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Jean-Noël Lafargue - "Le prof taquin" (25/03/12)
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Jean-Noël Lafargue est enseignant à l'école d'art et de design du Havre, enseignant à l'école d'art de Rennes, ancien enseignant à l'école d'art et de design d'Amiens, enseignant à l'Université Paris 8. Réalisateur multimédia et blogueur. Créateur du site Scientists of America. Auteur de Processing : Le code informatique comme outil de création ou Entre la plèbe et l'élite
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Commentons un peu.
L'auteur a l'honnêteté de se présenter, même s'il ne dit pas ce qu'il enseigne. Je note avec malice que la "foule de blogueurs — wikipédiens, pédagogues, spécialistes de la culture numérique" comprend fort peu de professeurs de lettres ou à même de comprendre ce qu'est un commentaire de texte.Une foule de blogueurs — wikipédiens, pédagogues, spécialistes de la culture numérique, etc. — a réagi à « l’affaire Loys Bonod » avec pertinence. Je n’avais sans doute rien d’inédit à dire sur le sujet, mais tant pis, je le fais tout de même car je me sens trop proche de ces questions, à la fois en tant que contributeur à Wikipédia, en tant qu’auteur de canulars, en tant qu’enseignant, en tant que père et, aussi, parce que j’ai plusieurs fois parlé ici-même du plagiat et de la génération des « digital natives »)
Le résumé de l'expérience est d'emblée fautif : la fausse information (car il n'y en a qu'une) sur Wikipédia ne constitue qu'une partie très secondaire de l'expérience. Sur Oodoc et Oboulo il ne s'agit pas de fausses informations pour "documenter la vie et l’œuvre" mais purement et simplement d'un faux corrigé.Un professeur de français à Paris a piégé ses lycéens en leur demandant de de disserter sur un poème composé par un obscur auteur du XVIIe siècle, Charles de Vion d’Alibray, dont le pédant farceur1 s’était amusé à documenter la vie et l’œuvre de manière fallacieuse sur Wikipédia et sur des sites de vente de corrigés scolaires afin de vérifier que ses cancres tiraient servilement leurs informations de ces plate-formes, ainsi qu’il en était convaincu d’avance.
Ne pas lire en diagonale permet d'éviter entre autres des erreurs comme celle que je viens de le souligner, surtout quand on veut rédiger un article critique...Il s’est fait le plaisir de raconter ensuite son aventure dans un article intitulé Comment j’ai pourri le web : petite expérience sur l’usage du numérique en lettres2. Plusieurs personnes m’ont envoyé le lien vers cet article et vers d’autres qui s’y rapportaient, articles que j’ai lus en diagonale
L'enseignement ne se limite pas à la "connaissance"... Il s'agit, dans ce type d'exercice, de lire un texte, de le comprendre, de l'interpréter et de mettre en forme sa pensée. Autant de choses qui n'ont pas grand chose à voir avec la "connaissance". Au moins l'auteur ne me reproche pas le principe du "canular".Je ne suis pas contre le principe, ou plutôt je trouve bien de chercher des moyens pour faire comprendre aux lycéens que le réseau Internet n’est pas l’alpha et l’oméga de la connaissance, qu’il contient de nombreuses erreurs et qu’on peut même y en ajouter
L'implicite est ici celui que j'appelle de la triche perpétuelle. On a toujours triché après tout, qu'est-ce que ça change ? Ce n'est ni plus ni moins que du relativisme moral.Mais l’affaire a pris de l’ampleur, l’AFP lui a apporté une certaine publicité dans les médias traditionnels qui se sont fait plaisir à leur tour : ah, ces affreux lycéens d’aujourd’hui qui ne savent même plus écrire une ligne sur un sonnet baroque sans utiliser Google ! De notre temps, c’était pas comme ça, les sonnets baroques, à 16 ans, on y réfléchissait par nous-mêmes !
Eh bien à vrai dire, concernant précisément cet exercice, non on n'a pas toujours triché parce que c'était techniquement impossible. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai pas surveillé mes devoirs en classe la première année. Aucun Profil ne donne le corrigé d'un commentaire. Un Annabac, à la rigueur, pour les textes tombés aux épreuves des années précédentes.Et si ce corrigé existe, encore faut-il se rendre dans une bibliothèque et le trouver. A l'intention de ceux qui veulent me prouver le contraire, je serais curieux d'obtenir une référence bibliographique pour ce texte précisément...
