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L'odyssée d'APB - Parcoursup
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11 Jan 2019 19:07 - 12 Jan 2019 11:10 #21743
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
Pas de hiérarchisation mais un "répondeur automatique" :
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16 Jan 2019 09:18 - 16 Jan 2019 09:19 #21758
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
Un drôle de "comité indépendant" nommé par le ministre...
www.la-croix.com/Famille/Education/comit...019-01-16-1200995726
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www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ci...ique-parcoursup.html
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16 Jan 2019 23:03 #21760
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
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21 Jan 2019 08:14 - 14 Sep 2019 15:20 #21774
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
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www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/2...19_5412229_3224.html
www.lemonde.fr/societe/article/2019/01/2...er_5412248_3224.html
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26 Jan 2019 08:42 #21784
par Loys
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16 Mar 2019 19:16 #21888
par Loys
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22 Mar 2019 07:29 #21896
par Loys
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17 Mai 2019 14:02 - 18 Mai 2019 10:29 #21993
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
Bug dans la matrice.
www.lesechos.fr/economie-france/social/p...00-candidats-1021920
www.ouest-france.fr/education/etudiant/p...te-d-attente-6355064
www.education.gouv.fr/cid141986/parcours...vendredi-17-mai.html
www.liberation.fr/france/2019/05/17/parc...te-d-attente_1727649
www.lesechos.fr/economie-france/social/p...00-candidats-1021920
www.ouest-france.fr/education/etudiant/p...te-d-attente-6355064
www.education.gouv.fr/cid141986/parcours...vendredi-17-mai.html
Attention : Spoiler !
Parcoursup : communiqué du vendredi 17 mai
Communiqué de presse - Jean-Michel Blanquer - Frédérique Vidal - 17/05/2019
La phase d’admission de la procédure Parcoursup a commencé le 15 mai 2019 à 19h. Elle concerne cette année 898 054 candidats, dont 639 905 sont des lycéens, 133 057 des étudiants en réorientation et 125 092 des candidats non scolarisés, pour la plupart en reprise d’études. Au total, ces candidats ont formulé 6.9 millions de voeux sur Parcoursup dans plus de 14 500 formations.
En 2019, l’offre de formation sur la plateforme a été enrichie avec 1 500 formations supplémentaires. Le calendrier de la procédure a également été raccourci et accéléré et des outils ont été mis en place pour accompagner au mieux l’ensemble des candidats (répondeur automatique, points d’étape réguliers, création d’une aide à la mobilité inter-académique...).
La procédure d’admission dans l’enseignement supérieur fonctionne de manière progressive et continue : les candidats reçoivent chaque jour les réponses des formations, sauf pendant les épreuves écrites du baccalauréat. Elle repose également sur un principe de solidarité : ce sont les candidats qui libèrent des places au fur et à mesure qu’ils acceptent ou refusent certaines propositions, ce qui permet de faire immédiatement de nouvelles propositions à d’autres.
Entre mercredi 15 mai et jeudi 16 mai, ce sont près de 1.5 millions de propositions qui ont été faites aux candidats. Tout au long de la procédure, le nombre de propositions continuera d’augmenter progressivement.
Le 16 mai, au lendemain de l’ouverture de la phase d’admission, nos équipes ont procédé aux vérifications quotidiennes d’usage. Au cours de ces vérifications, elles ont été alertées par des taux anormalement élevés de propositions d’admission formulées par certaines formations par rapport à leur capacité d’accueil. Cela concerne un peu moins de 400 formations sur les 14 500 formations proposées soit environ 2% du nombre total de formations.
La situation des candidats ayant formulé des voeux dans les formations concernées a ainsi été actualisée afin qu’elle corresponde à la réalité des capacités d’accueil :
les candidats concernés peuvent avoir à nouveau reçu des propositions d’admission dans ces formations. Ces propositions sont désormais conformes aux capacités d’accueil de ces formations ;
ils peuvent avoir été placés sur liste d’attente, dans le respect du classement qui avait été établi par les formations ;
les propositions d’admission dans d’autres formations, qui avaient été préalablement refusées par ces candidats, ont été réactivées.
Tous les candidats concernés ont reçu une information individuelle. Ils seront accompagnés par les équipes éducatives de leur établissement actuel.
Par ailleurs, les équipes de Parcoursup chargées d’accompagner les candidats seront disponibles tout au long de la journée pour répondre à leurs questions (numéro vert : 0 800 400 070, rubrique « contact » dans le dossier de chaque candidats, réseaux sociaux...).
La très grande majorité des candidats n’a pas formulé de voeux pour l’une de ces formations. Ils ne sont pas concernés et leur situation n’a connu aucune modification.
