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Prune Helfter-Noah : "En finir avec l'école"
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18 Déc 2024 08:47 - 19 Déc 2024 11:07 #25327
par Loys
Prune Helfter-Noah : "En finir avec l'école" a été créé par Loys
Sur un blog de "Mediapart" du 21/09/23 cet
entretien avec Prune Helfter-Noah (EELV) à propos de son livre "En finir avec l'école"
Mme Prune Helfter-Noah s'est découverte experte de l'école à l'occasion du confinement, et en tant que parent : voilà qui suffit à montrer la profondeur de la pensée scolaire d'une élue qui ne connaît au fond pas l'école.
A peine trois ans après, elle publie donc un ouvrage pour la révolutionner.
Précisons qu'elle a fait sa scolarité maternelle et primaire dans une école privée , "un établissement sans devoirs à la maison, sans note, sans classement, ce qui n’était pas le cas dans les autres écoles" (sic).
L'entretien confirme qu'elle ne connaît pas l'école : les enfants ne passent pas "8 heures par jour sur les bancs de l'école", mais 5h30 maximum en primaire, 6h en sixième (pour un total de 24h ou 26h par semaine en primaire ou au collège, quel que soit le niveau). Jamais l'horaire scolaire n'a d'ailleurs été aussi faible dans l'histoire de l'école républicaine.
De la même façon, juger du travail ordinaire à l'école ("J'ai été très surprise de constater qu'en une heure ou deux, quatre fois par semaine, le travail exigé par l'éducation nationale était réalisé") à partir des conditions dégradées du confinement n'a évidemment aucun sens (sans parler du fait que Mme Helfter-Noah confond le travail à la maison et le travail en classe et n'a visiblement aucune conscience de la dimension collective de l'enseignement).
Mme Helfter-Noah avoue benoîtement que sa connaissance des questions scolaires est aussi neuve que livresque, éludant précipitamment la question du dialogue avec "des membres de l'institution scolaire", se contredisant régulièrement et recyclant, ainsi qu'on va le voir, de bien vieilles lunes pédagogiques comme des illuminations nouvelles.
Pour récente et théorique qu'elle soit, cette profonde connaissance aboutit à des aspirations imposantes : remettre en causes les méthodes d'enseignement, et même les fins de l'école "pour envisager une école radicalement différente". Dès lors, cette lanceuse d'alerte peut dénoncer "les mythes positifs qui entourent [l'école] : émancipation, égalité, reconnaissance sociale..."
Forte de son talent de pédagogue improvisée avec ses enfants, Mme Helfter-Noah peut juger du caractère « superflu » au mieux, « néfaste » au pire, de l'école obligatoire telle qu'elle existe aujourd'hui en France". L'école est ensuite présentée comme "n'ayant jamais été aussi maltraitante envers les élèves" ou "aussi inégalitaire et aussi peu démocratique". L'école "radicalement différente" pourrait d'ailleurs être l'école à la maison, qu'elle défend au nom de Jules-Ferry.
Il ne fait aucun doute que l'école à la maison serait plus égalitaire et démocratique !
Au reste, sa vision de la démocratisation de l'école est nébuleuse, et même assez délirante ("faire en sorte que les enseignants, les familles, les élèves, aient leur mot à dire sur les contenus et les méthodes de l'école") et n'est pas sans rappeler, avec la promotion de la "créativité" à l'école (sans définir le concept), les écoles dites "démocratiques" (aux tarifs exorbitants) que nous avons recensées et étudiées dans l'enseignement hors-contrat.
Le procès de Parcoursup fait consensus mais, sans aucune démonstration et par glissement rhétorique idiot, Mme Helfter-Noah accuse, en répétant ce qu'elle a pu lire ici ou là, l'école de promouvoir la "compétition" "dès le plus jeune âge" (en maternelle ?). Et tant pis si l'école est la même pour tous jusqu'à la fin du collège (14 ans). Elle accuse également "la notation", ignorant visiblement qu'elle est devenue résiduelle en primaire.
