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"L'enseignant communicant" et la classe "instagrammable" (Aksel Kilic et Jean-Paul Payet)
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08 Fév 2025 10:55 - 08 Fév 2025 10:56 #25365
par Loys
"L'enseignant communicant" et la classe "instagrammable" (Aksel Kilic et Jean-Paul Payet) a été créé par Loys
Sur AOC du 4/02/25, tribune de deux sociologues et éloge des applications numériques :
"École et parents : vers une relation digitale ?"
Attention : Spoiler !
École et parents : vers une relation digitale ?
Par Aksel Kilic et Jean-Paul Payet
Sociologue , Sociologue
Les applications numériques proposant une communication entre les écoles et les parents engendrent une transformation par le bas de la relation enseignant/parent qui mérite attention. Plutôt que de se limiter à une « marchandisation d’un bien public », elles renforcent l’autonomie des enseignants, valorisent leur travail et facilite la collaboration avec les parents, qui gagnent le droit de suivre à distance la vie scolaire de leurs enfants.
Une dizaine d’applications numériques proposent actuellement à l’école primaire une communication entre les professeurs des écoles et les parents d’élèves. Le collège et le lycée se sont depuis deux décennies convertis à des applications numériques de gestion de la vie scolaire, dont la plus connue est Pronote. Il s’agit d’informer sur les notes, les devoirs, les appréciations, les annonces officielles.
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Mais les applications dédiées à la relation entre les enseignants et les parents à l’école primaire offrent des fonctionnalités plus larges. Certes, le professeur des écoles se sert du fil de discussion pour informer, faire des rappels sur des petites consignes du quotidien de la classe, le parent utilise la messagerie privée pour prévenir d’une absence de son enfant, poser une question sur un devoir, demander un rendez-vous. Mais le succès de ces applications – une dizaine existe actuellement en France – ne tient pas seulement à ce qu’elles remplacent avec efficacité le cahier de liaison.
Beneylu School, Classdojo, Edumoov, Klassly, One, Scolnet, Toutemonannée… : des réseaux sociaux à l’école primaire ? C’est d’abord dans leur design visuel, à la manière de Facebook ou Instagram, et dans leur registre langagier, que ces applications se rapprochent des réseaux sociaux. C’est ensuite par leur fonction de partage, comme sur tout réseau social. L’enseignant publie des messages, des photos, des vidéos à sa « communauté » : les parents des élèves de sa classe, ses followers. Sur l’application, l’enseignant poste, le parent like ou commente. L’enseignant reste libre de poster quand il le souhaite, soirée, week-end et vacances compris, mais reçoit les notifications des parents aux horaires qu’il définit sur l’application. Enfin, les parents, à la différence d’une application comme WhatsApp, n’ont pas la possibilité de communiquer entre eux.
C’est donc un réseau social scolaire très encadré que proposent les éditeurs privés d’applications pour convaincre des enseignants légitimement inquiets des risques de voir leur vie privée envahie et les parents prendre le pouvoir en créant des alliances virtuelles. Sur ces réseaux sociaux scolaires, la communication n’en est pas moins très différente d’une forme écrite classique.
Dans la profession enseignante, apparaît ainsi une nouvelle figure, celle de « l’enseignant communiquant ». Sa classe devient instagrammable. Il poste ce qui sort de l’ordinaire : des projets artistiques, culturels ou sportifs, des sorties de classe, des activités pédagogiques originales, des anniversaires. Le parent devient spectateur de moments tournés vers l’épanouissement de son enfant. Il réalise le fantasme de la « petite souris » : entrer dans la classe, rester en lien avec son enfant, ne rien rater de sa vie. Les enseignants postent, les parents likent. Les premiers obtiennent un peu de cette reconnaissance dont le métier fait de plus en plus défaut, les seconds un peu de soulagement à leur culpabilité typiquement contemporaine.
Pour saisir le potentiel de ces applications, il faut prendre conscience de la difficulté de la relation entre l’école et les familles.
