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"Accompagner le doux essaimage des pratiques numériques" (Cahiers pédagogiques)
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Qu'il est doux, l'essaimage...« Accompagner le doux essaimage des pratiques numériques »
Et un changement toujours positif, bien sûr.Bertrand Formet est depuis la rentrée formateur et médiateur numérique au CRDP de Besançon. Enseignant en primaire et animateur informatique, son parcours professionnel suit un fil rouge : celui du changement profond et en douceur qu’amène l’entrée du numérique dans la classe.
Le site de Bertrand Formet : bformet.net/
Bertrand Formet est formateur TICE ou enseignant ?
C'est beau l'"éducation 2.0" (ou le sens des formules creuses).De l’école de Crotenay à l’espace éducation numérique du CRDP de Besançon, le chemin de Bertrand emprunte les voies réelles des potentiels pédagogiques d’une éducation 2.0.
Twitter permet au moins à un formateur Tice d'ouvrir les fenêtres de son parcours.Lorsque Bertrand Formet a accompagné Amandine Terrier dans la création d’une twittclasse à Crotenay dans le Jura, il ne pensait pas que l’initiative allait ouvrir si grand les fenêtres de la classe mais aussi celles de son propre parcours.
C'est vrai qu'en voyage il est impossible de communiquer autrement que par un réseau commersocial, d'autant qu'évidemment tous les parents ont nécessairement un compte Twitter.A l’occasion d’un voyage scolaire à Paris, Amandine crée un compte twitter pour communiquer avec les parents. Les élèves prennent plaisir à écrire, les parents sont enthousiastes.
C'est pour "communiquer" ou "publier" : il faudrait savoir.Au retour, l’expérience continue et des projets se créent avec d’autres classes en utilisant le réseau social. Cette première incursion dans les publications numériques...
C'est vrai que Twitter est une sacrée "technologie"....offre aussi l’occasion aux deux enseignants de tisser des liens avec des collègues éloignés mais avec lesquels la distance s’efface sous l’effet conjugué d’un intérêt, d’une curiosité partagés et des technologies.
Courageux et innovants : rendez-vous compte, ils ont ouvert un compte Twitter !Des contacts se nouent avec des pionniers...
Quelle sympathique dénomination. La fascination numérique en fait oublier la nécessaire réserve vis à vis des produits commerciaux. Comme si un professeur qui utilisait un téléphone Samsung ou Nokia appelait sa classe une "samsungclasse" ou une "Nokiaclasse"....de l’utilisation de Twitter en classe comme Laurence Juin et David Cordina en France, au Québec et ailleurs.
Les twittclasses ont essaimé depuis 4 ans.
Ce qui n'est qu'un moyen de communication (Twitter) devient une fin en soi avec le nom de "Twitclasse".
C'est vrai, quoi : quand on écrit pour le maître ou la maîtresse, on n'écrit pas pour être lu. Quand à échanger avec ses voisins, c'est beaucoup moins intéressant qu'échanger avec des personnes du bout du monde.Bertrand Formet, qui les recense sur le site twittclasses francophones, en dénombre aujourd’hui près de quatre cents. « Les élèves sont motivés. Ils sont dans la production, la communication, écrivent pour être lus, pour échanger avec des pairs qui vivent ailleurs ».
Je m'étonne du manque d'imagination des formateurs Tice pour défendre les outils numériques : les mêmes arguments vides tournent en boucle.
Quel monde merveilleux que Twitter ! On n'y rencontre jamais l'invective ou l'insulte et on peut développer très commodément sa pensée.Le réseau social lui permet aussi d’apprendre, de trouver des réponses à des questions qu’il pose auprès de ses contacts ; « un réseau de personnes qui se choisissent mutuellement et qui acceptent l’échange et la critique », précise t-il.
Quand on pense que certains rétrogrades préfèrent encore fournir une réflexion et un travail personnels...Il y lit et observe les idées et projets qui se développent à côté de chez lui ou à l’autre bout du monde et qui nourrissent ses propres réflexions et initiatives.