Avec le web et sa bibliothèque exponentielle de résumés et corrigés gratuits ou payants, tout a changé bien sûr : la disponibilité comme la facilité. On ne s'étonne pas que la fraude scolaire devienne aujourd'hui industrielle puisque même des sites payants vivent ouvertement de ce commerce peu reluisant.
Un élève de seize ans n'est pas un professionnel du journalisme et ne porte pas le même regard critique sur les sources qu'il peut trouver. De plus toujours le même relativisme : si d'autres le font, pourquoi pas les élèves...Bien entendu, tout cela est un peu risible si on le met en perspective : comme leurs lecteurs, les journalistes de France-Soir, du Courrier Picard ou de L’Express n’ont, sauf exception, que peu d’intérêt pour la biographie de Charles de Vion d’Alibray, dont ils entendent parler pour la première et pour la dernière fois, et si l’un d’eux devait écrire à son sujet pour commenter une commémoration quelconque, il irait voir sur Wikipédia, comme tout le monde, et ne vérifierait pas forcément de manière très attentive s’il a oui on non existé une demoiselle de Beaunais dont la passion aurait consumé le poète, puisque un poète amoureux, ça n’étonne que les poètes.
Ou comment caricaturer le débat. Ce ne sont pas les jeunes qui étaient mieux avant, c'étaient les conditions d'enseignement...L’occasion de réfléchir à la place de la culture et de la pensée individuelle à l’école est involontairement dénoncée par la réaction de tous ces médias qui ne cherchaient au fond qu’une excuse pour trouver que les jeunes, c’était mieux avant4.
"il instaure" ? Inversion des rôles : le climat de défiance préexiste à mon expérience, il suffit de lire mon article. Les professeurs ont désormais pour fonction systématique de détecter la fraude : c'est un des grands progrès de la modernité.Je dois dire aussi que je trouve un peu inconséquent, de la part de l’enseignant, d’avoir joué un tel tour à ses élèves, car il les vexe et il instaure un climat de défiance
Pourquoi ne serais-je "plus là pour transmettre" ? Vous croyez que mes cours se sont arrêtés en début d'année avec ce stratagème ?le professeur est là pour tendre des pièges, il n’est plus là pour transmettre, pour tenter (et peu importe que ça ne réussisse pas) de donner le goût des sonnets baroques à des jeunes gens dont les poètes de référence s’appellent Abd Al Malik, Grand Corps Malade et Oxmo Puccino.
Quant aux trois références données (très "Télérama"), elles me semblent assez éloignées de nos élèves, en réalité...
L'arrosé qui devient arroseur a donc "un souci de domination" ?Je sais bien que ce n’était pas l’intention de départ du jeune enseignant, mais le message qu’il envoie n’est pas pédagogique, il semble avant tout motivé par un souci de domination et de revanche. Rire, c’est bien, mais si ceux dont on rit ne rient pas avec nous, c’est qu’on se moque, et si l’on se moque de cette manière, c’est que l’on se pose en juge et en adversaire.
Mais puisque mes élèves ont ri avec moi et m'ont même applaudi...
L'humiliation est bien peu de chose quand toute une classe est prise la main dans le sac. Et si certains élèves ont rougi, n'est-ce pas naturel puisqu'ils savaient qu'ils avaient quelque chose à se reprocher ?Mais une mauvaise note, pour un mauvais devoir, est une leçon bien plus compréhensible qu’une humiliation publique qui sanctionne brutalement le fait de ne pas s’être assez méfié de son professeur.
A vrai dire ce n'est pas démodé : c'est parfois utile pour l'introduction mais très souvent contre-productif quand la biographie n'apporte rien à la compréhension du texte et sert uniquement à remplir des copies.Comme ces lycéens n’ont pas lu le Contre Sainte-Beuve de Proust, ils ignorent que le fait de chercher le sens des œuvres dans la biographie de leurs auteurs est une méthode démodée.
Nous y voilà. C'est la culture en elle-même qui est le problème : c'est ce que j'appelle l'argument du nihilisme culturel. Le baroque est trop éloigné des élèves.Je suis triste de voir le nombre d’adultes qui frissonnent à présent d’horreur lorsqu’ils entendent les noms de Balzac, Stendhal, Rousseau, Flaubert, Chateaubriand ou autres écrivains dont on a réussi à les dégoûter pour toujours au lycée. J’ai même connu des gens à qui les noms d’auteurs pourtant très accessibles comme Maupassant ou même Zola donnaient des boutons, juste parce qu’on leur avait fait lire d’eux les œuvres les plus éloignées qui soient des préoccupations des adolescents. Le problème de la culture à l’école n’est pas nouveau.