Par un même glissement rhétorique idiot, Mme Helfter-Noah fait le lien entre le SNU (décrié par tous les enseignants) et le travail quotidien des enseignants : "L'institution scolaire est un outil massif de formatage (plus que de formation) des esprits". Les enseignants seront heureux de l'apprendre.
Interrogée par un esprit apparemment convaincu, Mme Hlefter-Noah, par la puissance de son esprit et grâce à sa connaissance toute neuve des questions scolaires, condamne, à la façon d'un oracle, la notation à l'école : "un mythe sans fondement qui bloque toute évolution pédagogique. La note sert essentiellement à classer les élèves [...] En aucun cas la note n'est-elle un outil encourageant le développement par l'élève de ses compétences et la maximisation de ses potentialités."
On se demande bien quel tri scolaire a lieu en CM1 ou en quatrième : l'orientation n'intervient... qu'en fin de scolarité obligatoire, vers quinze ans. Il n'est pas venu à l'esprit de cette experte que, quel que soit le stade de l'éducation, la notation avait simplement vocation à évaluer le niveau...
Tout en prétendant défendre les enseignants dans sa vision de la "démocratisation" scolaire, Mme Helfter-Noah dénonce leur aveuglement s'agissant de la notation et du tri scolaire, et va plus encore plus loin : "L'école ne devrait pas être « la chose » des enseignants". Dans la même phrase, Mme Hlefter-Noah souhaite néanmoins que les enseignants soient, parmi d'autres, "très étroitement associés à la gestion de l'enseignement". Allez comprendre...
L'école ne devrait pas non plus être "la chose du gouvernement" (car visiblement les enseignants et le gouvernement seraient la même chose). C'est une critique qu'on trouve habituellement à l'extrême-droite : le rejet d'une école républicaine, dans l'esprit de Condorcet.
En cohérence avec sa condamnation des notes, Mme Helfter-Noah condamne "la valeur travail" à l'école. Étrangement, son interlocuteur dénonçant "la sacro-sainte valeur travail qui sous-entend [sic] tout le cursus scolaire", cite alors Célestin Freinet, semblant ignorer que ce dernier a écrit L'Education au travail...
Peu importe : c'est l'occasion pour Mme Helfter-Noah, en bonne progressiste, de promouvoir les "pédagogies alternatives" qui seraient "très peu employées au sein de l'école publique" alors qu'elles auraient "fait leur preuve depuis plus d'un siècle". Mme Helfter-Noah semble ignorer que le constructivisme et le socio-constructivisme ont été imposés aux enseignants depuis plus d'un demi-siècle et sont désormais des pratiques dominantes, y compris dans le secondaire ( comme l'a montré l'enquête Épode 2018 ).
Elle pourrait d'ailleurs, au lieu d'affirmer sans preuve leur supériorité, opportunément s'interroger sur la perte d'efficacité concomitante de notre école. Les pédagogies de la découverte commencent d'ailleurs à faire de plus en plus l'objet de vives critiques.
Elle répète également les mêmes inepties rebattues sur le climat scolaire et le bien-être des élèves, alors qu'il est excellent en France.
Sur le plaisir d'apprendre, qui serait donc "tabou" dans l'école, notre experte propose cette puissante analyse socio-philosophique :
Vivement, en tout cas, une école sans "hiérarchie" ni "obéissance" ! Mme Helfter-Noah devrait donner l'exemple en prenant une classe de CE1 ou de quatrième pendant un mois ou deux...
En affirmant que l'école ne serait aujourd'hui qu'une garderie, elle confond totalement les finalités de l'école et le résultat d'une désastreuse transformation de l'école sous l'effet de discours progressistes qu'elle rabâche ici en pensant offrir une réflexion nouvelle.
Cette conception libertaire de l'école se termine d'ailleurs par une condamnation de "l'obligation scolaire, qui vicie la relation de l'élève au professeur" : Mme Helfter-Noah, qui a retirée ses trois enfants de l'école car ils apprenaient mieux avec elle qu'à l'école, rejoint ici les discours scolaires les plus réactionnaires.
Ce message contient des informations confidentielles
Mme Prune Helfter-Noah s'est découverte experte de l'école à l'occasion du confinement, et en tant que parent : voilà qui suffit à montrer la profondeur de la pensée scolaire d'une élue qui ne connaît au fond pas l'école.
