"Le vilain petit secret de l'enseignement en ligne : les étudiants s'ennuient et abandonnent" (Quartz)

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03 Avr 2013 20:59 #4948 par Loys
A lire, en anglais, sur le blog "Quartz" : "Le vilain petit secret de l'enseignement en ligne : les étudiants s'ennuient et abandonnent" (21/03/13)

Extraits :

Sure, a few free, open, online courses have generated eye-popping registration numbers, upwards of 200,000 in some cases. However the average enrollment for MOOCs is more like 30,000 to 50,000. The real problem, though, is that more than 90% of these would-be learners don’t finish. Many don’t even start the courses for which they are registered. And a lot of those who finish don’t take another one. That means the number of people actually learning anything substantial is much less massive than the PR suggests.

Not So Massive After All

So why are all these students falling asleep, virtually, in their digital classes? Mainly because the people putting education online are still thinking in terms of classrooms. And despite incorporating “decades of research on how students learn best”, the world has changed a lot in just the last few years. Here’s just one example of how: Before smartphones, we went online roughly five times a day, in long chunks, according to Joe Kraus, a partner at Google Ventures. Today, with smartphones, it’s 27 times, in much shorter bursts. Twentieth century instructional methods just don’t work as well for busy, distracted 21st-century learners.


Sur ce dernier point, je dirais plutôt que ce ne sont pas les méthodes d'enseignement qui ne conviennent pas... mais le savoir lui-même ! :spider:

Before education can be effective, though, you first need to grab and hold learners’ attention. So these people would be smart to start by recognizing that learning online is not the same as it is in a classroom. And they should take some cues from the companies that are excelling at captivating easily distracted, constantly connected people on the same computers, smartphones and tablets where they will be learning.

If they do that, they’ll see that digital learning needs to become much more mobile, personal and social. That may sound obvious, but it’s apparently not. At last count, for example, only 34% of college faculty are using social media for teaching. As Carson Kahn, an educational technology specialist at the City University of New York, puts it, “education lags 30 years behind most of the world, and 50 years behind Silicon Valley.”

Même si l'école voulait se numérifier entièrement, comment ne serait-elle pas constamment en retard quand les "innovations" technologiques sont trimestrielles ? Si on avait écouté certains en 2007, toutes nos universités auraient du investir dans "Second Life"...

Let’s start with mobile first. Around 83% of millennials–today’s college students, entry-level workforce and emerging managers and entrepreneurs–literally sleep with their smartphones and consumers have doubled the time they spend on mobile apps in the last two years (to about two hours a day now). Facebook, for one, recognized that most of its users are now coming from smartphones and tablets and that those people are engaging twice as much (in page views, interactions, consumption and production) as desktop or laptop users. That’s why they’re repositioning their entire strategy around mobile. And it’s why K-12 schools and colleges around the world are racing to put tablets in classrooms while some of the world’s biggest technology, education and media companies are racing to supply them.

“Mobile,” however, means more than just delivering the same old content on smartphones or tablets. Mobile education needs to be tailored for smaller, more limited, more intimate mobile devices. That means the user experience needs to be more streamlined and intuitive than today’s learning management systems. It also needs to be designed for the specific behaviors of mobile users. And mobile users are first and foremost easily distracted. More than 25% of them acknowledge that smartphones make it significantly harder to focus on a single task.

En somme l'enseignement doit s'adapter à l'outil, et non l'outil à l'enseignement. :mrgreen:

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04 Avr 2013 01:38 - 26 Avr 2014 18:58 #4953 par N°6
Dans une mise en abîme, j'ai abordé ce sujet dans un "artefact" produit justement au cours d'un... MOOC, et qui faisait parti de sa notation...
J'y aborde (en anglais) quelques problèmes liés au mooc vu "de l'intérieur".
Cet "artefact" (un mini site web) et toujours en ligne. Il contient principalement mes contributions et, comme illustration des avis "opposés", une video de Robinson reprenant les thèses pédago.
C'est là: www.exobiologie.info/artefact
On y trouvera des graphiques que j'ai réalisés sur un exemple de mooc, portant justement sur la "déperdition" en cours de route...
Dernière édition: 26 Avr 2014 18:58 par Loys.

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04 Avr 2013 10:03 #4955 par Loys
Votre réflexion sur la propriété intellectuelle me semble très juste.

