"Selon un sondage, la France est en retard sur les cours en ligne" (Le Monde)

A lire dans "Le Monde" du 02/10/03 : "Selon un sondage, la France est en retard sur les cours en ligne" .

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Merci à mhdonnet.

Selon un sondage, la France est en retard sur les cours en ligne

La rhétorique habituelle. La question n'est pas de savoir ce qu'apporte concrètement le numérique, à quel coût, les problèmes qu'il pose, éventuellement plus importants que les avantages qu'il présente.
Rappelons que les premiers moocs sont nés en 2010 et n'ont connu de succès (de notoriété) qu'à partir de 2012. Le modèle de l'Université devrait donc être renouvelé dans la précipitation d'une mode qui rappelle celle de "Seconde Life" en 2007 (avec le succès qu'on lui connaît aujourd'hui) ? On nage en plein numérisme.
Le "retard", c'est une injonction à ne surtout pas penser le numérique.

La France est en retard en matière d'accessibilité des cours universitaires sur internet pour 65 % des étudiants et 78 % des enseignants du supérieur, selon un sondage OpinionWay pour le ministère de l'enseignement supérieur dévoilé mercredi 2 octobre.

Que la France ne soit pas au niveau des Etats-Unis et de ses trois grands moocs, c'est une évidence. Présenter cela comme un "retard", c'est implicitement supposer que le numérique à l'université est un progrès.
On pourrait appliquer la même rhétorique à d'autres champs de réflexion : la France est en "retard" sur la commercialisation ou l'espionnage des communications privées et des données personnelles sur Internet, par exemple.
A noter aussi que - curieusement - le sondage porte sur une vérité factuelle : on pourrait, sur le même modèle, faire un sondage sur l'âge du Président de la République.
Dernière curiosité: pourquoi considérer qu'un pays a du retard puisque les moocs sont une forme d'enseignement globalisé ? la start-up Coursera propose des cours en français avec la collaboration active de l'école Polytechnique : quel intérêt de développer avec retard les mêmes moocs, avec moins de moyens et de notoriété, pour atteindre au même but : la diffusion philanthropique du savoir et de la connaissance ?

La ministre Geneviève Fioraso doit présenter mercredi à la mi-journée son projet France université numérique (FUN) qui vise "le développement de nouveaux services numériques pour les étudiants et la rénovation des pratiques pédagogiques".

Une sacrée "rénovation" et de futures économies en perspectives. Pour une fois que l'entrée du numérique à l'école ne coûte pas grand chose : il faut dire qu'avec les moocs, il n'y a plus d'école à proprement parler.

Le sondage s'est penché notamment sur le phénomène des MOOC, ou cours massifs ouverts en ligne, en vogue aux Etats-Unis et émergents en France. Seuls 5 % des étudiants et 18 % des enseignants français disent savoir exactement de quoi il s'agit, tandis que 20 % des étudiants et 23 % des enseignants en ont entendu parler sans savoir précisément ce que c'était.

Voilà qui relativise un tout petit peu la portée du sondage : pouvez-vous donner votre avis sur ce que vous ne connaissez pas ?

Parmi les étudiants qui déclarent connaître les MOOC, 19 % en ont déjà suivi un, entièrement ou pas (19 % des profs également).

Donc au total moins de quatre étudiant sur cent parle d'expérience, et encore sans avoir suivi "entièrement" un mooc.

LES MOOC, "COMPLEXES ET CHRONOPHAGES" ?
Interrogés sur les avantages des MOOC, 61 % des étudiants pensent qu'ils permettent à ceux qui travaillent de suivre les cours...

Ça c'est vrai. Et même ils permettent en théorie de moins travailler puisqu'ils sont supposément gratuits et ne nécessite pas de logement pour suivre des études près d'une université.

...59 % de faciliter les révisions

Vu que les moocs ne supposent aucun pré-requis et se suivent en l'absence de tout cursus dans la plupart des "cours" proposés, les révisions sont très limitées finalement. Le succès est plus facile quand les exigences sont minimes.

...53 % de suivre un cours n'importe où, n'importe quand...

Ce qui n'est pas tout à fait vrai pour tous les moocs : Coursera organise des sessions limitées dans le temps auxquelles il faut s'inscrire.

...41 % de faciliter l'accès à l'enseignement aux handicapés...

On peut voir ça comme ça, effectivement (sauf pour les aveugles et les sourds...) Par contre on ne peut pas dire que cela contribue à leur insertion dans la vie sociale.

... ou encore 25 % de renouveler la manière d'enseigner, idée partagée par 22 % des professeurs.

"Renouveler" n'est pas forcément améliorer.

S'ils en avaient la possibilité dans leur établissement, 94 % des étudiants et 77 % des enseignants utiliseraient une plateforme de cours en ligne (ces derniers pour y mettre leurs cours).

A la vérité mettre les cours en ligne n'a pas grand chose à voir avec les moocs.

Les étudiants qui ne l'utiliseraient pas expliquent notamment qu'ils préfèrent échanger de vive voix, ou qu'ils comprennent mieux lors de cours physiques, où ils profitent des questions des autres élèves. Les profs s'inquiètent en premier pour la propriété intellectuelle et une création des MOOC "complexe et chronophage".

Des broutilles. L'esprit wiki (au service d'entreprises commerciales) vaincra !

Le numérique va probablement ou certainement améliorer la transmission du savoir pour 88 % des étudiants, la réussite pour 82 %, l'orientation pour 74 % et l'insertion professionnelle pour 64 %.

Quel succès ! Passons vite à l'université numérique : comme les cours sont gratuits et ouverts à tous, tous vont réussir ! Enfin du moins quelques modules de quelques semaines, avec des certifications sans valeur : vivent les moocs !
Mais au fait : pourquoi cet adverbe "probablement" ?

Méthode du sondage
Enquête réalisée en ligne par OpinionWay du 19 au 24 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 1 004 étudiants et de 297 enseignants de l'enseignement supérieur selon la méthode des quotas.

Il aurait fallu indiquer ceci dans le titre.
A relire sur LVM : "Gober les moocs" .

Et dans la ligne de ce sondage : "La France se lance (enfin) dans la course aux MOOCs" sur "Il y a une vie après le bac" par Olivier Rollot.
Avec en prime une jolie infographie :
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