Le niveau de recrutement des concours enseignants

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05 Jul 2012 17:06 - 07 Mai 2024 09:38 #1022 par Loys
Le niveau de recrutement
des concours enseignants

Voir également ce fil sur la réforme des concours de l'enseignement


Septembre 2013

Démission du jury de l'agrégation d'histoire : www.cafepedagogique.net/2013/09/24/le-ju...istoire-demissionne/

Derrière ce micro-fait il y a le sentiment chez ces universitaires que la part laissée au disciplinaire dans la formation des futurs enseignants est insuffisante. Le gouvernement a décidé de renforcer la formation professionnelle sabrée sous Darcos.« Aujourd’hui, ce qui menace, c’est la poursuite, comme pour le CAPES et les Masters MEEF, de l’entreprise visant à écarter l’Université de la formation des enseignants », écrivent les démissionnaires

Dernière édition: 07 Mai 2024 09:38 par Loys.

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20 Avr 2024 10:49 - 22 Avr 2024 13:41 #25073 par Loys
Dans "Le Point" du 19/04/24 : "Capes de mathématiques 2024 : une épreuve écrite de « niveau lycée » ?"

Attention : Spoiler !

Certains raisonnements relativistes méritent examen.

Xavier Sorbe, président du jury du capes externe de mathématiques, estime que « compte tenu de l'évolution des épreuves, cela n'a pas beaucoup de sens de comparer leur difficulté dans le temps ». Tout en admettant que « parmi les exercices proposés, certains sont assurément plus abordables qu'il y a une vingtaine d'années ».

"abordables" = de niveau collège au lycée pour des étudiants de niveau master.

Pour le reste, M. Sorbe récuse la comparaison en raison de "l'évolution des épreuves", c'est-à-dire de nature différente, alors qu'il est ici question de niveau. La comparaison permet précisément de montrer l'évolution des épreuves disciplinaires (il n'y en a plus qu'une à proprement parler), ou plutôt la dégradation du niveau d'exigence en mathématiques.

Lors de la session 2023, la moyenne du dernier admissible était égale à 5,15/20, d'après le rapport du jury. C'est-à-dire que les candidats pouvaient passer les oraux dès lors que leur note aux écrits était supérieure à ce seuil.

Malgré la baisse de niveau des épreuves, le niveau de recrutement reste très faible.

Prenons l'exemple de 2023 : capes-math.org/data/uploads/rapports/rapport_2023.pdf

En 2023, 3000 inscrits mais moins de la moitié se sont présentés : 1495 présents pour 1040 postes.



En 2023, plus d'un tiers des candidats obtenaient entre 5 et 8 à "l'épreuve disciplinaire" (moyenne 8,28/20, coefficient 2/12). Un quart, avec moins de 5/20, étaient éliminés : on voit d'ailleurs un effet de seuil à 5/20.

Curieusement, l'ensemble des candidats réussissent bien "l'épreuve disciplinaire appliquée" (moyenne 10,4) - très peu sont éliminés (de l'ordre de 6 ou 7%) -, preuve étonnante qu'en mathématiques on peut appliquer sans savoir !

La question est la suivante : quelle est la note à l'épreuve disciplinaire des admis ? Le rapport du jury ne le précise pas, mais il donne ce tableau (avec une échelle minorant l'importance de l'oral), que nous avons augmenté avec les couleurs indiquant la réussite (vert) ou l'échec (violet) du fait de l'oral (malheureusement le graphique ne permet pas d'isoler l'épreuve disciplinaire) :

"On ne peut pas dire qu'on a cédé sur le niveau puisque c'est la raison pour laquelle on ne pourvoit pas les postes depuis plus de dix ans dans notre discipline." Pour l'inspecteur général de mathématiques, si les énoncés peuvent « paraître simples », c'est aussi « par souci de ménager à l'épreuve une certaine progressivité ».

On peut donner raison à Xavier Sorbe sur le premier point, mais en ce cas, pourquoi instaurer de la progressivité constituerait-il un progrès ?

