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Pratique de lecture collective : "l'arpentage"
- Loys
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Présentée invariablement (et sans source historique qui en atteste) sur de nombreux sites alternatifs (attac, amap, scop, cemea etc.) comme une méthode "issue de la culture ouvrière" du XIXe siècle, qui aurait été reprise par des résistants pendant la seconde guerre mondiale (notamment Joffre Dumazedier, sociologue, théoricien de l'auto-formation et fondateur de l'association "Peuple et culture") et popularisée depuis dans les milieux de l'éducation populaire, cette méthode ne trouve guère d'écho sur le web avant l'année 2012 : www.spirale.attac.org/node/606
Sur Twitter première occurrence en 2014 : Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valide
La pratique a ensuite (un peu) essaimé : une fiche a même été mise au point en 2015, qui a été souvent citée par la suite : la-trouvaille.org/arpentage/
Voir les nombreux copiés-collés de cette définition : www.google.com/search?biw=1867&bih=1010&...4RAzwQ4dUDCAo&uact=5
Une collègue de lettres, professeur au LP2i (Lycée pilote innovant international) de Poitiers a découvert cette pratique au congrès du Cemea de 2015 (autour du Maître ignorant de Jacques Rancière) et l'a utilisée en classe dès 2016, non plus sur un texte exposant des connaissances ou une réflexion mais sur un texte littéraire, Les Choses de Perec, aux pages [strike]arrachées[/strike] "partagées".
L'expérimentation ("lecture collaborative") a ensuite été reprise par une autre collègue, Aurore Delubriac, et relayée sur le site de l'académie de Poitiers en 2018 et 2019, puis par Eduscol en 2019 :
- ww2.ac-poitiers.fr/doc/spip.php?article734 ("Pratiquer la lecture collaborative pour se former" du Groupe Technique Local d’enseignant·es documentalistes de la Vienne Nord-Ouest)
- ww2.ac-poitiers.fr/lettres/spip.php?article525 ("Le livre déchiré… un déchirement ? Vers une nouvelle modalité de la lecture")
- eduscol.education.fr/lettres/actualites/...-un-dechirement.html
Une "lecture effective", quand les élèves n'ont lu eux-mêmes qu'une petite partie du livre ?L’arpentage en quelques mots
L’arpentage consiste à se partager la lecture d’une œuvre afin de se forger une culture commune. Il s’agit de déchirer un livre voué à être « désherbé » en plusieurs parties correspondant au nombre de lecteurs. Cette pratique de la lecture, fort surprenante parce qu’elle désacralise le livre, a le mérite de permettre une lecture effective d’une œuvre et un échange fécond en un temps limité.
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- Loys
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www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/...042166779700619.aspx
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Voilà qui constitue un nouveau développement de la pédagogie socio-constructiviste (les élèves co-constructeurs de leur savoir) qui mérite quelques commentaires, puisque cette mode est destinée à s'imposer un peu partout :
"acte sacrilège ou activité féconde ?" La réponse semble ici dans la question.Déchirer un livre en autant de parties qu’il y a de lecteurs dans la classe : acte sacrilège ou activité féconde ? Cette proposition se nomme « arpentage » : elle est apparue dans la culture ouvrière dès la fin du 19ème siècle et a été développée par l’éducation populaire.
Deux points posent problème d'emblée :
- l'origine historique de "l'arpentage" n'est ici qu'un copié-collé très évasif et qui plus est tronqué : son but, notamment, n'est pas renseigné
- de fait, ce but, tel qu'il est présenté la plupart du temps, a trait à la diffusion (populaire) du savoir. Quel rapport avec la découverte d'une œuvre littéraire ?
"s'approprier" une œuvre en n'en lisant qu'une petite partie semble très factice : en bonne logique, quel sens pour l'élève de "susciter l'envie de lire" quand l’œuvre est réputée déjà lue collectivement ?Pourquoi et comment la mettre en œuvre en classe ? Aurore Delubriac, professeure au collège Didier Daurat à Mirambeau, en éclaire les intérêts : une séance de lecture morcelée puis partagée permet à chaque élève de s’approprier l’œuvre et à la classe de se construire une culture commune. L’activité parait avoir pour effet « de dédramatiser la lecture, voire de susciter l’envie de lire ».
