathalie Couzon ou moi-même ne sommes pas des élèves....je profite du numérique parce qu’il me permet de mettre à l’épreuve mon jugement critique...
Les livres font ça très bien aussi, voire mieux à vrai dire....parce qu’il m’ouvre sur d’autres univers...
A nous d'en juger. Et c'est vrai qu'être "informée", c'est important pour entrer dans la littérature....parce qu’il me permet de confronter les points de vue, parce qu’il me rend plus cultivée, plus informée, (allez, j’ose le mot!) plus intelligente.
En l'occurrence les nouvelles technologies et le web n'ont pas vraiment créé des situations d'apprentissages puisque les élèves n'ont pas compris le texte.Chaque jour, les nouvelles technologies et le web me nourrissent en m’offrant l’opportunité de créer des situations d’apprentissage qui motivent les élèves...
C'est vrai que copier-coller, c'est plus actif que réfléchir par soi-même....qui les rendent actifs dans la construction de leur savoir
En fait, pour être "actif" dans la construction de son savoir, il suffit d'avoir un professeur dans son réseau d'amis.
Devenir un homme ou une femme avide d'apprendre en trichant et sans rien comprendre, c'est beau....qui rejoignent leurs goûts et leurs intérêts, qui mettent à profit leurs talents, qui changent leur rapport à l’école en leur donnant envie de venir en classe et qui font d’eux des hommes et des femmes avides d’apprendre.
CQPW vous remercie pour ce grand moment d'anthologie.Et ça, voyez-vous, Monsieur CQPW, c’est vraiment le bonheur!
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- Loys
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Un exercice intellectuel n'aurait donc plus de sens parce qu'il serait ancien ?Premièrement, je sais très bien ce qu’est un commentaire de texte. J’ai suivi un cursus scolaire en France. C’était il y a longtemps, mais je suppose que ça n’a pas dû évoluer beaucoup depuis que j’ai quitté le pays puisqu’il existe encore dans la même mouture l’examen oral du baccalauréat de français d’après ce que je lis là. Sauf qu’aujourd’hui c’est 25 ans plus tard la même épreuve. 25 ans… Quand même…!
La première chose sur laquelle se fonder, c'est la compréhension littérale d'un texte, ici sans vocabulaire complexe (à une expression près). Dans le sonnet de Vion d'Alibray, comprendre par exemple que le poète se compare à un arc-en-ciel et que la femme aimée est comparée au soleil : nul dictionnaire ou encyclopédie ne peut permettre cela...Troisièmement, je pense que le savoir a tout à voir avec n’importe quelle appréciation et interprétation de texte ou d’oeuvre, sinon sur quoi se baser pour commenter? Quels sont les critères qui nous permettent de justifier, d’argumenter, d’expliquer?
Pour ce qui est de la compréhension littérale, il n'y a - sauf exception - pas d'interprétation à faire. Pour le reste, bien sûr puisque précisément le professeur donne son interprétation personnelle, mais fondée sur l'analyse du texte et dûment justifiée. Et c'est précisément cette analyse et la construction de cette interprétation qui sert de modèle pour le commentaire de texte. Et cette interprétation n'est heureusement que personnelle, c'est même ce qui fait le bonheur et la grandeur de ce métier.Les connaissances n’ont aucun rapport au savoir? Je me souviens de mes cours de lycée : la prof nous donnait SON analyse, SON commentaire composé, Sa lecture du texte et nous les apprenions par coeur pour le bac de français.
Les consignes pour l'examen oral ont quelque peu changé, mais peu importe.
Penser qu'on peut interpréter personnellement un texte à partir d'interprétations trouvées en ligne a quelque chose d'absurde.
L'interprétation d'un texte est comme une traduction : personnelle. Mais on sait ce que pense Nathalie Couzon de ces exercices obsolètes de la pensée personnelle...À part exercer ma mémoire, je ne suis pas certaine que cet exercice ait développé ma capacité à analyser personnellement un texte.
Encore heureux.Alors oui, je conteste la pertinence de l’examen pour valider des compétences en lecture. Mais je ne vous tiens pas responsable du choix des épreuves qui sanctionnent les études en France!