En dépit du discours marketing des éditeurs d’application, tout n’est pas si simple sur un réseau social scolaire. Le parent gagne peut-être le droit – et le plaisir – de participer à distance, parfois en instantané, à la vie de son enfant à l’école. Mais ce droit s’accompagne de devoirs, dont le premier est de montrer son intérêt. Le parent doit liker les messages de l’enseignant, et s’il souhaite faire un commentaire, user d’un langage approprié, le même que celui de l’enseignant, à la fois formel et cool.
Pas de familiarité avec l’enseignant, d’autant que le message est public, pas de fautes d’orthographe non plus, pas d’emoji déplacé. Il doit être réactif, car l’enseignant voit qui répond et dans quel délai. Ne pas se manifester est interprété comme une forme de désintérêt, voire de désaccord, et les parents le comprennent vite. Ils font tout pour éviter ce qui pourrait enclencher des micro-représailles sur leur enfant. Les parents quant à eux sont parfois pris à leur propre piège du lien « continu » avec leur enfant, qui peut paradoxalement renforcer l’inquiétude plutôt que la calmer.
Comment ces applications se financent-elles ? Les éditeurs privés vendent aux parents l’album-photo qui rassemble les publications les plus marquantes de l’année scolaire. Les parents ne paient pas l’accès à l’application, c’est l’enseignant qui souscrit un abonnement sur le budget de l’école ou sur son propre budget (la pratique est répandue chez les enseignants qui achètent du matériel de classe sur leurs deniers). Le débat sur la gratuité de l’école publique n’est donc pas la question. La sécurité des données est également garantie par le respect du RGPD (règlement général pour la protection des données). Ce qui se passe à l’école avec ces applications n’est pas la marchandisation d’un bien public, comme certaines voix dans la hiérarchie de l’Éducation nationale l’affirment.
Il s’agit plutôt d’une transformation « par le bas », mise en œuvre par des acteurs ordinaires, professionnels et usagers. L’hypothèse à laquelle conduit l’enquête sociologique sur ce phénomène en expansion est celle de l’émergence d’un nouveau référentiel de la relation entre l’école et les familles. Après un premier référentiel, fondateur de l’école républicaine, de la rupture avec les familles, puis un second référentiel, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, de la proximité, ce troisième référentiel hybride de façon oxymorique proximité et distance.
Les applications rapprochent parce qu’elles ont été conçues pour être simples d’utilisation et, de fait, elles favorisent l’accessibilité. Dans le même temps, elles tiennent à distance parce qu’elles sont virtuelles. Si l’enseignant ouvre sa classe, c’est sur des moments particuliers qui créent de la convivialité, de la complicité, loin d’un débat pédagogique. Le registre de la communication est affectif, sur un mode superficiel, dans le format typique d’un réseau social. Les parents quant à eux doivent manifester leur présence de manière réactive, mais les applications limitent leurs voix. La communauté du réseau social scolaire n’est pas un collectif mobilisé. Ce sont des individus atomisés, rassemblés sur un fil de discussion maîtrisé par l’enseignant.
Pour autant, le référentiel oxymorique de la proximité-distance entre parents et enseignants n’est pas dénué d’une capacité transformatrice. Si les inégalités sociales entre parents perdurent avec le numérique, elles peuvent être atténuées par l’usage d’un outil, le smartphone, dont l’usage transcende l’appartenance sociale. Une des applications propose une fonction de traduction simultanée : chacun écrit et lit les messages de l’autre dans sa langue. Elle fluidifie ainsi la relation entre l’école et les parents allophones. Peu importe le milieu social, les parents déclarent être heureux de recevoir des photos et des vidéos de leur enfant. C’est un trait de la parentalité actuelle. Les parents sont friands des posts envoyés par l’enseignant, qui rendent pour eux l’école plus rassurante et symboliquement moins inaccessible. En outre, pour les parents qui travaillent, l’application remplace le portail de l’école où l’on peut échanger quelques mots avec l’enseignant.