De fait, l'"envie de lire" est ici postulée sans preuve particulière. La suite de l'entretien est plus mitigé, comme on le verra.
Il s'agit donc de renoncer (dans le cadre de cet exercice) à lire seul et des œuvres longues. Le concept de lecture "collective" laisse par ailleurs perplexe : on touche ici l'absurdité des pédagogies dites collaboratives...Elle semble adaptable dans différents contextes pour aider à lire collectivement des œuvres difficiles à lire seul, longues ou complexes.
Il y a bien d'autres façons de fragmenter et de désacraliser (si tant est que soit nécessaire tant la lecture est aujourd'hui méprisée) que de déchirer un livre, c'est-à-dire le détruire...Et si, pour réussir l’appropriation, il fallait prendre le risque de la fragmentation et de la désacralisation ? Et si déchirer les livres permettait de retisser du sens entre les pages et du lien entre les élèves ?
Pour ce qui est de "fragmenter", la question de la pertinence pédagogique se pose au premier chef : quel sens de lire un extrait dont on ne peut rien comprendre sans avoir lu ce qui précède ?
C'est une chance pour les livres...Comment en êtes-vous venue à cette activité étonnante ?
Faire lire les élèves, les réconcilier avec cette pratique et leur montrer qu’elle peut être source de plaisir, est une gageure. J’échange régulièrement à ce sujet avec ma collègue professeure documentaliste, Marine Boulogne, qui a toujours des pistes très intéressantes à soumettre grâce au travail de veille qu’elle mène. Je suis en outre attentive à varier mes pratiques et à proposer à mes élèves autant que faire se peut, des activités différentes afin de maintenir/susciter leur intérêt. Ma collègue m’a donc fait part de la pratique de l’arpentage qui m’a immédiatement séduite par sa modalité fort singulière mais aussi en raison de tous les intérêts qu’elle présente. Je précise qu’il ne s’agit pas de systématiser cette pratique avec les élèves dès lors qu’il est demandé de lire un ouvrage mais de la proposer une ou deux fois dans l’année.
L'"activité étonnante", c'est évidemment ce qui fait le professeur innovant et intéresse les médias...
Mais qui n'a rien à voir avec la "lecture d’œuvres intégrales en autonomie"...Il importe en effet que les élèves se confrontent au maximum à la lecture d’œuvres intégrales en autonomie. Il s’agit juste de proposer une modalité de lecture différente qui s’avère féconde.
Mais pas une œuvre littéraire : quant à savoir si ce "partage" nécessite de déchirer une œuvre. Quand les mots n'ont plus de sens...Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est « l’arpentage » ?
L’arpentage, pratique qui vient de l’Education populaire, consiste à se partager la lecture d’une œuvre afin de se forger une culture commune. Il s’agit de déchirer un livre en plusieurs parties correspondant au nombre de lecteurs.
Une œuvre longue et difficile ? Alice au pays des merveilles faisait partie de la liste de référence des ouvrages de littérature de primaire en 2013....Vous avez mis en œuvre cette modalité de lecture en 5ème autour d’Alice au pays des merveilles : comment une telle séance se déroule-t-elle ?
cache.media.eduscol.education.fr/file/Li...LE_3_2013_238809.pdf
Le découpage ne respecte donc pas le nombre de chapitres (12) voulus par l'auteur : la dé-composition de l’œuvre atteint ici le comble du nonsense carrollien.Afin de préparer la venue du spectacle Alice Wonderooms joué par la compagnie Laurence Andreini, et en prolongement d’une séquence dédiée au conte merveilleux en classe de 5ème, les élèves sont invités à découvrir ou redécouvrir Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Cette séance d’une heure est réalisée en classe de français avec le concours de la professeure documentaliste, Marine Boulogne.
L’ouvrage est déchiré en 30 parties égales correspondant aux 30 élèves.
Cette approche catalogue, applicable à n'importe quel texte, semble tout ce qu'il y a de plus superficiel et de plus pauvre pour parler de l’œuvre merveilleusement riche de Lewis Carroll.Une fois la distribution effectuée, chaque élève est invité, pendant ¼ d’heure - 20 minutes, à lire silencieusement les deux ou trois pages données. Pendant ce temps je note trois mots au tableau : personnages, lieux, thèmes.
