8 décembre 2015

8 décembre 2015. Gueule de bois.
Tristesse et peur devant le constat qui s'impose de la déliquescence à présent avérée de la démocratie française.
Fureur devant l'attitude du socialiste Jean-Pierre Masseret qui prétend respecter ses électeurs et ses administrés en leur faisant délibérément courir le risque de voir leur grande région basculer dans une gouvernance FN pour plusieurs années...
Stupeur et incrédulité devant l'absence totale de remise en cause des politiques menées depuis 30 ans par les dirigeants de gauche comme de droite qui se sont partagé le pouvoir et ne peuvent donc nier leur responsabilité commune dans ce marasme. Le risque était pourtant annoncé depuis longtemps par des signes avant-coureurs de plus en plus sérieux, mais tous se sont cependant entêtés à les négliger avec une régularité coupable, voire criminelle.
Honte et désolation devant la pauvreté du débat médiatique, qui se réduit chaque jour davantage à de pitoyables batailles de slogans, de statistiques et de poncifs totalement vides de sens.
Colère devant la démagogie galopante qui règne en maîtresse absolue au sein de l'Education Nationale depuis plusieurs décennies, en dépit des inquiétudes exprimées par de très nombreux enseignants, et qui nous livre aujourd'hui ses premières cohortes de jeunes adultes abreuvés de discours baudruches sur la citoyenneté, la laïcité et le développement durable, et en parallèle privés de la nécessaire transmission des savoirs patiemment construits au cours de l'histoire de l'humanité, du développement de réelles capacités d'analyse et de réflexion, et intensivement soumis depuis leur tendre enfance au consumérisme le plus effréné.
Les résultats sont là. Ne nous en étonnons pas: comme nous le répétons chaque jour à nos élèves, tout travail, surtout de longue haleine, finit par payer... Mais était-ce bien cela qui était visé ??? Devant le péril, n'est-il pas plus que temps de prendre enfin la mesure des erreurs commises, l'eussent-elles été à l'origine au nom de bons sentiments, et de changer radicalement de stratégie ? De faire en sorte que les actes retrouvent la prépondérance sur les paroles, que les exemples donnés aux jeunes générations par les adultes que nous sommes leur donnent l'envie et leur permettent d'assumer pleinement leurs futures responsabilités d'Hommes et de Femmes, dotés de leur conscience et de leur libre arbitre en toutes circonstances ? D'arrêter de nous soumettre aveuglément aux supposées "lois du marché", qui n'ont de force de loi que celle que nous acceptons de leur donner ? N'est-il pas temps, enfin, de redonner au mot "Politique" toute la noblesse qu'il contient et qu'il n'aurait jamais dû perdre ?
Fantasme, ou utopie... Je rêve aujourd'hui d'une école de la république multi-confessionnelle, au sein de laquelle seraient indifféremment accueillis des enfants et des adolescents musulmans, catholiques, juifs, protestants, bouddhistes, athées, agnostiques, affichant ou non les signes d'appartenance à leur religion ou à leur absence de religion, dans le respect des convictions de leurs camarades. Côtoyer, respecter et aimer l'Autre, dans ses complexités et ses différences avec moi, n'est-ce pas là la vraie, et finalement la seule voie d'accès à une société Humaine dans le plein sens du terme ?
Bérénice

Bonjour Bérénice,
Je partage intégralement votre intervention. Le dernier paragraphe, surtout, trouve écho en moi. Mon idéalisme me pousse à croire que c'est encore possible, mais les changements pour qu'ils soient efficaces se doivent d'abord d'être individuels c'est souvent lent compliqué,ils font suite parfois à la périlleuse démarche de remise en question de soi... et cela, je ne suis pas sûre que politiques, enseignants, parents et élèves ne soient véritablement prêts à le faire malgré la légitimité des valeurs prônées par la République et par les Institutions et de principe partagées par tous.
Maïna

La grande peur n'aura duré qu'une semaine : le croquemitaine ayant disparu aussi utilement qu'il est apparu, la routine des partis de gouvernement peut reprendre. Et la politique éducative continuer sur le même chemin.

Personnellement, je me réjouis que le FN n'ait obtenu aucune région. Ce "croquemitaine" qui est loin d'avoir disparu est un vrai danger pour la démocratie et son indigence programmatique sur la question scolaire n'est pas une raison pour sous-estimer le danger qu'il représente. Dans ma région (la Lorraine), le danger était réel et je n'avais aucune envie de voir débarquer au conseil d'administration du lycée un représentant de la région bas du front.
Certes la tyrannie du "vote utile" a bien assez duré. Je me suis encore fait avoir au premier tour, continuant à voter PS alors que je m'étais juré vu (notamment) l'inefficacité du gouvernement en matière économique et sociale et sa nullité en matière scolaire de ne plus le faire. Mais lorsqu'au 2e tour le candidat socialiste a décidé de se maintenir, je me suis fait une mauvaise joie de voter pour son concurrent LR (un centriste alsacien) : je pouvais ainsi à la fois empêcher que la région soit dirigé par le Fn et dire tout le mal que je pensais de la gauche gouvernementale (pour être honnête le PS avait appelé à voter ... CONTRE son propre candidat )
Je ne vote pas en me fondant sur les idées en matière scolaire : il faut dire là que nous sommes - je m'inclus dans la communauté des participants à ce forum - dans la catégorie des résistants et qu'aucun parti ne porte les idées que nous défendons, notamment le refus du "numérisme" et la course à un modernisme stérile dénoncés sans relâche par Loys. Disons le plus clairement : si je me fondais uniquement sur les programmes en matière scolaire, je ne voterais plus à gauche. Je ne voterais plus tout court.
Tout en expliquant à mes élèves pourquoi c'est important de voter...

Il est vrai que si nous devions voter en pensant aux politiques éducatives, nous ferions mieux de nous abstenir.
Personne n'a jamais été d'accord sur le sujet et ce n'est pas demain que cela va commencer quelque soit la couleur politique au pouvoir.

Attention : quand j'utilise l'expression "croquemitaine", c'est dans l'esprit des majorités gouvernementales successives. Malheureusement ce croquemitaine devient de plus en plus réel à chaque élection.
Vous aurez constaté que j'essaie de ne pas transformer ce site en tribune politique, précisément parce que les questions d'éducation devraient être fédératrices.

Merci pour vos réponses à tous !
Tout à fait d'accord avec vous, Loys... avec ou sans votre précision