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Le Désastre de l'école numérique (Philippe Bihouix & Karine Mauvilly)
- "L'école romande, cette fabrique d'analphabètes numériques" (18/08/16)
- Interview de Nicolas Sadirac : "L'école classique a failli à reconnaître les talents de demain" (18/08/16)
Par contre, une phrase de l'article de Devauchelle (Café Pédagogique) m'a interpellé :
Rebelote avec Stéphanie de Vanssay sur Twitter : Clé utilisateur/ secrète de la configuration non valideBruno Devauchelle écrit: Dès la quatrième de couverture on peut y lire un propos qui n'est qu'une rumeur sur les choix éducatifs des dirigeants d'entreprise informatiques de la Silicon Valley.
Et j'ai lu, puisque j'attendais depuis très longtemps qu'un partisan du numérique à l'école dise quelque chose sur cet article du New York Times sur ces cadres de la Silicon Valley qui mettent leurs enfants dans des écoles sans écrans, ou sur cet autre article qui a révélé que Steve Jobs interdisait la tablette à ses enfants. Je voulais savoir ce qu'ils auraient à répondre à ça. C'est donc Emmanuel Davidenkoff qui a répondu ... et personnellement, ça ne m'a pas convaincu.Stéphanie de Vanssay écrit: 1er argument sur la 4ème de couverture, un mythe largement démonté depuis... lire : www.letudiant.fr/educpros/opinions/numer...-silicon-valley.html
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En gros, Davidenkoff nous explique que si ces cadres mettent leurs enfants dans des écoles sans écrans, ça n'en fait en rien des salauds hypocrites comparables à ces "dealers qui protègent leurs enfants de leur drogue". Qu'au contraire, ça plaide en leur faveur car ça démontre que ce sont des parents attentifs (titre de l'article). Et que l'enseignement dispensé dans ces écoles est en contradiction avec le modèle prôné par les tenants de la pédagogie traditionnelle à la française. No shit Sherlock !
Sauf que ça ne contredit en rien le fait qu'ils sont convaincus que les enfants (a fortiori les leurs) grandissent mieux sans numérique. Et Davidenkoff d'en rajouter une couche à la fin : "Certains patrons de la Silicon Valley semblent soucieux d'offrir à leurs enfants une éducation équilibrée, se méfient d'activités qui, pratiquées à haute dose, nuisent aux capacités de concentration, à la socialisation, sont attentifs à leur permettre de développer leur créativité " Le "mythe" n'est pas démonté, il est au contraire renforcé au centuple.
Une réfutation efficace, à mon sens, serait d'essayer de démontrer que ce choix d'inscrire ses enfants dans des écoles sans écrans n'est pas l'apanage de tous les cadres de la Silicon Valley. Que ceux qui inscrivent leur progéniture dans des écoles "connectées", "numériques" ou je-ne-sais-quoi, se débrouillent mieux (enquête à l'appui) que ceux qui font le choix des école sans écrans. Ou que s'ils font ce dernier choix, ils se débrouillent autrement pour initier leurs enfants au numérique (par exemple, en les laissant utiliser la tablette le soir après l'école). Ou que dans le cas contraire (pas d'écrans, ni à l'école, ni à la maison), ça nuit à leur scolarité et/ou à leur bien-être (encore une fois, étude et enquête à l'appui). Mais avec ce genre d'article, l'idée que ces cadres sont "méfiants vis-à-vis du numérique" n'est en rien réfutée.
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- Loys
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En effet, la "réfutation" d'Emmanuel Davidenkoff ne fait qu'appliquer la technique rhétorique du déplacement de la question (pas de numérique dans ces écoles mais "une pédagogie radicalement différente") : ce journaliste pro-numérique est familier de cette technique (voir par exemple ses arguments contradictoires en réponse à la parution sur le rapport de l'OCDE).