La phase de lecture silencieuse achevée, je précise à quelles questions il faudra répondre pour que je puisse compléter le tableau : qui sont les personnages en présence ? Où l’intrigue se déroule-t-elle ? Que s’y passe-t-il ? Quels sont les thèmes abordés ?
Car il s'agit bien de "s'attendre" à une histoire... qu'on ne lira pas !J’attends à chaque fois qu’au moins un indice soit prélevé dans le texte pour justifier la réponse avancée. Les élèves volontaires donnent les premiers éléments de réponse. Certains réagissent aux propositions de leurs camarades, les modèrent, confortent l’idée avancée en donnant un exemple tiré de ce qu’ils ont lu. J’invite les élèves qui n’ont pas pris la parole à me préciser les personnages en présence dans leur extrait ou ceux dont il est question, le lieu dans lequel se déroule la scène qu’ils ont lue, quels thèmes se dégagent du passage dévolu. Pendant que j’anime l’échange, ma collègue note les réponses au tableau et les organise.
Les 10 dernières minutes sont dédiées au bilan. Les élèves doivent répondre aux questions suivantes : à quel type d’histoire s’attendre ?
Même pauvreté de l'approche...A quel genre littéraire pensez-vous qu’elle appartient ? Cette histoire est-elle drôle ou triste ?
Et oublions le livre...La séance se termine avec une analyse du titre du spectacle, Alice Wonderooms. Il s’agira pour les élèves de faire du lien avec l’œuvre de Lewis Carroll et d’émettre des hypothèses quant au spectacle à venir : mise en scène (un spectacle itinérant de salle en salle), les épisodes qui selon eux sont emblématiques et seront présentés. Cela ménage un horizon d’attente et suscite de l’intérêt pour le spectacle à venir.
Une activité d'un degré d'exigence supérieure, profitable... quand on a lu le livre.Après la représentation théâtrale, une comparaison entre le texte de la représentation et le livre est faite afin de faire émerger la notion d’adaptation et la définir.
Comme souvent en pédagogie, la profusion des activités masque la pauvreté de leur approfondissement.
Il s'agit donc de renoncer à cet effort : on comprend pourquoi "l'activité"' est "bien reçue"...Quels vous semblent les intérêts d’une telle pratique ?
Cette activité a été globalement bien reçue par les élèves car elle a l’avantage, en un temps restreint (et nous savons combien l’intérêt de nos apprenants s’émousse rapidement), de proposer une lecture d’œuvre intégrale. Or nous savons bien que l’« effort » que demande la lecture d’un ouvrage en autonomie n’est consenti que par un nombre restreint d’élèves.
On notera que cette activité constitue une perte de temps en classe, la lecture se faisant non à la maison mais sur le temps de "cours" (lors même que l'arpentage, si l'on y tient vraiment, pourrait se faire à la maison : mais il semble que même pour une lecture "fragmentaire" l'autonomie ne soit plus possible non plus).
Seule consolation : on part bien du constat de la difficulté à faire lire, quand nombre de pédagogues innovants continuent de soutenir que les élèves n'ont jamais autant lu qu'aujourd'hui
Enfin de ce qu'ils avaient lu (et difficilement compris puisqu'une œuvre fait un tout et suit un ordre) ou de ce qu'ils en avaient entendu dire par d'autres...L’arpentage a en outre permis de rendre plus fécond l’échange qui a suivi la représentation, et a rendu plus efficiente la séance dédiée à la confrontation de l’œuvre de Lewis Carroll et de l’adaptation proposée par la compagnie Laurence Andreini : tous avaient connaissance du texte de référence.
Ce qui n'est pas le cas d'Alice au pays des merveilles...Il s’agit, par cette pratique, de dédramatiser la lecture, voire de susciter l’envie de lire. En effet, se partager la lecture d’un livre a le mérite de ne pas bloquer des élèves non lecteurs devant des ouvrages conséquents.
Quant à donner envie de lire, il y a mille façons de le faire facilement quand on est professeur et qu'on aime lire.