A cette heure, l’ensemble des propositions formulées sur Parcoursup sont à jour. La procédure d’admission poursuit son cours normal.
Mise à jour : mai 2019
Communiqué de presse - Jean-Michel Blanquer - Frédérique Vidal - 17/05/2019
La phase d’admission de la procédure Parcoursup a commencé le 15 mai 2019 à 19h. Elle concerne cette année 898 054 candidats, dont 639 905 sont des lycéens, 133 057 des étudiants en réorientation et 125 092 des candidats non scolarisés, pour la plupart en reprise d’études. Au total, ces candidats ont formulé 6.9 millions de voeux sur Parcoursup dans plus de 14 500 formations.
En 2019, l’offre de formation sur la plateforme a été enrichie avec 1 500 formations supplémentaires. Le calendrier de la procédure a également été raccourci et accéléré et des outils ont été mis en place pour accompagner au mieux l’ensemble des candidats (répondeur automatique, points d’étape réguliers, création d’une aide à la mobilité inter-académique...).
La procédure d’admission dans l’enseignement supérieur fonctionne de manière progressive et continue : les candidats reçoivent chaque jour les réponses des formations, sauf pendant les épreuves écrites du baccalauréat. Elle repose également sur un principe de solidarité : ce sont les candidats qui libèrent des places au fur et à mesure qu’ils acceptent ou refusent certaines propositions, ce qui permet de faire immédiatement de nouvelles propositions à d’autres.
Entre mercredi 15 mai et jeudi 16 mai, ce sont près de 1.5 millions de propositions qui ont été faites aux candidats. Tout au long de la procédure, le nombre de propositions continuera d’augmenter progressivement.
Le 16 mai, au lendemain de l’ouverture de la phase d’admission, nos équipes ont procédé aux vérifications quotidiennes d’usage. Au cours de ces vérifications, elles ont été alertées par des taux anormalement élevés de propositions d’admission formulées par certaines formations par rapport à leur capacité d’accueil. Cela concerne un peu moins de 400 formations sur les 14 500 formations proposées soit environ 2% du nombre total de formations.
La situation des candidats ayant formulé des voeux dans les formations concernées a ainsi été actualisée afin qu’elle corresponde à la réalité des capacités d’accueil :
les candidats concernés peuvent avoir à nouveau reçu des propositions d’admission dans ces formations. Ces propositions sont désormais conformes aux capacités d’accueil de ces formations ;
ils peuvent avoir été placés sur liste d’attente, dans le respect du classement qui avait été établi par les formations ;
les propositions d’admission dans d’autres formations, qui avaient été préalablement refusées par ces candidats, ont été réactivées.
Tous les candidats concernés ont reçu une information individuelle. Ils seront accompagnés par les équipes éducatives de leur établissement actuel.
Par ailleurs, les équipes de Parcoursup chargées d’accompagner les candidats seront disponibles tout au long de la journée pour répondre à leurs questions (numéro vert : 0 800 400 070, rubrique « contact » dans le dossier de chaque candidats, réseaux sociaux...).
La très grande majorité des candidats n’a pas formulé de voeux pour l’une de ces formations. Ils ne sont pas concernés et leur situation n’a connu aucune modification.
A cette heure, l’ensemble des propositions formulées sur Parcoursup sont à jour. La procédure d’admission poursuit son cours normal.
Mise à jour : mai 2019
www.liberation.fr/france/2019/05/17/parc...te-d-attente_1727649
Dernière édition: 18 Mai 2019 10:29 par Loys.
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21 Mai 2019 12:45 - 15 Déc 2024 19:00 #21996
par Loys
Réponse de Loys sur le sujet L'odyssée d'APB - Parcoursup
Pour les abonnés :
www.lemonde.fr/campus/article/2019/05/20...5464578_4401467.html
Billet d'André Leys du 27/05/19 : "Tout comprendre sur Parcoursup - « Faire patienter, c’est dominer »"
Billet d'André Leys du 27/05/19 : "Tout comprendre sur Parcoursup - « Faire patienter, c’est dominer »"
Attention : Spoiler !
Tout comprendre sur Parcoursup
« Faire patienter, c’est dominer »
paru dans lundimatin#193, le 27 mai 2019
Pour comprendre la nature de “Parcoursup”, il faut partir de l’expérience directe, sans tenter d’y plaquer des interprétations hatives ou idéologiques. Pour la plupart des lycéens — ceux que les communicants qui encombrent désormais l’appareil d’Etat appellent “nos jeunes” — le processus d’affectation dans l’enseignement supérieur se présente comme une boîte noire nimbée de brouillard, comme une obscure Machine.
