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"D’une magistralité l’autre. Remédiation de l’ethos professoral par le dispositif du MOOC" (DMS)
- Loys
- Auteur du sujet
D’une magistralité l’autre. Remédiation de l’ethos professoral par le dispositif du MOOC
Résumé
Le MOOC a souvent été présenté dans le discours médiatique comme l’enjeu d’une triple révolution : révolution du modèle communicationnel et médiatique (« open » et « online »), révolution du type de relation pédagogique (« participation » et « interactivité ») et révolution des rôles de l’enseignant et de l’apprenant (« classe inversée » et « disparition de l’enseignant »). À travers l’étude approfondie du premier MOOC hébergé sur la plateforme FUN, cet article montre que ces grandes proclamations ne tiennent pas d’un point de vue énonciatif et rhétorique. La verticalité postulée du cours magistral ne s’efface pas en faveur d’une relation purement « horizontale » d’enseignement. Remédié par le dispositif à la fois audiovisuel et numérique, le corps de l’enseignant se donne à voir à travers une gamme variée de gestes énonciatifs. Loin de disparaître, l’ethos professoral se reconfigure en faveur d’une polyphonie et d’une « polytopie » qui lui font occuper plusieurs « places » discursives et éditoriales. C’est un autre dispositif de magistralité qui se construit alors à l’écran.
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Mazette, quel titre !
Analyse :
"Remédiation", anglicisme entré dans la langue pédagogique française en 1977 et avalisé par l'Éducation Nationale en 2007, du Latin "remediatio" : guérison. Ce terme est souvent employé pour désigner des dispositifs destinés à pallier les lacunes des élèves : on remédie à leurs problèmes scolaires via des "remèdes" divers : soutien, accompagnement personnalisé, etc.
La métaphore médicale pour parler de difficultés d'apprentissages ne questionnera que les plus paranos d'entre nous. Soulignons cependant qu'en Grec, le "pharmakon" signifie à la fois remède et poison... Puisqu'un vaccin peut être efficace mais aussi dangereux, il convient d'accueillir certains remèdes avec circonspection. Ce n'est pas parce qu'un dispositif est présenté comme remédiation qu'il est automatiquement efficace. Au hasard, L'AP. Passons...
En Français, on remédie à quelque chose. "Remédiation de", c'est quand même un beau solécisme.
Quant à "l'ethos professoral", la manière d'être de l'enseignant, on comprend du résumé de l'article que ce qui est visé, c'est cette maudite propension du prof à faire des cours magistraux.
En effet, c'est un oukase récurrent dans certains milieux pédagos : il faut bannir la "magistralité", néologisme compris par tous même s'il n'a pas encore les honneurs du dictionnaire.
Comment ?... Via le MOOC, cet outil à la pointe de l'innovation pédagogique.
Que disent le résumé et l'article lui-même ?... Que loin d'exterminer le magistral, les cours en lignes ne font que le déplacer. Il en va de même pour le cours inversé. Il suffit de voir les capsules vidéo mises en ligne pour s'en convaincre. Le summum du ridicule est atteint lorsqu'on voit un prof filmé en train de discourir... Cela m'évoque l'inventeur de la machine à manger dans "les Temps Modernes" de Chaplin, qui se tait pour laisser une bande audio présenter son invention à sa place... Chaplin aurait probablement raffolé de certains avatars des pédagogies innovantes !
Bref, l'intérêt - peut-être involontaire - de cet article, c'est de montrer qu'on n'échappe pas au discours magistral dans l'enseignement : si on veut que l'élève s'instruise et s'élève, il faut bien qu'il y ait un maître quelque part. On peut louvoyer en déléguant le magistral à de sacro-saints documents que l'élève explore censément à son gré (mode pédagogique des années 1990, avant l'arrivée du numérique). On peut se parer de modernité à coups de PowerPoint (le pire du magistral) et de capsules vidéo auxquelles on confie la parole du maître. On peut s'évertuer à le grimer sous de multiples oripeaux, on n'arrive pas à se débarrasser de ce foutu magistral, car il est constitutif de la relation enseigné-enseignant.
Même en formation pour adultes, les stagiaires attendent de leur formateur qu'il en sache plus qu'eux, et qu'il soit donc capable de délivrer une parole magistrale lorsqu'elle est utile.
Il n'y a guère que dans les officines les plus innovantes de la pédagogie constructiviste qu'on fantasme l'extinction du magistral, le co-apprentissage par mutualisation des savoirs, l'horizontalité du rapport pédagogique, voire le maître - faux Socrate - plus ignorant que ses élèves... À la vérité, les Alcooliques Anonymes et autres groupes de thérapie par la parole fonctionnent un peu comme ça aussi...
Conclusion : puisqu'on ne se débarrassera jamais du magistral, au lieu de perdre son temps à le travestir dans des pédagogies du détour, ne devrait-on pas plutôt consacrer son énergie à le rendre plus attrayant ? C'est déjà ce que font la plupart des enseignants, alternant méthode inductive, magistral, exercices d'appropriation, etc. Le magistral à blouse grise de la 3ème République n'existe plus guère que dans les cauchemars névrotiques des zélotes du pédagogisme effréné.
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