- Messages : 18196
"Numérique et Education : le trouble et la trouille" (EducaVox)
- Loys
- Auteur du sujet
Quelque chose est masqué pour les invités. Veuillez vous connecter ou vous enregistrer pour le visualiser.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Loys
- Auteur du sujet
- Messages : 18196
Quel titre inspiré.Numérique et Education : le trouble et la trouille
C'est fou tous ces gens qui n'enseignent pas mais qui savent mieux que les enseignants comment il faut enseigner.Daniel Kaplan est délégué général de la Fing.
Une association loi 1901 plutôt, dont les adhérents appartiennent à des entreprises comme Orange ou Google ou à des start-ups, et dont les partenaires sont des entreprises comme Alcatel ou Laser. Des experts de l'éducation, donc.La FING -fondation Internet Nouvelle Génération-...
Et alors ?... vient de publier en ligne la 3e édition de Questions Numériques, édition 2013-2014, sur le thème des promesses est publiée en ligne . Vous pouvez télécharger le fichier ou le lire en ligne. Vous y trouverez 21 “promesses” du numérique évaluées, revisitées et reformulées, pour être plus à même d’adresser l’avenir.
Il nous confie la publication de cet article pour Educavox. Il constate que les pratiques et des dynamiques numériques visibles dans les usages sociaux ne se retrouvent pas dans l’Education.
Oui, la seule perspective qui compte, c'est le "lien entre numérique et éducation". La réussite éducative, on s'en moque.Cette réflexion est présente au coeur du Forum Educavox 2013.
"Au moment où, dans sa “feuille de route pour le numérique”, le gouvernement annonce un ensemble d’actions assez ambitieuses dans le domaine de l’éducation, l’édition 2013 de “Questions Numériques” semble dresser un bilan assez sombre du lien entre numérique et éducation.
Parce que le cœur de l'apprentissage ne peut pas changer... Mais j'attends volontiers la démonstration de la proposition inverse.Que nous ont dit les participants des ateliers prospectifs “Questions Numériques” ? Que, malgré la quasi-généralisation de l’équipement et les pratiques numériques personnelles des enseignants et des familles, malgré la multitude d’expériences et d’initiatives depuis au moins deux décennies, ”le coeur de l’enseignement n’a pratiquement pas changé” :
Le temps scolaire ne se superpose malheureusement pas au temps commercial des start-ups...“Au mieux, l’ordinateur et l’internet sont exploités comme des moyens de chercher de l’information, très rarement comme des outils de production ou de collaboration, presque jamais dans les classes. L’organisation des classes, les méthodes pédagogiques, la nature des travaux demandés aux élèves (voire aux étudiants), ressemblent à ce qu’elles étaient il y a 20 ans.
Ah bon ? Même avec la reconnaissance du Ministre ?Les innovateurs sur le terrain se sentent seuls et ignorés.
C'est un appel aux gros sous et aux subventions d’État, ça...Les entreprises innovantes dans le secteur ne se développent pas. (…)
Heureusement Coursera est là ...L’autre promesse du numérique, celle d’une formation “tout au long de la vie”, personnalisée, aisément accessible, ne se concrétise pas non plus, du moins à grande échelle.”
Et en quoi le numérique permettrait-il à l'école d'atteindre mieux ses missions ? J'attends la démonstration. Pour l'instant que c'est plutôt l'inverse qui se produit.Bref, tout a bougé partout mais dans l’expérience concrète de l’éducation (secondaire, du moins), presque rien n’a changé. Du coup, le numérique contribue au sentiment croissant d’un écart entre l’Ecole et la société (et entre les missions attribuées à l’Ecole et ses résultats), alors qu’on en espérait l’inverse.
Quant à l'écart entre l'école et la société, quelle curieuse exigence. La société suit un chemin essentiellement commercial et l'école devrait suivre le même ?
Il y a même des villes et des comtés américains qui sont revenus du numérique, M. Kaplan : "In Classroom of Future, Stagnant Scores"Il ne sert à rien de chercher des responsables. S’il existait une recette magique, si par exemple un pays avait tout bon (et mieux encore, d’une manière aisée à répliquer), ça se saurait.
Pour cela il faudrait plutôt aller dans de vraies classes avec des vrais élèves.Mais en préparant mon intervention pour la session “Réseaux sociaux et éducation” de la Social Media Week, un facteur m’est apparu évident, évident à un point tel que je me demande… ce que j’ai bien pu rater.