Son opacité ne tient pas tant à l’interface numérique par laquelle se font les connexions que dans l’impression diffuse de ne pas connaître les règles d’un “jeu” qui s’apprête à déterminer la place sociale qui sera assignée à chaque “candidat” pour le reste de son existence.
Les familles qui entendent faire de leurs rejetons des “premiers de cordée” ne découvrent pas la guerre scolaire à cette occasion : elles s’y livrent depuis la maternelle, renforçant la ségrégation sociale par mille artifices de contournement, de choix d’options “astucieuses” et de falsification d’adresse. Parcoursup officialise l’idée que les formations universitaires — y compris celles aussi standardisées que des licences d’une même discipline — ne se valent pas. Dès lors, ce qui fut une orientation devient recherche active des filières les plus valorisables, c’est-à-dire celles qui, en l’absence de mécanismes de brassage social, permettront d’obtenir les meilleures places dans la hiérarchie socio-économique. C’est du moins ce dont les concepteurs souhaitent convaincre les classes moyennes. Mais comment savoir quels sont les “parcours” qui permettront d’accroître son “portefeuille de compétences” de sorte à en obtenir les “dividendes” matériels et symboliques les plus généreux ? En effet, hormis les Grandes Écoles, qui assurent la formation des cadres, les formations sont essentiellement les mêmes partout. D’où l’effet de brouillard.
Les “premiers de cordée” se reconnaissent en ceci qu’ils “ont du réseau” leur permettant d’obtenir informations précieuses et passe-droits. L’opacité du système est en partie délibérée comme en témoigne le démantèlement des services d’orientation nationaux (ONISEP et CIO). Cependant, participent à l’angoisse générée par la Machine toutes sortes de dysfonctionnements, d’accrocs, d’erreurs de débutant, qui admettent une explication simple et donc probablement juste : derrière la prétention de la Start-Up Nation à transformer les services de l’Etat en plateformes numériques automatisées se cache un amateurisme sans bornes. Ainsi, l’équipe technique incompétente recrutée par le ministère en charge de l’enseignement supérieur s’est montrée incapable d’écrire un logiciel sans bug, malgré la simplicité algorithmique : appeler les “candidats” dans l’ordre dans lequel les formations les ont classés, au fil des désistements. Du reste, il n’est qu’à voir le visage de Mme Vidal rongé par les anxiolytiques, lorsqu’elle débite d’une voix pâteuse les éléments de langage préparés par les communicants de son cabinet, avec des chiffres arrangés quand ils ne sont pas tout simplement faux, pour comprendre que l’angoisse générée par Parcoursup s’étend à tous ceux qui ont été mis au service de la Machine : les bacheliers, bien sûr, mais aussi les responsables des formations qui produisent les classement des “candidats” et l’ensemble de la bureaucratie ministérielle occupée à calfeutrer les voies d’eau qui se multiplient quotidiennement. Que le ministère en charge de l’enseignement supérieur soit entièrement tourné désormais vers le micro-management le plus insignifiant, n’est pas le moindre des paradoxes du dispositif. Au final, le mantra répété jusqu’à la nausée par la ministre, “Remettre de l’Humain dans la Machine”, n’est pas si faux que cela, qui évoque métaphoriquement ces usines de nuggets à destination de la restauration rapide, qui broient ce qui reste des poulets une fois amputés de leurs filets et de leurs cuisses.
La boule au ventre qui étreint les lycéens au moment de choisir la discipline à laquelle ils entendent se former, comme moyen particulier d’aller vers une autonomie de pensée, ne s’arrête pas le jour où tombent, comme un couperet, les affectations. Les “premiers de cordée”, un sur cinq environ, obtiennent ce qu’ils souhaitent dès le premier jour et c’est l’objet même de la Machine que ce soit le cas. Le système d’affectation précédent, qui n’était certes pas la panacée mais ne reposait pas sur un classement des “candidats”, parvenait à attribuer son premier vœu à un bachelier sur deux. Avec Parcoursup, plus de la moitié des “candidats” sont “mis en attente” pour l’intégralité des formations demandées, y compris celles, au fond non souhaitées, qui constituaient des choix stratégiques de repli. Et ce purgatoire a été conçu pour durer très longtemps. N’importe quel informaticien pouvait prédire que la suppression des vœux hiérarchisés engendrerait des “deadlocks” algorithmiques, ralentissements induits lorsque des processus concurrents s’attendent mutuellement, ne laissant d’alternative à l’interprétation qu’entre le cynisme et l’incompétence totale. Ainsi, il restait plus de 47000 candidats sur le carreau à la rentrée 2018, principalement des lycéens ayant obtenu un bac “pro”. Les éléments de langage produits par le ministère et repris sans vérification par la presse quotidienne transformèrent ce fait tiré des statistiques du ministère lui-même en : “moins de 2500 candidats encore en attente”. Au final, l’angoisse générée par la “mise en attente” a une fonction importante : faire accepter avec soulagement une formation pour laquelle le “candidat” n’a ni affinité ni appétence.
