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Jef Tombeur - "Presse, éducation : lourdeurs et incertitudes de l'internet" (23/03/12)
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Je n'ai pas dit qu'il était en soi sauvage. Je distingue seulement le numérique sauvage de l’institutionnel : et, selon vous, auquel des deux les élèves recourent-ils le plus souvent ?Conclusion hâtive
Notre farceur conclut de manière lapidaire par « ce paradoxe : on ne profite vraiment du numérique que lorsqu’on a formé son esprit sans lui ». Je diverge. Tout d’abord, la formation des esprits me semble pouvoir aller l’amble avec la fréquentation de l’Internet. Quant au numérique, au sens plus large, il est bien utile pour faciliter, grâce l’intertextualité, des textes munis d’un appareillage de notes.
Loys Bonod ne « croit pas du tout à une moralisation (…) du numérique à l’école ».
Là, je ne vois pas trop ce qu’il suggère. L’Internet n’est pas, en soi, « sauvage », même si son utilisation « sauvageonne » est fort trop souvent indéniable.
Je suis bien d'accord !Je suis incapable de commenter ce présupposé puisqu’ayant découvert l’Internet sur le très tôt ce n’en était pas moins sur le tard, à deux décennies de la fin de mes études secondaires. J’étais de surcroît armé d’une formation journalistique initiale et continue (grâce aux fameux stages du CNPJ), s’accompagnant d’une pratique quotidienne.
Une fois l'esprit critique, l'autonomie de pensée, la capacité de raisonnement et une culture personnelle acquis.La confrontation avec l’immense masse documentaire, la consultation d’interprétations divergentes de la sienne, me semble au contraire très formatrice.
Je rappelle que ma formule ne rejette pas le numérique : "On ne profite vraiment du numérique..."
Corollaire : doit-on laisser le libre accès à internet dans les écoles, sans filtre ?Dans les écoles confessionnelles, les lectures étaient surveillées, les auteurs mis à l’index n’ayant pas droit d’accès aux cartables ou aux salles d’études. Et quoi ? Devrait-on faire des écoles des internats, des prytanées militaires, limiter le corpus à des ouvrages estimés « sûrs » ? Gageure à présent.
Un commentaire ne nécessite pas de consultation documentaire, bibliographique ou numérique. Ou à la marge. Fondamentalement cet exercice n'est pas compris ici !Comment peut-on s’y prendre, dans les établissements d’enseignement étrangers, pour concilier pratique de la consultation en ligne, lecture d’ouvrages de référence, &c. ?
Et les smartphones en classe, le copier coller, la triche devenue industrielle, les réseaux sociaux avec des vidéos de professeurs, le happy slapping, les sites pornographiques etc. etc.Quant au numérique au sens le plus large, m’étant immergé dans divers monuments historiques reproduits en 3D, je n’y ai rien trouvé de particulièrement « amoral » ou « immoral ».
Un livre ?Quel outil autre que l’Internet ou une tablette permet par exemple de confronter pratiquement ligne à ligne diverses versions d’un même texte, voire aussi son manuscrit fidèlement transcrit, ou diverses traductions, avec autant d’aisance ?
Je ne m'oppose pas au numérique...La démonstration de Loys Bonod brille par sa pertinence sur un point : les NTI mal maîtrisées peuvent entraîner des aberrations. Son initiative en est un quasi-parfait exemple.
Mais, en leur temps, l’incunable et le livre imprimé, fossoyeurs de la culture orale antérieure, furent aussi décrétés « immoraux ». Devons-nous éternellement déplorer de n’avoir pas appris par cœur ce que les Celtes et leurs druides auraient pu nous léguer ?
L'éternelle analogie avec la naissance de l'imprimerie n'est pas pertinente. Jamais le livre n'a été aussi accessible que depuis le XIXème siècle : en cela, le numérique n'induit pas une révolution, mais n'est que le prolongement de ce mouvement, avec la suppression du filtre éditorial. Tout le monde pouvait lire : à présent tout le monde peut écrire. Simplement que tout le monde puisse écrire, ce bel idéal démocratique, n'implique pas une amélioration de la qualité de l'écrit. Ce serait même plutôt le contraire : l'anonymat, le travail collaboratif, la précipitation, le mouvement perpétuel d'un écrit jamais fixé ou plus simplement l'incompétence rendent l'information bien moins fiable qu'avant. Corollaire : tout le monde doit à présent vérifier ce qu'il lit.
Je constate les graves défauts du numérique, la servitude au net notamment ou le manque de fiabilité, qui empêchent mes jeunes élèves, qui n'ont pas encore la maturité pour apprécier ce qu'ils trouvent, de penser par eux-mêmes et je considère qu'entrer tard dans le numérique à l'école est une bonne chose. Car on suit actuellement le mouvement inverse.
Ma conclusion n'est pas "hâtive" mais mûrement réfléchie et le fruit de mon expérience personnelle.
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