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"Les technologies de l’information et de la communication (TIC) en classe au collège et au lycée : éléments d’usages et enjeux" (2010)
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Lisons déjà la synthèse initiale.
p. 9
On comprend mieux pourquoi, selon le site de la grande concertation "Refondons l'école" , "97 % des enseignants estiment que les outils numériques permettent d’améliorer la qualité pédagogique de leur enseignement"...La quasi-totalité des enseignants utilisent les TIC, d’une façon ou d’une autre (ainsi, 94 % d’entre eux déclarent les utiliser à des fins personnelles).
C'est une grande confusion entre usage personnels des NTIC, usage en classe des NTIC par le professeur et usage en classe des NTIC par les élèves. Ces trois perspectives sont très différentes alors qu'elles sont fondamentalement différentes pour ce qui est de l'usage pédagogique des NTIC et des enjeux de l'équipement de l'école : qu'un professeur dispose d'un ordinateur chez lui, ou bien d'un ordinateur en classe, ou bien que tous les élèves disposent d'un ordinateur ou d'une tablette en classe, voilà qui n'a rien à voir.
Notons que l'emploi du mot TIC semble impropre, un crayon étant au sens strict une "technologie de l'information et de la communication".
Ces deux derniers chiffres semblent totalement contradictoire.Toutefois, si 95 % de l’ensemble des enseignants ayant répondu à l’enquête déclarent utiliser les TIC à des fins professionnelles, ils ne sont plus que 80 % à déclarer les utiliser en présence des élèves, 73 % à déclarer les utiliser eux-mêmes sans manipulation d’outils TIC par les élèves, et 64 % avec manipulation d’outils TIC par les élèves.
Par ailleurs on aurait voulu en savoir plus sur l'échantillon de l'enquête : combien d'enseignants consultés, combien de réponses ? Ces chiffres permettraient de savoir dans quelle mesure l'étude est biaisée puisque répondre, c'est déjà prendre parti pour les NTIC.
La publication du questionnaire aurait également été intéressante. La rédaction des questions peut en effet orienter les réponses. Par exemple, la question suivante : pour quels objectifs pédagogiques jugez-vous utiles les NTIC ? La question présuppose donc l'utilité non contestée ou non relativisée des NTIC.
On constate que l'utilité éventuelle des NTIC est abordée à partir d'une simple enquête et surtout d'une enquête n'évoquant pas les résultats mais les seuls "objectifs pédagogiques" des enseignants. Notons aussi que ces objectifs proposés par l'enquête sont toujours très vagues et difficilement quantifiables (motivation, autonomie, curiosité).1. Les TIC et les objectifs pédagogiques
Les TIC sont jugés utiles pour plusieurs des objectifs pédagogiques les plus importants.
Les objectifs pédagogiques jugés les plus importants par une large majorité d’enseignants : aider les élèves en difficulté (67 % d’enseignants le déclarent « très important »), accroître la motivation à apprendre (67 %), apprendre aux élèves à devenir autonomes (60 %) et stimuler la curiosité (60 %), sont des objectifs généraux et ne sont pas spécifiquement liés aux TIC.
Il faut dire que c'est tautologique, à un point consternant. Voir la suite :Au contraire, les objectifs plus techniques et liés à l’informatique ne sont jugés « très importants » que par une minorité d’enseignants. Il s’agit de donner aux élèves l’occasion d’apprendre auprès de pairs ou d’experts extérieurs à l’établissement (11 %), apprendre aux élèves à travailler à distance (13 %), participer à la formation aux principes et fonctionnalités de l’informatique (16 %), développer d’autres pratiques (17 %) et mettre en œuvre le B2i (17 %).
Les NTIC sont donc jugés importantes pour former aux NTIC...D’autre part, l’usage scolaire des TIC est considéré comme le plus important pour atteindre les objectifs suivants : participer à la formation aux principes et fonctionnalités de l’informatique (78 % de l’ensemble des enseignants le jugent important), mettre en oeuvre le B2i (77 %), stimuler la curiosité (73 %), et apprendre aux élèves à travailler à distance (72 %). Viennent ensuite accroître la motivation à apprendre (69 %), et apprendre aux élèves à devenir autonomes (66 %).
