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"Travailler en îlots bonifiés pour la réussite de tous" (Cahiers pédagogiques)
- Loys
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J'éprouve une grande lassitude à lire ces titres soviétiques ("la réussite de tous").Travailler en îlots bonifiés pour la réussite de tous
Dommage que ceux qui se consacrent uniquement à la formation des enseignants se privent de ce "plaisir d'enseigner en entrant chaque jour dans sa salle de classe"...Un ouvrage qui aidera ceux qui veulent expérimenter le travail en groupes d’apprentissage. L’auteure montre avec beaucoup de clarté et de détails comment s’y prendre concrètement, à l’école, au collège . Elle répond, chemin faisant, avec simplicité aux multiples objections et interrogations qui ne manquent jamais de surgir quand il s’agit du travail de groupe. Un ouvrage qui, par son enthousiasme communicatif, dit comment trouver ou retrouver le plaisir d’enseigner en entrant chaque jour dans sa salle de classe.
Enfin, un certain "monde éducatif" à la pointe duquel on trouve les "Cahiers pédagogiques"...Au moment où le monde éducatif, de l’école au lycée, s’interroge sur l’intérêt qu’il y aurait à supprimer les notes,...
C'est vrai que la satisfaction du travail bien fait ne peut s'apparenter qu'à un "utilitarisme quasi mercantile". Et que ceux des élèves qui ne préoccupent pas de leurs notes sont des esprits libres....Marie Rivoire, un professeur d’anglais, nous propose, comme à contre-courant, un système d’évaluation du travail scolaire s’appuyant vigoureusement sur l’utilisation constante de la notation des élèves…
Elle prend en compte dans sa méthode, deux tendances profondes que l’on peut observer chez les élèves.
Les notes et le jeu
Tout d’abord ce que d’ordinaire on reproche aux élèves : ils aiment trop travailler pour les notes… Ne leur fait-on pas grief de cet utilitarisme quasi mercantile qui les pousse à échanger, dit-on, quelques efforts contre des notes, évidemment bonnes de préférence ?
On a bien compris la position de l'auteur de l'article sur les notes : la digression semble ici inutile.Notes que par ailleurs les parents leur réclament expressément et que les moyennes prennent en compte dans un délire arithmétique qui ne choque apparemment personne puisqu’on peut additionner sans sourciller une note de saut en hauteur avec celle obtenue en conjuguant les verbes irréguliers anglais…
Quant au "délire arithmétique", c'est une caricature, personne n'aurait l'idée d'apprécier le travail d'un élève sur la seule base d'une moyenne générale. Le délire des compétences sans aucun rapport les unes avec les autres en revanche n'a pas l'air de gêner les "Cahiers".
Un adepte de l'antibisme ! Il fallait le dire tout de suite !Alors, puisqu’ils aiment ça, qu’ils en redemandent et que tout le monde en réclame, Marie Rivoire va leur en donner, des notes… Mais pas n’importe comment, pas pour cultiver en eux et chez les parents la religion de la note. Et pas non plus dans le processus mortifère bien connu des contrôles à répétition qui conduit inévitablement à la constante macabre dénoncée depuis longtemps par Antibi…
Un peu de ludo-éducation, pendant qu'on y est.Car le second principe pédagogique sur lequel elle s’appuie ici est le suivant : les élèves aiment jouer, oui s’amuser, en classe...
Il y a beaucoup d'élèves qui n'apprécient pas le jeu en équipes....et ils aiment jouer en équipe, comme on le fait en sport ou dans les jeux de société où on se met ensemble pour affronter d’autres groupes qui vont pratiquer le même jeu.
Mais c'est bien sûr !Et tous les pédagogues le savent : il n’y a rien de plus sérieux que le jeu.
Notez les généralisations ("tous les pédagogues", "les élèves aiment" etc.).
"Spectaculairement", c'est-à-dire concrètement, en termes de résultats scolaires ?Quand on sait le mettre au service des apprentissages, on accroît spectaculairement l’efficacité de l’enseignement.
En y réfléchissant bien, c'est vrai qu'avec ce genre de néo-pédagogies on est bien dans une forme de spectacle.
Une prétendante pour participer aux twitteuses ridicules ?D’où le titre quelque peu énigmatique de son ouvrage...
Pourquoi utiliser bêtement le mot "groupe" quand on peut utiliser le mot "îlot" ?Travailler en îlots bonifiés… Il s’agit en effet de faire travailler les élèves en groupes ou « îlots »...
