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Olivier Bouba-Olga - "Dis-moi, l’enseignant, que penses-tu de tes élèves?" (25/03/12)
- Loys
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M. Bouba-Olga, docteur ès Sciences Economiques, est professeur des Universités en Aménagement de l’Espace et Urbanisme à la Faculté de Sciences Economiques de l’Université de Poitiers et chargé d’enseignement à Sciences Po Paris (premier cycle ibéro-américain).
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A noter que M. Bouba-Olga a la chance, depuis 2006 et sur proposition d'une généreuse IP anonyme, d'avoir une page qui lui est consacrée sur Wikipédia , avec sa succincte bibliographie et le lien vers son blog.
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- Loys
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Le ton faussement naïf masque une accusation beaucoup plus violente.Dis-moi, l’enseignant, que penses-tu de tes élèves?
Mais pas dans le secondaire avec des élèves de seize ans.Comme un enseignant-chercheur est un enseignant...
Non, une dénonciation du web pour les élèves du secondaire dans le cadre de l'enseignement des lettres. Mon but est précisément qu'à terme les élèves profitent vraiment du numérique....comme j’utilise intensivement Internet dans mon activité professionnelle, j’ai suivi avec intérêt le débat initié par cet article intitulé « comment j’ai pourri le web ». L’auteur, un enseignant, explique comment il a piégé ses élèves en postant sur internet des documents qu’ils ont ensuite utilisé pour faire leurs devoirs. Il conclut par une dénonciation du web.
L'argumentation laisse pantois, en effet.Les réactions ont été nombreuses et convaincantes, je trouve.
Grâce à cette polémique, j’ai découvert, via @TotoroInParis sur Twitter, un article intéressant de Vinciane Despret visible ici. J’y ai découvert l’expérience intéressante de Robert Rosenthal relatée en introduction, résumée également sur Wikipédia à la rubrique « effet Pygmalion ».
Je ne résiste pas à l’envie de vous la faire partager. Que tous les profs la lisent. Y compris, et peut-être surtout, dans les Universités françaises…
Au milieu des années 1960, Robert Rosenthal, professeur de psychologie dans une université américaine, demande à ses étudiants de réaliser, dans le cadre de leurs travaux pratiques, une expérimentation portant sur les compétences d’apprentissage de rats. Ces rats, leur annonce-t-il, ne sont pas n’importe quels rats : d’une part, ils sont prêtés par une prestigieuse université, celle de Berkeley ; ils sont, d’autre part, le produit d’un long et minutieux processus de sélection basé sur leurs aptitudes au test du labyrinthe.
Quelques années auparavant, en effet, des scientifiques avaient conduit une recherche sur l’hérédité de l’intelligence : les rats les plus brillants aux tests avaient été soigneusement croisés entre eux, les plus médiocres également, et l’on avait évalué les performances de leurs descendants, au cours de plusieurs générations. Les résultats avaient montré une modification des courbes d’apprentissage au fur et à mesure que le temps passait, jusqu’à un effet de plateau. Cet effet stabilisé, plus personne n’avait continué à travailler avec ces rats, mais l’équipe de chercheurs avait veillé à garder quelques spécimens en continuant le processus de sélection, et ce, en vue d’une éventuelle recherche future. C’est à celle-ci que Rosenthal propose à ses étudiants de s’atteler : il s’agirait alors de remettre ces rats à l’épreuve du labyrinthe, et d’évaluer si les descendants de la lignée brillante peuvent montrer de bonnes performances, et si ceux issus de la souche médiocre le sont encore. Les étudiants sont répartis en groupes de deux et chaque équipe est ainsi invitée à évaluer les performances d’un rat dont ils connaissent, d’avance, l’origine. Le travail consiste donc à vérifier si les performances des rats sont en accord avec ce qu’on peut prédire en fonction de sa lignée originaire. Les prédictions s’avérèrent : les rats descendants de rats intelligents l’étaient encore, les autres présentèrent toutes les difficultés d’apprentissage que l’on pouvait attendre d’eux.
C’était justement là le problème : ces rats ont fait tout ce qu’on pouvait attendre d’eux. Car ces rats intelligents ou idiots n’étaient, ni les uns ni les autres, les descendants de lignées soigneusement sélectionnées pour leurs compétences ; ils n’avaient pas d’ancêtres prestigieux à Berkeley. C’étaient, selon les termes de Rosenthal, des rats « naïfs », achetés pour l’occasion à l’animalerie la plus proche.
Cet apologue non commenté laisse pantois également.
Que faut-il comprendre ? Sans doute que j'ai considéré mes élèves comme des "rats idiots" qui ne pouvaient qu'échouer. Alors qu'il ne fait aucun doute que M. Bouba-Olga est un enseignant vertueux qui considère ses étudiants comme des "rats intelligents".
A la vérité, j'ai du mal à voir des rats dans les futurs adultes que sont mes élèves et le rapprochement avec mon expérience est de toute façon infondé puisque j'ai donné l'exercice en début d'année à mes élèves sans les considérer d'aucune façon : ils ont agi librement, indépendamment de mon regard.
Avec cette expérience amusante j'ai démontré en début d'année à mes élèves - par l'absurde - qu'ils ne doivent sous aucun prétexte renoncer à leur réflexion propre : c'est donc qu'à l'évidence je les prends pour des "rats idiots" et que je veux qu'ils le restent.
Retournons la question à M. Bouba-Olga, pour qui le copier-coller sur des sites de corrigés n'est pas grave ]Dis-moi, l’enseignant, que penses-tu de tes élèves ?[/quote]
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