Voilà qui est très très intéressant. On nous aurait menti ?Seul l’item aider les élèves en difficulté (53 % seulement, derrière d’autres objectifs) est un peu en retrait : ce n’est pas là que l’usage scolaire des TIC est le plus important, alors que cet objectif a souvent été l’une des raisons invoquées pour l’introduction des TIC en classe.
Et cette aide, où et quand est-elle évaluée précisément ?
Quand on la relit, cette phrase est très drôle.Les technologies de la communication sont bien jugées importantes pour la communication
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p. 11
c) Les compétences liées à l’usage des TIC
La principale compétence liée à l’usage des TIC est de savoir chercher.
Interrogés sur les compétences auxquelles l’usage des TIC leur semble le plus souvent lié, les enseignants mettent en premier lieu, loin devant toutes les autres, chercher (35 %, dans un cadre où il était possible de faire trois choix parmi une trentaine de choix proposés). Viennent ensuite communiquer (18 %), comprendre (18 %), et expérimenter (17 %), puis simuler (16 %), illustrer (16 %), analyser (15 %) et modéliser (15 %). Au contraire, les TIC, selon les enseignants, n’ont que peu de lien avec des compétences comme argumenter (3 %), commenter (3 %), résoudre (3 %), démontrer (3 %), ou encore raconter (2 %), résumer (2 %)… Il semble que les compétences liées aux TIC relèvent plutôt des phases préalables, exploratoires, de la connaissance, et les compétences peu liées aux TIC plutôt des phases en aval, des productions.
Résumons : pour ce qui est d'"analyser", de "modéliser", d'"argumenter", de "commenter", de "résoudre", de "démontrer", les compétences les plus significatives d'un enseignement mené jusqu'à son terme, les NTIC sont donc jugées peu utiles par les enseignants. Il faut dire que c'est une évidence. On ne résout pas une équation ou on ne commente pas un texte en allant sur internet ou en se servant de logiciels.
p. 12
D'accord pour les ressources documentaires, même s'il serait intéressant d'approfondir cette question. Mais quel curieux facteur encourageant à l'usage des TIC que la "disponibilité d'un équipement adapté" !5. Les facteurs qui encouragent à l’usage des TIC L’accès à une diversité de ressources documentaires et la disponibilité d’un équipement adapté sont les facteurs les plus encourageants à l’usage des TIC.
Ce qui est propre à encourager l'utilisation des NTIC, dans l'esprit du rapport, c'est l'accès aux NTIC ! Encore une extraordinaire tautologie.
Le meilleur est à venir :
p. 13
Ces facteurs ne sont donc jamais liés au NTIC elles-mêmes, mais à tout ce qui est un frein à leur mise en œuvre ! CQFD.6. Les facteurs qui dissuadent de l’usage des TIC
Les enseignants déclarent que le principal facteur qui peut les dissuader de l’usage des TIC est le nombre d’élèves. Symétriquement aux facteurs qui peuvent encourager, il existe des facteurs qui peuvent dissuader les enseignants de faire usage des TIC. On sait qu’en 2002, c’était le manque de formation qui semblait être le frein le plus important à l’utilisation des TIC (note d’évaluation n°03.04 : Les attitudes des enseignants vis-à-vis des technologies de l’information et de la communication). En premier lieu, les principaux facteurs dissuasifs sont désormais les effectifs d’élèves, puis, à un moindre degré, les contraintes horaires de la discipline, un équipement informatique insuffisant, daté ou défectueux, ou la difficulté d’accès aux matériels.
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Il serait temps de s'intéresser aux effets, en effet...B. Les enseignants utilisateurs des TIC en classe-cible
Cette seconde partie du questionnaire concerne seulement les « utilisateurs en classe-cible », autrement dit les enseignants qui utilisent les TIC dans des séquences d’activité en classe en présence des élèves de la classe concernée par l’enquête, (ou en dehors des heures d’enseignement mais en liaison avec la séquence d’activité), que ces derniers manipulent ou non les outils TIC. 50 % des enseignants interrogés sont « utilisateurs en classe-cible ». [...]