Ces applications reflètent l’autonomie des enseignants. Depuis quelques années, l’institution scolaire en partenariat avec les collectivités locales impose ses propres ENT (environnements numériques de travail). Mais les professeurs des écoles qui ont goûté à des applications plus proches dans leur design et leur ergonomie des réseaux sociaux résistent. Comme pour les autres outils pédagogiques, le libre choix d’une application relève de l’enseignant. La reprise en main institutionnelle en cours passe à côté de l’essentiel : le métier enseignant ne repose plus sur une vocation intangible, l’attractivité a baissé, quitter le métier n’est plus une décision rare.
Le numérique est aujourd’hui un terrain pour vivre l’autonomie professionnelle. La sphère numérique, que ce soit avec les applications ou sur les réseaux sociaux, offre en effet aux enseignants un espace de créativité et de reconnaissance. Des enseignants deviennent des influenceurs sur les réseaux sociaux, et chaque enseignant, avec une application, peut animer la communauté de ses parents d’élèves. Avec les posts, les emojis et les likes, ce n’est pas la disruption annoncée par les éditeurs d’application, mais les enseignants inventent au quotidien une relation aux parents plus fun et plus conviviale. Loin de la novlangue désincarnée sur la co-éducation.
Pour saisir le potentiel de ces applications, il faut prendre conscience de la difficulté de la relation entre l’école et les familles. Dans son message aux enseignants, l’institution prône le partenariat. Tout parent a le droit d’être informé, associé, consulté sur ce qui affecte la vie de son enfant à l’école. On ne peut le nier : la relation aux parents est une charge réelle du métier actuel de professeur des écoles. En plus de la communication sur le suivi formel des apprentissages des élèves, le travail relationnel avec les parents porte d’autres dimensions plus invisibles : convivialité, civilité, écoute, soutien éducatif. Les applications outillent les enseignants pour réaliser ces tâches complexes. Elles leur permettent aussi d’impliquer les parents, même si ceux-ci ne sont pas à l’initiative des échanges. Face aux préoccupations des enseignants et des parents, les applications proposent une « solution » qui mérite d’être regardée de près, au-delà des postures idéologiques.
Aksel Kilic
Sociologue , Maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Paris-Est Créteil et membre du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Transformations des pratiques Éducatives et des pratiques Sociales (LIRTES)
Jean-Paul Payet
Sociologue , Professeur de sociologie de l'éducation à l'Université de Genève
Par Aksel Kilic et Jean-Paul Payet
Sociologue , Sociologue
Les applications numériques proposant une communication entre les écoles et les parents engendrent une transformation par le bas de la relation enseignant/parent qui mérite attention. Plutôt que de se limiter à une « marchandisation d’un bien public », elles renforcent l’autonomie des enseignants, valorisent leur travail et facilite la collaboration avec les parents, qui gagnent le droit de suivre à distance la vie scolaire de leurs enfants.
Une dizaine d’applications numériques proposent actuellement à l’école primaire une communication entre les professeurs des écoles et les parents d’élèves. Le collège et le lycée se sont depuis deux décennies convertis à des applications numériques de gestion de la vie scolaire, dont la plus connue est Pronote. Il s’agit d’informer sur les notes, les devoirs, les appréciations, les annonces officielles.
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Mais les applications dédiées à la relation entre les enseignants et les parents à l’école primaire offrent des fonctionnalités plus larges. Certes, le professeur des écoles se sert du fil de discussion pour informer, faire des rappels sur des petites consignes du quotidien de la classe, le parent utilise la messagerie privée pour prévenir d’une absence de son enfant, poser une question sur un devoir, demander un rendez-vous. Mais le succès de ces applications – une dizaine existe actuellement en France – ne tient pas seulement à ce qu’elles remplacent avec efficacité le cahier de liaison.
Beneylu School, Classdojo, Edumoov, Klassly, One, Scolnet, Toutemonannée… : des réseaux sociaux à l’école primaire ? C’est d’abord dans leur design visuel, à la manière de Facebook ou Instagram, et dans leur registre langagier, que ces applications se rapprochent des réseaux sociaux. C’est ensuite par leur fonction de partage, comme sur tout réseau social. L’enseignant publie des messages, des photos, des vidéos à sa « communauté » : les parents des élèves de sa classe, ses followers. Sur l’application, l’enseignant poste, le parent like ou commente. L’enseignant reste libre de poster quand il le souhaite, soirée, week-end et vacances compris, mais reçoit les notifications des parents aux horaires qu’il définit sur l’application. Enfin, les parents, à la différence d’une application comme WhatsApp, n’ont pas la possibilité de communiquer entre eux.