Faire patienter, c’est dominer
En résumé, Parcoursup est une machine à dévorer du temps pour permettre à une minorité de choisir librement leur formation et pour le plus grand nombre, d’être répartis au cours d’une grande loterie anxiogène.
Bien qu’il soit important de rendre compte des effets concrets que Parcoursup produit, il ne faut pas le réduire à un dispositif technique mais en analyser les motivations.
Parcoursup a d’abord une dimension gestionnaire et répond à un problème précis : comment ne pas investir dans l’Université publique, alors même que la population étudiante est supposée s’accroître de 30% entre 2010 et 2025. Cela représente quelques 400 000 étudiants en plus, soit une vingtaine d’universités à construire. La réponse est simple : décourager les inscriptions par tous les moyens y compris par l’augmentation des frais d’inscription pour les étrangers, “caser tout le monde” en bourrant les formations désertées de “sans fac”, et augmenter à moyens constants les capacités d’accueil des formations (de 10% en 2018). Si cela ne suffit pas, Parcoursup permet techniquement de recourir à la sélection stricte.
Deuxième dimension du dispositif, Parcoursup en finit avec un système qui permettait à tout bachelier de faire les études universitaires de son choix. Le dispositif reprend le contenu de la loi Devaquet là où l’assassinat de Malik Oussekine par les voltigeurs motocyclistes l’avait interrompu en 1986. Parcoursup signe ainsi la mise à mort du baccalauréat, remplacé à l’entrée de l’Université par de la mise en concurrence : chaque formation produit, à partir des notes de contrôle continu, des options choisies dans le secondaire et de données sur l’origine sociale (CV, lettres de motivation, etc.) un classement des “candidats”. L’examen terminal est remplacé par une évaluation des “portefeuilles de compétences” directement inspirée des pratiques managériales. On trouve là un premier fondement idéologique de Parcoursup, qui rompt avec les idées promues par la Révolution Française, assignant à l’enseignement une fonction émancipatrice : développer, à des fins de citoyenneté, l’usage critique de la raison individuelle. Parcoursup participe de la tentative d’amener tout le monde à se penser et à se comporter en entrepreneurs d’eux-mêmes, individuellement responsables de leur destin.
Simultanément, le baccalauréat ayant été, pendant plus d’un demi-siècle, l’épreuve initiatique de passage à l’âge adulte pour la classe moyenne, sa disparition vise aussi à infantiliser les jeunes adultes. Le retour du service national, affublant “nos jeunes” d’un uniforme hybride entre le vigile de supermarché, le gardien de prison et le policier, confirme cette volonté d’humiliation et de torture douce. Tout concourt à repousser l’âge de l’autonomie financière et intellectuelle en transformant progressivement la licence en “lycée du 21e siècle”, terme qui tint lieu un temps de résumé programmatique à la candidature de Macron à la présidentielle, d’après les Macronleaks.
Ces deux facettes de Parcoursup — déposséder les jeunes adultes de leur autonomie et simultanément les rendre responsables de leur position sociale — ne sont antagonistes qu’en apparence. Elles contribuent toutes deux à la fiction méritocratique, ce supplément d’âme dont “on” a doté la reproduction sociale. Plus précisément, Parcoursup (tout comme la loi Blanquer) s’inspire d’une supercherie : la théorie du capital humain. Cette “théorie” vise à naturaliser les inégalités économiques, en produisant un argumentaire à destination des classes moyennes faisant porter la responsabilité des hiérarchies sociales aux individus, et non à l’organisation de la société. Pour empêcher de penser l’héritage, d’une part, et la reproduction du capital, d’autre part, comme étant les mécanismes primordiaux de production des inégalités, il s’agit de postuler que les revenus des individus proviennent de la fructification de leur “capital de compétences”. L’important n’est pas que ces “compétences” existent, qu’on puisse les mesurer, c’est de créer les conditions sous lesquelles les individus soient amenés à se vivre eux-même comme portefeuilles de compétences en quête de valorisation, acceptant de facto leur position dans la hiérarchie sociale sans se révolter. Telle est la fonction anesthésiante de la nimbe d’angoisse et de pression autour de Parcoursup. Mais ce n’est pas tout. Si suivre une formation universitaire permet d’accroître ses revenus futurs, alors l’entrepreneur de lui-même se doit d’investir dans son portefeuille de compétences et donc de payer l’Université, en empruntant si besoin.
