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De l'importance des copains de collège pour réussir au lycée
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C'est bien dommage car je serais curieux d'en prendre connaissance.Impossible de détailler ici sa méthode de travail, mais la "robustesse" de ses analyses a une double garantie en les personnes de ses deux directeurs de thèse: l'économiste Eric Maurin et l'historien Patrick Weil.
On peut intégrer le même "type d'établissement" sans que le niveau exigé y soit le même. Par définition même, les meilleurs établissements étant les plus demandés, ils exposent davantage les élèves à être séparés de leurs camarades de collège que les moins demandés en même temps qu'ils les exposent à des filières plus exigeantes en terme de niveau scolaire. A l'inverse, des camarades de même niveau de scolaire réussiront mieux leur seconde dans un établissement moins exigeant. Le risque de redoubler s'explique logiquement, sans être particulièrement lié au nombre d'amis.Elles s'appellent Manon, Sacha et Claire. Toutes trois ont fait leur rentrée en lycée après avoir fréquenté le même collège. Tantôt ensemble, tantôt victimes de cet art mystérieux de la composition des classes.
A l'entrée au lycée, c'est une autre histoire. Manon et Sacha sont inscrites dans le même établissement et ont eu le bonheur de se découvrir dans la même classe le jour de la rentrée. Claire est arrivée seule dans son lycée sans aucun de ses anciens camarades.
Si toutes trois ont le même niveau scolaire et intègrent le même type d'établissement, avec la même exigence de niveau, savez-vous qui a le plus de risques de redoubler sa 2de ?
Parce qu'en trois ans les lycéens n'ont pas le temps de se faire des amis ?Pas besoin de connaître la profession de son père ou le nombre d'écrans que compte son appartement pour répondre que Claire aura le plus de risques de rater sa 2de, sa 1re et même d'avoir de moins bonnes notes au bac que ses deux amies.
Une "loi", rien moins.Un jeune économiste, Son Thierry Ly, vient de mettre en évidence une loi qui lie la réussite et la présence de visages familiers dans sa classe. Depuis quatre ans, il scrute les trajectoires de 28 000 collégiens dont il connaît les notes, les établissements d'origine et d'adoption ainsi que les classes fréquentées.
Si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, un lycéen qui entre avec tout son lycée à l'université n'a aucune chance d'échouer.RELATION MATHÉMATIQUE
Son verdict est sans appel : "Un élève qui compte des camarades de collège dans sa classe de 2de a moins de risques de redoubler son année que s'il y est tout seul. L'effet est progressif, au point que chaque ancien copain supplémentaire à côté de lui diminue de 1 point le risque de rater son année", explique le chercheur, qui fait de ce résultat totalement inédit le coeur de sa thèse de doctorat et d'un article, coécrit avec Arnaud Riegert, qu'on lira à coup sûr prochainement dans une des meilleures revues économiques internationales.
Si c'est une "relation mathématique", on a du mal à comprendre de telles restrictions.Cette relation mathématique entre le nombre de copains dans sa classe et la réussite scolaire est valable pour tous les élèves, garçons ou filles, sans seuil minimum à partir duquel le processus s'enclenche. Elle est plus vraie pour les adolescents scolairement "le plus justes", c'est-à-dire ceux qui se situent sous la moyenne des notes au diplôme national du brevet (DNB) et ceux qui sont issus de milieux populaires.
Et cette "loi" ne s'observe pas dans un lycée non "huppé" ?Pour ce public plus à risques, "chaque ancien camarade supplémentaire diminue même de 2 points le redoublement". Si l'on se concentre sur le parcours des jeunes de milieux défavorisés, venant d'un collège populaire et scolairement un peu faibles, qui intègrent un lycée huppé, là, la diminution du risque de faire son lycée en quatre ans oscille entre 3 et 4 points par camarade de plus dans leur classe !
Voilà qui va être simple à organiser : dans la procédure Afflenet il faudra désormais entrer des vœux de lycées et des vœux de camarades.En poussant au bout la logique, l'économiste édicte une loi très simple : "En regroupant les élèves qui ont les moins bons résultats en fin de collège avec huit anciens camarades de classe qui entrent dans le même lycée qu'eux, on pourrait améliorer de manière significative leur réussite au lycée. Ainsi, leur risque de devoir refaire une 2de tomberait de 27 %, comme c'est le cas aujourd'hui pour cette population, à 21 %."
Quant au risque d'échec, il est de toute façon assez limité compte tenu du taux d'accès au Bac d'une génération.
C'est donc un problème très secondaire : le redoublement ne constitue pas un échec par ailleurs.La classe de 2de reste la plus redoublée du système éducatif, même si on est passé de 16,7 % de redoublements en 1995 à 9,5 % aujourd'hui, tous élèves confondus.
