- Messages : 18193
La promotion médiatique du privé hors-contrat
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18193
L'insistance sur Pierre Rabhi est curieuse : cette femme n'existe-t-elle pas par elle-même ?Chez la fille de Pierre Rabhi, une école où l’adulte s’adapte à l’enfant
L'originalité en soi n'est pas une vertu.Au cœur d’un écovillage auto-construit, une école et un collège proposent un projet éducatif original inspiré de Montessori et d’autres méthodes alternatives.
On comprend mieux l'insistance de "Rue89" sur Pierre Rahbi.L’histoire de l’établissement sonne comme un conte pour petits et grands. Le projet de Sophie Rabhi, fille du spécialiste mondial d’agronomie biologique et pionnier de l’écologie humaniste Pierre Rabhi, prend forme en 1999.
Rue89 est partenaire du documentaire « Pierre Rabhi, au nom de la terre », de Marie-Dominique Dhelsing, sorti ce mercredi 27 mars. Vous pouvez gagner des places pour une projection en envoyant un e-mail.
Donc forcément il fallait une école et un collège, dans cet idéal autarcique. Ce n'est pas une réflexion sur la pédagogie et l'enseignement qui explique ce projet à son origine.La maternité et ses convictions écologiques l’amènent à créer la Ferme des enfants, une école maternelle et primaire, d’abord à Montchamp (Ardèche) chez ses parents. En 2008, elle est transférée au Hameau des buis, un écovillage pédagogique et intergénérationnel, fondé dès 2002 avec son compagnon Laurent Bouquet et construit de toutes pièces par ses habitants et des bénévoles sur un plateau de l’Ardèche méridionale.
Quant au nom : "La Ferme des enfants"...
Autant dire un effectif minuscule et difficilement représentatif de quoi que ce soit...En contrebas, la rivière Chassezac, ses gorges et ses campings, où les touristes s’ébrouent l’été. En haut, et en pleine nature, l’école, entourée d’une cour de récréation, de balançoires, d’un jardin et d’une ferme pédagogique. Aujourd’hui, les deux classes de maternelle et de primaire accueillent cinquante élèves, tandis que le collège – ouvert en 2011 – reçoit 16 adolescents.
Oui enfin surtout à construire un "écovillage".L’influence de Montessori, Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller et Dolto
L’originalité du projet éducatif de la Ferme des enfants tient en une idée : changer le comportement des adultes face aux enfants.
10 enseignants pour 66 élèves, soit un enseignant pour 6 élèves. On est loin du taux d'encadrement moyen en France...Pour y parvenir, l’équipe d’enseignants (10 personnes) est influencée par la pédagogie Montessori, mais aussi par Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller ou encore par l’école de Neuville (Dolto).
Ben voyons, l'école publique ne respecte pas l'enfant. Voilà qui commence bien.Sophie Rabhi explique :
« On ne respecte pas vraiment l’enfant car on ne respecte pas ses besoins.
Alors que l'école publique ne produit que des moitiés d'homme.En y arrivant, on favorise l’émergence d’un être humain accompli.
Voilà qui est d'une grande clarté. La résonance, encore fallait-il y penser...Montessori a trouvé un certain nombre d’activités qui sont en résonance avec l’enfant, période après période, pour répondre à ses besoins naturels.
Quelle intuition géniale !On n’agit pas sur lui, on agit sur son environnement. D’où l’idée de le mettre dans la ferme et la nature. »
Un paradis pour une certaine fédération de parents d'élèves.Le système classique de notes et de compétitivité sur l’apprentissage est abandonné.
Effectivement...Le petit nombre d’élèves permet un suivi personnalisé.
Quelle jolie opposition. C'est vrai qu'apprendre à lire ou à écrire, c'est un acte très "intellectuel".Les activités manuelles (ferme aux animaux, jardinage…) sont aussi importantes que les apprentissages « intellectuels ».