La lecture d'une adaptation en manga par quelques-uns tient lieu de réussite. Quant aux autres, "l'envie de lire"...Par ailleurs, à l’issue de la séance, certains élèves ont eu envie de lire l’intégralité du texte et ont emprunté Alice au pays des merveilles ou son adaptation en manga proposés par ma collègue professeure documentaliste, Marine Boulogne.
De faire semblant de faire lire des œuvres intégrales.L’arpentage permet en outre de co-construire du savoir, s’approprier un contenu en un temps restreint.
Le temps serait moins moins restreint si les élèves lisaient chez eux, dans les conditions et au rythme qu'ils souhaitent...
Il existe des séries dans tous les collèges de France et, pour encourager la lecture, il faut aussi que les élèves acquièrent des œuvres. Mais faire aimer l'objet-livre en le déchirant...Il n’est en effet plus question d’attendre, lorsque seulement quelques ouvrages peuvent être fournis par l’établissement, que tous les élèves aient lu l’ouvrage et se le soient prêté.
Pour le reste ("plus question d’attendre"), il suffit d'anticiper sa progression pédagogique...
Tous en même temps dans la classe ? Beaucoup moins qu'en autonomie à la maison !Cette méthode permet de pallier des rythmes de lecture différents.
Pourvu du moins que le livre déchiré n'appartienne à personne... Quelle misère que les établissements aient les moyens de fournir des tablettes mais pas des livres aux élèves...L’arpentage permet également de proposer la découverte d’un plus grand nombre d’ouvrages sans impacter financièrement les familles ou l’établissement avec l’achat d’un ou plusieurs livres.
"un plus grand nombre d'ouvrages" certes, mais "lus" de façon factice. Il n'est nulle part celui est partout.
Curieuse façon de stigmatiser les élèves et de réduire la lecture des plus en difficulté à trois fois rien... Encore une fois, la personnalisation se présente comme un renoncement.Cette méthode se prête enfin à la pratique de la différenciation. Il est possible en effet d’ajuster le nombre de pages à lire en fonction du niveau de lecture de l’élève.
Déchirer un livre pour une lecture cursive ?Par-delà cette expérience autour d’Alice au pays des merveilles, quels autres usages de l’arpentage vous semblent possibles ?
L’enseignant pourra recourir à l’arpentage dans le cadre de la lecture cursive, notamment lorsqu’une œuvre est longue ou complexe, ou pour préparer une sortie au théâtre ou au cinéma. Il s’agira, lorsqu’il est question d’une adaptation, de découvrir ou redécouvrir l’œuvre originale afin de permettre aux élèves de mesurer et interroger, à l’issue de la projection ou de la représentation, les écarts et les invariants.
C'est une bonne idée...Il est possible de varier la mise en œuvre : on peut demander à chaque lecteur de présenter/résumer ce qu’il a lu. Interroger les participants dans l’ordre du texte s’avère plus aisé pour faire émerger rapidement le sens du texte...
On en conclut - sans surprise et avec consternation - que l'émergence du sens ne peut avoir lieu pour chaque lecteur au moment de sa lecture fragmentaire.
Sur une œuvre qu'ils n'ont pas lue, donc.... le système des personnages, les thèmes en présence. Pour pimenter l’exercice, il est possible d’interroger les lecteurs dans le désordre et de leur demander ensuite de reconstituer l’histoire. En fonction de ce que le texte fera émerger, il est possible de clore la séance par un débat.
C'était le sens premier revendiqué de "l'arpentage" : des adultes et des ouvrages techniques ou philosophiques, non des enfants avec de la littérature...Précisons qu’en fonction de la longueur et complexité du texte ainsi que du nombre de participants, il conviendra de prévoir une séance plus longue.
Cette pratique de lecture semble également intéressante à partager entre collègues pour découvrir un ouvrage didactique ou théorique, mettre à jour les idées exprimées, en faire une analyse critique, échanger, en tirer des ressources exploitables, comme l’ont testé des collègues professeurs documentalistes de l’académie de Poitiers.
La transgression déclenche toujours l'intérêt, même quand elle est idiote. En les brûlant, on aiguiserait aussi l'intérêt...Que répondez-vous à celles et ceux qui objecteront qu’il est sacrilège de déchirer ainsi les livres ?