C'est le principe de la notation, en fait, qui est redécouvert ici....constitués de tables autour desquelles s’assemblent les élèves par affinité, librement. Ces équipes, « îlots » ou « tables », ont la possibilité permanente au cours du jeu de gagner (ou de perdre) des « points bonus » lesquels « bonifient » ainsi leurs notes finales et les rendent donc meilleures.
Et si pour les élèves la finalité immédiate est de faire gagner son équipe et par là même de gagner individuellement des points qui seront soigneusement comptabilisés, le véritable but du jeu est de gagner en apprentissages faits et en connaissances réellement et activement assimilées.
Toujours à préciser quand on fait du ludo-éducatif.Mais cela ne s’atteint que par un dispositif pédagogique d’une très grande rigueur...
En groupe, ce sont les élèves qui font la "monstration" du savoir ?Une pédagogie de groupe bien organisée
Par ailleurs, sans aucune référence théorique explicite qui viendrait ralentir ou justifier son propos, Marie Rivoire met en œuvre ici tous les principes du fonctionnement optimum de la pédagogie de groupe.
Car le premier objectif du travail de groupe est de rendre les élèves actifs et interactifs, en classe, en sortant de façon volontariste de la pédagogie impositive et frontale au cours de laquelle trop souvent seuls quelques élèves suivent et « participent » pendant que le maître fait l’essentiel du travail d’exposition et de « monstration » du savoir…
Notez le néologisme : "pédagogie impositive", pour dire qu'on impose quelques chose à un élève. Idée insupportable ! Mais au fait, le travail en groupe n'est pas imposé, lui ?
Notez aussi la pédagogie "frontale", comme si l'enseignant, tel un rugbyman, se lançait dans une violente mêlée contre ses élèves, lors juste qu'il leur fait face pour leur parler. C'est tellement mieux de tourner le dos à l'enseignant !
Je n'ai pas encore bien compris ce que Marie Rivoire avait inventé... Le travail en groupe, c'est une nouveauté ?Et tous les bénéfices qu’apporte le travail de groupe pour les apprentissages et pour la gestion de la classe se retrouvent intégralement dans la méthode que Marie Rivoire a élaborée pour sa discipline d’abord et pour les autres ensuite, tant il est vrai qu’elle a fait déjà autour d’elle de nombreux adeptes enthousiastes.
Ah ! j'ai compris : Marie Rivoire a inventé le mot "îlot", lequel change tout.
Ou pas...L’ambiance de la classe en est tout de suite changée, ainsi que les relations prof-élèves et celles des élèves entre eux. Ils s’autodisciplinent et s’entraident.
Mais bien sûr, dans un monde meilleur ! N'importe quel enseignant peut constater au contraire que les groupes sont non seulement l'occasion d'un travail inégal entre les élèves mais impossible à évaluer.Ils sont poussés à devoir tous travailler pour faire gagner leur équipe et aucun ne peut se reposer sur le travail des autres et parasiter le groupe.
Sans le contrôle du professeur, mais peu importe puisqu'ils s'auto-évaluent et s'inter-évaluent.Ils apprennent à s’auto-évaluer et à s’inter-évaluer. Ils font l’apprentissage graduel de la prise de parole et ont ainsi beaucoup plus d’occasions pour pouvoir s’exprimer.
On peut tout à fait penser le contraire : l'échec d'un élève est d'autant plus humiliant qu'il fait perdre son équipe, et pas seulement lui.Le groupe, parce qu’il est une instance collective forte, « absorbe » mieux les échecs et les sanctions négatives (ici « marques rouges » et mauvaises notes) que l’élève quand il est seul.
Oui, sauf que l'école a pour but d'instruire des élèves et non des groupes d'élèves...Le professeur peut exiger plus d’un groupe que ce qu’il demanderait à chacun de ses membres pris individuellement.
Ce qui n'est pas forcément le signe d'un travail acharné.Enfin, les élèves, de leur propre aveu, n’ont plus le temps de s’ennuyer et l’heure de cours passe toujours trop vite.
Lesquels ? On reste toujours dans le vague avec les néo-pédagogies...Tous ces effets largement positifs sont bien connus désormais par les enseignants qui ont su expérimenter et vivre, dans leur classe, avec leurs élèves, cette pédagogie.
Points bonus, ardoises et marques rouges
Mais pour parvenir à ces résultats spectaculaires et bénéfiques pour les élèves et les maîtres...