C'est vrai que les enseignants de l'école publique s'efforcent plutôt d'être malveillants. Et c'est plus facile d'être bienveillant quand on choisit son public scolaire et qu'on lui demande de payer 2600€ par an.Le rôle des adultes est bien défini. Sophie Rabhi raconte :
« Le plus important, c’est l’attitude des adultes : comment est-ce qu’on règle les problèmes ? Comment éviter les situations de domination ? Comment abandonner les situations de récompense, de punition ? La bienveillance est centrale, c’est elle qui apporte la liberté et la fluidité. »
Mais attention : l'écologisme, ce n'est pas du tout du formatage.Lutter contre le « formatage émotionnel »
L’adulte qui s’adapte à l’enfant. Stéphane Villoud, ex-chef d’entreprise, et sa femme ont quitté la ville (Grenoble) pour changer de vie et d’offrir une éducation à leurs enfants plus conforme à leurs souhaits. Stéphane pointe :
« L’école publique inflige des douces violences à nos enfants. Il y a un formatage émotionnel réel, une pression des adultes et des valeurs de performance qui ne nous conviennent pas.
Un peu comme dans n'importe quelle école, en fait...Notre démarche est de critiquer notre éducation en gardant le positif. On ne veut pas de rupture. On apprend tous les jours, mais on se questionne aussi beaucoup ».
Le choix concerté de l’école et de changement de mode vie avec ses enfants est assumé par toute la famille, mais n’est pas sans créer des ajustements :
« C’est un lieu où les enfants expérimentent l’indépendance. La difficulté pour nous, parents, réside dans le décalage avec nos règles familiales. »
Il faut dire que la notion de programme implique d'emblée un "formatage émotionnel".Les programmes de l’Education nationale pas toujours suivis
Une paille : pour une famille de deux enfants, ce n'est jamais que l'équivalent de quatre smics.Las, cette école n’est pas accessible à toutes les bourses. Les frais scolaires s’élèvent à 2 600 euros par an et par élève.
Le socle, à la campagne, ça peut toujours servir.L’inspection académique a donné le feu vert à la rentrée 2011 pour que l’école primaire de La Ferme des enfants passe sous contrat.
L’école et le collège sont soumis à l’obligation scolaire du socle de compétence, mais les programmes de l’Education nationale ne sont pas forcément suivis.
Donc un enseignement pour chaque enfant, je suppose.L’objectif est d’offrir un enseignement au plus près des envies de l’enfant.
Ah oui, quand même : c'est-à-dire que le Brevet est considéré comme "intellectuel".Rodolphe Herino, coresponsable du collège, explique :
« On a rencontré les parents et les ados pour connaître leurs projets à la rentrée. Pour ceux qui veulent passer le brevet, on va coller au programme de l’Education nationale. Pour ceux qui veulent une insertion professionnelle rapide, on va cibler le socle commun et les apports de base, etc. »
D'où cet article bien opportun.Que deviennent les enfants qui retournent dans le public ? Rodolphe Herino et sa femme Claire, qui dirigent le collège depuis son ouverture, admettent qu’ « on manque de recul »...
Un bon programme, bien facile à cerner....mais ont une certitude :
« On fait le pari qu’un ado ayant les connaissances de base, qui est bien dans ses baskets, qui sait s’exprimer et dire ses émotions, aura les ressources pour se préparer et faire face à ces situations. »
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18193
Par Eric Le Mitouard
Le 25 avril 2017 à 13h10
Au 3, rue de Mony, dans le XVIe, une plaque indique que l'on entre au cours Victor-Hugo. Pourtant, c'est bien à l'Ipécom que vous êtes, une école de préparation HEC scientifique et économique, qui accepte des élèves dès la seconde… et qui se prépare à ouvrir une classe de 3e - 4e… pour enfants à haut potentiel.
« Le cours Victor-Hugo est une institution dans le XVIe. Depuis 1912, il y a toujours eu des élèves ici », raconte avec enthousiasme Annie Reithmann, directrice d'Ipécom depuis 1996, installée en 1999 dans cet appartement de 360 m2. Quand on monte les marches en travertin usées par les pas des 200 élèves qui passent ici chaque jour, on a bien le sentiment d'entrer dans un lycée à part. A l'étage, le bureau de la directrice, derrière la porte vitrée, met la pression… « Je surveille tout. Mais les élèves savent aussi qu'ils peuvent entrer à tout moment pour me parler »… Ce sera donc une douce pression.