Ils n'en ont pas besoin puisque les articles français reprennent des articles du NYT par exemple, que, curieusement, M. Davidenkoff comme Mme de Vanssay ne citent jamais : à consulter sur ce fil .Emmanuel Davidenkoff écrit: Ils doivent s'en payer une bonne tranche, du côté de la Silicon Valley, s'ils se font traduire certains articles publiés dans les médias francophones
Il est évidemment plus confortable, d'un point de vue intellectuel, de transformer en hoax ce qui vous contredit.
PS : Comme moi, Karine Mauvilly participera au colloque 2016 sur l'enfance et les écrans organisé par Sabine Duflo le samedi 8 octobre, à Paris, mairie du XIXe.
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- Loys
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Dans "LudoMag" du 12/09/16, Stéphanie de Vanssay réagit : "Les élèves ne sont pas des tomates !"
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- Loys
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Donc Stéphanie de Vanssay, "conseillère technique pédagogie et numérique à l'école" pour le Se-Unsa, n'a pas compris que M. Bihouix ne fait pas un constat, mais exprime une crainte : "nous allons élever nos enfants "hors-sol", comme des tomates".Les élèves ne sont pas des tomates !
2e article, droit de réponse
L’interview de Philippe Bihouix parue dans Libération le 2 septembre dernier «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates» est, comme le livre du même auteur, un ramassis de poncifs anti-numériques agglomérés pour arriver à la conclusion que nos établissements scolaires devraient rejeter les écrans pour se concentrer sur les FONDAMENTAUX !
Tout d’abord, les élèves ne sont pas des tomates !
Ils ne sont pas passifs à l’école en attendant gentiment que les professeurs les exposent aux savoirs et les nourrissent de contenus scolaires…
Les élèves de collège ne sont plus des "enfants". Pour le reste, l'engagement ou la motivation peuvent parfaitement exister sans progrès scolaires, ainsi que l'a souligné M. Tricot.Ce sont les enfants qui apprennent et cela suppose une mise en action, une appropriation volontaire et donc oui, des situations engageantes, motivantes et le numérique peut-être un des ingrédients -pas le seul !- utile pour ça.
La célébration de l'engagement à la place des résultats, de la forme au détriment du fond, de l'exposition narcissique au détriment de l'humilité nécessaire à l'apprentissage, de la fausse collaboration au détriment du nécessaire travail individuel sont, avec le culte du ludique, de la fausse autonomie et de la pseudo-personnalisation (déshumanisée) des apprentissages, des caractéristiques fondamentales du numérisme scolaire.Et cela notamment parce que le numérique permet de publier son travail, de le rendre utilisable par d’autres et de le mettre en forme de façon attractive et valorisante.
Ce que soutient le syndicat de Mme de Vanssay va bien au-delà : il s'agit de "refonder l'École par le numérique". Stéphanie de Vanssay ne demandait-elle pas "un pilotage fort et volontariste" pour "l'éducation au numérique des élèves" ? "Le rôle de l’enseignant change, à l’ère du numérique il n’est plus le seul détenteur du savoir, il devient un médiateur pédagogique." Stéphanie de Vanssay "milite pour l' #ÉcoleNumérique " (sic) et promeut l'utilisation des smartphones et des réseaux commerciaux en classe.Une école sans numérique serait une école hors-sol
Aucun syndicat de personnel enseignant, même le plus réactionnaire, ne rejette la nécessité de travailler avec et sur le numérique dans les établissements scolaires.
"La stratégie pour faire entrer l'École dans l'ère du numérique constitue un des éléments majeurs de la loi de refondation de l'école de la République" , peut-on lire sur le site du MEN. Pour occulter une aspiration aussi caricaturale, il convient donc de caricaturer tout discours contradictoire.
Une "société" n'est pas plus numérique qu'elle n'est électrique, automobile, téléphonique ou pétrolière.Notre société est numérique...
Ce n'est pas le médium qui fait la culture....le numérique est loin d’être seulement un outil au service des apprentissages des élèves, il est aussi et surtout un contexte et une culture.