Qu'est-ce qui vous permet de soutenir une affirmation aussi absurde ?Ce qui m’afflige par contre à vous lire, c’est que vous avez l’air de justifier votre présence auprès de vos élèves seulement pour cette épreuve.
C'est dommage en ce cas que vous n'enseigniez plus.Votre enseignement est destiné à leur faire passer un examen! Personnellement, je n’ai jamais vu mon rôle ainsi quand j’enseignais, en ZEP en France et ensuite au Québec.
Rien de tel en France. Et vous citez des programmes de collège : j'enseigne pour ma part à des lycéens...Poser un regard critique sur des textes courants et littéraires en appliquant des critères d’appréciation
Les élèves ont à observer les écrits sous plusieurs angles pour juger d’un propos ou pour commenter des façons d’écrire. Ils continuent à apprendre à tirer profit de leurs expériences, de leurs connaissances et de leurs repères culturels (œuvres lues, auteurs reconnus dans la communauté scientifique ou littéraire, stéréotypes, etc.) pour élaborer des critères et juger, par exemple, de l’intérêt ou du pouvoir d’évocation d’un passage, de l’originalité du traitement du sujet, de la solidité d’une hypothèse ou de la crédibilité d’un auteur. En confrontant leurs appréciations avec celles de leurs pairs et en prenant connaissance de commentaires de spécialistes ou de critiques, ils en arrivent à relativiser leurs jugements et à les formuler de façon nuancée. Cette famille de situations sert d’assise et de passerelle entre l’information et la littérature et, à l’aide de critères, elle permet d’apprécier aussi bien des textes courants que littéraires. Les critères que les élèves élaborent, d’abord avec le soutien de l’enseignant, puis avec de plus en plus d’autonomie, tiennent compte des indications fournies à l’égard de la qualité des textes et des œuvres dans le tableau du répertoire personnalisé.
C'est mieux en le disant. J'aurais préféré le lire dans votre premier billet.De plus, je suis contre les corrigés en ligne, pas en ligne, en fait peu importe où ils se trouvent.
Et comment faire preuve de jugement critique sur des "sources" (les corrigés en ligne en fait) quand on n'a pas la capacité au départ de comprendre le texte que ces "sources" analysent.Je suis pour qu’un élève fasse preuve de jugement critique en discriminant dans les sources à sa disposition celles qui seront les meilleures pour qu’il construise sa pensée et donne du sens à ses propos.
Je m'en sers parfois pour en montrer la nullité abyssale...Si j’avais à enseigner en France, je me servirais de ces corrigés en ligne comme exemples pour montrer à mes élèves comment tirer partie de leur répertoire personnel de connaissances et de repères culturels.
Si l'autonomie passe par la nécessité de consulter des "sources" pour un exercice qui n'a rien de documentaire...Je leur apprendrais à les crititquer et à les commenter avec leur propre interprétation élaborée sur des critères précis. Je leur apprendrais l’autonomie...
Vous trouvez ça hors de portée, un soleil (femme aimée) qui - lorsqu'elle apparaît - fait briller un arc-en-ciel (poète) ?...et la confiance parce que ça en prend aussi de la confiance pour se prononcer sur un texte résistant voire hermétique quand ce n’est pas hors de leur portée comme le texte baroque que vous aviez soumis à vos élèves.
Un professeur passe précisément à leur apprendre...Mais comment nos élèves peuvent-ils apprendre à le faire si personne ne le leur apprend?
Eh bien la "démarche la plus appropriée" quand on a un commentaire de texte, ce n'est pas d'aller sur le web.L’enseignant doit les amener à établir des liens entre les apprentissages qu’ils font dans des situations diversifiées, à choisir les démarches les plus appropriées et à prendre l’habitude de réinvestir leurs acquis dans un large éventail de contextes scolaires et extrascolaires. Il doit également les amener à trouver un juste équilibre entre les ressources documentaires et littéraires de la bibliothèque, les rencontres avec des personnes qui exercent différentes fonctions et l’utilisation de l’ordinateur et d’Internet.
