"Tacit : Un outil pour savoir mieux lire" (Café pédagogique)

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16 Jan 2014 13:11 #9219 par Loys
A lire dans le "Café pédagogique" du 16/01/14 : "Tacit : Un outil pour savoir mieux lire" .

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16 Jan 2014 13:43 - 16 Jan 2014 13:43 #9220 par Loys
L'outil a l'air intéressant. Mais la question qui se pose est celle de la finalité de son utilisation : évaluer un niveau de lecture ou "savoir mieux lire" ?
Quelques commentaires.

Tacit : Un outil pour savoir mieux lire
« Relis ! la réponse est dans le texte ! »

Voilà une personnalisation assez limitée : la réponse n'est pas bonne mais l'élève ne sait pas pourquoi. Il ne reçoit que l'injonction de relire, avec la certitude, au bout d'un certain nombre de réponse d'avoir la bonne réponse, sans nécessairement comprendre le texte d'ailleurs. A noter que par "texte" il faut comprendre un texte très court, de quelques lignes seulement. Les questions montrées plus bas sont des questions de compréhension de l'écrit, dans l'esprit des questionnaires de PISA.
Est-ce que Tacit propose des textes littéraires à la compréhension (à la différence de PISA) ?

Les difficultés de lecture, on le sait, sont importantes et constituent un grave handicap pour la réussite scolaire.

C'est le vrai problème, à la vérité.

Pour aider les enseignants à affronter ce problème, des enseignants-chercheurs de l’Université Rennes 2 ont développé le logiciel Tacit : l’outil permet d'évaluer les difficultés de compréhension en lecture et d’aider à la remédiation.

Au lieu de remédier à ce problème, il serait plus pertinent d'en déterminer la cause pour agir en amont.

De plus en plus de classes (écoles, collèges, voire lycées) l’utilisent en France et à l’étranger tant il semble capable d’aider à gérer, en pédagogie différenciée, l’hétérogénéité des niveaux de compréhension des élèves.

"Gérer l'hétérogénéité", c'est donc la perpétuer. Quant à la pédagogie différenciée qu'il permet, c'est simplement une pédagogie automatisée, avec toutes les limites que cela induit : le logiciel peut identifier l'élève qui ne répond pas correctement, mais il ne peut analyser la cause ni l'aider à trouver la réponse.
Le logiciel permet au professeur d'avoir une vision d'ensemble des différents niveaux de lecture dans sa classe, au début d'année ou en fin d'année par exemple.

Origine et fonctionnement
Un enseignant peut faire acheter le logiciel pour une classe particulière ou bien un chef d’établissement peut le faire pour plusieurs classes, ce qui permet aux différents professeurs de partager leurs élèves et de décloisonner les groupes.

Quel intérêt puisque la pédagogie logicielle est supposée différenciée ? :scratch:

Tacit s’intéresse à la compréhension de l’implicite, aspect qui pose souvent problème chez les élèves : au-delà des difficultés à maîtriser le code de la langue, c’est cette compétence à construire le sens d’un texte avec une somme d’informations implicites qui est déterminante dans l’acte de lecture.

Pas seulement l'implicite, mais parfois tout simplement l'explicite : lacunes de syntaxe ou de vocabulaire par exemple. Ou des lacunes culturelles plus vastes.

1000 exercices (textes suivis de questions de compréhension) ont été créés, puis testés par plus de 2300 élèves, puis classés en 10 niveaux, de A à J, du plus facile au plus difficile. L’enseignant utilisateur commence par situer ses élèves sur cette échelle de difficultés. Dans un second temps, il les répartit selon leur niveau : ils vont pouvoir travailler par groupes ou individuellement...

Quel intérêt de répartir les élèves s'ils travaillent individuellement ? :scratch:

« Cléo est agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire l’aurait desservi, bien qu’il eût répondu au reste. »

On voit que les "textes" sont très courts. Pour faciliter la compréhension des élèves, il serait bon de respecter la concordance des temps : "Cléo est agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire le desservirait, bien qu’il eût répondu au reste".
Un exemple de lacune : ici l'incompréhension peut venir du verbe "desservir".