Je ne pratique l’arpentage en classe qu’avec des livres désherbés (ne faisant plus partie du fonds du CDI) ou d’ouvrages à moins de 3 euros. Un livre déchiré peut, par ailleurs, être réutilisé, notamment lorsque l’on a plusieurs classes d’un même niveau. Précisons que dans ce cas, seule la première assiste à l’arrachage des pages du livre, ce qui, avouons-le, surprend beaucoup et aiguise forcément l’intérêt.
Drôle de justification : déchirer un livre pour ne pas le photocopiller...Pratiquer l’arpentage se révèle enfin moins coûteux que proposer des photocopies de l’ouvrage, ce qui pose par ailleurs la question des droits d’auteur.
Une distinction assez jésuitique, et d'ailleurs non recevable puisque le découpage ne respecte pas la composition de l’œuvre...Seules les pages sont déchirées : il n’est en aucune façon question de toucher au texte.
Une curieuse "appropriation" (=faire sien) sans lecture.Cette modalité de lecture permet à chaque lecteur d’approcher le style d’un auteur et l’histoire qu’il raconte. En écoutant ses pairs et en faisant des liens se dessine le sens de l’œuvre. L’élève en étant acteur d’une construction collective s’appropriera plus aisément le contenu et l’enjeu du livre.
Il est donc logique de liquider le contenant.Sans vouloir dénigrer l’objet livre que je chéris comme tous les professeurs de Lettres, force est de constater que c’est souvent davantage pour le contenu que pour le contenant que nous choisissons un ouvrage pour nos élèves.
Le "sans vouloir dénigrer" apparaît ici comme une belle clause de style.
Cette "fin" ressemble bien à une fin de la lecture, encouragée désormais par l'institution scolaire, avec comme soubassement l'idée fondamentale que les élèves ne seraient pas capables de lire.Il n’est donc pas question de sacrifice sacrilège. Réconcilier les jeunes avec la lecture, leur faire acquérir une culture sont de véritables enjeux et me semblent ne pas devoir avoir de prix. La fin justifie donc les moyens !
En résumé l'acte de déchirer n'est qu'un comble de l'absurdité dans la démarche pédagogique qui consiste à prétendre 1. faire "lire une œuvre intégrale" (chaque élève n'a lu qu'une petite fraction) en faisant lire en classe (des heures de cours perdues) des extraits arbitrairement découpés (et donc incompréhensibles) d'une œuvre littéraire (dont la composition suit un ordonnancement précis) puis à procéder à une mise en commun (comme si la restitution élémentaire d'une lecture pouvait valoir "lecture effective", ce qui est encore plus absurde s'agissant non d'un ouvrage didactique mais littéraire).
Avec "l'arpentage", la déconstruction scolaire franchit encore une étape. Il n'y a plus qu'à "arpenter" Fahrenheit 451.
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Et cette défense étonnante :
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En effet : www.pedagogie.ac-nantes.fr/medias/fichie...p-_1571654132421-pdf
Le plus sidérant n'est pas que l'arpentage (sans être nommé) soit encouragé par l'institution, mais que - plus généralement - la question suivante puisse être posée : "« Lecture d’une œuvre intégrale » est-il à entendre comme « lecture intégrale de l’œuvre par chacun » ?" A cette question, le document académique semble répondre que non, tout en citant l'arpentage comme moyen d'entrer dans la lecture alors qu'il peut - selon les propres mots tenir lieu de lecture intégrale en classe.
A noter que "le questionnaire de lecture avec questions/réponses ne permet pas d’évaluer une appropriation réelle de l’œuvre par l’élève"...
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- Loys
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8/03/21 : www.afef.org/quoi-ca-sert-de-lire-ca-ou-...-oeuvres-litteraires
Dans le prolongement des théories de la réception des textes, du « sujet lecteur » mais aussi de certaines pratiques comme la « lecture méthodique » ou encore les « parcours de lecture », on s’interrogera sur ce que permet « l’arpentage » des textes, « les lectures actualisantes » (…) pour aider les élèves à entrer dans des œuvres qui sortent de leurs pratiques sociales et à y éprouver le plaisir de la lecture…
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Le 19/03/21 : "Déchirer le livre pour mieux le partager : la « lecture en arpentage »" par Valérie Jouhaud
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- Loys
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Vous lancez le travail par une sorte d’ « arpentage » du chapitre 1 : en quoi consiste l’activité ? quel intérêt à un tel découpage ?
