- Messages : 18214
"Numérique à l'école : une stratégie sans tactique ?" (EducPros)
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18214
Il faut toujours un coupable et ça ne peut pas être le Ministre ou les enseignants innovants."Numérique à l'école : une stratégie sans tactique ?"
Officiellement, le numérique à l'école est une priorité. Mais sur le terrain, les bonnes volontés se heurtent parfois à l'indifférence voire à l'hostilité de la hiérarchie intermédiaire.
Et ça par exemple, c'est la faute de la "hiérarchie intermédiaire" et de son "indifférence" voire de son "hostilité", bien sûr.L'Education nationale a donc une "stratégie numérique". Portée par un discours politique ministériel, soutenue par des déclinaisons académiques. Mais a-t-elle une tactique pour en faire une réalité sur le terrain ? A entendre quelques échanges informels qui ont eu lieu la semaine dernière à Cenon (Gironde) en marge des Boussoles du numérique, on peut en douter. Ici, le coût d'une ligne haut débit reste inaccessible à un collège.
Alors que le numérique ne demande aucun examen : dans la connexion, tout est bon.Là, un inspecteur de l'Education nationale se fait prier pour signer des ordres de mission.
Quelles initiatives ? On ne le saura pas.Ailleurs un chef d'établissement décourage les initiatives de ses enseignants.
Il faut dire que le pilotage est quelque peu problématique puisque les élus n'ont aucune espèce de connaissance des vrais besoins de l'enseignement. L'équipement en tablettes ou en TNI par exemple sert surtout à faire briller la politique d'une collectivité locale.Ailleurs encore, une guerre picrocholine entre autorités académiques et élus vitrifie l'élaboration de tout projet conjoint.
Quitte à faire une métaphore, autant la filer. Une "machine" a des ports USB par exemple, mais guère de "pores".Par tous ses pores, la machine Éducation nationale...
Emmanuel Davidenkoff est en grande forme.... tente d'expulser des évolutions dont elle sait qu'elles constituent une révolution qui ne dit pas son nom : le fonctionnement coopératif versus la compétition "méritocratique" ;
Où de nouveau les fadaises technologiques rejoignent les fadaises pédagogiques.
Car une estrade, c'est le ciel et le maître, c'est Dieu.... la reconnaissance d'une possible évaluation par les pairs versus la sacrosainte "note" d'essence divine tombant de l'estrade ;
On va donc vers une évaluation "par les pairs" : quelle heureuse perspective, quoique encore un peu floue.
Le langage publicitaire des grands groupes technologiques a contaminé Emmanuel Davidenkoff !...un temps éducatif augmenté...
C'est lamentable, ces statuts qui protègent les enseignants. Au moins on sait ce que pense Emmanuel Davidenkoff à ce sujet.... versus des horaires confinés aux strictes "obligations de service" ;
Bien sûr, car l'école n'a jamais reconnu que les connaissances....la reconnaissance explicite des compétences versus la seule référence aux connaissances ;
Oui, vivent les contenus et les programmes définis par les conseils départementaux !...la porosité des frontières entre collectivités et État versus la séparation qui cantonne les premières aux basses œuvres du bâti pour laisser aux secondes la noblesse des contenus et des programmes ;
Encore une grâce de la révolution numérique (même si c'est oublier jusqu'à l'existence du logiciel libre mais peu importe). Il est vrai que M. Davidenkoff est quasiment le VRP des grands groupes technologiques dans la presse.... le dialogue obligé avec le secteur privé versus le dédain pour les "marchands du Temple"...
Bien sûr. Internet, conçu uniquement en ce sens, est d'abord mû par le souci d'améliorer l'éducation.La révolution numérique est évidemment et avant tout une révolution pédagogique...
Car un écran individualise toujours mieux qu'un maître.... en aidant les enseignants à individualiser les apprentissages...
Voilà ce qui nous manquait en effet. La proposition d'Emmanuel Davidenkoff a au moins le mérite d'être claire....elle tente ce que la loi d'orientation de 1989 a raté – mettre l'enfant au cœur du système...
Il faudra quand même qu'il nous dise en quoi cette loi "a raté".
Voilà une formule qui est d'une grande limpidité.....articuler les prérogatives abstraites des programmes aux besoins réels des élèves, placer la notion "d'apprentissage" au-dessus de celle "d'enseignement" (learning versus teaching).
C'est surtout que cette "révolution" n'a encore rien démontré.Cette révolution du numérique reste portée par des initiatives individuelles
Il faut couper des têtes ! Le numérique doit passer !Les cadres dirigeants du système, qui disent soutenir cette révolution, ne peuvent ignorer que les échelons intermédiaires sont loin d'être unanimes à la souhaiter, et très loin d'avoir été préparés à l'accompagner. Tout comme ils ne peuvent ignorer les armes que le système sait mettre en œuvre pour décourager sans jamais s'exposer les initiatives qui le dérangent : procédures tatillonnes, paperasse à n'en pas finir, harcèlement sur les détails formels, absence de réactivité, silence radio (tous maux qui ne touchent pas seulement les projets liés au numérique).
Toujours pas d'exemples concrets. Et pas un mot sur le réseau des CARDIE qui est supposé développer ces merveilleuses pratiques. Emmanuel Davidenkoff s'en prendrait-il à un ennemi imaginaire ?
En même temps créer un compte Twitter pour une classe, ce n'est pas non plus un acte sacrificiel.Cette révolution reste donc portée par des initiatives individuelles, des réseaux collaboratifs, la volonté d'un proviseur, le dévouement d'une professeure des écoles, le militantisme d'un inspecteur... Ils rivalisent d'imagination, se serrent les coudes, sourient de se voir et de se savoir chaque jour une minorité plus nombreuse... Jusqu'à quand résisteront-ils au dédain voire aux humiliations infligées par machine ? Subiront-ils le même épuisement que tant d'enseignants d'avant le numérique, amers d'avoir tant donné pour recevoir si peu – d'aide, d'encouragement, de considération ?
Jolie formule de conclusion, sans fournir aucune piste.Si la stratégie numérique de l'Éducation nationale est autre chose qu'une concession à l'air du temps, la "machine école" doit impérativement et rapidement être mise en ordre de marche.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.