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Éric Verhaeghe - "L’Éducation nationale est-elle une autiste du web ?" (27/03/12)
- Loys
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Un titre tout en nuances et qui annonce la suite...Piéger le net pour donner une leçon à ses élèves... L’Éducation nationale est-elle une autiste du web ?
Le résumé est faux (il n'y a qu'une seule information, sur Wikipédia), le devoir n'est pas un devoir à "thème" (?) et il n'est pas précisé qu'il s'agit d'un commentaire de texte, exercice ne nécessitant pas d'aller sur internet.Afin de prouver à ses élèves qu'ils utilisent sans discernement Internet, un professeur de Français les a piégés en disséminant sur le web de fausses informations sur le thème d'un devoir qu'il leur avait donné à faire à la maison. Pédagogique, vraiment ?
Déjà rectifié : une fausse information, l'adverbe "notamment" est donc trop. Le reste n'avait rien d'informatif, c'était des échanges sur des forums parascolaires et un faux corrigé sur des sites payants. Quant à mon nom, quitte à m'éreinter, autant le recopier correctement.Jeudi dernier, un enseignant en Lettres, Loys Bonot, a déposé sur Rue 89 un article stupéfiant où il se vante d’avoir disséminé sur Internet, notamment sur Wikipédia, une série de fausses informations.
Un "devoir à peu près infaisable" ? Qu'est-ce qui donne tant d'autorité à M. Verhaeghe dans une discipline qu'il n'a pas étudiée et qu'il n'a pas enseignée : sa maîtrise de philosophie ? son DEA d'histoire ? Car il se trouve que c'est un exercice qui est proposé tous les ans à l'épreuve anticipé du baccalauréat de français. En 2011 avec un texte épique de Zola, en 2010 avec un texte classique de Fénelon, etc. Des devoirs infaisables, sans doute ? A moins que M. Verhaeghe ne soit un autiste de la littérature, pour reprendre sa sympathique expression.L’objectif ? Piéger ses élèves de lycée dans un devoir à peu près infaisable qu’il leur avait demandé de rendre.
Quand au piège, ce n'était pas un objectif, mais un moyen. Curieux piège d'ailleurs puisque j'avais mis en garde mes élèves contre le danger d'Internet pour penser personnellement.
Je ne m'en suis pas aperçu à cette occasion... J'ai ici démontré de façon amusante à mes élèves à quels errements les réduisait leur servitude au web.Il s’est ainsi aperçu que la majorité de ses élèves utilisait Internet sans discernement...
Un corrigé de commentaire n'est pas un ensemble d'informations. Il faut ne pas savoir ce qu'est un commentaire pour affirmer de telles choses.... et répétait sans esprit critique les informations qu’ils copiaient-collaient sur la Toile.
Le savoir ne se réduit pas à l'information, fort heureusement.Et l’enseignant de conclure que les élèves ne sont pas mûrs pour utiliser Internet comme objet de savoir.
Le sadisme aurait consisté à sanctionner mes élèves par une note, non ?Cet article, qui a attiré 300 000 visites et suscité de nombreuses réactions, laisse vraiment perplexe quand on y lit : «Avec cette expérience pédagogique j'ai voulu démontrer aux élèves que les professeurs peuvent parfois maîtriser les nouvelles technologies aussi bien qu'eux, voire mieux qu'eux.» Merveilleuse «expérience pédagogique» que celle où les enseignants disséminent des mensonges pour prouver à leurs élèves qu’ils sont meilleurs qu’eux, et pour ensuite avoir le plaisir sadique de les coller quand ils répètent les âneries qu’on leur a apprises.
Quant à cette expression ("les coller quand ils répètent les âneries qu’on leur a apprise"), faute d'orthographe omise, elle n'a absolument aucun sens dans mon expérience.
Eh oui... Copier-coller quelque chose sans le comprendre, ce n'est pas de l'obscurantisme par contre.Loys Bonot a cette conclusion qui en dit long sur l’obscurantisme en vigueur chez un grand nombre d’enseignants français : «Pour ma part je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école. Et je défends ce paradoxe : on ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui.»