Quel lien avec la "sécurité affective" ? Le travail de Son Thierry Ly est statistique ou psychologique ?IL DONNE TORT AUX PROVISEURS
Le travail de Son Thierry Ly donne raison aux parents qui – intuitivement conscients de l'importance de la sécurité affective – ont demandé que leur fils ne soit pas séparé de ses copains...
C'est-à-dire qu'il y a aussi des critères comme les voies, les séries, les enseignements d'exploration, les options, les spécialités...Il donne tort aux proviseurs, "qui n'utilisent généralement pas ce critère pour constituer leurs classes", ajoute Son Thierry Ly...
Alors que ceux-ci sont des garanties de succès scolaire !Politiquement correct, il omet de dire que les chefs d'établissement français sont même assez enclins à casser les groupes, pour éviter les bavardages intempestifs et les turbulences de classe.
Au passage cette remarque est aussi malveillante pour l'école qu'absurde puisque les proviseurs ne peuvent éventuellement casser que des groupes constitués, c'est-à-dire au passage en première ou en terminale...
On va bientôt préparer un cycle troisième-première pour remédier à tout cela, sur le modèle du cycle de CM1-6e.Grâce à son incomparable base de données, l'économiste a mesuré qu'en moyenne 20 % des collégiens d'un établissement intègrent un même lycée, et que 5 % seulement se retrouvent dans la même classe. Or, 5 % de trente élèves, cela ne fait qu'un et demi ; et c'est un choc pour ces jeunes habitués quand même à retrouver des visages connus de l'année précédente.
En revanche les nouveaux rythmes scolaires incompréhensibles et erratiques dans les maternelles et en CP, ça ne pose aucun problème."En France, nous sous-estimons largement l'impact de la présence d'un ami près de soi au moment d'une rupture aussi importante que le passage en 2de", rappelle le chercheur, pour qui le système français ne soigne pas assez ses articulations entre les différents degrés d'enseignement.
Le chercheur n'évoque à aucun moment la réussite scolaire généralisée aujourd'hui.
Ah... un simple facteur (très discutable) devient donc une "explication". Le glissement est intéressant.OPTIMISATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
Ce qui explique que la classe de 2de, sur laquelle il s'est concentré, soit aussi une étape qui se termine par le décrochage des élèves les plus faibles.
Apprécions cette formulation qui présente le système scolaire comme inhumain."En humanisant le système, on pourrait le rendre plus efficace, sans y injecter d'argent supplémentaire", résume l'économiste.
Et des voies, des séries, des options et des spécialités à supprimer.On gagnerait même le coût des redoublements évités.
Sûr que dans l'enseignement privé il n'y a pas d'autre explication possible...C'est l'approche qui m'intéresse et que j'exploite dans mes travaux", ajoute-t-il. "J'ai pu observer qu'en Russie c'était un facteur pris en compte, comme parfois dans l'enseignement privé français.
Les résultats moyens de la Russie sont largement inférieurs à ceux de la France (468 points à PISA 2009 contre 497).Lorsqu'on observe qu'ils obtiennent de meilleurs résultats, il faudrait en tenir compte", ajoute le chercheur.
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L'étude est disponible ici : Persistant classmate : howw familiarity with peers protects from disruptive school transitions .Loys écrit:
C'est bien dommage car je serais curieux d'en prendre connaissance.Impossible de détailler ici sa méthode de travail, mais la "robustesse" de ses analyses a une double garantie en les personnes de ses deux directeurs de thèse: l'économiste Eric Maurin et l'historien Patrick Weil.
Mais je ne pense pas que cela vous servira à grand chose...
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Cet article a une suite assez croquignolette dans le "Café pédagogique" qui en tire cette conclusion ébouriffante : "La classe sans sélection favorise la réussite au lycée" (02/10/13)
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Mais pas à l'entrée au lycée, à l'issue de l'école fondamentale. Certaines admissions se font même sur examen.Y a-t-il des pays qui sont attentifs à l'importance de ce phénomène ?
Il y a un exemple connu, celui de la Finlande, où les élèves ne redoublent pas et où le groupe classe reste le même pendant plusieurs années.
Ou comment raconter n'importe quoi.
Mais pas de l'école fondamentale au lycée, précisément.Les enseignants eux-mêmes, en tout cas pendant la scolarité obligatoire, suivent la même classe pendant trois ou quatre ans.
Oui : en baisse, et plus que la France.Et on connaît les résultats de la Finlande dans les évaluations internationales...
Elle limite tellement les inégalités que 7% des élèves ne sont pas inscrits dans le secondaire et que l'entrée à l'université est drastique.Oui. Même si elle a été dépassée par les pays asiatiques, elle reste un exemple quant à sa capacité à la fois à atteindre un excellent niveau général et à limiter les inégalités.
Et pourquoi ne pas prendre exemple sur les pays asiatiques, au fait ?
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