Bonjour tout le monde,
Rinette, j'ai 37 ans (je sais, comme Loys), 2 enfants (de 6 et 1 an), pas de téléphone portable et pas de télévision. Je suis linguiste (spécialiste de sémantique), maitresse de conférences à l'université Paris Descartes.
Je suis arrivée sur ce site via celui de Sauver les lettres, que je connais depuis longtemps, ayant été l'élève de deux des fondateurs.
Moi aussi je m'agace de ce que l'on achète des ordinateurs portables à tous les élèves de 6ème de mon département, pour qu'ils "réussissent". Moi aussi je fais passer des notes comme celle ci-dessous à mes collègues. Bref, je trouve très pertinent tous les articles publiés sur ce site. J'ai bien ri avec l'histoire de Michel Serres, qui s'approprie l'invention du mot ordinateur, et celle de Rémi Mathis que j'ai connu à la bibliothèque SHS de la fac, et que je croyais plutôt timide. J'ai enragé en lisant celui qui parle d'une fraude au bac. Un grand merci à Loys pour tout ce temps consacré à faire oeuvre salutaire.
Mes lectures sont : La Décroissance, La Tyrannie technologique, La Fabrique du crétin, etc.
J'espère avoir le temps d'intervenir ici de temps en temps.
A bientôt
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A propos de l'ordinateur en cours, quelques points sur les i :
Depuis peu (pas plus de deux ans), les étudiants viennent en cours avec leur petit ordinateur ultraportable et prennent les notes avec. Je trouve cela très bien de vivre avec son temps, mais il s'agit de les mettre en garde contre plusieurs écueils.
- D'abord celui de se distraire, en surfant sur internet, alors que la prise de note demande de la concentration. Il peut à la rigueur être utile de chercher instantanément un mot dans le Robert électronique. Mais de là, il est facile de glisser vers d'autres usages. Je vois bien qu'ils cherchent parfois à trouver sur internet une information que je n'ai pas sur moi pour faire les malins, je me demande s'ils ne cherchent pas à vérifier si tout ce que je dis est bien sur Google, ou s'ils ne sont pas carrément en train de faire autre chose. Je suis tombée à la BU de Nanterre sur une publicité pour un abonnement internet mobile avec pour slogan : "entre les cours, ne ratez pas les résultats sportifs" ou quelque chose comme ça, ce qui m'avait fait écrire une lettre de protestation au directeur de la bibliothèque. "Entre les cours"....!
- Ensuite, celui de se dire, ça y est c'est dans la boite, c'est bon. La tendance actuelle est de penser que l'accès à l'information peut remplacer le savoir, et je ne suis pas d'accord s'agissant d'étudiants. (Bien sûr quand on est déjà spécialiste de qqch, on se rend compte qu'on ne peut pas tout savoir, et il suffit de savoir où l'on peut le trouver.) La prise de note sur ordinateur ne doit donc pas dispenser du travail de remise au propre des notes (on peut avoir l'impression qu'elles le sont déjà). Qu'ils ne s'imaginent pas non plus qu'ils vont pouvoir apprendre leurs cours sur l'écran, "pour faire des économies de papier"...
- Enfin pour prendre des notes efficacement au clavier, encore faut-il savoir taper comme un secrétaire. (La dactylographie, voilà un programme pour le certificat informatique des collèges !) On peut faire un stage ou apprendre tout seul avec une méthode, pendant l'intersemestre. Car à taper avec deux doigts, on n'écrit pas aussi vite qu'à la main. Et surtout, on regarde et le clavier et pas ce qu'on écrit, ni le prof (or ce n'est pas là que l'attention doit être concentrée, le geste d'écriture devant être automatique). Bref, si l'ordinateur est la nouvelle façon d'écrire, il faut s'en donner les moyens.
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J'ai écrit cela il y a deux ans. Depuis, le nombre d'ordinateurs dans les cours a augmenté... Ils sont tous cachés derrière leur écran et il suffit de se déplacer vers le fond de la salle pour voir que l'on n'est pas nécessairement en train de prendre de notes, si vous voyez ce que je veux dire... J'ai l'impression que le niveau s'est (encore) effondré en très peu de temps. Les étudiants sont (parfois) là, devant vous, mais en fait, ils sont absents... Je ne vois pas comment je peux les empêcher de pianoter sur leur téléphone pendant que je fais cours, puisque l'institution n'est pas là pour me soutenir...