Le numérique a au moins cette vertu qu'il permet à certains de ne plus enseigner pour mieux partager leur passion.Des horizons
Ce qu’il apprend, ce qu’il développe au sein de sa classe, il le partage en retour lors de formations ou d’échanges informels. Il intervient ponctuellement pour le CRDP et cette collaboration aboutit progressivement à une proposition de poste. Bertrand Formet accepte ce qui apparaît comme une évolution sans rupture d’un rôle d’accompagnement qu’il exerçait déjà à temps partiel en tant qu’animateur Tice.
De vraies priorités pour l'école, en effet.Au CRDP, ses activités sont multiples et cette diversité le ravit. Il intervient au sein de « l’espace éducation numérique » regroupant la librairie, la médiathèque, une salle de formation et un lieu ouvert où les enseignants peuvent utiliser du matériel mis librement à leur disposition. Des ateliers, des conférences, des projections sont organisés. Bientôt, un atelier dédié aux parents sera testé.
Bertrand Formet anime également des formations pour les premier et second degrés sur les réseaux sociaux, les outils de publication ou encore l’éducation aux médias.
Personne n'en doute mais il est bon de le rappeler quand même.Il accompagne des projets, des découvertes d’outils numériques en classe, suit des expérimentations en collaboration avec l’équipe académique numérique. Il reste ainsi en contact avec les réalités du terrain...
C'est tellement essentiel, la réalité du terrain, qu'il a préféré le quitter....pour lui élément essentiel pour bien exercer son métier.
Des "problématiques de publication", ça en jette.« C’est bien de conseiller mais il faut voir ce qui se passe dans la vraie vie » souligne t-il. Il découvre de nouveaux horizons en intervenant auprès d’enseignants du second degré ou des membres de conseils de la vie lycéenne avec qui il travaille sur les problématiques de publication sur les réseaux sociaux.
Voilà une dépense très utile puisqu'elle permet "d'étayer une méthode".Construire des projets
Les demandes d’accompagnement des enseignants partent souvent d’un prêt de matériel. La découverte dans un premier temps technique fait naître des questions pédagogiques et des projets. Le rôle de Bertrand Formet est alors d’aider à la construction de projets et de le suivre dans sa réalisation en classe. Une professeure souhaitait par exemple comprendre le fonctionnement du tableau interactif pour voir comment avec sa classe de CP elle pouvait l’utiliser pour l’apprentissage des mathématiques. Elle avait l’intuition que l’outil pourrait étayer sa méthode basée sur les manipulations mais ne savait pas l’utiliser.
Voilà à quoi sert l'école numérifiée : "laisser des traces"...Avec l’aide de Bertrand, elle a conçu des séquences permettant à ses élèves de construire des exercices. Le projet est suivi avec le Pôle Académique de Soutien à l’Innovation et à l’Expérimentation. Ce suivi permet de laisser une trace, de donner à voir ce qui est réalisé pour essaimer, donner des idées à d’autres, partager l’expérience pour que naissent d’autres projets dans d’autres écoles, d’autres classes.
C'est beau, le partage.Pour Bertrand Formet, ce partage est essentiel.
Et tout ce qui compte, c'est que les pratiques soient "nouvelles". Le reste...L’envie de se lancer vient souvent de l’écoute de témoignage de collègues qui dans une situation qui ressemble à la sienne ont trouvé dans les outils numériques une réponse pédagogique pour mettre en œuvre de nouvelles pratiques. Ce partage inclut les doutes, les questionnements, les erreurs commises, les solutions trouvées.
Car bien sûr c'est ce que font tous les enseignants.Ouvrir sa porte
« Comment un enseignant aujourd’hui peut-il dire à ses élèves qu’il est le seul détenteur du savoir ?
Parce que le monde intérieur de la classe est déjà un monde plein d'apprentissages possibles ? Parce qu'il y a plus dans un seul dictionnaire pour enfants que tout ce que peut apprendre Twitter ? Parce que l'élève doit faire confiance à son professeur ? Parce que le monde des livres est de plus inconnu par ces élèves happés de plus en plus par les écrans ? Parce que précisément en fermant cette porte qu'ils connaissent déjà trop bien on leur en ouvre d'autres ?Comment peut-il fermer la porte au monde extérieur ? » s’interroge Bertrand Formet.