2. Les effets des TIC sur les élèves
Les effets des TIC sur les aptitudes des élèves sont jugés globalement positifs, ils sont liés à la connaissance et à la motivation.
Ces effets ne font donc l'objet d'aucune étude sérieuse, mais sont constatés à partir des seuls "jugements" des enseignants utilisateurs (ou plus précisément d'une partie d'entre eux). Ce jugement par ailleurs est "globalement" positif, ce qui est donc bien vague. Et les effets sont "liés à la connaissance et à la motivation" : autant dire que ce dernier effet est difficilement quantifiable. Quant au premier, voyons s'il en est de nouveau question.
On aurait bien voulu savoir quels étaient les effets négatifs proposés dans le questionnaire... s'il y en avait. :xxSelon les enseignants « utilisateurs en classe-cible », les effets de l’usage des TIC sur les aptitudes des élèves sont systématiquement majoritairement positifs, les effets négatifs étant négligeables, et l’absence d’effet étant rare, à l’exception des deux aptitudes s’exprimer à l’oral (effets positifs : 34 %, effets négatifs : 7 %, aucun effet : 36 %) et s’exprimer à l’écrit (respectivement 33 %, 11 % et 32 %).
C'est vrai que s'exprimer à l'écrit est de toute façon secondaire.
L'autonomie, la curiosité et la motivation ne sont pas quantifiables objectivement. On peut par ailleurs s'interroger sur ce que signifie l'"autonomie" à l'école lorsqu'il devient question de penser asservi à une machine. Et l'acquisition des connaissances n'est pas l'assimilation des ces connaissances. Quant à la curiosité ou à la motivation, on peut se demander si ces deux effets ne procèdent pas de la seule nouveauté de l'utilisation des NTIC : il y a fort à parier que les élèves, quand ils comprennent que le travail et l'exigence scolaire restent les mêmes avec les NTIC, perdent l'un et l'autre.Les aptitudes les plus favorisées par l’usage des TIC sont liées à la connaissance et à la motivation. Ce sont : acquérir des connaissances (77 % des enseignants « utilisateurs en classe-cible » estiment les effets des TIC positifs sur cette aptitude), chercher l’information (77 %), être motivé (75 % ; 78 % en collège et 71 % en LEGT), être curieux (73 %), être autonome (73 %), et comprendre (71 %).
p. 16
Bizarre. :scr:2. L’utilité de l’ordinateur
L’ordinateur est jugé utile par les élèves, même dans les disciplines littéraires où ils l’utilisent peu
Et si l'ennui, qui procède d'une nécessaire concentration face à la parole professorale, était une composante essentiel de tout apprentissage et que les NTIC apportaient des distractions ne permettant plus cette concentration ?Un lien important existe entre l’utilité de l’ordinateur en classe dans chaque discipline selon les élèves, et le fait qu’ils l’utilisent ou non dans les faits. Le moment où les élèves utilisent l’ordinateur en classe est un moment où les élèves estiment être aidés, actifs, contents. L’image de l’ordinateur en classe est en effet très positive auprès des élèves. Pour environ 80 % d’entre eux, tant au collège qu’au lycée, c’est un moment où ils sont actifs (collège : 75 % ; LEGT : 81 %), contents (collège et LEGT : 80 %), trouvent que le temps passe vite (collège : 82 % ; LEGT : 81 %). C’est aussi en premier lieu un moment où ils peuvent être aidés par le professeur (collège : 83 % ; LEGT : 84 %) et peuvent poser des questions (collège : 80 % ; LEGT : 81 %). C’est au contraire très rarement (pour 10 % ou moins) un moment où ils s’ennuient, où ils perdent leur temps, où ils ont l’impression d’être en échec.
Ile ne progressent alors pas mais ce n'est pas grave, puisqu'ils n'ont plus "l'impression d’être en échec".
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Et si l'ennui, qui procède d'une nécessaire concentration face à la parole professorale, était une composante essentiel de tout apprentissage et que les NTIC apportaient des distractions ne permettant plus cette concentration ?