Rebelote... Il ne faudrait pas donner le sentiment que le professeur, libéré pendant une heure de sa "monstration", peut gentiment se tourner les pouces....il faut organiser les choses avec la plus grande précision. Le professeur doit être alors l’artisan et le garant d’un cahier des charges auquel il faut se tenir avec rigueur et constance.
Et que fait-on des élèves dont personne ne veut ?Marie Rivoire donne, au tout début de son ouvrage, les clefs de fonctionnement de sa méthode. Voyons-les rapidement :
• Les élèves se placent librement et par affinité, à quatre ou cinq autour d’un « îlot ». Le professeur conserve le droit de réguler par la suite la composition de ces groupes.
Autre avantage du travail de groupe pour l'enseignant fatigué : plus besoin de corriger des copies individuelles. Le travail est divisé par quatre ou cinq.• La « table » va travailler pour gagner le plus rapidement possible un maximum de points. Plus le travail fourni est de qualité et effectif, plus on comptabilise de points
Il y a donc une note d'"attitude" ?• Chaque table part de zéro et accumule de points bonus, pour le travail et l’attitude, qu’elle inscrit en couleur sur une fiche.
Voilà l'inter-évaluation. C'est très engageant en effet d'être noté par un de ses camarades...• Avant tout échange dans le groupe, chaque élève assis à la table effectue individuellement le travail demandé.
• Chaque îlot détient une ardoise sur laquelle les élèves, à tour de rôle, notent la participation des membres du groupe au travail collectif.
Donc noter positivement son camarade, c'est se noter positivement... On avance à grands pas !Il faut une barre pour chaque élève pour que le groupe valide un point bonus.
De quoi faire trembler une table qui n'en a cure...Le refus de participer est sanctionné individuellement d’une marque rouge.
• Une table qui ne participe pas ou qui perturbe les autres îlots, peut être sanctionnée d’une marque rouge collective qui fait perdre un point bonus.
C'est pratique à noter du coup.• La table qui arrive à 20 points bonus met fin à la partie de toutes les tables. On comptabilise points bonus et marques rouges et la note, attribuée à tous les membres de l’équipe, est inscrite et coefficientée dans le carnet de notes.
Même si c'est profondément injuste puisque c'est supposer que le travail individuel est égal dans chaque groupe. Et que la composition de départ des groupes (souvent inégale puisque fondés librement) peut profondément influer sur la note finale...
Pas nécessairement par eux.Les élèves sont ainsi récompensés immédiatement pour les efforts fournis.
Ce qui n'est évidemment pas l'intérêt des équipes gagnantes.• À chaque nouvelle partie, les élèves ont le droit de demander à changer d’îlot…
Une révolution, donc...Je ne saurais trop conseiller à ceux qui seraient tentés d’expérimenter le travail de groupes d’apprentissage...
Il y a des gens brillants qui savent enseigner mieux que les autres les disciplines qui ne sont pas la leur....de lire cet ouvrage qui demeure strictement pratico-pratique et ne s’encombre d’aucune considération théorique. Marie Rivoire y montre avec beaucoup de clarté et de détails comment s’y prendre concrètement, à l’école, au collège et aussi dans d’autres disciplines que l’anglais.
Phrase copiée-collée du début de l'article...Elle répond, chemin faisant, avec simplicité aux multiples objections et interrogations qui ne manquent jamais de surgir quand il s’agit du travail de groupe.
Un ouvrage qui, par son enthousiasme communicatif, dit comment trouver ou retrouver le plaisir d’enseigner en entrant chaque jour dans sa salle de classe.
Bref, nihil novi sub sole avec les îlots bonifiés... On note quand même que le rejet des notes par l'auteur de l'article ne l'empêche pas de célébrer une pédagogie où la notation est supposée centrale dans la motivation des élèves. Cherchez la logique.
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- Loys
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Avec cette phrase qui en dit long :
La classe devient alors le lieu passionnant d’actes pédagogiques innovants qui convient au mieux à la génération d’enfants «zappeurs » que nous rencontrons dans nos classes.
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J'ai 5 classes (avec plusieurs élèves que j'avais l'année dernière), et j'estime que dans 4 d'entre elles les résultats (évalués par des contrôles écrits individuels toutes les 2 semaines) se sont nettement améliorés par rapport à l'année dernière. Certains élèves qui étaient en difficulté ont pu vraiment progresser grâce à leurs camarades de meilleur niveau. La seule classe dont je ne suis pas satisfait contient une ribambelle d'élèves ayant un mal fou à se concentrer.
A noter que je ne mets pas systématiquement mes élèves en travail de groupe, c'est uniquement pour les séances d'exercices, soit 40% de mes cours, et que Marie Rivoire ne conseille pas non plus de ne faire que du travail de groupe.