Faire patienter, c’est occuper. Et l’occupation, c’est le début de la colonisation culturelle.
Dans quel projet global de société, la vision de l’Université portée par Parcoursup s’inscrit-elle ? L’Université moderne est née en France avec la IIIe République, la dissolution des institutions médiévales à la Révolution ayant conduit à liquider toute autonomie du système facultaire et à créer des écoles professionnelles sous contrôle de l’État. Elle conserve aujourd’hui une triple anomalie en héritage du 19e siècle : le système des grandes écoles, la centralisation parisienne et l’absence d’autonomie du corps professoral vis-à-vis des pouvoirs dont il dépend. Elle a eu de ce fait une incapacité chronique à s’adapter aux mutations socio-économiques de son temps. Au 19e siècle, et jusqu’à la seconde guerre mondiale, la demande vis-à-vis de l’Université a été le développement de la recherche pour appuyer la révolution industrielle et former les nouvelles classes moyennes, témoignant d’une supériorité du modèle humboldtien de liberté d’enseigner, de rechercher et d’apprendre sur le modèle napoléonien. Après guerre, la demande des classes dirigeantes a changé de nature, tirée par le compromis fordiste, le plein emploi et la concurrence du bloc marxiste-léniniste : il s’est agi de combler le déficit de main d’œuvre qualifiée par la constitution d’une première Université de masse développant une formation à et par la recherche. Après 68, et tout au long des années 1970, une nouvelle demande a émergé, venant des étudiants eux-même et des milieux militants portant une exigence d’émancipation, de critique sociale et d’autonomie intellectuelle, produisant enfin de réelles universités au tournant du 21e siècle, malgré l’héritage douloureux de grandes écoles inaptes à la recherche. Depuis deux décennies maintenant, l’émergence d’un libéralisme autoritaire a conduit à une reprise en main, sur fond de désindustrialisation, de chômage de masse et de crise systémique. Les classes dirigeantes se moquent, pour l’essentiel, de l’Université où elles n’envoient pas leurs enfants se former — les business schools ont “bâti autour d’eux un mur d’ignorance et d’erreur". Aussi ont-elles bondi sur la première pensée indigente émise par un économiste d’Harvard : ne conserver que dix universités (au sens humboldtien), pour assurer l’activité de recherche nécessaire à l’innovation technique.
Quelle ambition, dès lors, pour l’écrasante majorité des bacheliers issus des classes moyennes, et pour les classes populaires ? Aucune. Nada. Un vide de pensée politique. Dans la mesure où, d’une part, la production marchande peut être assurée par 10% de la population, l’Asie tenant lieu d’usine mondiale et où, d’autre part, les 10% de classes moyennes supérieures sont formées dans les grandes écoles, les 80% de classes moyennes inutiles à l’ordre économique dominant ne servent à rien. Leur formation intellectuelle et pratique est une non-question. Les universitaires ne sont rien d’autre qu’un poids mort pour les finances publiques. Même s’ils sont pour la plupart frappés de stupéfaction ou occupés à des activités courtisanes, ils disposent encore de trop de temps non-contraint pour ne pas représenter un danger. Dès lors, en l’absence d’idée, tout est mis en œuvre pour créer un marché de l’enseignement supérieur, ce qui suppose de différencier les parcours et les établissements, et de les mettre en concurrence. C’est très exactement ce à quoi contribue Parcoursup, comme brique dans une construction au long cours. La suite est connue dans les grandes lignes : créer les conditions pour accroître la part du privé dans le marché nouvellement constitué ; paupériser les établissements de proximité et y avoir recours massivement au travail précaire ; déréguler les statuts des universitaires pour abaisser les coûts salariaux ; accroître la “double hétéronomie autoritaire de l’université, envers l’encadrement administratif et envers la commande des marchés”.
L’heure n’est plus à la défense conservatrice d’une Université qui n’existe de facto plus — si tant est qu’elle ait jamais existé — mais à la reformulation d’un projet de transformation radicale de la société qui inclue l’ensemble du système éducatif. Il devient non seulement nécessaire mais urgent de retrouver le contrôle de nos existences, de nous donner du temps pour penser et de faire de nos vies des terrains d’expériences.
André Leys, professeur, écrivain et traducteur
« Faire patienter, c’est dominer »
paru dans lundimatin#193, le 27 mai 2019
Pour comprendre la nature de “Parcoursup”, il faut partir de l’expérience directe, sans tenter d’y plaquer des interprétations hatives ou idéologiques. Pour la plupart des lycéens — ceux que les communicants qui encombrent désormais l’appareil d’Etat appellent “nos jeunes” — le processus d’affectation dans l’enseignement supérieur se présente comme une boîte noire nimbée de brouillard, comme une obscure Machine.
