"La tablette, ce nouveau doudou" (Le Monde)

A lire dans "Le Monde" du 28/10/12 : "La tablette, ce nouveau doudou ".


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Suite de l'article "Jouer n'est pas tuer" de RSLN, toujours dans la même veine relativiste.

A lire sur RSLN du 31/01/13 : "Internet est-il notre nouveau doudou : trolls, hyperconnexion et mauvaise réputation" .


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Dans l'article précédent, nous avions déjà constaté que les jeux vidéo n'étaient pas addictifs ni n'incitaient à la violence, mais même qu'ils permettaient de se découvrir soi-même et de se soigner.

Qu'allons-nous découvrir à nouveau, grâce à "RSLN" ?

"Internet est-il notre nouveau doudou : trolls, hyperconnexion et mauvaise réputation

Lundi 21 janvier dernier avait lieu à la Bibliothèque publique d'information un débat avec Olivier Mauco, Yann Leroux et Hubert Guillaud sur le thème Internet est-il notre nouveau doudou. Nous vous en avons livré une première partie sur les jeux vidéo. Vient à présent la seconde sur les raisons de la mauvais réputation d'Internet, la fonction du troll et comment savoir à quel moment il est temps de décrocher de l'écran.

Décrocher ? Mais comment est-ce possible ?

On l'aura bien entendu et compris, jouer n'est pas tuer et l'addiction aux jeux vidéo n'existent pas en tant que telle.

Encore faut-il être convaincu par la pertinence de l'argumentation (et son impartialité) ?

Mais qu'en est-il d'Internet ?

Quel suspense...

La mauvaise réputation de l’Internet poubelle est-elle due à la diabolisation des pratiques adolescentes ?

Il n'y a pourtant aucune raison que "l'Internet poubelle" ait mauvaise réputation.

Pas si l’on en croit le raisonnement de Yann Leroux :

Notre pointure de l'éducation, "psychanalyste et joueur invétéré" .

« Les adolescents se sont transformés en adultes...

Tout est dit...

...et vont sur les forums pour commenter les articles [à charge, NDLR] des journalistes.

Il y a aussi des journalistes qui ne sont pas à charge... comme Yann Leroux !

Comprendre que tout article critique du web est une "diabolisation". J'ai subi ce genre de critiques après "Comment j'ai pourri le web".

Leur discours est très bien argumenté et sensé. C’est plus une incompréhension de culture. »

Bizarrement les défenseurs du web étaient davantage des adultes qui y avaient intérêt, pour des raisons diverses. Mes élèves ont bien compris ma critique ont m'ont même défendu sur divers blogs. "incompréhension de culture" ?

Cette mauvaise réputation trouve donc une résonance dans un choc entre deux cultures, celle de l’écrit et celle du numérique.

Le numérique ne serait pas une culture de l'écrit ?

La culture populaire contre la culture savante. Les mèmes (photos détournées, vidéos agrémentées, hashtags humoristiques qui se propagent à travers le web) pour Olivier Mauco sont un exemple frappant de la « désacralisation parfaite de l’image du sacré », résultat du mélange de différentes cultures populaires, faisant alors émerger une autre culture, qui devient elle aussi radicale :

Une autre culture qui vaut bien la première.

« Le participatif est à l’opposé de ce qu’on pouvait faire [sans Internet, NDLR]. »

L'important, c'est de participer...

Du participatif naît le débat et la construction, enchaîne Yann Leroux.

Du socio-constructivisme pur-jus.

Les aspects constructifs font appel aux collaborations et à l’ensemble pour former ce que le psychologue appelle « l’intelligence collective » :

Certains hashtags sur Twitter en sont la meilleure preuve.

« J’ai participé à un cours en ligne autour de la gamification.

Une culture très centrée sur elle-même, à ce qu'on peut voir. Le premier MOOC français a été consacré... aux MOOCs.

