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"Les règles de la panique morale technologique" (Xavier de la Porte)
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Avec l'expression "panique morale", tout critique du numérique est réduite à l'irrationnel.Les règles de la panique morale technologique
Facebook est une "technologie" ?"Quiconque s'intéresse à l'actualité le sait, commence Thompson, il y a souvent un effet collatéral aux nouvelles technologies : la panique morale. Facebook engendre le narcissisme ! Ecrire des textos nous rend analphabètes.
C'est que les autres technologies n'engendrent pas le narcissisme ou l'illettrisme. Pour ma part, l'illettrisme est surtout dû à une catastrophe scolaire, les nouvelles pédagogies, au secours desquelles le numérique se porte bruyamment.Ce qui est drôle, c'est que d'autres technologies ne provoquent rien de cet ordre.
Parce qu'il n'a pas les mêmes conséquences.Prenez Square, par exemple, qui permet à chacun de payer par carte de crédit... Il est en train de devenir un outil mainstream, bouleverse le fonctionnement du petit commerce et la manière dont des amis partagent une addition dans un bar, mais ne provoque pas grand discours. Quelle différence ?
Pourquoi toutes les technologies seraient-elle identiques dans leurs conséquences ? Quelle curieuse idée...Pourquoi certaines technologies nous font-elles peur et pourquoi d'autres provoquent-elles l'indifférence ?
Si elle travaille chez Dell, son indépendance scientifique à l'égard des nouvelles technologies est garantie.Genevieve Bell (Wikipédia) pense avoir la réponse. Elle est directrice de recherche chez Intel et étudie depuis longtemps la manière dont les gens intègrent les nouvelles technologies dans leur vie quotidienne.
Le sens de "panique" est-il bien compris ? Car vu le nombre exponentiel de membres de réseaux sociaux ou de SMS envoyés, la panique ne semble pas toucher une majorité de personnes.Dans un entretien donné en 2011 au blog techno du Wall Street Journal, elle a proposé une théorie intéressante. Pour provoquer une panique morale, une technologie doit obéir à trois règles.
1. Elle doit changer notre rapport au temps.
2. Elle doit changer notre rapport à l'espace.
3. Elle doit changer notre relation aux autres.
Prises une à une, ces transformations peuvent être inquiétantes, mais si les trois sont réunies, c'est la panique !
En fait la "panique" concernerait une intolérable petite minorité critique.
C'est vrai ou pas ? Parce que moi aussi j'entends ce dernier argument à longueur de temps pour me convaincre de changer l'école..."Combien de fois avons-nous entendu dire que c'était la fin de petite ville américaine, que c'était la fin de la famille, que la jeunesse d'aujourd'hui avait changé ?" demande Bell.
Et qui entendons-nous ainsi parler ? Tout le monde ou un cercle médiatique restreint ?
J'adore ces articles visionnaires qui font se rencontrer des listings psychologisants et des considérations millénaires sur l'humanité.Le cycle est très long. Et il a sans doute débuté il y a environ 2 500 ans...
Socrate a tellement paniqué qu'il a bu la cigüe.......quand le monde de l'écrit a commencé à décrocher la connaissance de l'espace et du temps et a offert d'autres possibilités pour les gens de s'adresser les uns aux autres. Cela satisfaisait aux trois règles précédemment citées et paniqua donc Socrate, qui s'inquiéta de ce que l'écrit allait détruire la mémoire et l'art de l'argumentation.
On croirait lire du Michel Serres.
Souvenez-vous des mouvements de panique au moment de cette invention.Mais Socrate n'avait rien vu. Car les 100 années qui viennent de s'écouler ont été un flux presque continu d'innovations et de moments de panique. Prenez le téléphone, qui nous a soudain permis de joindre presque tout le monde, partout, à n'importe quel moment.
Des références ?Comme une annonce aux peurs déclenchées par les médias sociaux d'aujourd'hui, des experts ont prédit à l'époque que le téléphone tuerait la communication en face à face.
Je note qu'on parle encore des "experts". Je note également le parallélisme systématique entre les technologies, comme si elles étaient toutes les mêmes.
Quelle théorie intéressante...Mark Twain se moquait de la prétendue frivolité des conversations téléphoniques entre femmes (à propos des femmes, précise Thompson , Genevieve Bell explique qu'on peut-être sûr qu'une panique morale va se déclencher quand les critiques commencent à s'inquiéter de l'impact d'une technologie sur les femmes et la fragile jeunesse).
Se moquer de la frivolité d'une conversation, c'est donc éprouver une panique morale. Comme Socrate, Mark Twain a paniqué. Heureusement que Genevieve Bell, salariée par Dell, est là pour lutter contre ces sexistes rétrogrades.