Vous vous défendez de toute expertise... tout en me faisant une explication experte.«Le mot n’est pas le sens», dit souvent Britt-Mari Barth. Ainsi, Web 2.0 ou web social renvoie à un concept bien précis, car il existe aussi le web 1.0 (web passif) et le web 3.0 (web sémantique) désormais. J’ose espérer que vous connaissez la différence sinon il y a Wikipedia fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0 D’autre part, le fait d’utiliser l’expression ne confère aucune expertise technopédagogique! Cela vise simplement à préciser dans quel paradigme on se situe.
Ou pas.Ce qui doit s’imposer à l’école, c’est une révolution de la façon d’enseigner et d’apprendre. En cela, les outils du 2.0 apportent un soutien.
Il faut parfois sortir de la pétition de principe. Certaines "nourritures numériques" sont pédagogiquement toxiques.
Eh bien non : un "corrigé" se substituant à une interprétation personnelle est tout sauf un "outil". La preuve par mon expérience : les élèves n'ont pas compris le texte.Ils ne sont pas la finalité. Ils ne sont que des outils...
C'est très joli, présenté comme ça, mais très creux....comme tant d’autres outils qui ne sont pas technologiques pour mieux développer des compétences en lecture, en écriture et en communication orale, pour acquérir des connaissances, construire sa vision du monde et son identité.
Ce n'est pas un avis, c'est un fait.Vous trouvez mes propos diffamatoire parce que j’emploie des termes comme «manque d’éthique» ou encore «malhonnêteté intellectuelle».
Celle-ci a pourtant bien fonctionné et n'a pas marqué que mes élèves...Cependant, ce sont ceux-là précisément qui conviennent à votre geste parce qu’il existait bien d’autres façons, et constructives, et engageantes pour faire prendre conscience du problème à vos élèves.
Un commentaire de texte n'est pas une recherche d'informations. On ne progresse guère.Nous sommes tous confrontés au phénomène du copier/coller car l’information est très accessible.
Qui a parlé de le nier ? Mon expérience en a parfaitement tenu compte.Cela induit que notre rôle d’enseignant doit tenir compte du contexte dans lequel nous enseignons. Le nier, c’est nier la société, le monde, le rapport au monde qui inclut le rapport au savoir, car l’école a pour mission d’y préparer nos jeunes.
En revanche le déni serait plutôt du côté de ceux qui ne voient dans le numérique que les aspects positifs (car ils existent) mais pas les autres. Il est ainsi caractéristique des réactions à mon expérience qu'elles ne parlent presque jamais des sites de corrigés.
Dommage que vous ne l'ayez pas connu quand vous trichiez en préparant le concours de Normale Supérieure.Au Québec, les enseignants possèdent un référentiel de compétences professionnelles. Je vous invite à prendre connaissance de la compétence 12 Agir de façon éthique et responsable dans l’exercice de ses fonctions.
Je ne doute pas que vos camarades de l'époque approuvaient et même partageaient vos pratiques pour traduire un texte latin.D’autre part, j’ai relaté l’expérience de la prépa littéraire pour souligner l’absurdité de l’exercice qui m’était imposé à moi et aux autres. C’était un exemple, vous savez le procédé qu’on utilise comme étayage dans une lettre d’opinion. Je ne sais pas si vous êtes passé par le tordeur des classes préparatoires. Moi oui! Je me souviens des techniques de survie que nous (je dis bien NOUS, car je n’étais pas la seule à user de stratagèmes pour survivre au rythme et aux exigences. Personne ne dort en classes prépa sauf le matin dans les cours de philo pour rattraper quelques heures de la nuit passée à bûcher!) Pour preuve cette lettre écrite par une jeune normalienne récemment.
C'est très optimiste...J’aurais aimé que cet enseignant de latin au lieu de nous bombarder de textes à traduire sans aucun soutien nous modélise comment faire une bonne traduction, nous fasse comparer des traductions et nous montre pourquoi telle ou telle traduction était meilleure qu’une autre. Au bout du compte, j’aurais sûrement été capable de traduire par moi-même...
Drôle de confiance en des "capacités" qui n'existent pas.... en y trouvant du plaisir, car j’aurais développé une confiance en mes capacités qui m’aurait détournée de l’envie de chercher ces aides dans les traductions retirées du circuit par ce prof si bienveillant et si déterminé à m’apprendre à penser… SEULE!