C’est extraordinaire de voir 150.000 personnes arriver dans un endroit et s’organiser pour parcourir le Net en long en large et en travers pour un cours sur la gamification. Ensemble. Et sortir de ces entrailles tout ce qu’il y a d’intéressant. Participer à cet ensemble immense qui produit connaissance, liens et savoir est une aventure qu’on ne peut connaitre que maintenant.

C'est sûr que la Renaissance, les Lumières, c'est ridicule à côté d'un cours participatif sur la gamification.

C’est avec le même moteur pour les forums de 4chan avec le meilleur du pire de l’internet...

4chan, effectivement, une référence de ce que le numérique peut produire de meilleur et surtout d'anonyme.

.. que les espaces où des universitaires se rencontrent et reçoivent une formation.

Ces espaces sont plus fréquentés que 4chan, bien sûr. En parlant toujours des universitaires qui s'intéressent à la gamification.

L’internet c’est le mélange, la mixité, le métissage et le plaisir des relations horizontales.

Pas sur Twitter ou Facebook, ou la popularité est loin d'horizontaliser les relations.

Chacun a des choses intéressantes à dire. Chacun peut attendre de l’autre. C’est un progrès ! »

Toute le monde a du talent, tout le monde est intelligent, tout le monde peut écrire sur tout, etc. etc. Comme chacun sait, l'intelligence et la culture sont démocratiques par essence.

Troller n’est pas négatif : ça casse le sectarisme du groupe

Quel rapport avec la conversation précédente ?

Dans la culture numérique, le troll fait figure de poil à gratter. Souvent perçu comme être mauvais. « L’internet a tendance à cristalliser les maux de notre société parce qu’il les fait saillir. Et les trolls sont un moyen de provoquer des modifications dans le positionnement et les réseaux » explique Hubert Guillaud.

Mais pour autant, la violence de certains commentaires est-une la marque des limites de l’Internet ? Pas pour Yann Leroux :

Quel esprit paradoxale et ouvert ! Les hashtags homophobes ou racistes "cassent le sectarisme des groupes concernés" : les noirs, les arabes, les juifs et les homos.

« C’est une richesse pour moi.

Et pour Twitter.

Le troll c’est quelqu’un qui poste en ligne des propos provocateurs. Mais on a des trolls bénins, qui vont râler, qui ne s’expriment pas correctement. Les espaces du net sont des espaces où on a tendance à faire toujours du même.

Ah mais c'est mauvais ça... Le net n'est pas un espace d'échange multiculturel ?

Le groupe devient idéologique et/ou sectaire. Sauf que le troll arrive et dit « vous n’êtes pas tout seul ». C’est quelqu’un de riche sur le réseau, Internet est grand et il y a des gens qui ont des avis tout à fait différents. Le grand risque de l’internet c’est de se transformer dans un espace panoptique : chacun sa place et chaque place à son chacun. Le troll peut apporter nouveauté et créativité. »

C 'est vrai que les hashtags nauséeux étaient créatifs.

Et puis le troll « va permettre de se reconfigurer et de se questionner. Il est passeur ou destructeur créatif, par besoin de sortir de l’homogamie et du vase clos » précise Olivier Mauco.

Le troll homophobe est un "passeur ou destructeur créatif" ?

Les symptômes de l’hyperconnexion sont personnels

Comme ça, on est bien avancés.

Comment définir quand il est temps de « faire autre chose » ? De passer à une autre activité que celle qui se déroule sous nos yeux – actualisation du fil Twitter, des mails ou de Facebook ? Chacun étant différent, Yann Leroux explique qu’il « faut utiliser des critères internes » :

« Ça ne va plus quand vous êtes devant un écran et que vous n’arrivez plus à penser quoi que ce soit et que rien ne vous inspire, que vous cliquotez. C’est que c’est le moment de passer à autre chose, le signe que les médias - les écrans - ne nourrissent plus votre pensée mais font écran à ce que vous pourriez penser. Certains peuvent rester créatifs sur Photoshop pendant de longs tunnels ou écrire des billets de blog pendant un temps aussi long alors que d’autres peuvent le faire 40 minutes et vont devoir passer à autre chose. »

Des conseils précis et précieux.

