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"La France enfin première de la classe ?" (Maryline Baumard)
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Une brève présentation du dernier ouvrage de Maryline Baumard dans le "Café pédagogique" du 13/11/13 : "La France enfin première de la classe ?"
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Cette obsession pour les classements internationaux en même temps que pour la suppression des notes à l'école a quelque chose de fascinant.La France enfin première de la classe ?
Si seul le sommet du classement mondial a une école qui "se réveille", voilà qui fait beaucoup d'endormis...A quelques jours de la publication des résultats de PISA 2012, la publication du livre de Maryline Baumard appelle au réveil de l'Ecole. Parce que, à coup sur, l'école française est loin d'être au sommet du classement mondial.
Quant à être "loin du sommet", c'est assez faux puisque sur 20 la France a 17,2 : huit pays ont plus de 18 et une vingtaine de pays ont entre 17 et 18.
En suivant l'admirable ligne éditoriale du "Monde" à propos de l'éducation.Elle risque même de dégringoler encore davantage. Face au nouveau "choc Pisa", Maryline Baumard veut proposer des solutions pour remettre en marche le système éducatif.
Il n'y a aucun pays émergents dans ceux qui obtiennent de meilleurs résultats que la France à Pisa 2009..."Je dis qu'il y a des solutions ailleurs qu'en France", nous a-t-elle confié. "Pourquoi ne pas les regarder. Arrêtons de penser qu'on a une spécificité qui rendrait inutile ce regard. Il faut oser regarder comment font les autres y compris les pays émergeants qui partagent avec nous pas mal de problématiques éducatives sur les savoirs de base".
Voilà effectivement qui donne une rigoureuse approche scientifique à l'ouvrage.Son livre présente des programmes et des hommes remarquables qui ont, aux yeux de Maryline, un point commun : avoir obtenu des résultats. Le livre part au devant des success stories éducatives.
Et de LVM.Il fait découvrir les travaux de S Dehaène, M Zorman, E Duflo, J Torgesen mais aussi B Suchaut, R Brissiaud ou P Bressoux, plus connus des lecteurs du Café.
De ce point de vue, avec la progression extraordinaire des résultats du bac depuis 25 ans (d'un quart aux trois-quarts d'une génération), notre système est extraordinairement efficace.M Baumard croit dans l'evidence based policy, cette théorie qui veut qu'on juge les programmes éducatifs au résultats grâce à des évaluations serrées.
Sans parler du livret de compétences, un outil d'une exceptionnelle précision.
Or un modèle qui fonctionnait doit être démoli au plus vite.L'avantage de cet ouvrage c'est de faire découvrir au fil d'une lecture facile et agréable quelques uns des uns des grands acteurs de l'éducation mondiale. C'est aussi de sortir de l'hexagone. " On continue à penser l'éducation comme une spécificité française, comme un modèle qui doit perdurer", nous dit-elle.
On l'a pourtant bien fait, avec les beaux résultats que l'on constate. La lecture globale, l'approche par compétences, la suppression du redoublement etc. sont d'inspiration étrangère.Or il faut croire en la science et appliquer ce qui marche que ce soit au Kenya ou en Floride. Pourquoi on le fait pas ? "Car les politiques n'aiment pas copier les Etats-Unis ou la Chine par exemple. Ce n'est pas politiquement possible.
Surtout au sortir de l'école primaire et dans "Le Monde".Enfin l'illettrisme c'est un sujet génant à évoquer pour une puissance comme la France.
Nul n'en doute...Tout cela fait un faisceau convergent pour que l'on ne regarde pas ailleurs", dit-elle.
A coup sur, face au choc Pisa, ce livre va compter.
Ah... rien que ça. Ou comment passer du baume à Maryline Baumard.Dans le naufrage il apparaitra comme , pas seulement un élément de débat, mais la bouée de sauvetage auquel accrocher l'Ecole.
Avec une énorme faute d'orthographe ?D'ailleurs l'evidence based policy c'est toujours présentée ainsi.