La télécopie existe encore ?Mais les technologies qui n'affectaient pas ces trois choses n'ont guère déclenché de protestation. Le fax par exemple. Il a affecté l'espace et le temps, mais pas les relations sociales.
Sans rire ?Cela dit, ajoute Thompson, cela ne revient pas à dire que les paniques sont toujours injustifiées.
On peut remplacer "panique" par "critique"...
S'il n'y avait que ça...Des réseaux sociaux centralisés sont un vrai problème en termes de vie privée ; la cyberprédation, même rare, existe.
Pour Clive Thompson l'âge d'or est à venir puisque aucune technologie n'est mauvaise en soi.Mais le vrai problème de ceux qui répandent la panique est leur conviction que toute ère technologique révolue était l'âge d'or de la civilité et de la contemplation. Or, c'est faux.
Je n'ai jamais entendu une chose pareille.Et de façon très marrante, beaucoup aujourd'hui chantent les louanges d'outils qu'ils dénonçaient naguère - comme cette plainte contemporaine que l'internet tue cette interaction tellement pleine d'émotion qu'était le coup de téléphone.
Les "lois de Bell", rien que ça.Voici la part utile de tout ça : on peut se servir des lois de Bell pour déduire quels outils vont provoquer l'angoisse.
Traduire : ils seront critiqués, et tant mieux d'ailleurs.Par exemple, dit Thompson, je fais l'hypothèse que la géolocalisation, la lecture sociale et l'Internet des objets - des objets qui vont interagir avec nous et entre eux -, provoqueront tous des effets de panique. Ils affectent notre rapport au temps, à l'espace et à autrui.
Cassandre pouvait prédire l'avenir mais n'était jamais écoutée...Ils arrivent même à me stresser un peu, quand j'imagine comment gouvernement et entreprise pourraient en abuser. Mais je me calme en étant convaincu que, comme toutes les Cassandre du passé, j'ai tort de paniquer.
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La référence aux 3 rapports n'est pas une mauvaise (soyons gentils) interprétation de Sloterdijk ?
Un jour je le lirais et serait moins con.
Par contre j'ai l'habitude de vous lire à droite et à gauche Loys (j'ai une controverse sentimentale avec ma copine sur les nouvelles technologies) et j'avoue être assez mitigé. J'aime bien votre critique des nouvelles technologies à l'école (même si elle est parfois trop partisane) mais je ne vois pas ce vous mettez derrière (autre que votre expérience d’enseignant ce qui est surement suffisant). Pouvez vous m'éclairer ?
Personnellement je les rattache à la bête solution technique à un problème qui n'en est pas un ( type OGM contre la faim dans le monde) ou parfois je trouve qu'elles sont un outils de contrôle/pouvoir (mais pas évident de voir à ce moment là qui contrôle et qui est contrôlé) enfin il se peut aussi que je cède à la panique !
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- Loys
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Pas de hidden agenda, je vous rassure. Même pas de nostalgie d'un âge d'or, avant le numérique ou quoi que ce soit de ce genre.defuneste écrit: J'aime bien votre critique des nouvelles technologies à l'école (même si elle est parfois trop partisane) mais je ne vois pas ce vous mettez derrière (autre que votre expérience d’enseignant ce qui est surement suffisant). Pouvez vous m'éclairer ?
Personnellement je les rattache à la bête solution technique à un problème qui n'en est pas un (type OGM contre la faim dans le monde) ou parfois je trouve qu'elles sont un outils de contrôle/pouvoir (mais pas évident de voir à ce moment là qui contrôle et qui est contrôlé) enfin il se peut aussi que je cède à la panique !
Si c'était seulement une bête solution technique à un problème qui ne peut être résolu par la technique, ce serait sans conséquence. Mais quand cette solution est imposée de plus en plus, au détriment d'autres solutions, et qu'en plus elle contribue à aggraver le problème dont elle est supposée être la solution, je me permets de donner mon avis, qui n'engage que moi.
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Sans tomber dans la paranoïa nous avons tous plus ou moins un agenda secret , ou du moins un contexte qui motive un engagement et surement des valeurs.
Pour la réponse technique c'est surement vrai qu elle pose plus de question qu elle ne répond à la question ou problème initial.
Enfin pour donner son point de vue, vous n’êtes pas sans savoir que l on est depuis belle lurette dans une société de négociation ou intéraction et le poids de ceux qui donnent leur avis est bien plus conséquent qu il y a 50 ans (peut être heureusement) du coup votre avis n engage plus jamais uniquement que vous.
Je continuerais à vous lire avec plaisir !
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