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"Quelle littérature enseigner aujourd'hui ?" (Le Monde)
- Loys
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Extrait :
Alors que s'ouvre à Paris le 33e Salon du livre, la place que doit occuper la littérature dans l'enseignement secondaire ainsi qu'à l'université pose question. Le débat reste vif entre ceux qui estiment qu'il faut maintenir et encourager l'étude des classiques, justement dans les quartiers les plus défavorisés, et ceux qui jugent urgent d'introduire les écrivains vivants et contemporains dans les classes. Doit-on également inclure la littérature étrangère - au moins en traduction - dans le cursus scolaire ? Ne faut-il pas repenser la façon d'interpréter les textes face à des élèves souvent sollicités par l'image ou Internet ? Points de vue d'auteurs et d'enseignants.
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- Loys
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Que faut-il comprendre dans cette phrase ?Ne faut-il pas repenser la façon d'interpréter les textes face à des élèves souvent sollicités par l'image ou Internet ?
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Doit-on également inclure la littérature étrangère - au moins en traduction - dans le cursus scolaire ?
Mes professeurs étaient hors la loi en me faisant étudier des textes étrangers traduits ?
De Roal Dahl à Emmanuel Kant, en passant par Ray Bradbury, heureusement que je n'ai pas étudié à l'époque les textes de ces auteurs en langue originale !
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- Loys
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Je recommande au passage la lecture de ces deux billets liés à l'article :
- "Que de moments volés à la littérature" de Mariel Morize-Toussaint
Car c'est bien de cela dont il s'agit : l'arrivée du fameux "socle commun des compétences et des connaissances" détruit résolument le travail de ceux qui sont sur le terrain et qui tentent, avec toute leur énergie et leur savoir, de faire de l'école, du collège et du lycée des lieux d'apprentissage et de plaisir. L'enseignant, de littérature en particulier, voit sa mission réduite à cocher des cases par milliers tout au long de l'année pour savoir ce que l'élève a acquis, n'a pas acquis ou serait en train d'acquérir.
Pour faire correctement son travail comptable, il doit évaluer de façon sommative ou formative (encore des gros mots...), mettre en place des ATP (aides au travail personnel), des PPRE (programmes personnalisés de réussite éducative), des PDMF (parcours de découverte des métiers et des formations) ou autres acronymes intrusifs, invasifs, corrosifs dont l'Education nationale s'enorgueillit. Ne réduisons donc pas l'élève à une somme d'items formant des piliers bien peu stables d'une connaissance bien fragile... N'engluons pas leurs esprits en devenir dans le carcan du LPC (livret personnel de compétences). L'enseignant-Shiva passe des heures à des tâches qui dévorent son temps de réflexion. Que de moments volés à la littérature !
- "Les enfants d'immigrés ont droit aux classiques" de Cécile Ladjali
"Pourquoi ne pas étudier la versification à travers le rap ou le slam ?" m'a-t-on finement suggéré en haut lieu. J'ai répondu à ces philanthropes que le professeur devait arracher les élèves à leur ghetto linguistique, lieu redoutable où tout va sans dire, où l'on vit dans une telle proximité sémantique qu'il n'est plus utile d'enrichir son vocabulaire ni de déplier une syntaxe complexe.
Nous vivons dans un monde de reproduction des élites, et les démagogues le savent bien. Le monde est divisé : d'un côté, les riches de mots, de l'autre, les pauvres de mots. La misère n'est pas qu'économique. Aussi l'école de la République doit-elle permettre à tous les élèves d'être également riches face aux mots en leur offrant à lire les classiques, car ils seront toujours les actionnaires comblés d'une culture large et exigeante.
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