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"L’illectronisme, nouvelle grande cause nationale?" (Slate)
- Loys
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Un chapeau grandiloquent, qui oppose l’illettrisme et ce fameux néologisme qu'est l'illectronisme, car bien sûr, il n'y aurait pas de rapport entre ces deux éléments. On prend ses grands chevaux pour un conditionnel. Nous ne sommes pas sûr des dégâts, mais nous sommes confiants sur la progression de la réparation.Alors que l’illettrisme a été déclaré Grande cause nationale 2013, son avatar numérique, l’illectronisme, toucherait 15% de la population. Mais progrès technologiques et plans d'action aidant, les spécialistes sont plutôt optimistes sur sa diminution progressive.
Très encourageant !
On commence tout de suite par l'argument d'autorité, une étude de l'Insee, qui est hors sujet, puisque n'évoquant pas l'illectronisme. Mais pourquoi pas, si ça permet de donner une assise sérieuse à l'article.Selon une étude de l'Insee parue en décembre dernier, la France compte 2,5 millions de personnes illettrées. 7% des adultes de 18 à 65 ans ayant été scolarisés en France, mais ayant perdu les acquis de base, souffrent de ce handicap. C’est pourquoi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a officiellement érigé l’illettrisme grande cause nationale 2013 le 1er mars dernier.
Regardons cette étude de l'INSEE rapidement : Nous sommes passés de 9 à 7 % en 7 ans, ça me semble encourageant, non ?
Retenons la définition de illettrisme, différente de l'analphabétisme.
Oh un autre lien hypertexte, hypertextons alors !Or, outre la lecture, l’écriture ou le calcul, une autre compétence clé —selon les termes de l’Union Européenne— est apparue il y a quelques années: la maîtrise des technologies de l'information et de la communication.
Que vois-je ? Non pas quatre compétences, mais huit ! En la lecture et l'écriture sont regroupés dans une seule compétence clé. Reprenons ici ces compétences pour voir ce qui est oublié, et comme ces compétences sont formulées :
- communication dans la langue maternelle
- communication en langues étrangères
- compétence mathématique et les compétences de base en sciences et technologies (c'est Typhon qui est content :p)
- compétence numérique (on y inclut la maitrise des TIC, mais surtout l'usage sûr et critique des TSI (technologies de la société de l'information), bizarre, comme on retient la maitrise, mais pas l'usage critique)
- apprendre à apprendre
- compétences sociales et civiques
- esprit d'initiative et d'entreprise
- sensibilité et l'expression culturelles
Ça devient tout de suite moins stratégique.
L'illettrisme, c'est la perte après l'école, mais l'illectronisme, c'est l'école qui va prévenir ce mal ?Jospin, à Hourtin, en 1999 (pas de lien hypertexte vers le discours complet ? écrit: A travers l’Ecole, en particulier, l’Etat peut prévenir "l’illectronisme", avant qu’il ne devienne un nouvel avatar de l’illettrisme.
J'ai raté quelque chose ?
Vous voyez la perversité ?L’illectronisme correspond à un «manque de connaissance des clés nécessaires à l’utilisation des ressources électroniques», explique Elisabeth Noël, de l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques.
On nous parle de la maitrise des TIC, alors que l'union européenne définit l'usage sûr et critique des TSI, et on finit par nous donner une définition qui concerne ceux qui ne peuvent être usager des ressources électroniques. Encore un peu et on voit atterrir le mot consommateur.
Et surtout, déjà que le terme numérique fait consensus mais a peu de sens intrinsèque, le terme ressources électronique que désigne-t-il ? Bien sûr je sens qu'il ne faut pas prendre la lettre mais l'esprit de cette expression, car une ressource électronique aujourd'hui, c'est la machine à laver, le micro-onde, la voiture, l'interphone, la borne à billet SNCF, le distributeur de billets de banque, etc, etc...
Passons.
Bien sûr, il n'y a aucun insulte là-dedans.Un obstacle technique et intellectuel, en somme.
"Il faut apprendre à s'en servir, savoir sur quel bouton appuyer."