J'avais déjà eu l'occasion d'être critique sur la vidéo "Changing education paradigms".



Je reposte ici mes commentaires sur certains aspects.

Partout dans le monde on réforme actuellement l’enseignement public. A cela deux raisons :
- faire trouver aux enfants leur place dans l’économie du XXIème siècle
- faire acquérir aux enfants une certaine idée culturelle pour leur transmettre les gènes culturels de notre communauté

Bon c’est fumeux d’emblée… En France je crois qu’on réforme actuellement pour des raisons beaucoup plus pragmatiques...

Ces gens comptent affronter l’avenir en appliquant les méthodes du passé.

C’est vrai qu’appliquer les méthodes de l’avenir, c’est beaucoup plus intelligent. On aurait dû y penser avant, à utiliser les méthodes de l’avenir, dès le moyen-âge ou même dans l’antiquité : on aurait gagné pas mal de temps.

Nos enfants ne croient plus qu’ils peuvent obtenir du travail avec un bon diplôme et ils ont bien raison. Ce n’est plus une garantie d’emploi.

Ou comment raisonner à l’envers : c’est surtout qu’avant tous les enfants n’étaient pas scolarisés et une majorité n’obtenaient pas de diplôme. Aujourd’hui tous les enfants espèrent un travail nécessitant un diplôme plutôt qu’un travail n’en nécessitant pas. Bref l’école n’est en rien responsable de la dépréciation des diplômes.

Pour obtenir, on refoule tout ce qui nous est cher.

Méchante école qui fait du mal aux enfants pleins d'idées. :(

Le système d’éducation actuel a été fondé, conçu et organisé pour une autre époque. Il repose sur la culture intellectuelle du siècle des lumières et sur la conjoncture économique de la révolution industrielle.

C’est vrai que le système d’éducation n’a pas du tout évolué au XXème siècle, et en particulier ces dernières décennies, dans le sens de l’élève au centre du système. Encore un qui devrait lire Hannah Arendt et La Crise de l’éducation (1961).

L’enseignement public financé par les impôts, obligatoire et gratuit, c’était une idée révolutionnaire. Beaucoup de gens s’y sont même opposés. Selon eux il était inconcevable que les gosses des rues, les enfants d’ouvriers profitent de l’enseignement public. […] …une conception intellectuelle de l’esprit issue en grande partie de la notion d’intelligence selon les Lumières. Être intelligent, c’est raisonner selon une logique déductive et maîtriser les humanités, comme on disait.

Conception qui remonte à l'antiquité déjà : des gens pas très intelligents puisqu'ils n'avaient même pas de smartphones. Pour les Lumières, relire peut-être les planches sur les métiers de L’Encyclopédie ou la conclusion de Candide

Dans l’enseignement public, on classe les gens dans deux catégories : scolaire et non-scolaire, intelligent et non-intelligent. Résultat : de nombreuses personnes très douées sont persuadées d’être bêtes.

On sent le vécu.

Une épidémie contemporaine, le TDAH : Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.

Transition ?
Jointe : une carte montrant l’épidémie aux États-Unis : la côte est seule frappée. A vrai dire, puisqu’elle est basée sur les déclarations de prescription, elle montre surtout le stress scolaire. Carte qui ne veut donc rien dire puisque sans corrélation avec la densité démographique ou l’urbanisation.
L’idée générale, c’est de démontrer que l’école exige de l’attention et que des produits pharmaceutiques dangereux sont prescrits aux enfants atteints de TDAH.

Nos enfants vivent l’époque la plus stimulante de l’histoire de l’humanité. Ils sont submergés d’information, leur attention est captée par tous les supports : ordinateurs, iPhones, publicités, chaînes de télévision par centaines et nous, on leur reproche de ne pas se concentrer. Sur quoi ? Sur des sujets barbants, à l’école principalement.

Tout est dit. :shock:

Les sciences, les maths, mais surtout les arts sont victimes de cette mentalité. Les arts développent l’idée d’une expérience esthétique, le moment où vos sens fonctionnent pleinement, quand vous occupez l’instant présent, quand ce que vous êtes en train d’accomplir vous fait vibrer.

Une définition audacieuse de l’art (ou de l’acte sexuel d’ailleurs). :transpi:

L’anesthésie (procurée par le TDAH) c’est le contraire.