C’est donc un réseau social scolaire très encadré que proposent les éditeurs privés d’applications pour convaincre des enseignants légitimement inquiets des risques de voir leur vie privée envahie et les parents prendre le pouvoir en créant des alliances virtuelles. Sur ces réseaux sociaux scolaires, la communication n’en est pas moins très différente d’une forme écrite classique.
Dans la profession enseignante, apparaît ainsi une nouvelle figure, celle de « l’enseignant communiquant ». Sa classe devient instagrammable. Il poste ce qui sort de l’ordinaire : des projets artistiques, culturels ou sportifs, des sorties de classe, des activités pédagogiques originales, des anniversaires. Le parent devient spectateur de moments tournés vers l’épanouissement de son enfant. Il réalise le fantasme de la « petite souris » : entrer dans la classe, rester en lien avec son enfant, ne rien rater de sa vie. Les enseignants postent, les parents likent. Les premiers obtiennent un peu de cette reconnaissance dont le métier fait de plus en plus défaut, les seconds un peu de soulagement à leur culpabilité typiquement contemporaine.
Pour saisir le potentiel de ces applications, il faut prendre conscience de la difficulté de la relation entre l’école et les familles.
En dépit du discours marketing des éditeurs d’application, tout n’est pas si simple sur un réseau social scolaire. Le parent gagne peut-être le droit – et le plaisir – de participer à distance, parfois en instantané, à la vie de son enfant à l’école. Mais ce droit s’accompagne de devoirs, dont le premier est de montrer son intérêt. Le parent doit liker les messages de l’enseignant, et s’il souhaite faire un commentaire, user d’un langage approprié, le même que celui de l’enseignant, à la fois formel et cool.
Pas de familiarité avec l’enseignant, d’autant que le message est public, pas de fautes d’orthographe non plus, pas d’emoji déplacé. Il doit être réactif, car l’enseignant voit qui répond et dans quel délai. Ne pas se manifester est interprété comme une forme de désintérêt, voire de désaccord, et les parents le comprennent vite. Ils font tout pour éviter ce qui pourrait enclencher des micro-représailles sur leur enfant. Les parents quant à eux sont parfois pris à leur propre piège du lien « continu » avec leur enfant, qui peut paradoxalement renforcer l’inquiétude plutôt que la calmer.
Comment ces applications se financent-elles ? Les éditeurs privés vendent aux parents l’album-photo qui rassemble les publications les plus marquantes de l’année scolaire. Les parents ne paient pas l’accès à l’application, c’est l’enseignant qui souscrit un abonnement sur le budget de l’école ou sur son propre budget (la pratique est répandue chez les enseignants qui achètent du matériel de classe sur leurs deniers). Le débat sur la gratuité de l’école publique n’est donc pas la question. La sécurité des données est également garantie par le respect du RGPD (règlement général pour la protection des données). Ce qui se passe à l’école avec ces applications n’est pas la marchandisation d’un bien public, comme certaines voix dans la hiérarchie de l’Éducation nationale l’affirment.
Il s’agit plutôt d’une transformation « par le bas », mise en œuvre par des acteurs ordinaires, professionnels et usagers. L’hypothèse à laquelle conduit l’enquête sociologique sur ce phénomène en expansion est celle de l’émergence d’un nouveau référentiel de la relation entre l’école et les familles. Après un premier référentiel, fondateur de l’école républicaine, de la rupture avec les familles, puis un second référentiel, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, de la proximité, ce troisième référentiel hybride de façon oxymorique proximité et distance.