L'école, si on s'en donne les moyens, y prépare très bien : la capacité de raisonnement, la culture personnelle, l'esprit critique et l'autonomie de pensée préparent à tout, y compris au numérique. Un enfant n'a pas besoin d'internet pour apprendre à lire, en revanche il a besoin d'apprendre à lire pour internet.En une phrase très ramassée, il vient de délivrer le meilleur diagnostic sur la faillite de l’Education nationale à laquelle nous assistons. Alors que nos enfants naissent et grandissent dans un univers numérique, l’enjeu de certains, l’enjeu de beaucoup d’enseignants est de maintenir l’école à l’écart de cet univers, au nom d’une prétendue «morale». Pour vivre dans un monde numérique, il ne faut pas que l’école nous y prépare.
Je suis ravi qu'un ancien président de l'association pour l'emploi des cadres se préoccupe de l'école républicaine. Et de l'enseignement des lettres, en l'absence de toute compétence en ce domaine.Je propose à M. Bonot un exercice de mise en situation pour souligner l’effrayante bêtise de son comportement, totalement contraire aux principes même de l’école républicaine.
Le raisonnement est bizarre : ce seraient plutôt les moines qui auraient fait ça, non ?Il y a cinq cents ans, lorsque Gutenberg a inventé l’imprimerie, aurait-il eu l’idée d’éditer un livre truffé de mensonges pour prouver que, en dehors des incunables copiés par les moines, tout accès à la culture était dangereux ?
Le parallélisme est assez consternant puisque les professeurs ont pour mission d'éveiller l'esprit critique et d'ouvrir à la culture la plus large possible : où est l'obscurantisme ?
En tout cas, il est amusant de penser comme M. Verhaeghe que les sites de corrigés et le copier-coller permettent l'"accès à la culture".
C'est presque la même chose : sauf que copier-coller est infiniment plus facile avec internet. Et que les documents qu'on trouve sur les sites de corrigés en ligne ne fait l'objet d'aucun filtre.Aurait-il cherché à montrer, par une manœuvre vicieuse comme celle qu’il a utilisée sur Internet, que les masses ne peuvent avoir accès au savoir par le livre, car elles ne sont pas assez mûres pour le digérer ?
En rappelant toujours que l'exercice du commentaire ne nécessite pas d'aller sur internet.
Ça n'a guère de rapport, et guère de sens en l'occurrence : un livre est un livre, qu'il soit manuscrit ou imprimé. La logique de la comparaison de M. Verhaeghe m'échappe quelque peu.Aurait-il soutenu que, pour être un esprit cultivé, il faut avoir été formé sans lire de livre imprimé, mais seulement en pratiquant les exemplaires cachés dans les bibliothèques monastiques ?
Les professeurs ont pour mission de permettre aux élèves de tout lire et de tout comprendre : c'est donc exactement l'inverse !Ces exemples ne sont pas des caricatures. Pendant des siècles, le clergé catholique s’est opposé à la lecture directe de la Bible par les fidèles, sous prétexte que ceux-ci n’étaient pas capables de l’interpréter correctement.
L'école publique exerce une mission républicaine sans grand rapport avec celle du clergé, mais peu importe. Et elle n'est pas un monopole...Il est vrai que le clergé avait alors le monopole de l’enseignement, et entendait bien conserver ce monopole à son profit.
Qu'ont appris mes élèves exactement, en copiant-collant n'importe quoi ?Autoriser les fidèles à apprendre en dehors de lui, à apprendre librement, c’était perdre son pouvoir et son utilité.
C'est donc la haine de la fonction public et du service public qui anime M. Verhaeghe. On s'en doutait un peu, vu le titre !Depuis l’invention des hussards noirs de la République, le monopole de l’enseignement est confié à des fonctionnaires dont les modèles qu’incarne M. Bonot ne sont que des copies décadentes des originaux de 1880.