L'idée d'Annie Reithamm est plutôt généreuse. « On voit souvent des élèves nous arriver totalement perdus. Chez nous, dans les classes de 10 à 15 élèves, ils s'épanouissent à nouveau ». Cette recette de la réussite, elle veut la faire passer pour les élèves précoces ou à haut potentiel. « C'est souvent en classe de 5e ou de 4e qu'ils se mettent à se démotiver. Parce que les cours ne vont pas assez vite. Ici, je leur propose de faire deux années en une. De faire le programme de la 4e et de la 3e en même temps », lance-t-elle. Sa technique : donner une méthode de travail, faire une classe de 10 à 12 élèves, mettre en place un vrai tutorat entre élèves et professeurs et faire des horaires à son goût : une grande semaine sur l'histoire de l'art, multiplier les visites de musées, donner des cours de théâtre sur la base de l'improvisation, renforcer les cours d'Anglais… « Je veux leur redonner le plaisir d'apprendre par l'effort, leur redonner confiance ».
Car les élèves qu'elle reçoit sont bien souvent des enfants à la limite du décrochage. Ils arrivent dans son bureau sur les conseils psychologues ou à la demande de parents désemparés. Une étude des bulletins et un entretien permettent de détecter les potentiels… et c'est l'entrée dans la cours des grands de l'Ipecom… Pour une année dont la scolarité s'élève quand même à 8 900€.
Newsletter L'essentiel du 75
Un tour de l'actualité à Paris et en IDF
Toutes les newsletters
Dejà quatre élèves sont inscrits dans cette première année de classe tremplin. « A huit élèves inscrits, on se lancera », assure la directrice. Lauriane, une jeune élèves de terminale a été repêchée ici en mars dernier après avoir subi les critiques de ses camarades « parce que j'étais trop curieuses », souligne-t-elle. Pour elle, pas de doute, cette école n'est pas comme les autres : « Les plus jeunes vont vite s'adapter. Et ce sera très positif, pour eux, de rencontrer dans les couloirs des élèves plus âgés ».
Renseignements au 01.47.27.00.50.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18193
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Analysons.
Le titre donne le ton de l'article : publicitaire et non journalistique.Lyon : Ce collège ne donne pas de devoirs mais « des étoiles dans les yeux » aux élèves
Donc totalement incohérent : mais tout est bon pour séduire tous les publics.EDUCATION Le collège Déclic à Lyon est le premier collège « alternatif et républicain ». Il ne se revendique pas de l’enseignement Montessori, Freinet ou Steiner, mais s’inspire « un peu de toutes ces méthodes » pour faire sa propre pédagogie
Donc pas encore de recul pour juger des résultats d'un cursus de collège au brevet 2023 par exemple.En 2019, le collège Déclic, « alternatif et républicain », a ouvert ses portes à Lyon pour proposer un modèle différent de celui classique.
Donc les émotions violentes ne sont peut-être pas bonnes à vivre. ^^« Toutes les émotions sont bonnes à vivre », rappelle Léa, professeure de mathématiques au collège Déclic de Lyon. Ce lundi matin là, une dizaine d’élèves de 4e et 3e sont en cours de « communication non-violente », dans ce collège du 8e arrondissement.
Ça fonctionne surtout mieux quand on fuit le recrutement de l'école publique (tout en prétendant rassembler une "vraie diversité de milieu social et de nationalité") et qu'on recherche les tout petits effectifs bien encadrés. Dans ce "collège" hors-contrat, 57 élèves : moins que deux classes dans un collège public.Assis sur une chaise, disposé en cercle, chacun prend la parole pour exprimer ses sentiments. « Ces trois quarts d’heures sont l’occasion, quand il y en a, de régler des conflits et d’apprendre à parler en sentiments », ajoute Jean-Armand Barone, cofondateur de cet établissement « alternatif et républicain » en 2019. « Avec Anne Durand-Reboul, on s’est rendu compte que, dans l’Éducation nationale, ça tournait mal au collège, explique-t-il. C’est à partir de cette période, par exemple, qu’on commence à voir du harcèlement. On a voulu faire autrement et démontrer que cette méthode peut fonctionner, comme c’est le cas au Québec ou encore en Finlande. »
L'auteur de l'article n'a pas demandé quel était le taux d'encadrement de ce collège.
Avec "1h30 de cours par jour", il suffit de l'affirmer, en effet !Pour Zélie, qui était dans une école classique avant, cette façon de travailler est un vrai « bonheur ». « J’aime cette autonomie. On peut avoir l’impression qu’on travaille moins mais ce n’est pas le cas.
