"Retour sur un petit maelström médiatique"

Vous pouvez commenter ici l'article "Retour sur un petit maelström médiatique" du 25 mars 2012.

A écouter : les informations de France Culture de ce dimanche 25 mars 2012 à 9h.
C'est à 8'10 : www.franceculture.fr/emission-jo ... 2012-03-25
C'est la station qui m'a le plus donné la parole et j'ai pu un peu développer et approfondir.

Loys écrit: Le numérique, dans ma discipline, n'apporte rien, et est plutôt une source de dévastation.

C'est la conclusion de votre intervention.

Je trouve ça intéressant, cette notion de discipline en dehors du temps.

Loys écrit: Le seul vrai enseignement de cette expérience, c'est que mes élèves, face à ce poème, ont simplement renoncé à penser par eux-mêmes.

Tout à fait d'accord. Mais peut-être faudrait-il questionner le rôle de l'école elle-même dans ce renoncement. Il n'est pas nouveau, il ne date pas du numérique. Pour autant que ma propre expérience me renseigne, la plupart des enseignants (heureusement, pas tous) découragent l'autonomie de la pensée, l'originalité, l'expérimentation et la curiosité intellectuelle au profit du seul souci de la performance, de l'efficacité et des résultats. Avalez, recrachez; avalez, recrachez; etc. Il n'y a plus de temps ni de place pour la réflexion...

Ce n'est pas le numérique dont ces sites de "corrigés" profitent pour se faire du cash. C'est le fonctionnement même de l'école!

L'école impose un cadre, une discipline, des normes, des exercices canoniques, bien sûr. Mais acquérir une culture commune et apprendre à se conformer à des exigences simples et partagées par tous est une bonne chose. A contrario l'originalité en soi n'est pas une valeur.

Pour en revenir au commentaire, vous vous trompez si vous pensez qu'un professeur attend une seule réponse, la sienne.

De là à dire que le seul souci de l'école est la performance et l'efficacité des résultats, c'est faire peu de cas de l'humanisme des enseignants, qui se désolent non pas du niveau des élèves, mais de la faillite d'un système qui ne fonctionne plus : le numérique ne fait que le souligner davantage.

Loys écrit: qui se désolent non pas du niveau des élèves, mais de la faillite d'un système qui ne fonctionne plus

Mais c'est quoi ce système à part l'ensemble des professeurs que rencontre l'élève dans son cursus scolaire ?

Souvent, quand on parle d'un système, c'est qu'on a du mal à cerner les moyens disponibles pour le modifier. Or là, le professeur est en première ligne pour rectifier le système scolaire, non ?

Sauf s'il a été recruté pour appliquer certaines réformes pédagogiques modernes.

Loys écrit: Sauf s'il a été recruté pour appliquer certaines réformes pédagogiques modernes.

Recruté ? C'est bizarre, je n'ai jamais vu une annonce pour passer dans un bureau de recrutement. J'ai plutôt l'impression que le professeur candidat passe un concours pour être accepté en tant que professeur dans l'éducation nationale. Le professeur ne serait donc qu'une recrue ?


Si "certaines réformes pédagogiques modernes" sont mauvaises, le professeur ne doit pas les copier-coller, il doit penser par lui-même, comme on lui a appris lors de sa formation initiale. On est train d'essayer de faire croire que la mauvaise éducation des élèves n'est pas due aux professeurs, celui que côtoie ses élèves cinq jours par semaines, hors vacances scolaires ? Le professeur est donc un simple ouvrier qui sert des boulons pour éduquer ses élèves ? Le professeur ne fait que suivre à la lettre les réformes pédagogiques, sans absolument aucune latitude possible ?

C'est donc en connaissance de cause que le professeur sabote l'éducation de ses élèves ? Le professeur qui applique ces mauvaises réformes sait qu'il va produire des imbéciles mais il continue tout de même ?

Intéressant.

Recruté, oui, de plus en plus, et même sur "Le bon coin" : www.lepoint.fr/societe/un-prof-d ... 432_23.php

Et même un candidat au concours doit voir son année de stage validée en IUFM. Ne parlons pas des professeurs des écoles.

Au lieu de vous répandre en sous-entendus détestables, documentez-vous sur la résistance passive des professeurs : il y a toute une littérature à ce sujet.

Désolé si je suis désagréable envers les professeurs qui sont ici, j'essayais juste de suivre la logique de cette critique de l'éducation nationale jusqu'au bout, même si je tiens pour cela un ton provoquant. J'imagine volontiers que le professeur n'est pas un être diabolique qui souhaite la mauvaise éducation de ses élèves, alors arrêtez vous-aussi de faire croire que je vous accuse directement de ces vilaines choses. Je continue dans la provoc : Si la résistance passive existe et que la médiocrité est toujours aussi éclatante, c'est donc qu'elle est encore trop minoritaire par rapport aux moutons et agneaux qui suivent docilement les réformes néfastes ?

La résistance passive des professeurs, je dois bien trouver quelques exemples, mais les chiffres les plus évidents des professeurs résistants sont dans la résistance actives, voir dans les établissements hors contrats. J'ai l'impression que nous ne traitons pas de ce sujet et qu'on reste dans le cadre du ministère de l'éducation nationale, n'est-ce pas ?

Je ne connais pas vraiment cette littérature autour de ces résistants passifs. Est-ce que les professeurs qui collaborent avec les réformateurs pédagogues (je veux bien trouver une autre formule) sont minoritaires dans le cursus d'un élève ? Je sais qu'il faut au minimum insulter personne dans un tel débat, mais la question dans un tel débat reste tout de même "est-ce que mon enfant aura une bonne formation scolaire ?" !

Ne parlons pas des professeurs des écoles.

C'est pourtant eux qui assurent l'enseignement "primaire", le premier à être fourni aux enfants, et donc le plus formateur, n'est-ce pas ?