Donc, si on suit la logique tordue : parce qu’aux USA des enfants tarés deviennent accrocs à leurs iPhones et déconcentrés à l’école et que leurs parents stressés les font piquer à la ritaline, l’enseignement public tel qu’il est dispensé est dépassé ?

Notre système d’éducation répond aux intérêts de l’industrie, il est à son image. Les écoles sont calquées sur les usines, on y sonne la cloche, les salles sont séparées, on enseigne les matières isolément. Nous instruisons toujours les enfants par classe. On les soumet à un système organisé selon l’âge : pourquoi ?

Ou comment applaudir généreusement à la généralisation de l’enseignement public et se lamenter généreusement de sa massification…

Je connais des enfants qui sont bien meilleurs que leurs copains du même âge.

Quelle découverte ! Mais c’est bizarre car on nous dit plus tard que tous les enfants en maternelle sont des génies. :scratch:

Ou qui travaillent mieux à certaines heures. Par petits groupes plutôt qu’en classe complète. Ou encore qui veulent rester seuls.

Effectivement, rien de plus facile à organiser. :doc:
On dirait que l’auteur a oublié un principe bêtement pragmatique de l’école publique : celui de la collectivité, qui n’a pas que des défauts d’ailleurs puisque elle prépare à la vie sociale et à la conscience républicaine. Mais sans doute que les principes de la vie en société sont des atteintes intolérables à la créativité des petits génies.

La créativité, c’est la capacité à avoir des idées originales qui ont de la valeur.

« de la valeur » : mais ça ne serait pas un peu productiviste, ça ? A ce compte-là, mieux vaut des enfants moins créatifs et plus intelligents.

La pensée divergente : capacité à considérer une question sous plusieurs angles.

Car on ne fait jamais, mais alors jamais ça à l’école.

J’ai conçu un test : combien d’usages pourriez-vous faire d’un trombone ?

Whaa… C’est vrai qu’on est tout de suite séduit par ce lumineux test d’intelligence. Et les réponses des génies de la pensée divergente : « Et si le trombone mesurait soixante mètres de haut ? S’il était en caoutchouc mousse ? ». :D

Selon le protocole de l’expérience « Break point & Beyond », 98% des enfants de maternelle sont des génies de la pensée divergente. Cinq ans plus tard, 50%, puis cinq ans plus tard 12%. La plus importante des choses subies par ces enfants, c’est qu’ils ont été éduqués : ils ont passé dix ans à l’école, où on leur a répété : « il n’y a qu’une réponse, elle est écrite derrière mais ne tourne pas la page.

Ou ils ont compris qu’un trombone n’est pas en mousse et qu’il ne mesure pas soixante mètres, peut-être. C’est le principe de réalité, en même temps.

Et ne copie pas, c’est de la triche ». Hors de l’école on appelle ça de la coopération.

C’est plus de la pensée divergente, c’est du regard divergent ! :topla:

Et vive la fin du travail et de la pensée personnels !

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04 Avr 2013 11:51 #4958 par Wikibuster
"Ou qui travaillent mieux à certaines heures. Par petits groupes plutôt qu’en classe complète. Ou encore qui veulent rester seuls."

"Effectivement, rien de plus facile à organiser."


Il semblerait que les écoles Montessori (entre autres) y parviennent et depuis une centaine d'années déjà, on est très loin de l'expérimentation avec un tel recul. Alors ont-elles moins d'élèves par classe, je n'ai pas cette impression mais si c'est le cas pourquoi ne pas investir davantage ça me paraitrait un excellent usage de l'impôt. Ont-elles plus de moyens en particulier financiers, là je suis sûr que non.

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04 Avr 2013 12:27 #4959 par Loys

Wikibuster écrit:

"Ou qui travaillent mieux à certaines heures. Par petits groupes plutôt qu’en classe complète. Ou encore qui veulent rester seuls."
"Effectivement, rien de plus facile à organiser.


Il semblerait que les écoles Montessori (entre autres) y parviennent et depuis une centaine d'années déjà, on est très loin de l'expérimentation avec un tel recul. Alors ont-elles moins d'élèves par classe, je n'ai pas cette impression mais si c'est le cas pourquoi ne pas investir davantage ça me paraitrait un excellent usage de l'impôt. Ont-elles plus de moyens en particulier financiers, là je suis sûr que non.