Une catastrophe dans laquelle par contre le décideur n'a aucune responsabilité, bien sûr.Face à une situation catastrophique, on met en place des évaluations qui guideront le décideur.
On ne comprend plus vraiment, du coup.Le problème c'est que les solutions proposées ne sont pas toutes aussi évidentes qu'il y parait. S Dehaène a beau être persuadé d'avoir trouvé la méthode pour apprendre à lire, ses essais en classe n'ont pas réussi. La méthode PARLER a sans doute bien des vertus. Mais étendue à une vraie échelle significative elle n'a pas donné de résultats concluants. Le programme de Floride a fait progresser cet état dans les évaluations internationales. Mais si on observe bien il y a bien des facteurs en jeu. Et bien des voix s'élèvent aux Etats-Unis pour dénoncer le testing for the test.
Personne n'y aurait pensé !Le problème des chercheurs c'est souvent qu'ils oublient qu'il y a un univers entre le laboratoire et la salle de classe. Cet univers c'est celui de l'école avec sa propre culture. La question n'est pas tant de trouver la bonne méthode que de trouver le moyen de la traduire dans l'univers scolaire réel.
C'est pas odieusement décliniste de dire des choses pareilles ?Ainsi l'enseignement explicite de la conscience phonologique est reconnu officiellement déjà dans les programmes de 2002 de grande section et renforcé dans celui de 2008. Pour autant l'école échoue encore à apprendre à lire à tous les élèves.
Au doigt mouillé.Et l'article de A. Ouzoulias publié aujourd'hui montre que la théorie elle-même est modelable. La comparaison souvent faite avec l'univers médical est peu convaincante. Si deux cellules réagissent de la même façon face au même agent, les élèves ne sont pas interchangeables, entre autre parce que les élèves ne sont pas uniquement des élèves. Disons qu'ils sont élèves pour 10% et autre chose pour 90%.
Lequel donc ? Voilà qui nous intéresse diablement !Bien des raisonnements oublient que l'enseignement est une activité sociale.
Mais il y a beaucoup d'intérêt à lire l'ouvrage de M. Baumard. Pour connaitre les idées d'un courant de pensée influent au ministère et dans le monde.
C'est vrai que les États-Unis, qui ont exactement le même classement Pisa que la France avec une dépense éducative supérieure de 46% par élève (source OCDE), sont un exemple à suivre.Mais aussi pour découvrir des expériences et sortir l'école française d'un enfermement hexagonal qui lui est préjudiciable. Oui nous avons beaucoup à apprendre des expériences kenyanes ou américaines.
Quant au Kenya, il n'est même pas évalué dans PISA : c'est sans doute ça, "l'evidence based policy" !
Le livre sort effectivement à point nommé, tout comme son précédent à la rentrée 2013.Et merci à M Baumard de les amener au bon moment.
F Jarraud
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Tout un programme pour Emmanuel Davidenkoff.Education: sortir de l'idéologie et écouter la science
Et Maryline Baumard, Emmanuel Davidenkoff etc.Apprendre à lire à tous les enfants? Améliorer leur niveau en mathématiques de manière significative? C'est possible, à condition d'écouter les chercheurs.
C'est donc un "réquisitoire implacable" mais sans "formules au vitriol".Point n'est besoin de recourir aux formules au vitriol pour écrire un réquisitoire implacable contre le fonctionnement de notre école. C'est ce que prouve la journaliste Maryline Baumard, qui dirige le service "éducation" du Monde, dans son nouveau livre: La France enfin première de la classe (Fayard, 2013).
Petits règlements de compte mesquins avec les déclinologues comme Jean-Paul Brighelli, qui ont eu le tort de tirer la sonnette d'alarme bien avant nos journalistes éclairés. Il faudrait par ailleurs savoir : le "Café pédagogique" parle de "naufrage", de "choc PISA", de "situation catastrophique" et déclare que "l'école échoue encore à apprendre à lire à tous les élèves". Alors, M. Davidenkoff, l'école part à vau l'eau ou ne part pas à vau l'eau ? On dirait que vous hésitez encore à faire le constat que vous railliez il y a encore peu.En 200 pages dynamiques, précises, posées, elle ringardise la prose clinquante de tous les pourfendeurs d'une école qui partirait à vau l'eau, ne fabriquerait que des "crétins" et empêcherait nos enfants d'apprendre à lire.
