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"Et si le ministère proposait une école vraiment numérique ?" (Café Pédagogique)
- Loys
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Parce que le futur le vaut bien.Et si le ministère proposait une école vraiment numérique ?
C'est vrai qu' une "stratégie globale" pour mettre chaque enfant devant "un écran ou une tablette" dès 2017 c'est un peu timide.La stratégie numérique proposée par le ministre de l'Education est bien modeste, voire frileuse.
Un vrai scandale, quand on juge les résultats sur deux siècles. Heureusement on a réussi à redresser la barre depuis vingt ou trente ans.Ce qui ressort surtout des annonces et des commentaires c'est que le numérique ne doit pas changer l'école qui existe, mais au contraire renforcer celle qui existe déjà depuis deux siècles :
Ah... parce que les missions de l'école doivent être dictées par le numérique ? Come quoi, c'est un outil très particulier, puisqu'il suppose qu'on y adapte les objectifs."Le numérique peut aider l’École dans l’accomplissement de ses missions fondamentales". A cela d'ajoute l'habituel couplet sur l'esprit critique et l'éducation aux médias, qui engloberait une éducation au numérique (où l'inverse). Il suffit de lire la liste des nouveaux services proposés pour se rendre compte qu'il s'agit de ne pas poser la question "fondamentale", celle des missions de l'école à l'ère du numérique.
Un effort stupide : il faut accepter le numérique tel qu'il est.Depuis près de trente années, l'introduction du numérique en éducation s'est traduite en simple intégration, c'est à dire la simple mise en conformité du numérique pour qu'il soit acceptable par le monde scolaire.
L'école doit être un modèle pour la société, et non l'inverse.Or ce qui est en train de se produire dans la société démontre de plus en plus clairement l'obsolescence d'un modèle scolaire basé sur une autre organisation sociale et culturelle que celle qui lui a donné naissance. Il faut bien comprendre que notre propos de ce début d'année n'est pas d'appeler au bouleversement, mais bien d'amener chacun de nous à se questionner sur l'avenir d'un système scolaire dans une société de plus en plus numérisée.
Des modèles ? Qui ont fait leurs preuves ? Lesquels ?Et donc de tenter d'aller au delà des discours et des plans toujours recommencés sur ce thème.
Et pourtant le constat fait (cf. le dossier de presse de l'annonce du plan numérique) est, au moins partiellement, explicite sur ces évolutions : les modèles non scolaires sont en train d'émerger de toutes parts.
C'est vrai que la transmission d'une langue et d'une culture, c'est totalement suranné.Mais la seule réponse que nous connaissons, pour l'instant, est de les scolariser, ou au moins de tenter de les traduire dans le paradigme scolaire passé et actuel.
On peut d'ores et déjà savoir qui en fera les frais dans les publics scolaires : les plus défavorisés.On comprend aisément que les décideurs seraient rapidement contestés s'ils allaient au delà de certaines mesures qui rassurent, confortent et permettent des ouvertures, mais non déstabilisantes. C'est pourquoi le chemin est actuellement étroit et que l'on ne peut s'attendre à de profonds changements dans les modes d'accès aux savoirs dans la société numérique en construction.
Ah... les leviers !Il n'y aura pas de numérique dans le monde scolaire si l'on ne libère pas les carcans. En d'autres termes un certains nombres de leviers doivent pouvoir être utilisés pour modifier la forme scolaire.
Supprimer les programmes, quel progrès pour l'école ! Car des apprentissages ne sont pas définis par un programme...Parmi ceux-ci, certains sont identifiés depuis longtemps, d'autres émergent :
- Ainsi le carcan des programmes est-il un des premiers freins à tout assouplissement au sein de la classe : finir le programme reste plus important que d'assurer la maîtrise avancée des apprentissages, or ceci demande un temps beaucoup plus long que les programmes semblent vouloir le faire croire.
C'est ridicule : les élèves et les professeurs ont envie de travailler à toute heure et n'importe quel jour. Les vieux cadres doivent exploser : un nouveau progrès social !- L'organisation synchrone du travail scolaire qui organise l'apprentissage principalement autour du travail simultané des enseignants et des élèves dans un lieu commun sur un découpage horaire défini à l'avance.
Le temps "d'étude" a disparu du temps scolaire. Il s'agit du temps d'appropriation (et non pas du temps pour faire les devoirs comme on le croit souvent) qui nécessite une activité de l'élève et qui peut se faire de manière conjointe à l'école et à la maison.
On a bien vu ce que le décloisonnement et les enseignements interdisciplinaires ont produit comme effet à l'école depuis vingt ans qu'ils sont dans les programmes. Creusons encore !- Le découpage disciplinaire systématique qui atomise le savoir et met en concurrence des objets d'apprentissages qui ne le sont pas lorsqu'on les manipule au quotidien dans la vie.