« Après un long voyage en voiture, durant lequel nous avons traversé la France et une partie de l’Espagne, toute la famille arrive chez mamie. Pendant le trajet, papa et maman ne nous ont parlé qu’en portugais, pour nous réhabituer peu à peu à la langue. »

Ici des connaissances géographiques peuvent aider à la compréhension.

Le logiciel Tacit apparaît particulièrement intéressant parce qu’il s’attaque aux difficultés de lecture des élèves qu’on rencontre régulièrement à l’école, au collège, voire au lycée...

Il permet de les repérer : s'y attaque-t-il vraiment ? Moins bien en tout cas que ne pourrait le faire un enseignant, susceptible d'analyser la source de incompréhension de l'élève.

...il peut même participer à la continuité et à la progressivité des apprentissages, l’utilisation d’un même outil favorisant par exemple le lien CM2-6eme.

:roll:

Il permet d’ajuster le travail non au niveau scolaire en général, mais aux compétences et difficultés réelles des élèves en lecture, autrement dit de mener une vraie pédagogie différenciée.

Parce que le niveau scolaire en général n'inclut pas les "compétences et difficultés réelles des élèves" ? :scratch:

L’entrainement se fait en classe, soit en autonomie, soit de façon tutorée. Diverses possibilités sont offertes au professeur pour adapter son dispositif de travail et paramétrer les exercices : afficher les propositions de réponse ou bien ne montrer que la question et faire émerger des réponses possibles que l’on note au tableau...

Il sert de support comme n'importe quel texte de manuel, en ce cas.

... refaire passer l’exercice en cas d’erreur...

Ce qui ne permet pas une amélioration de la compréhension de l'écrit.

...ou passer à l’exercice suivant, utiliser une vue vidéoprojecteur et/ou les postes individuels, ménager s’il le souhaite des moments de négociation et d’analyse entre élèves…

Le mot "négociation" (jargon pédagogiste) est tout à fait inapproprié. La compréhension d'un texte ne se négocie pas. Une réflexion en groupe, disons. Oui, pourquoi pas ?

L’aspect ludique pour les élèves, la souplesse d’utilisation pour l’enseignant, mais aussi l’efficacité du dispositif expliquent sans doute le succès rencontré par Tacit.

Paradoxalement, avec ces bouts de textes, nous sommes très loin de la lecture faisant sens. L'aspect ludique vient curieusement moins du logiciel lui-même que du caractère répétitif de l'exercice. :devil:

Les premiers résultats publiés montrent effectivement une progression - notamment des plus fragiles - dans la gestion de l'implicite.

Il faudrait savoir ce qu'on entend par "progression" : répondre positivement à la même question sur un même texte après y avoir répondu négativement ?
L'article est très évasif sur cette progression.

Le logiciel Tacit relève de la recherche appliquée. C’est un exemple assurément original de collaboration fructueuse entre le supérieur, le secondaire et le primaire. On aurait tort de s’en priver.

Sans doute, pour peu qu'on étudie avant tout de vrais textes de façon suivie en classe.
Dernière édition: 16 Jan 2014 13:43 par Loys.

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16 Jan 2014 18:07 - 16 Jan 2014 21:49 #9228 par archeboc

Loys écrit:

« Cléo est agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire l’aurait desservi, bien qu’il eût répondu au reste. »

On voit que les "textes" sont très courts. Pour faciliter la compréhension des élèves, il serait bon de respecter la concordance des temps : "Cléo est agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire le desservirait, bien qu’il eût répondu au reste".

Objections : sur la concordance, je pense que les deux sont possibles, non ? Il y a quatre temps ici (celui de la narration, celui du résultat de l'examen, celui de sa correction, et celui de l'examen) => il n'est pas surpris (narration). Il pensait (jusqu'au moment du résultat) que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire l’aurait desservi (au moment de la correction), bien qu’il eût répondu au reste (durant l'examen).Si tu transforme l'agréable surprise en mauvais pressentiment, cela devient : il n'est pas surpris, il savait que son oubli des dates l'avait desservi, etc..
Ce qui me semble plus fondamental, c'est que, comme le montre l'exemple multi-culturel du voyage au Portugal, exemple donné juste ensuite, les exemples ne sont pas seulement syntaxique. Comme la leçon de chose de la troisième République, ils trahissent un imaginaire, sous la forme de lieux communs - des topoï. J'en vois au moins deux dans l'exemple donné ici : 1- que la correction est toujours plus généreuse que ce que l'on pense valoir, et 2- que les dates en histoire ne sont pas importantes.
Je n'ai rien contre le multi-culturalisme du voyage au Portugal. Il est gentillet, mais il ne me semble pas déconnecté de toute réalité sociologique. Pour l'histoire de Cléo, en revanche, on y voit un inconscient anti-scolaire tout à fait étrange. Mais il n'a, pour le coup, rien de moderne. On n'a pas attendu internet pour faire étudier "Le cancre" de Prévert en primaire.