Où l'on voit que la critique de mon expérience recèle une critique bourdieusienne de l'école, de la culture scolaire et de la culture en général beaucoup plus radicale.
Ce constat est juste. C'est le point essentiel de l'expérience.Que l’on puisse recopier un texte trouvé sur le net sans le comprendre, en revanche, est nouveau
Qu'est-ce que vous voulez que je dise à ça ?mais n’est sans doute pas le fond du problème, juste un symptôme du fossé qui se creuse entre les élèves et l’école — une école qui ne semble parfois destinée qu’à intéresser les enseignants pendant leurs premières années de carrière, et à trier, sélectionner, brimer des chimpanzés adolescents qui n’ont qu’une vraie question, savoir ce qu’ils fichent là, et qui sont en fait très ouverts à la réflexion personnelle et à la découverte d’idées, de disciplines ou d’univers esthétiques. Je ne dis pas que la question est facile à traiter, je n’ai pas de solutions, mais utiliser la culture « haute » pour humilier ne me semble pas très avisé — et peut-être un jour l’école saura-t-elle s’appuyer un peu plus, et sans démagogie, sur des littératures plus proches des élèves, comme une bonne série télévisée ou un chef d’œuvre du cinéma ou de la bande dessinée.
Il faut servir aux élèves la culture qui est la leur : mais précisément où est la transmission, là-dedans; puisqu'il en était question quelques lignes plus haut ?
Mon diagnostic est très différent : les conditions de l’enseignement du français, du primaire au lycée, se sont tellement dégradées depuis vingt ans, qu'il ne faut pas s'étonner de cette catastrophe à laquelle nous sommes en train d'assister.Ce n’est pas un secret que les collégiens et les lycéens français manquent cruellement de confiance en eux. On leur demande de « participer » mais s’ils le font, la moindre erreur est souvent un prétexte à humiliation de la part des enseignants, malgré toute leur bonne volonté et l’énergie qu’ils investissent dans leur métier — car je tiens à dire au passage que j’admire énormément les enseignants du secondaire (comme ceux du primaire d’ailleurs) et que c’est au système, à l’ambiance générale, très négative, que j’ai des reproches à faire. On demande aux enfants de penser par eux-mêmes, mais ce ne sont pas forcément ceux qui le font qui s’avèrent les plus adaptés à l’institution scolaire. Alors en ordonnant à ses élèves de penser par eux-mêmes (« pensez par vous-mêmes ! c’est un ordre ! ») tout en se posant en ennemi dont il faut craindre la fourberie, cet enseignant commet, malgré la pureté de ses intentions que je ne mets pas en cause, une grosse erreur. Et quand il dit que l’école sert à donner une autonomie de pensée et une culture personnelle aux lycéens, il s’illusionne. Cela pourrait être ça, cela eût pu être ça, mais ce ne sont pas les choix qui ont été faits.
La conclusion est bienveillante et équilibrée : je veux bien y souscrire, même si je pense que naître " avec un smartphone sous le pouce" ne donne pas de compétences numériques. Mais c'est un autre débatQuant à la conclusion, « On ne profite vraiment du numérique que quand on a formé son esprit sans lui », elle est un peu condescendante, mais je veux bien la prendre partiellement à mon compte : il me semble qu’une nouvelle technologie est appréhendée de manière différente par ceux qui ont assisté à son émergence et qui connaissent son histoire. Et le rôle de ceux qui disposent de cette distance critique est justement de la transmettre, sans trop surestimer la valeur de cette expérience et sans trop sous-estimer la lucidité du rapport aux technologies de ceux qui sont nés avec un smartphone sous le pouce.
Quel mot pédant ai-je employé dans mon article ?1. Pédant n’est pas forcément un terme péjoratif, il peut signifier « enseignant ».
Non car le "canular" s'appuie sur la spécificité du numérique, et du web en particulier, où toute parole est conçue comme bonne à prendre par les élèves.2. On notera les deux derniers mots : « numérique » et « lettres », qui font très Des chiffres et des lettres et rappellent une vieille opposition entre les « matheux » et les « littéraires ». Le mot « numérique » est une erreur, dans ce cas, car si le réseau et l’informatique sont des technologies qu’on appelle facilement « numériques », le canular s’appuie sur l’autorité et le confiance, pas sur les nombres.