En réalité, une seule explication est possible : remonter - en apparence - le niveau des admis (certains ont obtenu à peine plus de 5/20 à l'écrit, la note éliminatoire).

« Certaines questions plus élémentaires sont très précieuses, en ce qu'elles permettent d'écarter des candidats qui n'ont pas le niveau scientifique requis », explique-t-il.

Le niveau lycée ou collège, pour être précis. On se demande comment de tels candidats de niveau master peuvent d'ailleurs exister.

Mais le raisonnement est étrange, pour ne pas dire sophistique : des questions moins "élémentaires" ne permettraient pas de les écarter ?

Et les épreuves d'aujourd'hui n'auraient rien à envier à celles d'hier, car elles sont désormais « doublées d'une exigence d'une autre nature – il y a des dimensions plus relationnelles et pédagogiques, lors des oraux par exemple. Cela permet d'avoir de nouveaux profils de candidats, de diversifier le recrutement. »

Comprendre : les candidats qui ne réussiraient pas des épreuves disciplinaires de mathématiques peuvent compenser avec des compétences relationnelles et pédagogiques, en réalité, factices ou idéologiques : à l'oral (coefficient 8/12), "l'épreuve de leçon" (conception et animation d'une séance d'enseignement) est artificielle et les qualités pédagogiques sont surtout un test de conformité idéologique. L'"épreuve d'entretien" (coefficient 3), sans AUCUN rapport avec les mathématiques, est même un test de conformité administrative : elle est par ailleurs la mieux notée (12,08/20  en 2023) : on voit d'ailleurs, sur le graphique supra, qu'un nombre important d'admis (de l'ordre de 20%) l'ont été malgré une note inférieure à 10/20 à l'écrit malgré des sujets "progressifs" et "abordables".

De fait, l'épreuve disciplinaire à l'écrit a un coefficient... de 2/12 seulement ! Une note égale ou inférieure à 5 éliminatoire serait rassurante si précisément les nouveau sujets n'étaient pas si "progressifs" et "abordables".

Nous avions dénoncé ici cette "professionnalisation" en trompe-l'oeil des concours.

Ce qui est donc une baisse des exigences est présenté ici comme un accroissement des exigences. La président du jury a décidément le sens du paradoxe !

Il est vrai qu'il approuve également le déplacement du concours en fin de licence (pour des candidats n'ayant donc pas encore le niveau licence !). Dommage qu'il n'ait pas désapprouvé son déplacement en fin de master par la même majorité !

Pour la présidente de l'APMEP, le débat de l'attractivité se place aussi du côté de la revalorisation. « À tout niveau », précise la professeure de collège. « D'un point de vue social, les professeurs sont souvent perçus négativement : c'est une profession difficile à exercer, qui souffre aussi d'une mauvaise image dans les médias et la société en général, abonde-t-elle. Et d'un point de vue salarial, même si les rémunérations ont été améliorées pour les premières années, il y a une stagnation des salaires pour les milieux de carrière. Certains étudiants peuvent ainsi être tentés par l'ingénierie financière ou l'informatique, beaucoup plus rémunératrices que l'Éducation nationale. »

On pourrait même penser que les seuls étudiants en mathématiques se portant candidats aux concours ne font pas un très bon calcul !

Résumons : des épreuves conçues pour rendre très accessible le Capes de mathématiques aux étudiants n'ayant pas toujours le niveau nécessaire en mathématiques tout en maintenant la fiction de l'exigence.
Dernière édition: 22 Avr 2024 13:41 par Loys.

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05 Mai 2024 12:20 - 06 Mai 2024 21:05 #25102 par Loys
Le projet de programme 2025 du Capes d'histoire-géographie fait beaucoup réagir.

www.vousnousils.fr/2024/05/06/capes-hist...ion-excessive-684303
Dernière édition: 06 Mai 2024 21:05 par Loys.

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