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"Le numérique à l'école, une greffe difficile" (RFI)
- Loys
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Les enseignants sont certainement des attardés.Selon de récentes études, 95% des enseignants français utilisent les technologies de l’information et de la communication (TIC) à des fins professionnelles. Un beau score qui dégringole à 19% quand il s'agit de les utiliser avec les élèves et qui fond à 11% quand les élèves s'en servent eux-mêmes en cours.
Le genre de thème qui fait bon effet, moderne et innovant.Un sujet au cœur d’Expolangues qui se tient à Paris du 6 au 9 février 2013 et qui a pour thème « le numérique au service des langues ».
M. Rémi Thibert observe beaucoup. Les enseignants enseignent.La question des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) est récurrente depuis plus de trente ans observe Rémi Thibert de l’Institut français de l’éducation.
Laissez-moi deviner : c'est la faute aux enseignants ?Le problème, c’est que sur ce sujet on entend tout et son contraire, cela pose beaucoup de questions sans qu'on y apporte beaucoup de réponses. Si les technologies du numérique ne parviennent toujours pas, notamment en France, à se banaliser à l’école, ce n’est pourtant pas faute d’équipement.
Une honte ! Comment des enfants exposés en moyenne à 7h30 d'écrans par jour (pour les 8-18 ans aux Etats-Unis) peuvent-ils survivre sans écran pendant les cours ?Le numérique, c’est partout, sauf à l’école
Nous y voilà.Les établissements scolaires surtout dans le secondaire sont en effet plutôt bien dotés en matériel si on les compare avec l’étranger, remarque Rémi Thibert. Mais les pratiques numériques n’évoluent que lentement, les enseignants se révélant toujours réticents à sauter le pas et ceux qui s’y mettent restent encore des cas isolés.
Le cahier de texte en ligne et les ENT sont des obligations...« Pourtant, insiste Rémi Thibert, les usages personnels sont très développés chez les enseignants mais cela ne dépasse guère les relevés de notes, horaires, préparation de cours… »
Un "risque"... ou une certitude ?« Il existe plusieurs freins à l’intégration du numérique dans l’enseignement explique Rémi Thibert, d’abord le risque permanent de voir l’outil technologique choisi être dépassé en quelques mois.
Ah bon ? Et le C2i2E il sert à quoi ?Ensuite, le fait que la formation des enseignants n’intègre pas vraiment la dimension numérique n’aide pas à sa diffusion.
Un scepticisme fondé uniquement sur le préjugé, bien sûr.Mais le principal frein réside dans le scepticisme très répandu chez les enseignants concernant l’efficacité de l’usage du numérique en cours ».
Sur quelles études se base-t-il pour affirmer une telle chose ?Sur ce point, Rémi Thibert ne tergiverse pas, « oui c’est efficace, affirme-t-il, si on revoit notre façon d’enseigner ».
Les enseignants pourraient quand même être convaincus !Et c’est souvent là que le bât blesse car, dit-il, « si certains sont prêts à sauter le pas, la plupart du temps le manque de conviction fait que cela ne se concrétise pas ».
Instaurer un dialogue en l'imposant ? Curieuse façon de penser les choses.Il faudrait en effet changer beaucoup de choses et d’abord, « faire en sorte d’instaurer un dialogue pédagogique entre enseignants, ce qui est bien loin de la tradition française dans l’enseignement ».
L'inspection colecrtive serait un grand progrès, en effet. Quel révolutionnaire, ce Rémi Thibert ! Et pareil : le travail est conçu comme personnel à l'ère des réseaux : il faut travailler les élèves collaborativement. On peut même les faire s'évaluer entre eux, comme font les MOOCs, ce qui est une source appréciable d'économie de temps, d'efforts et d'argent.« La preuve, pointe Rémi Thibert, l’inspection à laquelle sont soumis les enseignants est toujours individuelle alors que l’approche du numérique se doit d’être collective ».
Ah... Voilà qui explique peut-être le "manque de conviction" des enseignants.Effets difficilement mesurables
Toujours mis en doute, les avantages éventuels du numérique appliqué à l’enseignement ont été évalués à l’aide de méta-analyses menées au Canada et aux Etats-Unis avec des résultats controversés.
Enfin, à part une gigantesque perte de temps et d'argent.En fait, ces études n’ont pas relevé d’impact majeur, ni en positif, ni en négatif, sur les résultats scolaires des élèves.
Voilà au moins qui est clair...Ce qui a amené les chercheurs à conclure que, faute de preuves suffisantes de l’efficacité des TIC, rien ne justifiait de préconiser une généralisation de leur utilisation.
C'est vraiment idiot... Il faut mesurer la température avec un autre thermomètre.« En fait, observe Rémi Thibert, on essaie de mesurer l’impact du numérique sur les savoirs en utilisant une vieille grille de lecture, à savoir observer si les notes sont meilleures, identiques ou moins bonnes.
pas pour Rémi Thibert, visiblement.En se concentrant sur une seule dimension de l’apprentissage, on laisse de côté toute la dimension du travail collectif, de l’échange, du partage, de la responsabilisation qui eux sont tous favorisés par le numérique à l’école mais, hélas, qui sont beaucoup plus difficilement quantifiables ».
Michel Serres plaide même pour l'absence de tête...Les têtes bien faites d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles d’hier, du moins les chemins pour y parvenir ont profondément changé comme le remarque le philosophe Michel Serres dans Petite poucette.
Confusion classique entre connaissances et savoirs.« Le bon élève n’est plus celui qui ingère des savoirs qu’il est capable de restituer, dit en écho Rémi Thibert, mais plutôt celui qui est capable de les « hacker », dans le sens positif du terme, c’est-à-dire de les manipuler, les modifier, les transformer, les rendre plus opérationnels ».
Manipuler des connaissances sans avoir de savoirs, ça semble prometteur...
Et puis ce sera une jolie économie, en plus.Ce qu’on n’a pas réussi à faire jusqu’à présent, du moins pas suffisamment, on pourra peut-être y parvenir grâce aux outils mobiles que sont les tablettes et les téléphones intelligents. « Ce virage numérique peut être une chance pour l’Education nationale, estime Rémi Thibert qui suggère qu’au lieu de les interdire en cours, on utilise ces « fabuleux outils » pour les apprentissages, notamment pour les langues.
Bien sûr : les élèves n'auront qu'à rédiger une charte des bons usages qu'ils respecteront scrupuleusement.A la condition évidente d’en faire des usages raisonnés, ...
"l'approche actionnelle"...... l’approche actionnelle que permettent ces outils grâce à la mise en réseau peut conduire à un enseignement renouvelé où chacun pourra s’investir et se mobiliser pour mieux enseigner et mieux apprendre.
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