Il faudrait relire Platon. Socrate dans La République discute les différents régimes politiques et leur dégénérescence, de l'aristocratie à la tyrannie. Il ne s'agit pas d'une considération sur l'époque contemporaine de Socrate ou de Platon, mais d'une réflexion politique générale sur la tyrannie. Socrate ne fustige pas la jeunesse en général, ni même la jeunesse de son époque, mais la jeunesse des sociétés qui se précipitent dans la tyrannie. Il n'y a ici aucun stéréotype de la jeunesse, d'autant que Socrate fustige la société toute entière : "les anciens, s'abaissant au niveau des jeunes, se gavent de bouffonneries et de plaisanteries, imitant les jeunes pour ne pas paraître désagréables et despotiques."4. Les jeunes sont de pire en pire, c’est bien connu : « Les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, méprisent l’autorité et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu’un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société, se hâtent à table d’engloutir des desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans », remarquait Socrate il y a 2500 ans.
Par ailleurs, à aucun moment dans mon article, je n'ai stigmatisé les jeunes ou la jeunesse d'aujourd'hui... C'est encore une fois caricaturer le débat.
Où dans mon article en ai-je parlé comme d'un "outil de punition", précisément ?5. Rien que le fait de parler des notes comme d’un outil de punition est révélateur d’une mentalité très négative et d’un refus de l’erreur comme outil de progression.
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- Loys
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«Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi»
Interview Informatique. Jean-Noël Lafargue, expert en technologies, analyse l’attitude de consommateurs passifs des 16-25 ans, moins bidouilleurs-hackers que leurs aînés :
Par ASTRID GIRARDEAU
On les croyait geek jusqu’au tréfonds de leur mémoire. On les tenait pour des surdoués du clavier. Première génération à avoir grandi avec le numérique, les digital natives (natifs numériques) seraient, dit-on, intuitivement à l’aise avec les nouvelles technologies (ordinateur, téléphone portable, Internet). Un mythe aujourd’hui relativisé par plusieurs études, dont celle réalisée récemment par la fondation Travail et Technologie de Namur (Belgique), qui rapporte que les pratiques des 16-25 ans sont dominées par la communication et la récréation. Un regard que partage Jean-Noël Lafargue, 42 ans, expert en technologies et maître de conférence depuis 1996, notamment à l’université Paris-8 et à l’école supérieure d’Arts du Havre. Selon lui, les jeunes seraient davantage des «digital naives».
La génération «digital natives» n’existerait pas ?
Ils existent. Mais selon moi, ils sont beaucoup moins compétents qu’on le croit.
Qu’est-ce qui est caractéristique de leur approche et leur usage du numérique ?
La facilité. Aux débuts de l’informatique, il y a trente ans, l’ordinateur servait presque uniquement à programmer, à fabriquer des choses. On inventait, découvrait, défrichait. Pour ma génération, l’ordinateur a été une conquête. On l’a vu arriver chez nous. Pour les étudiants d’aujourd’hui, ça existe depuis toujours. Ils baignent dedans, c’est leur univers et ils ne le remettent pas en question. La plupart ne sont pas intéressés par le fait d’utiliser l’ordinateur comme outil. Plus ça va, plus il devient un média. Moins on fabrique et plus on consomme. Et les jeunes sont essentiellement bons pour consommer et communiquer.
Ils seraient doués pour tchater ou envoyer des SMS mais pas plus à l’aise que leur grand-mère pour mettre en page un document ?
Oui. C’est une tendance qui m’étonne dans les écoles d’art et les universités. Il y a dix ou quinze ans, les étudiants arrivaient en ne connaissant rien. Ceux d’aujourd’hui ont un ordinateur, sont devant quatre heures par jour mais ils peuvent ne pas savoir comment ouvrir un fichier texte. Ou alors c’est quelque chose qu’ils ont appris à l’école, dont ils peuvent se rappeler vaguement, comme on peut se rappeler Jean-Jacques Rousseau. Dans les cours de techno, ils apprennent des choses, mais ça n’est jamais mis en perspective. Ils n’ont pas forcément conscience de l’histoire récente de l’informatique et d’Internet et que les choses n’ont pas toujours existé. Et ça ne les intéresse pas.
Les terminaux numériques seraient-ils en train de devenir une nouvelle forme de télévision ?
Oui. Une télévision où on est quand même actif, mais dont l’activité ne dépasse pas le cadre prévu. On est passé de l’ordinateur comme outil universel permettant de faire à peu près tout ce qu’on veut à un média interactif où on peut agir dans les limites imposées.
C’est-à-dire associé à des outils de plus en plus préréglés ?