Les objets numériques donnent l’impression qu’on peut parler à quelqu’un tout le temps

C'est effectivement le problème : un narcissisme illusoire.

Dans une nouvelle de Cory Doctorow, journaliste et co-auteur de Boing-Boing, l’un des personnages explique qu’il a été obligé d’éteindre sa machine, allumée depuis deux ans. « Arrêter cette machine c’était tuer sa grand-mère » raconte Yann Leroux :

« On est attachés à nos objets, du smartphone à la montre de l’oncle Paul.

Un grand progrès du XXIe siècle.

Les objets sont des enveloppes identitaires dans lesquels on peut déposer des choses. Il y a un dialogue qui s’instaure et s’accentue avec les objets numériques parce qu’ils donnent l’impression qu’on a quelqu’un à qui parler pendant longtemps.

On "dialogue" avec des "objets" au lieu de parler à quelqu'un.

Une sorte de madeleine de Proust qui vous permet de relire des tweets et des messages pour réinvestir le passé, vous revisiter…

S'il y a bien une chose que Twitter ne permet pas, c'est de relire facilement d'anciens tweets...

L’interactivité est une caractéristique profonde de la culture numérique. »

Peu importe qu'elle soit en trompe-l'oeil.

Et avec Internet se pose aussi la question du plaisir éprouvé. Pourquoi les « machines » sont-elles si attirantes ?

Parce que les objets numériques sont des biens de consommation et - pour les plus chers - des preuves de standing.

Quel côté positif se dégage des objets et des actions sur les réseaux ? « Ce sont des environnements riches, comme internet, qui nous rendent puissants, nous transforment, font de nous des avatars - projections de nous-même qui ne sont pas nous-même – nous classent, nous comptent, etc…

"projections de nous-même qui ne sont pas nous-même"...

Ils jouent une fonction de médiation...

De médiation vers quoi ?

...en soutenant l’héroïsation...
Que du positif, de l'adulte et du responsable.

...la symbolisation et l’immersion », explique Hubert Guillaud.

Et alors ?

Véritable moyen de satisfaire le narcissisme...

Le narcissisme infantile doit donc être satisfait pour devenir citoyen ?

... les jeux vidéo comme Internet, permettent donc un certain accomplissement de soi.

Tiens, une conclusion étonnante, de la part de "RSLN". Il suffit d'interroger les bons spécialistes...

Et en font un appendice accroché au bout du pouce.

Une jolie image pour terminer.

Dans un des derniers article d'Internet Actu , on évoque

Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron qui a activement participé à l’élaboration de ce rapport est longuement revenu sur les raisons qui expliquent l’affrontement de deux cultures auquel nous assistons actuellement : celle du livre et celle des écrans.

Et son dernier article est Non ! Le téléphone mobile des adolescents n’est pas leur « doudou » !

p.s : Je n'avais pas vu qu'on parle de Serge Tisseron sur www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=11&t=445 La logique un article = un sujet est assez perturbante, on parle des même thèmes un peu partout.

Merci Frist.

Frist écrit: p.s : Je n'avais pas vu qu'on parle de Serge Tisseron sur www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=11&t=445 La logique un article = un sujet est assez perturbante, on parle des même thèmes un peu partout.

Merci : j'ai fusionné du coup. Et vous avez raison, mais l'intérêt est de pouvoir retrouver facilement toutes les publications d'un site comme RSLN. J'ai longtemps cherché à rationaliser tout ça avec un système de mots-clés mais à ma connaissance il n'y a pas d'extension en ce sens pour PhpBB. Il faudrait que je passe à un système plus évolué, comme vBulletin (payant), avec tous les problèmes de bascule qu'on peut imaginer. J'y songe, j'y songe.