"MAIS, de toute manière, les gens sont trop cons pour utiliser l'information servie par la ressource électronique "("cycle de lavage terminé", "veuillez prendre vos billets").
Passons.
Voyez déjà la stratégie éditoriale, une précision importante apparait dans le plus gros paragraphe de la première partie, juste avant un grand titre. C'est parfait pour que le lecteur-zappeur du net saute ce paragraphe et passe immédiatement à la suite soi-disant plus factuelle.Cependant, si l’illectronisme est souvent défini comme un néologisme transposant le concept d’illettrisme dans le domaine de l’information électronique et des nouvelles technologies, il s’apparenterait plus, dans sa définition grand public, à de l’«analphabétisme numérique» —soit quelqu’un sans aucune base. Selon Elie Maroun, l’illectroniste au sens strict du terme «désignerait plutôt un adulte qui maîtrisait l’informatique dans les années 80-90 mais qui aujourd’hui n’assimile pas, par exemple, les codes du web et des réseaux sociaux».
L'adulte qui maîtrisait l’informatique dans les années 80-90, ce n'est pas grand monde quand on connait l'implantation de l'informatique dans ces années-là.
Je le répète, ce conditionnel d'où il sort ? Slate a entendu M. Benhamou, mais ce monsieur du Ministère de la Recherche et de l’Economie numérique, qui prêche donc sa paroisse, a sorti ce chiffre de son chapeau ?Au sens large, cet illettrisme «branché», et l’exclusion qui en résulte, toucherait environ 15% de la population selon Bernard Benhamou, délégué aux usages de l’Internet pour le Ministère de la Recherche et de l’Economie numérique.
Donc un article basé sur du vent, car tout l'article repose sur ces fameux 15 %.
C'est joli les chiffres.Internet est constitué de 90% d’écrit
Je croyais que Internet, c'était du très haut débit, et donc surtout du contenu multimédia, de la vidéo, du son.
Si Internet était constitué de 90 % d'écrit, on aurait pu garder nos connexions Internet bas débit 56 kb / min.
Comme tout à l'heure, un paragraphe intéressant juste avant une nouvelle partie.Selon une étude de 2011 du Credoc sur la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française, 42% des Français non connectés invoquent comme frein principal le coût de l’abonnement et de l’ordinateur, ainsi que la complexité de l’outil. «Il s’agit d’une machine qui change de configuration en permanence. Contrairement à un toaster ou un fer à repasser, où un bouton est égal à une fonction, sur Internet un bouton correspond à une multitude de fonctions», détaille ainsi Bernard Benhamou.
En plus, une question pour laquelle on ne donne même pas un semblant de réponse. Ça sert à quoi d'apporter cette précision, pour la décoration ?
On a les analphabètes, les illettrés, mais les victimes de l'illectronisme sont les illectronistes ? De la même façon qu'on a des syndicalistes, des gauchistes, les flutistes, les grossistes, la victime d'illectronisme n'est pas une victime, elle a fait un choix absurde. C'est vrai, il a été dit plus haut que l'illectroniste est un con, on ne fait que le confirmer ici.Alors que de nouveaux usages se sont développés avec le web et que le numérique a investi notre quotidien, les illectronistes doivent faire face à de nombreuses difficultés: utiliser un guichet automatique, effectuer des démarches administratives, rédiger un CV et chercher un emploi, un logement, évoluer dans une entreprise, lire un mail…
Comme d'habitude maintenant, le dernier paragraphe...Quant à Bernard Benhamou, il évoque «un enjeu citoyen fondamental. Ne pas pouvoir utiliser ces outils, c’est ne pas pouvoir contribuer entièrement au débat public. Ainsi certaines parties de la population pourraient se retrouver sous-représentées. Or la participation démocratique est essentielle et ne doit pas être élitiste. Il est important de ne pas rester dans un carcan techno-geek, urbain…».
Nous sommes passés de la compétence clé, à un usage qui a investi notre quotidien, pour finir avec l'argument ultime, l'enjeu citoyen ! Il y a une participation au débat public dans l'usage du numérique, et la marmotte...