Nous avons en effet fait le choix de confier une partie du texte à chaque groupe d’élèves plutôt que de les faire travailler sur le chapitre complet. Plusieurs raisons ont conditionné ce choix.
Dans un premier temps, il s’agissait, pour nous, d’accrocher nos lecteurs en leur confiant une mission : trouver tous les indices qui aident à une meilleure compréhension de leur texte. Pour cela, nous leur avons proposé des activités assez attractives, comme l’activité “post-it” qui a pour but d’affiner leur compréhension. Les élèves se prennent vite au jeu car cela n’est pas très difficile au départ : il s’agit de créer un “post-it” pour chaque personnage rencontré dans leur passage. Cependant, tout se complexifie quand il leur faut se mettre d’accord sur les liens que les personnages entretiennent entre eux. Alors, l’activité prend tout son sens et les élèves travaillent leur compréhension : ils doivent convaincre leurs camarades, en relisant certains passages, ou chercher ensemble quand ils ne parviennent pas à bien identifier le personnage. La mère Victoire a d’ailleurs suscité de nombreux débats au sein des groupes.
De plus, le fait de découper le texte nous permettait d’insister sur certains aspects de l’histoire : l’attente impatiente de Roubaud, le passé de Séverine, la colère montante du mari jaloux… Grâce à l’activité que nous avons appelée le “wagon-enquête”, les élèves devaient faire le lien entre leur texte, l’histoire qui avait précédé leur passage et les hypothèses qu’ils pouvaient dresser sur la suite (ou le relevé d’indices posé par l’auteur, pour les élèves qui avaient déjà avancé dans leur lecture).
Enfin, le dispositif nous a permis de préparer les élèves à la deuxième étape de notre séquence puisque le scénario pédagogique suivant leur proposait de prendre en charge l’analyse d’un chapitre complet au sein du projet collaboratif de l’analyse de l’œuvre par les quatre classes engagées.
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- Loys
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L’arpentage serait-il particulièrement pertinent pour explorer en classe la littérature d’idées ? Pour rappel, le dispositif, apparu dans la culture ouvrière dès la fin du 19ème siècle et développé par l’éducation populaire, consiste à découper un ouvrage en plusieurs parties et à répartir la lecture pour amener ensuite les lecteur·ices à partager leur appropriation de l’œuvre. Professeure de français à Pithiviers, Marie-Clayde Pignol a déployé une telle activité en 1ère STI2D autour de la « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » d’Olympe de Gouges.
Explications : « J’ai découpé le texte en une douzaine de morceaux (en essayant d’avoir à chaque fois un ensemble cohérent). Chaque équipe est responsable d’un morceau tiré au hasard. Dans Moodle, j’ai créé un document collaboratif avec le titre de chaque morceau. Les équipes ont des consignes en 4 étapes : lire et caractériser son morceau, rédiger une présentation rapide, lire un autre morceau, lire la présentation faite par l’équipe qui l’a présenté et ajouter, si besoin, un commentaire. Ensuite, en fin d’heure, je récupère le document collaboratif, je le télécharge au format traitement de texte, je corrige les éventuelles petites erreurs. A l’heure suivante, on met en commun les impressions des élèves pour caractériser le texte, puis chacun·e lit l’ensemble produit. Je réponds aux questions s’il y en a, j’apporte les précisions qui me paraissent utiles. Au fil de l’échange, chacun·e ajoute les remarques marginales qui lui paraissent utiles et, en deux heures, on aura à peu près fait le tour de ce qui peut poser problème dans le texte. »
Bilan : « J’adore ! Cela fait gagner un temps fou et cela permet aux élèves de faire quelque chose ensemble plutôt que chacun·e dans son coin. Et les débats sur le texte sont riches, très vite, sans interdire une lecture personnelle de l’œuvre, que les élèves réalisent volontiers ensuite. »
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