Quant à l'article que vous citez, il est bidon. A croire que les Cahiers Pédagogiques ont voulu interpréter l'idée à leur sauce... Notamment le passage sur l'inutilité des notes ou la constante macabre qui ne figurent pas dans le livre de Marie Rivoire. Lisez son livre, c'est expliqué simplement, et ainsi vous baserez votre avis sur le système lui-même, et non sur sa réécriture par les Cahiers Pédagogiques. Et oui, le travail de groupe existait déjà avant, c'est le système de notation qui est nouveau.
Pour finir, je ne vois pas ce qui vous dérange dans cette phrase : "La classe devient alors le lieu passionnant d’actes pédagogiques innovants qui convient au mieux à la génération d’enfants «zappeurs » que nous rencontrons dans nos classes." Les élèves sont plus "zappeurs" et moins concentrés en classe qu'avant, c'est un fait.
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- Loys
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Dont acte. Mais vous ne me ferez pas croire que le mot "îlot" est plus simple que le mot "groupe".Théo écrit: Quant à l'article que vous citez, il est bidon. A croire que les Cahiers Pédagogiques ont voulu interpréter l'idée à leur sauce... Notamment le passage sur l'inutilité des notes ou la constante macabre qui ne figurent pas dans le livre de Marie Rivoire. Lisez son livre, c'est expliqué simplement, et ainsi vous baserez votre avis sur le système lui-même, et non sur sa réécriture par les Cahiers Pédagogiques.
Les élèves peuvent aussi travailler sans être notés, ou en étant notés sur un travail final individuel etc. Les scénarios ne manquent pas.Et oui, le travail de groupe existait déjà avant, c'est le système de notation qui est nouveau.
C'est là que nous divergeons : oui, effectivement, c'est un fait. L'école est désormais le seul endroit où la plupart des élèves peuvent espérer apprendre à se concentrer et vous voudriez qu'elle y renonce ? Si je vous écoutais, je ne pourrais plus demander à mes élèves de lire des livres, par exemple.Pour finir, je ne vois pas ce qui vous dérange dans cette phrase : "La classe devient alors le lieu passionnant d’actes pédagogiques innovants qui convient au mieux à la génération d’enfants «zappeurs » que nous rencontrons dans nos classes." Les élèves sont plus "zappeurs" et moins concentrés en classe qu'avant, c'est un fait.
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Le mot îlot existait avant cela, en particulier chez les profs de langues qui ont des tables disposées de façons assez diverses (en U, en épi, etc...)Loys écrit: Mais vous ne me ferez pas croire que le mot "îlot" est plus simple que le mot "groupe".
Ici la note sert de carotte. J'ai pu constater que cela motivait beaucoup d'élèves, bons comme mauvais, de même que la "course" pour être le premier groupe à avoir 20.Les élèves peuvent aussi travailler sans être notés, ou en étant notés sur un travail final individuel etc. Les scénarios ne manquent pas.
Encore une fois, il n'est pas question de mettre systématiquement les élèves en travail de groupe (les "cours magistraux", les contrôles écrits, etc. existent encore), et pour chaque exercice donné les élèves commencent par 5 minutes de travail individuel (plus ou moins suivant l'exercice) où aucune prise de parole n'est tolérée. Mais il est vrai que le système crée des cours plus bruyantsC'est là que nous divergeons : oui, effectivement, c'est un fait. L'école est désormais le seul endroit où la plupart des élèves peuvent espérer apprendre à se concentrer et vous voudriez qu'elle y renonce ? Si je vous écoutais, je ne pourrais plus demander à mes élèves de lire des livres, par exemple.
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- Loys
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J'entends bien mais une telle disposition des tables implique une certaine permanence, pour ne pas dire une permanence certaine.Théo écrit: Le mot îlot existait avant cela, en particulier chez les profs de langues qui ont des tables disposées de façons assez diverses (en U, en épi, etc...) [...] Encore une fois, il n'est pas question de mettre systématiquement les élèves en travail de groupe (les "cours magistraux", les contrôles écrits, etc. existent encore)
Je constate la même chose mais j'observe aussi que la démotivation gagne très vite certains groupes lorsqu'ils sont constitués de manière inégale, comme c'est très souvent le cas spontanément et sans intervention du professeur.Ici la note sert de carotte. J'ai pu constater que cela motivait beaucoup d'élèves, bons comme mauvais, de même que la "course" pour être le premier groupe à avoir 20.
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