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"Facebook, nouvelle porte d'entrée dans l'adolescence" (Le Monde)
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Il est donc inconcevable de "construire une individualité" sans Facebook ?Facebook a bien des vertus que passe sous silence le discours volontiers alarmiste des adultes sur les jeunes et l'Internet, dont celle d'aider à la construction d'une individualité dans une société où cette responsabilité incombe désormais à chacun.
Le caractère grégaire de Facebook laisse penser le contraire.
Parce qu'on montre vraiment ce que l'on est ?"Facebook est une carte d'identité virtuelle qu'ils se fabriquent eux-mêmes. On s'affiche, on dit qui l'on est à travers ce que l'on montre."
Quelle belle "individualité "qui est construite là !Et l'on prête la plus grande attention aux réactions positives des pairs. "Jusqu'à l'addiction. On va en permanence vérifier sur sa page, comme sur un miroir, que l'on existe. La qualité du reflet est fonction des pixels qui la composent : les "like"."
Sympa de quantifier en chiffres sa vie sociale, de n'exister que par comparaison par rapport à autrui : c'est un vraie construction "individuelle". Quant aux inquiétudes, elles ne sont étouffées que si vous atteignez des objectifs. Et elles ne le sont qu'artificiellement.Une notion jusque-là plutôt réservée à la culture anglo-saxone s'impose : la "popularité". Le nombre d'"amis" et de réactions favorables atteste et quantifie la valeur sociale, étouffe les inquiétudes.
Mais tout ceci est négligeable, voyons.Revers de la médaille : gérer au détail près son image, alimenter son journal quotidien, a de quoi mettre sous pression. Les pédiatres américains (American Academy of Pediatrics) ont même récemment estimé que les réseaux sociaux accéléraient la spirale dépressive chez les adolescents. Le docteur Clerget n'est pas loin de dresser le même constat, évoquant un "facilitateur de dépression". "On donne à voir une représentation idéalisée de soi. Les adultes ne sont pas dupes. Les ados, si. Voir le bonheur affiché par d'autres ne renforce pas leur estime d'eux-mêmes." Pour le psychiatre, il y aurait "désidentification au profit de cette image virtuelle", si flatteuse et éloignée de ce qu'ils sont réellement que, "lorsqu'ils éteignent l'ordinateur, ils se sentent comme des ectoplasmes".
Ces propos me semblent très excessifs et réactionnaires.Catherine Blaya, professeur de sciences de l'éducation à Nice, estime, après enquête nationale menée auprès de 3 600 collégiens et lycéens, à environ un quart ceux qui ont été victimes de violences ponctuelles via le Web.
Cinq ou 6 % ont subi un cyber-harcèlement plus continu. Des joyeusetés variées allant du "simple" envahissement par l'insulte d'un profil Facebook à la création de faux profils peu flatteurs, au trucage de photos, à la diffusion d'images d'autrui relevant de l'intime, jusqu'au très tendance "tunnel de la mort" – une haie d'honneur se forme dans un couloir du collège, l'enfant qui passe est frappé tout du long, l'ensemble est filmé et diffusé.
Mais non.Deux élèves prennent un professeur en grippe ? Grâce au réseau, leur haine sera contagieuse. Des échanges venimeux se sont déroulés sur Facebook le week-end ? Ils se soldent en bagarres le lundi matin dans la cour. Des groupes s'y forment, reproduisant les petites cellules amicales constituées sur le réseau, dont seuls leurs participants ont connaissance. "Les gamins sont aussi plus durs entre eux, ajoute M. Henno, comme si la liberté de parole sur Facebook déteignait."
Michel Serres, dans son Petite Poucette , a dit : "Vous vous moquez de nos réseaux sociaux et de notre emploi nouveau du mot « ami », Avez-vous jamais réussi à rassembler des groupes si considérables que leur nombre approche celui des humains ? N’y a-t-il pas de la prudence à se rapprocher des autres de manière virtuelle pour moins les blesser d’abord ?"
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Les élèves sont en fait agacés par la publicité qui occupe sur Facebook une place toujours croissante. Les alertes inutiles concernant les jeux auxquels s'adonnent leurs camarades, les virus qui transforment les comptes d'amis en sources de spam incessant, les applications auxquelles ils ont souscrit et dont il n'arrivent pas à se débarrasser une fois qu'ils en sont lassés, autant de motifs pour s'éloigner de plus en plus de ce réseau.
Sans compter le fait que les statuts et les photos que postent leurs amis sont jugés de plus en plus "sans intérêt". Sur Facebook, les adolescents sont beaucoup moins spontanés que sur Twitter (qui favorise par son format l'immédiateté, le côté "j'écris tout ce qui me passe par la tête sans réfléchir") ; ils se contentent de plus en plus de partager des contenus ou de distribuer des "like" consensuels plutôt que de dire vraiment des choses sur eux-mêmes. Les photos également sont de moins en moins personnelles.
Au final, Facebook me semble en perte de vitesse, voire en régression, auprès de ce public. Et ce serait plutôt une bonne nouvelle si cela n'avait pas pour cause (et pour conséquence) l'attrait croissant pour des réseaux sociaux aux effets pervers encore plus marqués.
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Je confirme ce que vous dites sur l'abandon de Facebook : il y a d'ailleurs un ou deux fils de discussion sur ce sujet :
www.laviemoderne.net/veille/les-reseaux-...-ne-serait-plus-cool
Je suis pour ma part convaincu que, dans une dizaine ou une vingtaine d'années, les actuels utilisateurs de Facebook regarderont les usages actuels avec beaucoup d'amusement.
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Merci de votre accueil. Cet effort de modération (qui demande certainement du temps) est tout à l'honneur de l'administrateur dont l'agenda est sûrement bien chargé en ces temps de conseils de classe et de remplissage de livrets.Loys écrit: Bienvenue sur le forum de LVM, Euler. Sachez que les trois premiers messages sont modérés.
Voire avec aterrement (tiens, le correcteur automatique n'aime pas ce mot, qui pour être inusité n'en existe pas moins, mais nous sommes d'accord sur ce que valent ces outils ), et je serais curieux de savoir s'ils autoriseront leurs propres enfants à s'y inscrire. Cela dit, beaucoup s'y trouvent sans l'accord de leurs parents (pour ne pas dire malgré leur interdiction).Loys écrit: Je suis pour ma part convaincu que, dans une dizaine ou une vingtaine d'années, les actuels utilisateurs de Facebook regarderont les usages actuels avec beaucoup d'amusement.
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