A peine trois ans après, elle publie donc un ouvrage pour la révolutionner.
Précisons qu'elle a fait sa scolarité maternelle et primaire dans une école privée , "un établissement sans devoirs à la maison, sans note, sans classement, ce qui n’était pas le cas dans les autres écoles" (sic).
L'entretien confirme qu'elle ne connaît pas l'école : les enfants ne passent pas "8 heures par jour sur les bancs de l'école", mais 5h30 maximum en primaire, 6h en sixième (pour un total de 24h ou 26h par semaine en primaire ou au collège, quel que soit le niveau). Jamais l'horaire scolaire n'a d'ailleurs été aussi faible dans l'histoire de l'école républicaine.
De la même façon, juger du travail ordinaire à l'école ("J'ai été très surprise de constater qu'en une heure ou deux, quatre fois par semaine, le travail exigé par l'éducation nationale était réalisé") à partir des conditions dégradées du confinement n'a évidemment aucun sens (sans parler du fait que Mme Helfter-Noah confond le travail à la maison et le travail en classe et n'a visiblement aucune conscience de la dimension collective de l'enseignement).
Mme Helfter-Noah avoue benoîtement que sa connaissance des questions scolaires est aussi neuve que livresque, éludant précipitamment la question du dialogue avec "des membres de l'institution scolaire", se contredisant régulièrement et recyclant, ainsi qu'on va le voir, de bien vieilles lunes pédagogiques comme des illuminations nouvelles.
Pour récente et théorique qu'elle soit, cette profonde connaissance aboutit à des aspirations imposantes : remettre en causes les méthodes d'enseignement, et même les fins de l'école "pour envisager une école radicalement différente". Dès lors, cette lanceuse d'alerte peut dénoncer "les mythes positifs qui entourent [l'école] : émancipation, égalité, reconnaissance sociale..."
Forte de son talent de pédagogue improvisée avec ses enfants, Mme Helfter-Noah peut juger du caractère « superflu » au mieux, « néfaste » au pire, de l'école obligatoire telle qu'elle existe aujourd'hui en France". L'école est ensuite présentée comme "n'ayant jamais été aussi maltraitante envers les élèves" ou "aussi inégalitaire et aussi peu démocratique". L'école "radicalement différente" pourrait d'ailleurs être l'école à la maison, qu'elle défend au nom de Jules-Ferry.
Il ne fait aucun doute que l'école à la maison serait plus égalitaire et démocratique !
Au reste, sa vision de la démocratisation de l'école est nébuleuse, et même assez délirante ("faire en sorte que les enseignants, les familles, les élèves, aient leur mot à dire sur les contenus et les méthodes de l'école") et n'est pas sans rappeler, avec la promotion de la "créativité" à l'école (sans définir le concept), les écoles dites "démocratiques" (aux tarifs exorbitants) que nous avons recensées et étudiées dans l'enseignement hors-contrat.
Le procès de Parcoursup fait consensus mais, sans aucune démonstration et par glissement rhétorique idiot, Mme Helfter-Noah accuse, en répétant ce qu'elle a pu lire ici ou là, l'école de promouvoir la "compétition" "dès le plus jeune âge" (en maternelle ?). Et tant pis si l'école est la même pour tous jusqu'à la fin du collège (14 ans). Elle accuse également "la notation", ignorant visiblement qu'elle est devenue résiduelle en primaire.
Par un même glissement rhétorique idiot, Mme Helfter-Noah fait le lien entre le SNU (décrié par tous les enseignants) et le travail quotidien des enseignants : "L'institution scolaire est un outil massif de formatage (plus que de formation) des esprits". Les enseignants seront heureux de l'apprendre.
Interrogée par un esprit apparemment convaincu, Mme Hlefter-Noah, par la puissance de son esprit et grâce à sa connaissance toute neuve des questions scolaires, condamne, à la façon d'un oracle, la notation à l'école : "un mythe sans fondement qui bloque toute évolution pédagogique. La note sert essentiellement à classer les élèves [...] En aucun cas la note n'est-elle un outil encourageant le développement par l'élève de ses compétences et la maximisation de ses potentialités."