Ile ne progressent alors pas mais ce n'est pas grave, puisqu'ils n'ont plus "l'impression d’être en échec". :twisted]
Bizarre, intuitivement, je dirais que l'ennui procède de l'échec de la concentration nécessaire face à la parole professorale, et donc l'ennui est une composante principale de l'échec de l'apprentissage.
Si la parole professorale est ennuyeuse, autant enseigner sans enseignant, juste avec les supports de cours ?
Alors que la distraction en cours, elle n'est pas là pour déconcentrer l'élève, mais au contraire pour assurer des repères facilitant l'apprentissage. La concentration est nécessaire, mais si l'ennui apparait face à la parole professorale, comment peut-on rester concentrer afin d'apprendre ?
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Les élèves qui s'ennuient le plus à l'école sont les bons élèves.Frist écrit: Bizarre, intuitivement, je dirais que l'ennui procède de l'échec de la concentration nécessaire face à la parole professorale, et donc l'ennui est une composante principale de l'échec de l'apprentissage.
En réalité, dans une société de la distraction permanente, la concentration exigée par le cours est nécessairement génératrice d'un ennui qui n'est plus jugé socialement acceptable. La lecture des œuvres littéraires est un bon exemple : les élèves ne lisent plus : www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=12&t=88
C'est ce que certains pédagogistes/libéraux souhaitent :Frist écrit: Si la parole professorale est ennuyeuse, autant enseigner sans enseignant, juste avec les supports de cours ?
- www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=12&t=265
- www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=12&t=213
- www.laviemoderne.net/veille/viewtopic.php?f=12&t=183
Ce n'est malheureusement pas ce que constatent les spécialistes des neuro-sciences.Frist écrit: Alors que la distraction en cours, elle n'est pas là pour déconcentrer l'élève, mais au contraire pour assurer des repères facilitant l'apprentissage.
Étymologiquement "distraire" est le contraire de "concentrer".
Attention : vous justifiez ici tous les comportements injustifiables à l'école. Un professeur n'est pas là pour distraire ou faire plaisir. Je ne dis pas qu'il faut le rechercher mais l'apprentissage ne se fait pas sans une part d'ennui.Frist écrit: La concentration est nécessaire, mais si l'ennui apparait face à la parole professorale, comment peut-on rester concentrer afin d'apprendre ?
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Bien sûr, cela est une question de mesure.Ce n'est malheureusement pas ce que constatent les spécialistes des neuro-sciences.
Pouvez-vous rappelez ce que constatent les spécialistes des neuro-sciences (pas à propos des NTIC, mais simplement de la concentration continue durant des heures) ?
Suite aux nombreux contrôles dans les aéroports, on a constaté qu'un agent de contrôle devant les surveillances de bagages devrait être remplacé tous les quarts d'heure si le but de la surveillance était la détection d'objets suspects.
Attention : vous justifiez ici tous les comportements injustifiables à l'école. Un professeur n'est pas là pour distraire ou faire plaisir. L'apprentissage ne se fait pas sans une part d'ennui.
Le contraire du spectacle n'est pas forcément l'ennui !
Certes il peut y avoir de la monotonie dans certaines phases d'enseignement, mais la monotonie n'est pas forcément source d'ennui. On peut même arriver à être lénifiant et captivant à la fois. Mais si l'enseignant est nécessaire à l'enseignement, c'est qu'il apporte bien plus que l'ennui de la lecture du support de cours. Je suis convaincu qu'il y a bien plus de raison d'apprendre avec un enseignant qu'apprendre seul face à un écrit. Mais si vous essayez de votre côté de prouver qu'il faut que votre cours soit ennuyeux, vous vous tirez une balle dans le pied.
Si voulez faire apprendre qu'à ceux qui veulent apprendre, ce n'est pas forcément au lycée qu'il faut aller chercher ses élèves...
Il y a deux sources d'ennuis dans un cours :Les élèves qui s'ennuient le plus à l'école sont les bons élèves.
- niveau trop faible (les bons élèves s'ennuient)
- niveau trop élevé (les mauvais élèves s'ennuient et deviennent des perturbateurs)
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