Les applications rapprochent parce qu’elles ont été conçues pour être simples d’utilisation et, de fait, elles favorisent l’accessibilité. Dans le même temps, elles tiennent à distance parce qu’elles sont virtuelles. Si l’enseignant ouvre sa classe, c’est sur des moments particuliers qui créent de la convivialité, de la complicité, loin d’un débat pédagogique. Le registre de la communication est affectif, sur un mode superficiel, dans le format typique d’un réseau social. Les parents quant à eux doivent manifester leur présence de manière réactive, mais les applications limitent leurs voix. La communauté du réseau social scolaire n’est pas un collectif mobilisé. Ce sont des individus atomisés, rassemblés sur un fil de discussion maîtrisé par l’enseignant.
Pour autant, le référentiel oxymorique de la proximité-distance entre parents et enseignants n’est pas dénué d’une capacité transformatrice. Si les inégalités sociales entre parents perdurent avec le numérique, elles peuvent être atténuées par l’usage d’un outil, le smartphone, dont l’usage transcende l’appartenance sociale. Une des applications propose une fonction de traduction simultanée : chacun écrit et lit les messages de l’autre dans sa langue. Elle fluidifie ainsi la relation entre l’école et les parents allophones. Peu importe le milieu social, les parents déclarent être heureux de recevoir des photos et des vidéos de leur enfant. C’est un trait de la parentalité actuelle. Les parents sont friands des posts envoyés par l’enseignant, qui rendent pour eux l’école plus rassurante et symboliquement moins inaccessible. En outre, pour les parents qui travaillent, l’application remplace le portail de l’école où l’on peut échanger quelques mots avec l’enseignant.
Ces applications reflètent l’autonomie des enseignants. Depuis quelques années, l’institution scolaire en partenariat avec les collectivités locales impose ses propres ENT (environnements numériques de travail). Mais les professeurs des écoles qui ont goûté à des applications plus proches dans leur design et leur ergonomie des réseaux sociaux résistent. Comme pour les autres outils pédagogiques, le libre choix d’une application relève de l’enseignant. La reprise en main institutionnelle en cours passe à côté de l’essentiel : le métier enseignant ne repose plus sur une vocation intangible, l’attractivité a baissé, quitter le métier n’est plus une décision rare.
Le numérique est aujourd’hui un terrain pour vivre l’autonomie professionnelle. La sphère numérique, que ce soit avec les applications ou sur les réseaux sociaux, offre en effet aux enseignants un espace de créativité et de reconnaissance. Des enseignants deviennent des influenceurs sur les réseaux sociaux, et chaque enseignant, avec une application, peut animer la communauté de ses parents d’élèves. Avec les posts, les emojis et les likes, ce n’est pas la disruption annoncée par les éditeurs d’application, mais les enseignants inventent au quotidien une relation aux parents plus fun et plus conviviale. Loin de la novlangue désincarnée sur la co-éducation.
Pour saisir le potentiel de ces applications, il faut prendre conscience de la difficulté de la relation entre l’école et les familles. Dans son message aux enseignants, l’institution prône le partenariat. Tout parent a le droit d’être informé, associé, consulté sur ce qui affecte la vie de son enfant à l’école. On ne peut le nier : la relation aux parents est une charge réelle du métier actuel de professeur des écoles. En plus de la communication sur le suivi formel des apprentissages des élèves, le travail relationnel avec les parents porte d’autres dimensions plus invisibles : convivialité, civilité, écoute, soutien éducatif. Les applications outillent les enseignants pour réaliser ces tâches complexes. Elles leur permettent aussi d’impliquer les parents, même si ceux-ci ne sont pas à l’initiative des échanges. Face aux préoccupations des enseignants et des parents, les applications proposent une « solution » qui mérite d’être regardée de près, au-delà des postures idéologiques.
Aksel Kilic
Sociologue , Maîtresse de conférences en sociologie à l'Université Paris-Est Créteil et membre du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Transformations des pratiques Éducatives et des pratiques Sociales (LIRTES)
Jean-Paul Payet
Sociologue , Professeur de sociologie de l'éducation à l'Université de Genève
Dernière édition: 08 Fév 2025 10:56 par Loys.
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