On ne sait vraiment plus quoi inventer. Vite sortons la connerie, et passons à la partie suivante.
La deuxième phrase, ça veut dire quoi exactement ?Avec l’ouverture d’Internet au grand public, dans la deuxième moitié des années 90, l’idée de lutte contre la «fracture numérique» est en effet devenue une obsession dans la classe politique française. A l’image du Plan d’action gouvernemental pour la société de l’information en 1998 et du plan Numérique 2012, où figuraient parmi les priorités l’accès aux réseaux et aux services numériques pour tous ainsi que le développement des outils pédagogiques et de l’apprentissage d’Internet.
Ah oui, on sent la fin de l'article, normalement plus personne n'est sensé lire à partir de là, c'est ça ?
Je ne cite pas les deux paragraphes suivants, mais en tout on a trois paragraphes qui décrivent tout ce qui a été fait pour améliorer la catastrophe qu'est apparemment l'illectronsime dans notre pays.
Ce sont de très belles actions, mais donc, pourquoi on a toujours cet illectronisme ?
Non, on ne pas nous le dire, c'est trop évident, bien sûr !
L'ergonomie ? Bizarre, on n'en parle pas dans tout l'article, et dans la conclusion, on commence à nous dire que le numérique actuelle n'est pas ergonomique ? Ah si, on disait au début qu'il fallait de la formation pour l'usage. Il reste toujours que l'utilisateur est toujours trop con pour appréhender l'information acquise, mais ça on oublie, c'est ça ?Bernard Benhamou écrit: «Les terminaux mobiles et tactiles sont déjà plus ergonomiques et ludiques que les ordinateurs. Les smartphones —dont 46% des Français sont équipés— et les tablettes sont un début de solution contre l’illectronisme mais cela va encore s’améliorer avec les systèmes de réalité augmentée sans interface comme les Google Glass. L’étape à venir sera le sans ordinateur avec les objets connectés et l’informatique ubiquitaire. L’ergonomie sera un des principes de démocratie de nos sociétés numériques.»
Ludique ? Ah oui, il manquait celui-là, le ludisme. On va voter numériquement car c'est rigolo. Je trouve ça effrayant d'écrire cela.
Sans interface ? Évidemment, s'il n'y a pas d'interface, ça sera beaucoup plus simple à utiliser ! Pas d'interface, ça s'appelle l'ORTF, la télévision à une seule chaine, mais avec la différence qu'on ne peut l'éteindre, ça reste tout le temps allumé ? Ce n'est pas totalitaire comme principe ?
Ah non, pas totalitaire, car sinon, comment pourrait-on qualifier l’informatique ubiquitaire ? On n'a même plus peur d'employer de telles mots maintenant, c'est la débandade !
La conclusion, je ne vais pas faire de commentaires, c'est tellement osé, que je ne sais pas quoi dire. Qu'est qu'on disait à propos des cons ? Ah oui, ils osent tout, et c'est à ça qu'on les reconnait :
Un avis partagé par Eric Leguay qui voit dans «les médias numériques, non pas un facteur aggravant de l’illettrisme mais, avec le temps, un outil de lutte contre celui-ci». Ironie du sort, si l’illectronisme est un nouvel avatar de l’illettrisme, les nouvelles technologies pourraient finalement s’avérer être un remède à ce dernier.
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- Loys
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A propos de l'"illettrisme informatique" : lire le rapport de l’Académie des sciences sur "L’enseignement de l’informatique en France" (13/05/13).
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- Loys
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Au passage un parti politique a voulu faire passer un amendement révolutionnaire auquel il n'avait pas songé pendant ses dix années d'occupation du pouvoir :
L'UMP a défendu en vain un amendement proposant d'inclure le fait que "tous les élèves doivent avoir la maîtrise de la lecture avant leur entrée au collège afin de réduire l'échec scolaire" dans ce même code.
La rapporteure PS, Françoise Cartron, et la présidente CRC (communiste) de la commission des Affaires sociale, Annie David, se sont opposées à cet amendement soulignant qu'il risquait de bloquer l'entrée en sixième pour certains élèves et de leur "ôter toute possibilité d'évolution".
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