En cherchant à ce que mes élèves comprennent ce qu'ils lisent ?De l’ambition républicaine, celle d’un savoir universel, ils ont tout oublié.
Les fantasmes conspirationnistes de M. Verhaeghe sont fascinants. Que dit-il de ce qui est validé par les comités de lecture de Oboulo et Oodoc ? Ou qui n'est pas validé du tout, sur Wikipédia ?Du réflexe clérical de confiscation du savoir, de stigmatisation de ce qui n’est pas validé par les manuels scolaires qu’ils rédigent en toute opacité, de méfiance vis-à-vis de la plèbe profane, ils ont tout repris.
Pour M. Verhaeghe, internet, c'est seulement les sites de corrigés, Wikipédia et les forums parascolaires ? Car finalement c'est tout ce que j'ai discrédité. Mais il y a aussi des sites de grande qualité, que les élèves ne consultent pas car il faudrait... réfléchir.Pense-t-on raisonnablement que l’école républicaine peut survivre en discréditant Internet ?
Que M. Verhaeghe invective avec tant de violence la fonction publique et notamment l’Éducation nationale fait davantage froid dans le dos.Le seul fait qu’un enseignant fanfaronne publiquement en le prétendant fait froid dans le dos.
Ah... une nuance...Je ne suis pas de ceux qui considèrent qu’Internet est un alpha et un oméga.
Reste à savoir si ce véhicule permet la marche avant.Internet est un nouveau véhicule de savoir.
Pourquoi payer encore des professeurs, ces obscurantistes inutiles ? Allons jusqu'au bout de la logique puisqu'il y a tout sur le web : supprimons l'école !Le principal aujourd’hui pour les générations qui sont en âge scolaire.
Je ne vous le fais pas dire.On y trouve de tout. Des âneries comme des vérités.
Si cet outil est défectueux, comme vous venez de le dire précédemment, peut-on en préconiser l'utilisation à des élèves en cours de formation ? Comment des élèves pourraient-ils comprendre que mon corrigé de commentaire est un faux grossier sans apprendre à rédiger un vrai commentaire ?L’enjeu d’une école adaptée à son époque est d’apprendre aux élèves à se servir de ce formidable outil de démocratisation du savoir.
Et il n'y a pas besoin d'internet pour ça.La responsabilité des enseignants est d’apprendre à leurs élèves à y distinguer le vrai du faux.
Je ne l'ai pas rejeté en bloc : "On ne profite vraiment du numérique..."Pas à le rejeter en bloc comme source d’un savoir vulgaire, voire dangereux.
Les masques tombent enfin, M. Verhaeghe !A moins que M. Bonot ne nous ait livré un fake, destiné à caricaturer les enseignants, avec le but caché de promouvoir une véritable libéralisation de l’école.
Vous l'auriez été davantage en faisant part de vos aspirations néo-libérales dès le début.Car, soyons clairs...
Heureusement l'école privée est là pour les gens éclairés comme vous. Ou mieux l'absence d'école, peut-être ?... je ne suis absolument pas décidé à confier mes enfants à des brontosaures cléricaux et pervers.
Votre humanisme est un néo-libéralisme effréné et il est caractéristique que vous parliez de vos seuls enfants... Et pour la tolérance, on repassera. Je vous cite en effet : "autiste", "sadique", "âneries", "obscurantisme", "effrayante bêtise", "vicieuse", "décadente", "brontosaures cléricaux et pervers"J’exige, pour mes enfants, le droit à des enseignants qui partagent mes valeurs d’humanisme et de tolérance...
...ou plutôt pour lui montrer l'ignorance où le conduit le seul numérique....dont l’objectif soit d’épanouir l’élève et non de le piéger pour lui montrer son ignorance.
Pour résumer, l’Éducation nationale est tellement autiste du web qu'elle est capable d'en montrer la vacuité.potentielle.
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