Il est notamment remarquable que les aspects négatifs des objets numériques (curieusement rassemblés en un tout - "le numérique" - et considérés positivement comme un "outil") ne sont pas même envisagés par Mme de Vanssay.
Et ce "juste un non-sens" évacue toute interrogation un tant soit peu raisonnée. Le "droit de réponse" de Stéphanie de Vanssay n'aura pas besoin d'être très long.L’évacuer de l’école est juste un non-sens.
Aveu intéressant.La question n’est pas : “les élèves apprennent-ils mieux avec le numérique ?”...
Une belle phrase, malheureusement très creuse. Les "outils d'aujourd'hui" n'auront sans doute pas grand chose à voir avec ceux de demain et rien ne prouve d'ailleurs que le monde de demain sera "numérique", comme le soulignent les deux auteurs dans leur ouvrage. La meilleure préparation est une bonne formation générale, qui, comme son nom l'indique, permettra à tous de s'adapter au monde de demain, comme l'ont fait sans aucune difficulté les générations précédentes....mais “est-ce bien raisonnable de vouloir préparer nos enfants à vivre, à être citoyen et à travailler dans un monde numérique sans les y préparer avec les outils d’aujourd’hui ?”
C'est effectivement très convaincant ! Dommage que Mme de Vanssay ne donne pas de liens vers "les études" (sic). De même lorsque Stéphanie de Vanssay écarte d'un revers de la main l'argument des parents low-tech, présenté comme un "hoax" alors que cet argument s'appuie... sur des articles du NYT (qu'elle ne cite pas).Les études montrent qu’ils n’apprennent pas moins bien avec le numérique (au regard des critères d’évaluation classique) ce qui est déjà une bonne nouvelle !
Ce qu'oublie de préciser Stéphanie de Vanssay, c'est que la plupart études sur le numérique scolaire se limitent à l'utilisation pédagogique des objets numériques (par le seul professeur parfois) : or ces objets existent également en dehors de l'école, où ils produisent des effets non encore mesurés.
Par ailleurs, l'étude la plus intéressante est celle de l'OCDE en 2015 qui montre que les élèves des pays où les objets numériques sont les moins présents en classe sont les plus performants en compétences numériques...
En quoi est-ce une démonstration de quoi que ce soit, si ce n'est de la volonté de transformer autoritairement les pratiques pédagogiques ? Ce que Mme de Vanssay appelle les "pédagogies actives" pourrait aussi bien s'appeler les pédagogies dispersives.Et la note de la DEPP de janvier 2016 sur les collèges connectés montre clairement que “faire utiliser le numérique en classe par les élèves va de pair avec des pratiques pédagogiques « actives ».
C'est pourtant ce que fait le dispositif D'Col qui entend remédier aux difficultés des élèves par écran interposé. Un bon exemple d'enfants pris pour des tomates.Après, personne de sérieux ne prétend que le numérique, à lui seul et de façon “magique” améliore les apprentissages des élèves.
Bel exemple de mise en abîme.Philippe Bihouix utilise ici la stratégie de l’épouvantail qui consiste à présenter de façon caricaturale et fausse un soi-disant argument de ses adversaires.
Les nombreux arguments présentés par Philippe Bihouix et Karine Mauvilly et solidement étayés n'ont guère été évoqués par Mme de Vanssay. Faut-il considérer que tout argument est donc "fallacieux" ?Je profite de l’occasion pour recommander ici l’excellent ouvrage “Halte aux arguments fallacieux !” qui est très utile et éclairant.
Il vaut mieux "passer" sur les arguments de ses contradicteurs quand on écrit un "droit de réponse".L’argument suprême et imparable
Je passe sur la fracture numérique qui est on le sait bien dans les usages et non dans les équipements (ce qui pénalise d’autant plus les enfants de milieux défavorisés si l’école n’intègre pas le numérique), sur le raccourci “numérique = temps d’écran” et aussi sur le danger des ondes (présent dans le livre mais pas dans l’article) pour passer à l’argument suprême de monsieur Bihouix....