C'est sûr qu'il s'agit de se faire ridiculiser... Avec 17,2 à Pisa 2009 la France se fait "ridiculiser" par l'Allemagne qui a 17,6 (après avoir investi massivement dans son école depuis dix ans). Quant à des pays bien plus riches que nous, comme les États-Unis ou la Suède, ils se font "ridiculiser" puisqu'ils ont le même score que nous, voir un score inférieur.Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit: dénoncer les errements d'une institution qui, dans un des pays les plus riches du monde, se fait ridiculiser depuis dix ans dans la plupart des évaluations internationales du niveau des élèves.
Cette approche par le ridicule de la France dans les classements internationaux est tout simplement ridicule.
C'est tellement spectaculaire que pour l'écrit les États-Unis ont régressé à Pisa entre 2000 et 2009 (sous George Bush), passant de 504 points à 499 points.Son arme? Les sciences. L'auteur s'est en effet demandée comment faisaient les pays qui obtenaient de meilleurs résultats que le nôtre et, pour ce faire, s'est tournée vers les chercheurs - en économie, en psychologie, en neurosciences... L'on découvre ainsi au fil des pages que la famille Bush, notamment grâce à Jeb, ex-gouverneur de Floride, mais aussi grâce à Georges W, a permis aux Etats-Unis de repartir spectaculairement à la hausse dans les évaluations en lecture, en s'appuyant sur les résultats d'expérimentations réussies.
Et quelle est cette approche "méthodique" exactement ?Que les performances en mathématiques des petits asiatiques ne doivent rien au hasard et beaucoup à une approche extrêmement méthodique des processus d'apprentissage et du fonctionnement du cerveau.
J'ai comme idée que "les plus relégués des enfants pauvres dans l'Hexagone" ne sont pas "aussi éloignés des savoirs" que les petits kenyans...Que des pays comme l'Inde ou le Kenya sont en train de trouver des solutions efficaces pour assurer l'éducation de base d'enfants au moins aussi éloignés des savoirs que les plus relégués des enfants pauvres dans l'Hexagone.
Le "Café pédagogique" (voir plus haut) explique bien pourquoi.Pire: vous ferez des aller-retour vertigineux entre labos de recherche et salles de classe françaises qui montrent que des réponses existent en France, mais qu'elles ne sont que rarissimement étendues.
Par exemple les programmes de maternelle et de primaire de 2008... dès 2013 !Clivage droite-gauche
Mais le plus terrifiant du livre touche à l'actualité. Car l'auteur avoue, en conclusion, que son enquête révèle "un clivage droite/gauche un peu à l'inverse de ce qu'on pourrait attendre", avec une droite plus attentive aux preuves scientifiques, et une gauche portant sur la chose scolaire un regard totalement perverti par les considérations idéologiques -la première d'entre elles étant qu'un dispositif mis en place par la droite devait, par principe et, au besoin, contre toute évidence scientifique, être jeté à la poubelle.
En Finlande, notamment, une telle disposition n'a pas fonctionné du tout. Par contre, pour le numérique, on a toutes les preuves qu'il faut et ça ne coûte pas cher.A contrario, un mantra de gauche tel que la nécessité d'avoir "plus de maîtres que de classes" dans le primaire, par ailleurs extrêmement glouton en ressources publiques, pouvait être mis en oeuvre alors même qu'il n'existe, au niveau mondial, aucune preuve de son efficacité.
Ou même d'un énième ?La création imminente d'un Nième conseil dédié à l'évaluation du système éducatif permettra-t-elle d'instiller un peu de raison scientifique dans les politiques publiques d'éducation?
Évaluons, évaluons. Certains - comme Emmanuel Davidenkoff - sont d'incorrigibles sceptiques de ce qui est pourtant évident.S'il ne devait avoir qu'une seule priorité, ce devrait être celle-ci.
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