Son opacité ne tient pas tant à l’interface numérique par laquelle se font les connexions que dans l’impression diffuse de ne pas connaître les règles d’un “jeu” qui s’apprête à déterminer la place sociale qui sera assignée à chaque “candidat” pour le reste de son existence.
Les familles qui entendent faire de leurs rejetons des “premiers de cordée” ne découvrent pas la guerre scolaire à cette occasion : elles s’y livrent depuis la maternelle, renforçant la ségrégation sociale par mille artifices de contournement, de choix d’options “astucieuses” et de falsification d’adresse. Parcoursup officialise l’idée que les formations universitaires — y compris celles aussi standardisées que des licences d’une même discipline — ne se valent pas. Dès lors, ce qui fut une orientation devient recherche active des filières les plus valorisables, c’est-à-dire celles qui, en l’absence de mécanismes de brassage social, permettront d’obtenir les meilleures places dans la hiérarchie socio-économique. C’est du moins ce dont les concepteurs souhaitent convaincre les classes moyennes. Mais comment savoir quels sont les “parcours” qui permettront d’accroître son “portefeuille de compétences” de sorte à en obtenir les “dividendes” matériels et symboliques les plus généreux ? En effet, hormis les Grandes Écoles, qui assurent la formation des cadres, les formations sont essentiellement les mêmes partout. D’où l’effet de brouillard.
Les “premiers de cordée” se reconnaissent en ceci qu’ils “ont du réseau” leur permettant d’obtenir informations précieuses et passe-droits. L’opacité du système est en partie délibérée comme en témoigne le démantèlement des services d’orientation nationaux (ONISEP et CIO). Cependant, participent à l’angoisse générée par la Machine toutes sortes de dysfonctionnements, d’accrocs, d’erreurs de débutant, qui admettent une explication simple et donc probablement juste : derrière la prétention de la Start-Up Nation à transformer les services de l’Etat en plateformes numériques automatisées se cache un amateurisme sans bornes. Ainsi, l’équipe technique incompétente recrutée par le ministère en charge de l’enseignement supérieur s’est montrée incapable d’écrire un logiciel sans bug, malgré la simplicité algorithmique : appeler les “candidats” dans l’ordre dans lequel les formations les ont classés, au fil des désistements. Du reste, il n’est qu’à voir le visage de Mme Vidal rongé par les anxiolytiques, lorsqu’elle débite d’une voix pâteuse les éléments de langage préparés par les communicants de son cabinet, avec des chiffres arrangés quand ils ne sont pas tout simplement faux, pour comprendre que l’angoisse générée par Parcoursup s’étend à tous ceux qui ont été mis au service de la Machine : les bacheliers, bien sûr, mais aussi les responsables des formations qui produisent les classement des “candidats” et l’ensemble de la bureaucratie ministérielle occupée à calfeutrer les voies d’eau qui se multiplient quotidiennement. Que le ministère en charge de l’enseignement supérieur soit entièrement tourné désormais vers le micro-management le plus insignifiant, n’est pas le moindre des paradoxes du dispositif. Au final, le mantra répété jusqu’à la nausée par la ministre, “Remettre de l’Humain dans la Machine”, n’est pas si faux que cela, qui évoque métaphoriquement ces usines de nuggets à destination de la restauration rapide, qui broient ce qui reste des poulets une fois amputés de leurs filets et de leurs cuisses.
La boule au ventre qui étreint les lycéens au moment de choisir la discipline à laquelle ils entendent se former, comme moyen particulier d’aller vers une autonomie de pensée, ne s’arrête pas le jour où tombent, comme un couperet, les affectations. Les “premiers de cordée”, un sur cinq environ, obtiennent ce qu’ils souhaitent dès le premier jour et c’est l’objet même de la Machine que ce soit le cas. Le système d’affectation précédent, qui n’était certes pas la panacée mais ne reposait pas sur un classement des “candidats”, parvenait à attribuer son premier vœu à un bachelier sur deux. Avec Parcoursup, plus de la moitié des “candidats” sont “mis en attente” pour l’intégralité des formations demandées, y compris celles, au fond non souhaitées, qui constituaient des choix stratégiques de repli. Et ce purgatoire a été conçu pour durer très longtemps. N’importe quel informaticien pouvait prédire que la suppression des vœux hiérarchisés engendrerait des “deadlocks” algorithmiques, ralentissements induits lorsque des processus concurrents s’attendent mutuellement, ne laissant d’alternative à l’interprétation qu’entre le cynisme et l’incompétence totale. Ainsi, il restait plus de 47000 candidats sur le carreau à la rentrée 2018, principalement des lycéens ayant obtenu un bac “pro”. Les éléments de langage produits par le ministère et repris sans vérification par la presse quotidienne transformèrent ce fait tiré des statistiques du ministère lui-même en : “moins de 2500 candidats encore en attente”. Au final, l’angoisse générée par la “mise en attente” a une fonction importante : faire accepter avec soulagement une formation pour laquelle le “candidat” n’a ni affinité ni appétence.