On se demande bien quel tri scolaire a lieu en CM1 ou en quatrième : l'orientation n'intervient... qu'en fin de scolarité obligatoire, vers quinze ans. Il n'est pas venu à l'esprit de cette experte que, quel que soit le stade de l'éducation, la notation avait simplement vocation à évaluer le niveau...
Tout en prétendant défendre les enseignants dans sa vision de la "démocratisation" scolaire, Mme Helfter-Noah dénonce leur aveuglement s'agissant de la notation et du tri scolaire, et va plus encore plus loin : "L'école ne devrait pas être « la chose » des enseignants". Dans la même phrase, Mme Hlefter-Noah souhaite néanmoins que les enseignants soient, parmi d'autres, "très étroitement associés à la gestion de l'enseignement". Allez comprendre...
L'école ne devrait pas non plus être "la chose du gouvernement" (car visiblement les enseignants et le gouvernement seraient la même chose). C'est une critique qu'on trouve habituellement à l'extrême-droite : le rejet d'une école républicaine, dans l'esprit de Condorcet.
En cohérence avec sa condamnation des notes, Mme Helfter-Noah condamne "la valeur travail" à l'école. Étrangement, son interlocuteur dénonçant "la sacro-sainte valeur travail qui sous-entend [sic] tout le cursus scolaire", cite alors Célestin Freinet, semblant ignorer que ce dernier a écrit L'Education au travail...
Peu importe : c'est l'occasion pour Mme Helfter-Noah, en bonne progressiste, de promouvoir les "pédagogies alternatives" qui seraient "très peu employées au sein de l'école publique" alors qu'elles auraient "fait leur preuve depuis plus d'un siècle". Mme Helfter-Noah semble ignorer que le constructivisme et le socio-constructivisme ont été imposés aux enseignants depuis plus d'un demi-siècle et sont désormais des pratiques dominantes, y compris dans le secondaire ( comme l'a montré l'enquête Épode 2018 ).
Elle pourrait d'ailleurs, au lieu d'affirmer sans preuve leur supériorité, opportunément s'interroger sur la perte d'efficacité concomitante de notre école. Les pédagogies de la découverte commencent d'ailleurs à faire de plus en plus l'objet de vives critiques.
Elle répète également les mêmes inepties rebattues sur le climat scolaire et le bien-être des élèves, alors qu'il est excellent en France.
Sur le plaisir d'apprendre, qui serait donc "tabou" dans l'école, notre experte propose cette puissante analyse socio-philosophique :
Il n'est pas venu à l'esprit de notre révolutionnaire scolaire de salon que le plaisir d'apprendre pouvait venir de l'effort et de ses résultats. On se demande bien quelle émancipation est possible sans connaissance ni capacité de raisonnement.Encore une fois, l'école ne fait que refléter les valeurs qui régissent les rapports sociaux. L'école qui a pour fonction de préparer l'enfant à la société, doit donc lui inculquer la centralité de la valeur-travail, le respect de la hiérarchie et l'obéissance. Les rapports verticaux de domination sont privilégiés, l'effort et la contrainte sont valorisés, alors que le plaisir et les rapports horizontaux de coopération sont les grands oubliés.
Vivement, en tout cas, une école sans "hiérarchie" ni "obéissance" ! Mme Helfter-Noah devrait donner l'exemple en prenant une classe de CE1 ou de quatrième pendant un mois ou deux...
En affirmant que l'école ne serait aujourd'hui qu'une garderie, elle confond totalement les finalités de l'école et le résultat d'une désastreuse transformation de l'école sous l'effet de discours progressistes qu'elle rabâche ici en pensant offrir une réflexion nouvelle.
Cette conception libertaire de l'école se termine d'ailleurs par une condamnation de "l'obligation scolaire, qui vicie la relation de l'élève au professeur" : Mme Helfter-Noah, qui a retirée ses trois enfants de l'école car ils apprenaient mieux avec elle qu'à l'école, rejoint ici les discours scolaires les plus réactionnaires.
Dernière édition: 19 Déc 2024 11:07 par Loys.
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