Loys écrit: Un exemple de lacune : ici l'incompréhension peut venir du verbe "desservir".

Pas d'accord. Avec la première phrase, l'élève a toute les clefs pour comprendre le sens et répondre à la question. Ensuite, ce que l'exercice espère susciter, c'est justement qu'à partir de ce sens déduit de la première phrase, l'élève infère le sens des mots qu'il ne connaît pas et des connexions logiques qu'il ne pratique pas.
C'est en ce sens que l'exercice évalue et fait progresser en même temps.

Paradoxalement, avec ces bouts de textes, nous sommes très loin de la lecture faisant sens. L'aspect ludique vient curieusement moins du logiciel lui-même que du caractère répétitif de l'exercice. :devil:

Pas seulement. Tu te fais un score tout seul, ce qui signifie que tu n'es pas jugé par l'enseignant. C'est moins vexant de se faire flinguer par la machine.

Sans doute, pour peu qu'on étudie avant tout de vrais textes de façon suivie en classe.

Là, on entre dans une autre dimension.
Dernière édition: 16 Jan 2014 21:49 par Loys.

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16 Jan 2014 19:01 - 16 Jan 2014 21:48 #9229 par Loys

"Cléo est agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire l’aurait desservi"

Si on transpose "je pensais" au présent : "Je pense que mon oubli joue/jouera contre moi" mais pas "je pense que mon oubli a joué contre moi", qui suppose une connaissance du résultat.
Le problème est lié au présent inattendu de la première phrase ("Il est surpris. Il pensait [NDLR :avant d'avoir les résultats] que") : avec le passé simple, "aurait desservi" convenait : "Cléo fut agréablement surpris. Il pensait que son oubli des dates principales à l’examen d’histoire l’aurait desservi, bien qu’il eût répondu au reste."
De toute façon la phrase est très mal rédigée dans son ensemble (la tournure nominale "son oubli" est tout sauf naturelle, tout comme la situation d'énonciation au présent - très orale - avec ensuite des modes et temps caractéristiques du récit, comme le subjonctif plus que parfait).
Pour le fond inconscient des question, c'est vrai que c'est assez amusant : il faudrait disposer d'un panel plus large. S'agissant du Portugal ou de l'élève qui ne connaît pas ses dates en histoire, j'y vois pour ma part une volonté très maladroite de permettre aux élèves en difficulté (supposés d'origine étrangère et peu soucieux d'apprendre) de s'identifier et même d'espérer (on peut réussir sans apprendre).

Un exemple de lacune : ici l'incompréhension peut venir du verbe "desservir".

Pas d'accord. Avec la première phrase, l'élève a toute les clefs pour comprendre le sens et répondre à la question. Ensuite, ce que l'exercice espère susciter, c'est justement qu'à partir de ce sens déduit de la première phrase, l'élève infère le sens des mots qu'il ne connaît pas et des connexions logiques qu'il ne pratique pas. C'est en ce sens que l'exercice évalue et fait progresser en même temps.

Comme tu le dis toi-même, la réponse est donnée dès la première phrase (on n'est rarement "agréablement surpris" par une mauvaise note). Pourquoi comprendre la suite, dès lors ? Pour celle-ci il faut comprendre, en plus du verbe "desservir", le lien de concession ("bien que" + subjonctif) que même les élèves de lycée maîtrisent mal.
Bref la dimension pédagogique reste à prouver puisqu'on peut obtenir la bonne réponse sans comprendre.
Dernière édition: 16 Jan 2014 21:48 par Loys.

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20 Fév 2014 22:14 #9680 par Loys
A lire dans "EducaVox" du 20/02/14 : "Des logiciels pour remédier aux difficultés de compréhension de textes chez les enfants" .

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