Faire patienter, c’est dominer
En résumé, Parcoursup est une machine à dévorer du temps pour permettre à une minorité de choisir librement leur formation et pour le plus grand nombre, d’être répartis au cours d’une grande loterie anxiogène.
Bien qu’il soit important de rendre compte des effets concrets que Parcoursup produit, il ne faut pas le réduire à un dispositif technique mais en analyser les motivations.
Parcoursup a d’abord une dimension gestionnaire et répond à un problème précis : comment ne pas investir dans l’Université publique, alors même que la population étudiante est supposée s’accroître de 30% entre 2010 et 2025. Cela représente quelques 400 000 étudiants en plus, soit une vingtaine d’universités à construire. La réponse est simple : décourager les inscriptions par tous les moyens y compris par l’augmentation des frais d’inscription pour les étrangers, “caser tout le monde” en bourrant les formations désertées de “sans fac”, et augmenter à moyens constants les capacités d’accueil des formations (de 10% en 2018). Si cela ne suffit pas, Parcoursup permet techniquement de recourir à la sélection stricte.
Deuxième dimension du dispositif, Parcoursup en finit avec un système qui permettait à tout bachelier de faire les études universitaires de son choix. Le dispositif reprend le contenu de la loi Devaquet là où l’assassinat de Malik Oussekine par les voltigeurs motocyclistes l’avait interrompu en 1986. Parcoursup signe ainsi la mise à mort du baccalauréat, remplacé à l’entrée de l’Université par de la mise en concurrence : chaque formation produit, à partir des notes de contrôle continu, des options choisies dans le secondaire et de données sur l’origine sociale (CV, lettres de motivation, etc.) un classement des “candidats”. L’examen terminal est remplacé par une évaluation des “portefeuilles de compétences” directement inspirée des pratiques managériales. On trouve là un premier fondement idéologique de Parcoursup, qui rompt avec les idées promues par la Révolution Française, assignant à l’enseignement une fonction émancipatrice : développer, à des fins de citoyenneté, l’usage critique de la raison individuelle. Parcoursup participe de la tentative d’amener tout le monde à se penser et à se comporter en entrepreneurs d’eux-mêmes, individuellement responsables de leur destin.
Simultanément, le baccalauréat ayant été, pendant plus d’un demi-siècle, l’épreuve initiatique de passage à l’âge adulte pour la classe moyenne, sa disparition vise aussi à infantiliser les jeunes adultes. Le retour du service national, affublant “nos jeunes” d’un uniforme hybride entre le vigile de supermarché, le gardien de prison et le policier, confirme cette volonté d’humiliation et de torture douce. Tout concourt à repousser l’âge de l’autonomie financière et intellectuelle en transformant progressivement la licence en “lycée du 21e siècle”, terme qui tint lieu un temps de résumé programmatique à la candidature de Macron à la présidentielle, d’après les Macronleaks.
Ces deux facettes de Parcoursup — déposséder les jeunes adultes de leur autonomie et simultanément les rendre responsables de leur position sociale — ne sont antagonistes qu’en apparence. Elles contribuent toutes deux à la fiction méritocratique, ce supplément d’âme dont “on” a doté la reproduction sociale. Plus précisément, Parcoursup (tout comme la loi Blanquer) s’inspire d’une supercherie : la théorie du capital humain. Cette “théorie” vise à naturaliser les inégalités économiques, en produisant un argumentaire à destination des classes moyennes faisant porter la responsabilité des hiérarchies sociales aux individus, et non à l’organisation de la société. Pour empêcher de penser l’héritage, d’une part, et la reproduction du capital, d’autre part, comme étant les mécanismes primordiaux de production des inégalités, il s’agit de postuler que les revenus des individus proviennent de la fructification de leur “capital de compétences”. L’important n’est pas que ces “compétences” existent, qu’on puisse les mesurer, c’est de créer les conditions sous lesquelles les individus soient amenés à se vivre eux-même comme portefeuilles de compétences en quête de valorisation, acceptant de facto leur position dans la hiérarchie sociale sans se révolter. Telle est la fonction anesthésiante de la nimbe d’angoisse et de pression autour de Parcoursup. Mais ce n’est pas tout. Si suivre une formation universitaire permet d’accroître ses revenus futurs, alors l’entrepreneur de lui-même se doit d’investir dans son portefeuille de compétences et donc de payer l’Université, en empruntant si besoin.