Dommage que l'article n'indique pas les tarifs, effectivement adaptés : un parent seul au smic devra payer l'année scolaire presque l'équivalent de deux smics, s'il a la chance d'obtenir les places limitées pour les plus défavorisés !La plupart des 57 élèves inscrits viennent d’enseignements du premier degré qui suivaient les méthodes Montessori, Freinet ou Steiner. D’autres sont là après des « phobies scolaires ». « Le premier critère pour intégrer Déclic, c’est l’envie. On veut que l’enfant ait des étoiles dans les yeux quand il se rend au collège », lance le cofondateur qui précise qu’ici, « on paie l’année en fonction de ses revenus ». « On a une vraie diversité de milieu social et de nationalité entre nos élèves et c’est ce qui fait la force et l’ouverture d’esprit de ces futurs adultes », assure-t-il.
L'auteur de l'article n'a évidemment pas demandé non plus quelle proportion de parents payaient combien.
Et même visiblement de nombreuses "spécialités" !« On utilise les mêmes manuels et on arrive à boucler le programme demandé », confirme Léa, la professeure de mathématiques mais aussi d’ateliers artistiques et de théâtre. Diplômée d’un master de sciences sociales en genre, elle donne également des cours d’éducation affectives, relationnelles et sexuelles. Dans l’établissement, chaque enseignant a sa « spécialité ».
De manière amusante, on constate sur le site du collège que la plupart des "enseignants" n'ont pas de diplômes d'enseignement, voire pas de diplôme en rapport avec ce qu'ils "enseignent". Une exception : un professeur agrégé de SVT, chargé... des jeux de société !
Avec 1h30 de cours par jour, on peut en ajouter, des disciplines ! Et tant pis si la zététique ne correspond à aucun diplôme connu : ça fait chic !Ainsi, celui qui fait de la SVT donne aussi des cours de zététique.
Et l'auteur de l'article a évidemment vérifié... ou pas.Une méthode qui peut laisser perplexe vue de l’extérieur. « C’est souvent la première angoisse des parents. Leurs enfants vont-ils avoir du retard avec si peu d’heures de cours ? Vont-ils pouvoir s’insérer ensuite ? », confie Jean-Armand Barone. Il répond avec un grand sourire : « En quatre ans, on n’a jamais eu d’échecs. »
Dans les partenaires du collège, la "Française des Jeux" avec cette curieuse justification, pour l'égalité des chances, sans doute !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18193
Jeudi 5 octobre 2023
Alors que les confinements successifs contraignent les enfants à rester enfermés, un groupe de parents se met à rêver d'une école de la forêt dans le parc naturel régional du Morvan. Léa Minod retrace près de trois ans de bataille pour que cet établissement hors norme et hors contrat voie le jour.
Alors qu’elles représentent 20 % des écoles maternelles au Danemark, les “forest schools” ne sont pas vraiment une priorité pour notre Éducation nationale, occupée à d’autres débats… Le principe est pourtant simple : les enfants acquièrent les mêmes connaissances qu’entre les murs d’une école, mais dehors. Écrire son nom avec des bouts de bois, s'initier aux mesures en construisant des cabanes, à la biologie en étudiant le cycle des plantes : la nature devient un support d’apprentissage, de jeu, d’autonomie et d’entraide, et ce, par tous les temps.
Située dans le petit village de la Comelle en Saône-et-Loire, l’école dont il est question s’appelle la Canopée. Retour sur les mois d'âpres recherches et de débats houleux qui ont précédé son inauguration.
“L'école de la forêt, c'est un peu comme un rêve”
À l’origine du projet, il y a l’énergie de Moïse, le compagnon de Léa, qui veut offrir à leur fille un cadre d’études épanouissant et a “une envie plus globale de participer à ce que la génération suivante ait une autre relation avec le vivant”. Il affiche son ambition dans les magasins de la ville voisine et rassemble un petit groupe de parents motivés. C’est le cas de Camille, mère de deux enfants installée dans le Morvan depuis cinq ans : “Pour moi, l'école de la forêt, c'est un peu comme un rêve. Dans un cadre fermé, ce qui manque aux enfants, c'est la liberté de pouvoir être à leur rythme, d’explorer leur environnement. Dans la forêt, ils peuvent tout apprendre, y compris être en groupe”. Des dizaines de réunions plus tard, leur joyeuse communauté a discuté des valeurs, posé les bases et esquissé les contours de l’école. Reste à trouver un terrain où l’implanter. “Le Morvan, avec sa nature qui domine tout, est un territoire qu'on imagine idéal pour implanter une école de la forêt”, avance Léa. Pourtant, le projet va rencontrer de nombreuses résistances.