Un cours, c'est moins bien qu'une page de Wikipédia. Tout le monde le sait !- Le libre accès aux ressources d'apprentissage par les élèves associé à des pédagogies de la découverte et de la construction permettrait d'éviter la dépendance trop grande des élèves aux itinéraires d'apprentissages pré construits.
De belles économies en perspectives...
La "flexibilité des exigences" : quelle jolie formule pour traduire "renoncement aux exigences". Et la personnalisation aura cet immense intérêt d'empêcher à l'avenir toute évaluation commune permettant d'appréhender d'éventuels progrès (ou pas...).- Assouplir au sein des équipes éducatives l'organisation et la structuration des progressions et des évaluations en permettant aussi une flexibilité des exigences globales au profit d'une personnalisation large des possibilités d'apprentissage.
Oui car des épreuves ne fournissent pas de preuves, c'est bien connu.- La reconnaissance des acquisitions par un système de notes et de diplômes est une contrainte qui s'oppose au développement de certification de compétences appuyées sur des preuves.
Une reconnaissance très simple à mettre en place...Libérer le carcan de la diplômations, des examens, permettrait d'aller vers davantage de possibilités de reconnaissances des apprentissages effectués dans des contextes variés et pas seulement scolaires.
A force de tenir des discours sur l'urgence de numériser l'école, en même temps... C'est un peu ce que fait le "Café Pédagogique" à longueur de temps.C'est principalement à l'échelle de l'établissement que peut se jouer une grande partie de cette évolution. Au nom de l'égalité de principe on a bafoué l'égalité de droits. L'égalité de principe est bien celle qui adapte les moyens aux contextes et non pas celle qui distribue à tous de manière égale. Or dans le domaine du numérique c'est le plus souvent ce qui est fait. Ainsi les plans d'équipements, la formation, les ressources sont réalisées de manière massives et quasi industrielles sans prendre en compte les complexités locales.
C'est vrai que certaines ouvertures sont inattendues, comme l'utilisation sympathique des smartphones en classe .Mais cela suppose aussi, en amont, que chaque membre des équipes éducatives se sente partie prenante de l'espace d'action qui lui est proposé au début de chaque année et qu'il s'emploie à le faire évoluer dans le sens le plus adapté aux élèves avec lesquels il travaille. Le numérique autorise des ouvertures inattendues qui sont difficilement acceptables en ce moment et il faudra du temps pour que tout cela s'organise.
Oui, en suivant les phares de la pensée du numérique !La plupart d'entre nous avons intériorisé ces modèles ancrés historiquement et avons du mal à faire évoluer notre propre conception des choses. Faut-il que de l'extérieur de l'école, la société mette en accusation et en difficulté ces modèles anciens pour qu'ils évoluent et que les responsables politiques le prennent en compte ?
Ah bah non... puisque l'école doit s'adapter à la société telle qu'elle est aujourd'hui.Il faut souhaiter que s'engage une véritable réflexion sur une "autre école" pour une "autre société".
Avec des innovations extraordinaires, comme l'ouverture d'un compte-classe Facebook ou Twitter !Au quotidien certains ont déjà tenté de l'inventer mais de manière toujours limitée car certains des éléments du carcan n'ont pas bougé.
Pour que ces "pratiques" soient bonnes, encore faudrait-il en faire la démonstration. Nous sommes toujours dans la pétition de principe.Sans rechercher de vision unanime et uniforme, il faut davantage rechercher à proposer des axes d'évolution et ne pas vouloir systématiquement les généraliser. Si l'identification des innovations et des bonnes pratiques est importante...
Car pouvoir accéder au savoir, c'est savoir : "Je google donc je sais" ....elle n'a aucun intérêt si c'est pour que le cadre reste le même, et c'est à cela que s'expose un monde scolaire qui refuserait d'observer au delà de ses propres personnels, ce qu'apprendre, accéder aux savoirs signifie aujourd'hui et surtout demain particulièrement tout au long de la vie.
Un carcan, c'est ce qui enferme. L'école, si elle assure le rôle républicain qui doit être le sien, est tout sauf un carcan.Or si cette vie se prépare dès l'école, cet entraînement ne s'arrête pas aux frontières de l'institution et c'est cela le principal enseignement du numérique.
Souhaitons que cette nouvelle année apporte aux acteurs de l'éducation la force d'imaginer, d'essayer, de tenter, en commençant par repenser les carcans qu'il s'est imposé en évitant de considérer qu'ils sont "naturels".
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