Il ne s'agit pas de subjectivité personnelle mais de statistique : les élèves de Corée du Sud ou du Japon en sont la preuve...“Je sais utiliser un ordinateur et Internet alors que je n’en avais pas au collège”. Là, tout est dit : JE sais parfaitement bien faire sans, donc c’est inutile d’apporter autre chose aux élèves que ce que J’ai eu, JE suis l’exemple vivant que c’est possible et que cela doit être la norme de toute éternité ! CONSTERNANT…
Bref, un "droit de réponse" bien décevant.
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- Loys
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Perso, j'en ai ma claque de tous ces chantres du numériques qui font des sauts de cabri en nous bassinant avec leurs outils soi-disant révolutionnaires. Est-ce que les élèves apprennent mieux avec ces outils ? Est-ce qu'ils développent leur intelligence plus favorablement ? Est-ce que ces outils développent leurs compétences dans d'autres domaines que le clic ou le sms à la vitesse de la lumière ? Moi j'en suis de moins en moins persuadé, pire je trouve que cette fascination pour l'écran est néfaste et se fait au détriment de nombreuses autres compétences, et en particulier la lecture et l'écriture (et qu'on ne vienne pas me rétorquer qu'ils écrivent sur Wattpad ou Twitter).
Le savoir accessible immédiatement à tout le monde, le prof devenu simple médiateur pédagogique... ah ah, non mais sans rire c'est une nouveauté ça. Les bibliothèques ne sont-elles pas remplies de savoir depuis des lustres et largement ouvertes au tout venant ? Qu'est-ce qui empêchait les élèves ou les adultes de se cultiver dans le passé, croient-ils que l'on a attendu l'arrivée du web pour devenir des boulimiques du savoir ? Et puis franchement, qui peut croire que l'utilisation première d'Internet est de se cultiver alors que la plupart des gens n'en ont qu'une utilisation ludique (et encore, je suis gentil). Si vous laissez une poignée d'élèves seuls en salle informatique, vous pouvez être sûrs et certains qu'ils vont rapidement aller consulter des vidéos débiles et des images de petit chats plutôt que la biographie de Voltaire ou un article sur la résistance des matériaux ; ça ne fait pas un pli et à la maison n'en parlons pas.
Par ailleurs, je m'inscris en faux contre l'argument qui consiste à dire qu'il faut dès le plus jeune âge préparer nos enfants à évoluer dans le monde numérique, sous peine d'en faire des inadaptés à la société de demain. C'est un argument en carton parfaitement stupide et creux, qui use et abuse de la peur des parents de voir leurs gamins ne pas être au niveau dans tous les domaines. On peut apprendre à tout âge, des personnages âgées peuvent parfaitement maîtriser les outils numériques dès l'instant où elles s'y intéressent et y trouvent un intérêt. Mon beau père a 75 ans et il touche sa bille sur photoshop, c'est autre chose tout de même qu'être un as des réseaux sociaux (oui bon, c'est un argument un poil fallacieux, mais je n'ai pas pu résister). Développons d'abord chez les élèves les compétences de base (lecture, écriture, compréhension de textes, capacités d'analyse, recul, esprit critique, argumentation....), une fois bien formés sur ces différents plans, s'approprier les outils numériques sera un jeu d'enfant pour eux.
Sinon, j'ai lu l'article de Bruno Devauchelle sur le cafépéda et j'ai failli m'étouffer face à tant de mauvaise foi. Merci de m'avoir fait découvrir Mme Vanssay.
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- Loys
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Troisième "droit de réponse" dans "Ludovia", décidément très inquiet : "Hors-sol ou l’école déconnectée" par Caroline Jouneau-Sion.
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- Loys
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