Bernard Girard - "De l'illettrisme au terrorisme, c'est toujours la faute à internet" (24/03/12)

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13 Mai 2012 20:54 - 16 Déc 2018 01:01 #642 par Loys
Sur son blog "Journal d'école" , cet article tout en mesure et en pondération de Lubin, professeur de collège, qui préfère sans doute garder un anonymat relatif pour qualifier ses collègues de "types" plutôt "demeurés".

Edit : "Lubin" = Bernard Girard


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13 Mai 2012 21:38 - 16 Déc 2018 01:03 #643 par Loys

De l'illettrisme au terrorisme, c'est toujours la faute à internet

Tout dans la mesure...

Comme tout le monde a déjà parlé de ce type, pardon de ce « professeur de lettres classiques », qui se vante d’avoir « pourri le web », trompé ses élèves, détérioré Wikipedia et j’en passe, il n’est pas nécessaire d’en laisser un lien supplémentaire. Quand on sait que Rue89 lui a ouvert toutes grandes ses colonnes (et dans le même temps refuse toutes mes contributions depuis plusieurs mois…), cela laisse songeur.

L'objectivité est de mise...

Que ce prof ait du temps à perdre, c’est son droit mais qu’il perde également celui de ses élèves est déjà plus problématique.

Si les élèves avaient trouvé un vrai corrigé sur Oodoc et Oboulo, ils n'auraient pas perdu leur temps en revanche... :mrgreen:

Plutôt que de piéger les élèves, il aurait été mieux inspiré de leur apprendre à travailler avec internet, ce qui fait d’ailleurs partie de ses obligations contractuelles.

Passons sur les "obligations contractuelles"... :roll: Qu'est-ce qui fait penser à M. Lubin que je ne le fais pas, à part son préjugé ?

A considérer le profil, j’imagine qu’il fait partie de tous ceux qui n’ont que mépris pour le socle commun (2006, déjà !) et notamment son pilier 4 sur « la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication », maîtrise qui implique « l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information ».

Encore des préjugés...

On ne croit pas que le prof en question ait passé beaucoup de temps à « faire acquérir à chaque élève un ensemble de compétences lui permettant de les utiliser de façon réfléchie et plus efficace » ou encore à développer chez eux « une attitude critique et réfléchie vis-à-vis de l’information disponible [et] une attitude de responsabilité dans l’utilisation des outils interactifs ».

Mon expérience a eu lieu en début d'année, il suffit de lire l'article. Il faut donc que je blâme mes collègues de collège et de lycée, puisque c'est la dernière année de français de mes élèves.

Par ailleurs (énième contresens dans un article de ce genre) le commentaire de texte ne suppose aucune recherche d'"information" (à part peut-être quelques indications biographiques sur l'auteur, peu utiles pour le commentaire lui-même). Cette compétence informatique est donc inutile ici, sauf à inciter volontairement l'élève à échouer à cet exercice. :roll:

Quant à la compétence "attitude de responsabilité dans l’utilisation des outils interactifs" : une "attitude" est une compétence ? :shock: Comment la vérifie-t-on ? Cette compétence est-elle acquise pour toujours ?

Ravi d'entendre qu'on peut apprendre à ne pas tricher, en tout cas : c'est merveilleux ! Comme je le dis dans l'article, "pour ma part je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école."

Combien de fois aura-t-il fait travailler ses élèves sur internet pendant les heures de cours, plutôt que de les charger d’une hypothétique « recherche » à faire à la maison ?

Je ne les ai pas "chargés d'une recherche" : c'est bien de critiquer une expérience, mais il faut lire un minimum son compte-rendu... Quant à faire travailler mes élèves "sur internet pendant les heures de cours", c'est hors de propos l'année du baccalauréat où chaque heure de cours est comptée.

Dans ma modeste pratique quotidienne de prof de collège, le travail sur internet se fait sur le temps de classe, malgré, d’ailleurs, les conditions matérielles difficiles : rechercher des informations consiste à les recenser, les critiquer, les classer et n’en retenir qu’un petit nombre sur des critères pertinents.

Dans quelle discipline, la recherche documentaire ? Parce qu'en français c'est assez peu utile : M. Lubin n'est donc pas professeur de français. ;)

Un travail qui ne peut se faire en dehors de la présence du prof dont l’aide est alors indispensable.

Et à la maison, quand les élèves consultent des sites de corrigés ou de résumés d’œuvres, comment fait-on ?

Ce que, manifestement, on a du mal à comprendre chez les « néoprofs » - déjà bien vieux - les traditionnalistes (sic) et les thuriféraires de la « transmission ».

C'est vrai qu'avec une "pratique quotidienne" de "travail sur internet" "sur le temps de classe", on va plus loin que la simple "transmission".

En un mot, dans cette opération racoleuse et malhonnête, ce ne sont pas les lycéens qui sont en faute mais le prof, qui n’a pas fait son boulot.

J'aurais dû les former à internet pendant les vacances d'été pour qu'ils ne trichent pas en septembre !

Internet, pour quelques-uns, c’est l’enfer, un peu comme les premiers livres imprimés au 15e siècle. Pensez donc : une invention qui ouvre la connaissance à tous et libère la parole, au lieu de les laisser confisquer par un petit nombre.

La "confiscation de la connaissance" et "de la parole", voilà qui fleure bon la vulgate bourdieusienne des professeurs matons et ennemis de classe, bons soldats de la "reproduction sociale". On se croirait dans la Chine maoïste.

Quant à la "connaissance ouverte à tous", c'est très touchant quand on sait ce qu'on trouve sur internet. On croirait lire le communiqué d'Oodoc, dont le comité de lecture a validé sans barguigner mon faux commentaire : "Les nouvelles technologies de l'information et les acteurs éducatifs présents sur ces nouveaux médias contribuent pourtant quotidiennement à favoriser l'égalité des chances en rendant disponibles au plus grand nombre des sources d'informations qui jusque là n'étaient pas accessibles et qui - si elles sont utilisées intelligemment - peuvent contribuer à l'amélioration du savoir, de la réflexion et des compétences de la grande majorité de nos élèves et étudiants."

Dans une logique proche, Sarkozy a trouvé le responsable des attentats de Toulouse : internet.

Je n'ai jamais dit qu'internet était négatif en soi. Je parle de manque de maturité des élèves. Il n'y a qu'à relire ma dernière phrase : "On ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui."

On n’a jamais prétendu qu’internet à soi tout seul rendait intelligent mais que ses contempteurs se recrutent massivement chez les demeurés est largement attesté.

Le coup de pied de l'âne, tout dans la nuance et qui résume tout : porter un regard critique sur le numérique, c'est nécessairement être un "demeuré".

Le numérique ne se critique pas. :evil:
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