Sur la plus grande réussite de ces écoles, sur le nombre d'élèves par classe et sur l'absence de surcoût pour les parents, citez vos sources, Wikibuster ! :doc:

Pour moi, je ne présume rien de cette forme d'enseignement. Mais pour les chiffres concrets, le mieux est encore de faire un tour sur les sites un peu renseignés des écoles Montessori :
- Les Pouces verts , 100 élèves, 5 cycles et 12 éducateurs, soit 20 élèves et presque 2,5 éducateur par classe... On est loin du service public
- Les Colibris : tarifs entre 4700 et 7200€ par an, selon l'âge
- Ecole Montessori du Morvan : 12 élèves en tout et pour tout, deux enseignants et un intervenant
- La Tour Rose , 90 enfants en trois cycles : 13 (1 éducatrice et une assistante) + 35 (1 éducatrice et deux assistants) + 40 (2 éducatrices). Tarif : 4200€/an.
- Etc.

Pour mémoire, dans le public, le nombre moyen d'élèves en maternelle est de 25,8 enfant par classe et en élémentaire de 22,7 enfant par classe ( source )

Sur la pédagogie de groupe ou petits effectifs, j'ai aussi ma petite opinion. Et vous ne parlez pas des élèves qui "veulent rester seuls" (sic).

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04 Avr 2013 13:56 #4960 par Wikibuster

Loys écrit: Sur la plus grande réussite de ces écoles, sur le nombre d'élèves par classe et sur l'absence de surcoût pour les parents, citez vos sources, Wikibuster ! :doc:

Loys, autant sur Wikipédia j'ai fait le tour de la question pendant 3 ans avant de décider d'adopter le mode guerre totale, autant sur l'enseignement je préfère être très prudent car je découvre seulement les écoles Montessori (dont j'ignorais même le nom il y a peu) et je connais finalement très peu le système scolaire républicain (du point de vue des enseignants).

Je n'ai en aucun cas parlé "d'une plus grande réussite" de ce type d'école et ce qui est passionnant à comprendre c'est qu'elles ne se positionnent pas en concurrentes (dans le sens de la compétition, mais elles sont effectivement une alternative). La vraie révolution (si révolution il y a car ça date quand même du début du siècle... dernier !) n'est pas de chercher de meilleurs résultats (de meilleures performances, de meilleurs élèves) mais "d'éduquer" (c'est le mot choisi) les enfants au plus près de leurs exigences internes (d'êtres humains). L'éducateur ne forme pas l'élève, il l'observe attentivement et lui fournit ce dont il a besoin à chaque période de son développement, avec l'hypothèse scientifique de "périodes sensibles", il ne serait réceptif (chaque enfant avec un timing personnel) à certains apprentissages qu'à des moments déterminés à découvrir et à ne pas louper.

J'ai anticipé votre remarque sur le nombre d'élèves, si cela coûte plus cher d'avoir plus d'enseignants pourquoi ne pas dépenser davantage (en sacrifiant le budget nike/smartphones/tablettes par exemple ?) et je suis confiant pour le retour sur investissement pour la société ! ;)

La classe de maternelle que je connais a 21 élèves pour un enseignant + assistant (qui gèrent aussi le repas avec les enfants), et elle fonctionne, tarif 4600 € / an avec repas et garderie matin et soir, est-ce cher (je ne connais pas la réponse) ?

"Et vous ne parlez pas des élèves qui "veulent rester seuls" (sic).""

En fait si car l'enseignement Montessori est individuel, l'enfant dès 3 ans est incité à être autonome et choisit librement son "travail" à tout moment (il peut ne rien faire mais en pratique un enfant ne reste pas à rien faire), il n'y a pas de cours collectif à proprement parler, même s'il y a aussi des activités en groupe mais de façon très secondaire.

Je signale une injustice extraordinaire mais si commune de la République, l'école publique est financée par l'Etat, les écoles privées éventuellement religieuses sont financées par l'Etat, mais pas les écoles Montessori qui garantissent pourtant une correspondance des programmes scolaires et un passage au public possible à tout moment sans difficulté constatée pour les élèves (apprécié par tout parent responsable bien sûr). Pourquoi ?

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