Même des lycéens manquent de la maturité nécessaire pour faire ce tri, alors des élèves de primaire... Une telle affirmation dans la bouche d'un "formateur" est tout simplement sidérante. La savoir n'est en réalité accessible que pour celui qui sait déjà. La distance critique, l'autonomie de pensée, la capacité de raisonnement naissent lentement de l'acquisition progressive d'une culture et d'une logique.Le savoir est accessible facilement pour peu que l’on sache trier l’information et construire ses propres savoirs.
Résumons : les élèves n'auraient plus besoin d'enseignants, mais les enseignants auraient besoin de formateurs plus qualifiés qu'eux.Le rôle de l’enseignant est de plus en plus là. Il est aussi de faire appel à des compétences externes, des professionnels pour les faire intervenir sur des questions précises. « Il faut accepter que d’autres maîtrisent mieux certains sujets ».
A voir ici : www.laviemoderne.net/veille/wikipedia/57...-o-hare-ludomag#6061Lorsqu’il était enseignant, il avait ainsi organisé une rencontre par visio-conférence avec Carol-Ann O’Hare de Wikimédia afin qu’elle réponde aux questions des élèves qui construisaient alors la page wikipedia de leur village.
Il y a donc des gens qualifiés pour contribuer à Wikipédia. Voilà qui va à l'encontre même de l'esprit de l'encyclopédie collaborative !L’idée était qu’ils interrogent la personne la plus qualifiée pour leur répondre.
Et on le remercie vivement de sa profonde réflexion. Il a effectivement trouvé le moyen de "vivre différemment le métier d’enseignant".Bertrand était là pour les aider à préparer leurs questions, veiller au bon déroulement de l’interview et exploiter par la suite les réponses obtenues. Car pour lui, le numérique n’apporte pas uniquement des outils, il amène à voir et vivre différemment le métier d’enseignant.
Et surtout ne pas porter sur eux le moindre regard critique.Cette idée, il la partage de plus en plus largement, constatant l’évolution en quelques années des points de vue sur les réseaux sociaux à l’école et dans la vie de tous les jours. Les hashtags fleurissent sur le petit écran, les journaux ont investi le transmédia prolongeant les écrits sur le papier par des images, du son en ligne accessibles sur les tablettes et les ordinateurs. Alors forcément, ces hashtags intriguent de plus en plus d’enseignants qui préfèrent apprivoiser le numérique, se l’approprier, envisager et construire des usages pédagogiques.
On l'a bien compris. En même temps se poser la question, c'est se poser la question de son statut de formateur pour enseigner avec le numérique.Enseigner ou non avec le numérique ? Pour Bertrand Formet, la question ne se pose plus.
Un lyrisme nébuleux, un peu répétitif à ce stade de l'article.Désormais, il accompagne la naissance et la diffusion de projets, observe dans les classes les chemins ouverts.
Et les résultats concrets de ces pratiques ?Raconter, expliquer, écouter et toujours apprendre, avec son sourire communicatif, il se réjouit de voir les pratiques à l’école doucement évoluer par essaimage.
Alors qu'un livre, ça n'ouvre sur rien et en plus ça demande un effort.Et, parce que l’histoire est partie de là, il garde un œil attentif sur la twittclasse de Crotenay et s’enthousiasme encore de tous les projets qui ouvrent les fenêtres d’une classe du Jura sur le monde entier.
Dès six ans, bien sûr. Et rien de mieux pour devenir un "citoyen numérique" que d'utiliser un réseau commercial américain, où l'anonymat est majoritaire et qui se situe hors de la loi française.« Accompagner les élèves à devenir des citoyens numériques »...
Ça ne veut rien dire mais c'est beau.Bertrand Formet inscrit par ses pratiques une nouvelle compétence à afficher dans le portfolio des enseignants, une compétence qui s’acquiert par la construction de projets et le partage.
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