Avec le développement du logiciel libre et du do-it-yourself (faites-le vous-mêmes), l’idée de prendre le pouvoir sur la machine existe. Mais la tendance de l’informatique ne va pas vers ça. Le grand public est de plus en plus un consommateur passif. La volonté de maîtriser la machine a disparu. On ne fait que l’utiliser ou être utilisé par elle. C’est une évolution sans doute normale. A une époque, toute personne qui avait une automobile se devait d’être un peu mécanicien alors qu’aujourd’hui on va chez le garagiste.
Est-ce la fin des bidouilleurs et des hackers ?
Tels qu’on les a connus, oui. D’ailleurs, les Etats-Unis sont très embêtés qu’il y ait de moins en moins de hackers, dont ils ont besoin pour leur armée. Grâce au logiciel libre, il n’y a jamais eu autant d’outils et on trouve de la documentation partout, mais je pense qu’en proportion le nombre de gens qui prennent en mains leur existence numérique, du côté de la création, d’objets et de logiciels, est en train de baisser.
Les jeunes se sentent-ils concernés par les questions autour d’Internet : loi Hadopi, filtrage, censure ?
J’ai l’impression que non. Ils se demandent s’ils peuvent avoir des problèmes en téléchargeant quelque chose, mais il faut être honnête, souvent ils ne savent pas si c’est illégal ou non. Et c’est normal, car on leur offre gratuitement en permanence des choses que par ailleurs on essaie de leur vendre. Pour eux, c’est très confus. On ne peut pas se plaindre qu’ils manquent de repères quand dans le même temps on les désoriente constamment, par exemple en disant qu’un téléphone portable high-tech vaut cinquante centimes et qu’une chanson de Lady Gaga qui passe en boucle dans les supermarchés vaut 0,99 euro. Sinon, ils ne sont pas ultrasensibles aux questions de censure. Quand on leur raconte comment ça se passe en Chine, ils ne se sentent pas vraiment concernés.
Comment cette génération «post-micro» va-t-elle faire évoluer le numérique ?
La question, c’est de savoir si cette génération va être en mesure de maîtriser le développement des technologies. Je crains que non. On est loin du mythe des fictions cyber-punk avec des gamins qui savaient programmer des satellites depuis leur montre à quartz. Ils ne sont pas plus armés que la génération d’avant, voire moins que les trentenaires ou quarantenaires intéressés par l’informatique.
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Loys écrit:
Quel mot pédant ai-je employé dans mon article ?1. Pédant n’est pas forcément un terme péjoratif, il peut signifier « enseignant ».
Aucun. Dans cette note, l'auteur se justifie de vous avoir désigné comme pédant, s'abritant derrière le sens "d'enseignant" qu'avait le mot encore chez La Fontaine, sens que ses fables ont sans doute définitivement périmé. "Pédant farceur" pourrait sonner aussi comme le titre d'une comédie de Molière. La Fontaine, Molière, auteurs du XVIIe siècle comme Vion d'Albray, sans doute faut-il voir dans ce "pédant" un vrai coup de pied de l'âne, et dans cette note le clin d'oeil excusatoire d'un demi-habile.
Loys écrit: A lire cette interview intéressante d'un certain Jean-Noël Lafargue dans "Libération" en 2010. Est-ce le même homme ? Lisez surtout la conclusion !
Ils ne sont pas plus armés que la génération d’avant, voire moins que les trentenaires ou quarantenaires intéressés par l’informatique.
On peut dire "quarantenaire" dans ce sens-là ? Et pour les vioques de cinquante ans, on peut dire "cinquantenaire" ?
A.
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- Loys
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Et moi je dois confesser mon inculture sur ce point car je n'avais jamais réfléchi à l'étymologie pourtant évidente de ce terme. J'aurais appris quelque chose aujourd'hui.archeboc écrit: Dans cette note, l'auteur se justifie de vous avoir désigné comme pédant, s'abritant derrière le sens "d'enseignant" qu'avait le mot encore chez La Fontaine, sens que ses fables ont sans doute définitivement périmé. "Pédant farceur" pourrait sonner aussi comme le titre d'une comédie de Molière. La Fontaine, Molière, auteurs du XVIIe siècle comme Vion d'Albray, sans doute faut-il voir dans ce "pédant" un vrai coup de pied de l'âne, et dans cette note le clin d'oeil excusatoire d'un demi-habile.
Je l'avais manquée, celle-là et pourtant elle est belle. Merci archeboc !archeboc écrit: On peut dire "quarantenaire" dans ce sens-là ? Et pour les vioques de cinquante ans, on peut dire "cinquantenaire" ?
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