Faire patienter, c’est occuper. Et l’occupation, c’est le début de la colonisation culturelle.
Dans quel projet global de société, la vision de l’Université portée par Parcoursup s’inscrit-elle ? L’Université moderne est née en France avec la IIIe République, la dissolution des institutions médiévales à la Révolution ayant conduit à liquider toute autonomie du système facultaire et à créer des écoles professionnelles sous contrôle de l’État. Elle conserve aujourd’hui une triple anomalie en héritage du 19e siècle : le système des grandes écoles, la centralisation parisienne et l’absence d’autonomie du corps professoral vis-à-vis des pouvoirs dont il dépend. Elle a eu de ce fait une incapacité chronique à s’adapter aux mutations socio-économiques de son temps. Au 19e siècle, et jusqu’à la seconde guerre mondiale, la demande vis-à-vis de l’Université a été le développement de la recherche pour appuyer la révolution industrielle et former les nouvelles classes moyennes, témoignant d’une supériorité du modèle humboldtien de liberté d’enseigner, de rechercher et d’apprendre sur le modèle napoléonien. Après guerre, la demande des classes dirigeantes a changé de nature, tirée par le compromis fordiste, le plein emploi et la concurrence du bloc marxiste-léniniste : il s’est agi de combler le déficit de main d’œuvre qualifiée par la constitution d’une première Université de masse développant une formation à et par la recherche. Après 68, et tout au long des années 1970, une nouvelle demande a émergé, venant des étudiants eux-même et des milieux militants portant une exigence d’émancipation, de critique sociale et d’autonomie intellectuelle, produisant enfin de réelles universités au tournant du 21e siècle, malgré l’héritage douloureux de grandes écoles inaptes à la recherche. Depuis deux décennies maintenant, l’émergence d’un libéralisme autoritaire a conduit à une reprise en main, sur fond de désindustrialisation, de chômage de masse et de crise systémique. Les classes dirigeantes se moquent, pour l’essentiel, de l’Université où elles n’envoient pas leurs enfants se former — les business schools ont “bâti autour d’eux un mur d’ignorance et d’erreur". Aussi ont-elles bondi sur la première pensée indigente émise par un économiste d’Harvard : ne conserver que dix universités (au sens humboldtien), pour assurer l’activité de recherche nécessaire à l’innovation technique.
Quelle ambition, dès lors, pour l’écrasante majorité des bacheliers issus des classes moyennes, et pour les classes populaires ? Aucune. Nada. Un vide de pensée politique. Dans la mesure où, d’une part, la production marchande peut être assurée par 10% de la population, l’Asie tenant lieu d’usine mondiale et où, d’autre part, les 10% de classes moyennes supérieures sont formées dans les grandes écoles, les 80% de classes moyennes inutiles à l’ordre économique dominant ne servent à rien. Leur formation intellectuelle et pratique est une non-question. Les universitaires ne sont rien d’autre qu’un poids mort pour les finances publiques. Même s’ils sont pour la plupart frappés de stupéfaction ou occupés à des activités courtisanes, ils disposent encore de trop de temps non-contraint pour ne pas représenter un danger. Dès lors, en l’absence d’idée, tout est mis en œuvre pour créer un marché de l’enseignement supérieur, ce qui suppose de différencier les parcours et les établissements, et de les mettre en concurrence. C’est très exactement ce à quoi contribue Parcoursup, comme brique dans une construction au long cours. La suite est connue dans les grandes lignes : créer les conditions pour accroître la part du privé dans le marché nouvellement constitué ; paupériser les établissements de proximité et y avoir recours massivement au travail précaire ; déréguler les statuts des universitaires pour abaisser les coûts salariaux ; accroître la “double hétéronomie autoritaire de l’université, envers l’encadrement administratif et envers la commande des marchés”.
L’heure n’est plus à la défense conservatrice d’une Université qui n’existe de facto plus — si tant est qu’elle ait jamais existé — mais à la reformulation d’un projet de transformation radicale de la société qui inclue l’ensemble du système éducatif. Il devient non seulement nécessaire mais urgent de retrouver le contrôle de nos existences, de nous donner du temps pour penser et de faire de nos vies des terrains d’expériences.
André Leys, professeur, écrivain et traducteur
Dernière édition: 15 Déc 2024 19:00 par Loys.
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