Un piège peut parfaitement être pédagogique.Les élèves n’ont pas davantage raison de tricher que vous avez le droit de les piéger. Éduquer, ce n’est pas ça.
Par ailleurs je les aurais à proprement parler piégés si je leur avais enjoint d'aller sur le web. Or j'ai bien pris la précaution de leur dire de ne pas le faire...
Il aurait donc été "signifiant" que je ne les prépare pas à l'examen qu'ils s'apprêtaient à passer en fin d'année.Je ne cautionne pas leur attitude, je la trouve simplement justifiée vu le contexte peu signifiant de la tâche pour eux. Il faudrait questionner la pertinence de maintenir l’examen tel qu’il est et vérifier ce qu’il valide pour vrai…
Si vous le dites...À mon sens, certainement pas la capacité à lire.
Eh bien justement un commentaire de texte n'est pas une question et n'est pas googlable, pas plus qu'une résolution d'équation.Le web ne pousse personne à faire quoi que ce soit. Vos élèves trouvent des réponses en ligne parce que les questions qu’on leur pose sont «googlables»!
Ben voyons... Quant à la créativité, vous me direz comment elle s'évalue : c'est une question qui m'intéresse beaucoup.Elles ne sollicitent ni leur créativité ni leur jugement critique.
Un commentaire de texte est un exercice intellectuel bien plus complexe qu'une recherche d'information.Posez une question dont la réponse demande recoupement d’informations, décryptage de l’inférence, analyse des énoncés, des objets, comparaison, etc. Bref, cela. Vous verrez la différence!
Tant mieux pour les jeunes Québécois.Dernière précision : j’ai travaillé à la validation des programmes de français et à la progression des apprentissages au Ministère de l’Éducation du Québec. J’ai ensuite travaillé à l’implantation et l’accompagnement dans le milieu de ces documents ministériels prescriptifs. Les exemples que je citais de nos programmes de français sont des exemples en contexte d’apprentissage et non d’évaluation.
Et moi je me considère comme un professeur de lettres soucieux de transmettre mon amour de la langue et de la littérature à mes élèves.Enfin, je me considère encore une élève, encore une apprenante active dans une communauté d’apprentissage qui est connectée par la technologie et qui s’alimente grâce à la technologie.
Je n'ai jamais autant appris qu'à l'école, pour ma part.Je n’ai jamais autant appris que depuis que je suis en réseau avec des centaines de professeurs à travers le monde et je travaille chaque jour à ce que ce réseau s’aggrandisse, se solidifie et joue un rôle dans la réussite des jeunes qui nous sont confiés.
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A fortiori si celles-ci sont destinées en principe à vous familiariser, à travers les textes, à une langue qui n'est pas seulement celle de Lucrèce ou de Salluste, mais également celle de Descartes et de Spinoza, — et dont on retrouve jusqu'à ce jour des survivances. L'ennui, en effet, c'est que la plupart des étudiants, par défaut de n'avoir pu donné d'eux-même un sens à ce travail, par défaut de n'avoir pu s'efforcer d'y voir un intérêt, finissent par y voir un boulet qu'ils doivent absolument détacher de leur pied, quitte à tricher.Typhon écrit: Que penser d'une personne qui manque autant de cohérence ?
Je veux dire, moi qui ai toujours été très paresseux, et bien je n'ai pas fait prépa. Je ne comprends pas la logique de quelqu'un qui va en prépa littéraire et se plaint ensuite de devoir faire des versions latines jusqu'à deux heures du matin.
Je goûte cependant cette perle, qui vaut presque de nos jours comme une sentence :
Armée d'une aiguille très pointue, Mlle. Couzon nous brode la limite à ne pas franchir entre pédagogies "constructives" (entendez, au-delà du pluriel, la sienne) et pédagogies propres aux professeurs à "l'éthique douteuse", — ne perdez pas le fil : c'est encore de son invention.Cependant, ce sont ceux-là précisément qui conviennent à votre geste parce qu’il existait bien d’autres façons, et constructives, et engageantes pour faire prendre conscience du problème à vos élèves.
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