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L'instruction
- Seb
- Auteur du sujet
Des élèves de seconde. Qui ont certainement tous eu le brevet. Et pourtant, le moindre calcul relevant des capacités élémentaires du collège leur demande un effort (et un temps) titanesque.
Ce qui m'attriste le plus n'est pas tant leur niveau pitoyable. Mais le fait que ces élèves doivent et vont cette année "apprendre" à manipuler fonctions et vecteurs. C'est la loi. Ils arriveront à "trouver un antécédent". "Lire une image". "Résoudre graphiquement une équation". Bref, tous les exercices mécaniques ne nécessitant aucune compréhension, dont l'élève apprend la solution et la recrache sans la comprendre le jour du contrôle (j'ai eu une "formation" là-dessus, mais je ne suis pas sûr ; dans ce cas : s'agit-il d'une évaluation normative ou formative ?). Bref, les cinq heures par semaine que ces élèves vont subir toute l'année ne leur sera quasiment d'aucune utilité. Perte de temps. Pour l'élève.
Pour vous faire sentir le niveau, extrait d'un petit échange verbal en début d'année. "Monsieur, c'est quoi une instruction ?" (dans le sens "tâche à accomplir"). "C'est comme une consigne.". "Je ne sais pas ce que c'est."
Ce soir, je déprime car j'ai fait perdre leur temps à une dizaine d'élèves.
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Ce n'est pas vous qui faites perdre du temps aux élèves, c'est le système qui ne fonctionne plus. C'est la même chose dans toutes les disciplines, à commencer par le français. Ce qui permet d'aimer malgré tout le métier d'enseignant, c'est que la moindre chose encourageante vous fait oublier beaucoup de choses décourageantes.
PS : Je ne connaissais pas les évaluations "normatives" mais je connaissais les "sommatives".
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C'est ahurissant de se rendre compte encore et encore que les élèves n'ont plus aucun vocabulaire. Est-ce que c'est parce qu'on ne leur a pas lu assez d'histoire quand ils étaient petits ou parce que le vocabulaire de ces histoires (et dessins animés !) est inexistant ? « Où est mon sac à dos ? Il est dans l'arbre ! »...
La mère d'une amie, institutrice, m'a dit qu'il « a été prouvé scientifiquement » que les enfants de primaire d'aujourd'hui n'avait plus aucune capacité de concentration et d'attention et qu'il faudrait apprendre à enseigner autrement. J'aimerais bien voir l'étude en question... Si quelqu'un a des infos à ce sujet.
Mais quoi qu'il en soit, ne vous en faites pas Seb, je crois qu'il en existe encore quelques uns qui suivent, ont du vocabulaire, comprennent et réfléchissent.
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Le Figaro reprend régulièrement sur son site Internet des articles qui ont été écrits dans le journal papier il y a 100 ans. En voici un sur une modification du code civil :
www.lefigaro.fr/mon-figaro/2012/11/30/10...ns-le-code-civil.php
Et on voit à quel point, en un temps en somme pas si long, l'écriture française est devenue légère et insipide. Combien de mots utilisés dans cet article sont aujourd'hui complètement oubliés ou désuets ? En lisant cet article je voyais ces hommes débattre, leurs sourires, leurs mimiques, j'ai souris aux traits d'humour, plutôt fins et bien trouvés.
Qui maintenant prendrait le temps d'écrire un article si long, aussi riche et imagé que celui-ci dans un grand quotidien ?
La rapidité d'écriture prime maintenant sur la qualité et la beauté à la fois simple et complexe de notre langue française.
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Certes, il y a peut être quelques mots que je ne saurais définir, mais bien peu en fin de compte.Bug Neurone écrit: Combien de mots utilisés dans cet article sont aujourd'hui complètement oubliés ou désuets ?
Certes un jurisconsulte, c'est un mot peu courant, mais dès qu'on fait un peu de droit, on voit tout de suite le rapport avec la jurisprudence.
Article si long ? Un tel article fait moins de 5.000 caractères, ce qui me semble est plutôt encore un standard aujourd'hui, alors que le dernier article de Loys dure sur à peine moins de 50.000 caractères !Bug Neurone écrit: Qui maintenant prendrait le temps d'écrire un article si long
Certes, si pour vous un grand quotidien, c'est Metro ou 20 minutes, bien sûr un article de fond prend beaucoup moins de place.
L'article suivant, sur un fait divers dans un accident, est beaucoup moins poétique, beaucoup plus factuel.Bug Neurone écrit: aussi riche et imagé que celui-ci dans un grand quotidien ?
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Pourquoi réac tout de suite ! Déjà je lis lors de mes pauses aussi bien le Figaro que le Monde, que Libé, mais plus généralement les journaux anglais ou américains...Loys écrit: Le Figaro x d'antan = Réac' au carré.
Oh et puis Zut hein !
Frist il y a certes peu de mots que l'on ne connaît plus maintenant mais beaucoup de tournures de phrases, d'expressions que je trouve beaucoup plus poétiques que celles d'aujourd'hui. L'emploi du passé simple aux bons endroits par exemple, qui est quand même en voie de disparition, me donne l'impression d'un texte beaucoup plus riche que ce que l'on peut lire aujourd'hui. Ou alors le « Laissez secours » qui je trouve plus joli que « Laissez tomber ».
Certes l'article n'est pas excessivement long et Loys nous en fait des bien meilleurs ! Mais je me suis sans doute exprimée trop vite. Ce que je regrette un en réalité est que cette surabondance d'information à laquelle les médias sont contraints et nous contraignent force de plus en plus de journaux à écrire de petits articles, rapides et « efficaces ». Aujourd'hui l'important est d'être le premier à divulguer ce qui pourrait être une information. Peut importe la façon dont on la raconte et même parfois sa véracité. On ne trouvera jamais dans un journal une anecdote dans ce genre à la mort d'un homme politique. On saura qu'il a fait ci, qu'il était président de ça, que ses obsèques seront célébrées à tel endroit, et dix lignes plus tard au revoir messieurs-dames !
Je ne sais pas si c'est une tendance française (les articles de The Guardian et du New York Times me semblent plus étoffés que ceux que l'on trouve dans nos quotidiens français), mais toujours est-il que je le remarque de plus en plus.
Même pour le deuxième article qui est, il est vrai, bien moins poétique, notez que le journaliste s'est renseigné sur la façon dont les hommes ont été tués, sur la source possible de l'erreur. Aujourd'hui, on aurait eu avec Internet un premier article pour nous dire que deux hommes ont été tués dans un régiment à Vincennes (je ne suis même pas sure que l'on aurait eu la 8è batterie du 59è régiment d'artillerie), puis un article pour nous dire que c'était semble-t-il une erreur et que de vraies balles se sont glissées dans les balles à blanc et peut-être un troisième pour nous dire que le colonel Seurin a été mis en état d'arrestation. Et pour un quotidien imprimé, on aurait peut-être eu le même style d'article que celui présenté, et encore, car l'information aura déjà été relayée par Internet donc sera devenue obsolète.
Est-ce un bien ou un mal d'avoir constamment cette course à l'information, je n'en sais rien. Mon seul constat est que maintenant, en conséquence, les journalistes ne prennent plus le temps d'écrire des articles riches. On donne les faits et parfois les suppositions, mais on ne raconte plus l'histoire.
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