À lire aussi : A Majorque, l'école des Petits Poucets de la forêt
Les Pieds sur terre
28 min
Une menace pour l’école publique ?
Lors d’une réunion avec le groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan (GFSFM), des tensions se font jour. Ghislaine Nouallet, cogérante du groupement et ancienne institutrice, explique : “Ma corde sensible à la mixité sociale a été titillée. J'ai insisté sur cet aspect qui me heurtait”. Habitante du Morvan depuis plus de 30 ans, elle défend l’école publique de village, “un pari et une expérience extraordinaire pour les enfants” où “toutes les catégories sociales sont représentées”. L’école de la forêt présente en effet une barrière : son prix, évalué “entre 250 et 300 € par mois et par enfant”, d’après les estimations de Moïse, qui concède : “Ça fait tout de suite un tri à l'entrée. C'est quelque chose qui me pose question, mais je n'ai pas le choix”.
Partageant l’avis de Ghislaine, un autre détracteur leur écrit par mail : “Vous vous apprêtez à ouvrir une école privée hors contrat. Il me semble que dans le monde d'aujourd'hui, ce choix est irresponsable. L'école publique a beaucoup de défauts, mais c'est un bien commun”. Plus loin, il met en avant la menace que représente une alternative : “Vous savez très bien qu'en retirant vos enfants de l'école de votre village, vous l'affaiblirez. Moi, je crois qu'il faut se battre pour elle, pour qu'elle subsiste, pour qu'elle devienne meilleure. Les écoles privées ou sous contrat sont toujours des espaces communautaires. On n’y rencontre que ses semblables, sélectionnés par le projet et/ou par l'argent. Quelle tristesse et surtout, quelle impasse !”.
À lire aussi : Ecole : qui a peur de la mixité sociale ?
Être et savoir
58 min
Face à ces critiques, Léa ne peut s’empêcher de se sentir “découragée et coupable” : “à cause moi, qui ai pourtant grandi dans une école où les élèves s'amusaient à compter sur les doigts d'une main ceux dont les parents étaient nés en France, notre fille pourrait ne pas connaître pas l'altérité. Pire, une école pourrait disparaître, et cette possibilité m'effraie”.
L’inauguration tant espérée
L’équipe de parents part alors en quête d’une municipalité dont l’école n’est pas menacée. “On visite une dizaine de terrains par tous les temps. Certains propriétaires privés, et même une commune dont l'école est pourtant fragile, nous proposent un hectare de forêt. Mais les arbres sont trop jeunes, la pente trop raide ou la chasse trop présente”. Après des mois d’errance, ils trouvent enfin, dans la commune de Roussillon-en-Morvan. Début juillet 2022, tout se prépare pour la rentrée. Une dizaine d'enfants sont inscrits et l'institutrice, Karine, est recrutée. Prof depuis 21 ans, elle a tenté de provoquer des changements “à l’intérieur du système”, en vain. Une réunion houleuse avec les gérants de la colonie censée héberger l'école de la forêt met brutalement fin aux préparatifs de rentrée. Retour à la case départ.
À écouter : A l'école buissonnière
La Transition
4 min
Un an plus tard, nouveau coup de théâtre, positif cette fois : “On a trouvé une école vide dans un autre petit village du Morvan, la Comelle. La parcelle de forêt est à cinq minutes à pied de la salle de classe. Florence, l'institutrice, vient d'emménager dans la région après 27 ans d'éducation nationale. Huit enfants sont inscrits. Les décisions se prennent en une respiration”.
Le 2 septembre 2023, l'école de la Forêt du Morvan, qui a pris le nom de Canopée, est inaugurée dans une grande émotion. “Depuis, notre fille Awa dort comme un loir et ne pleure plus quand je la dépose le matin”.
Reportage : Léa Minod
Réalisation : Eric Lancien
Merci à Cécile Laffon et à toutes les personnes interviewées pour leur confiance, même si on ne les entend pas toutes.
NB : Dans l‘introduction de l'épisode, il est évoqué l'existence de 2000 écoles de la forêt en Allemagne, or il y en a "seulement" un peu plus de 200. L‘erreur vient d‘une confusion entre les Waldschulen (écoles de la forêt) et les Waldorfschulen (écoles à pédagogie alternative 'Waldorf-Steiner') qui sont elles au nombre de 2000.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.