La "collaboration" est donc la solution à toute chose.Pour le dire crûment : parler de technologies de l’information pour l’éducation (TICE) me paraît une impasse, une manière de s’empêcher de penser, de s’excuser d’innover et de perpétuer un système où chacun (enseignants, élèves, parents, directeurs d’établissements, collectivités territoriales, ministère, établissements rattachés, éditeurs, prestataires privés…) s’observe et se barricade par peur des autres, sans jamais entrer dans la voie (incertaine) de la collaboration.
C'est le propre des numéristes de considérer que les outils numériques sont déjà dépassés et qui fustigent le retard d'une institution courant après l'innovation technologique...Et par conséquent, les “espaces numériques de travail” deviennent de purs supports administratifs pour diffuser devoirs, notes et absences. Les manuels numériques, quand ils existent, sont des manuels papier mis en scène (car les manuels papier sont d’assez superbes productions plurimédias), qui ne résolvent en rien le problème de leur faible valeur ajoutée face à l’abondance des ressources en ligne. Les tableaux blancs interactifs ajoutent du spectaculaire...
Où - comme d'habitude - les nouvelles technologies viennent au secours des nouvelles pédagogies.... à l’enseignement frontal, qui fait peut-être partie du problème…
Comment peut-on vouloir contrebalancer Facebook, un sympathique réseau commersocial américain ?… Mais à la Social Media Week, j’ai entendu présenter avec talent des projets qui creusent encore le fossé. Tel “réseau social”, réunissant dans un espace étanche enseignants et élèves, se vante de “ressembler à Facebook” et présente avec fierté des chiffres de fréquentation qui démontrent l’absence totale d’usages réguliers.
Bref : reprocher à l'institution en même temps ses actions et en même temps son inaction.Tel autre fédère les enseignants dans des espaces officiels, ce qui n’a rien de mal mais tend à oublier que ceux-ci ont depuis longtemps constitué leurs espaces de collaboration ailleurs, par exemple autour du Café Pédagogique.
Alors qu'Internet n'a que des aspects positifs, c'est évident.D’autres projets, nombreux (il a du y avoir des financements pour cela), démontrent toute leur créativité dans la sensibilisation des têtes blondes aux dangers de l’internet, qui reste donc un monstre qu’il faut dompter, plutôt qu’un potentiel à saisir.
Il faudrait nous les faire partager, ces enseignements.Et de l’autre côté je pense à quelques-uns des enseignements que nous tirons de notre observation des pratiques et des dynamiques numériques et me demande d’où provient un tel décalage.
Voilà un enseignement qui est d'une clarté limpide.Par exemple ? Nous constatons que l’appropriation rapide, joyeuse et souvent surprenante du numérique est constamment tirée par ce que les gens font ensemble, depuis les petits riens jusqu’aux grands accomplissements collectifs ;
Le contenu est pourtant secondaire. Comme dit McLuhan, le medium est le message....alors que les TICE se focalisent (pas toujours en intention, mais presque toujours dans les faits) sur les “contenus”...
Appelons de nos vœux la fin du travail individuel. C'est vrai que copier-coller, c'est travailler ensemble.... et que l’Ecole - au moins jusqu’au lycée - reste le seul moment de l’existence où travailler ensemble, c’est copier, donc c’est mal.
Alors que l'élève que l'élève en sait beaucoup plus que le maître, c'est évident. Si Michel Serres l'a dit , c'est que c'est vrai.Les pratiques numériques brouillent les frontières, les statuts, les positions acquises, elles invitent à apprendre en produisant, elles valorisent les amateurs au sens qu’en donne Bernard Stiegler ; alors que les TICE sacralisent (pas toujours en intention, mais presque toujours dans les faits) la position de l’enseignant “sachant” et le savoir théorique, appuyé tout de même sur plus de documents.
Des idiots de Palo Alto qui n'ont rien compris au futur...Certaines écoles (pour riches) ont tiré de ce décalage une conclusion intéressante en bannissant le numérique.
J'ai du mal à comprendre en quoi toutes ces joyeusetés pourront me permettre de faire mon travail de professeur de lettres...Je proposerais plutôt de bannir le numérique “pour l’éducation” au bénéfice d’un investissement collectif, décidé, actif et (OK, OK) critique, des outils et des espaces de tout le monde. Communiquer par mail ou sur un réseau social (Facebook nous gêne, à juste titre ? Il y a plusieurs bons réseaux sociaux professionnels), mener des enquêtes via des sites communautaires grand public, coproduire des documents sur Google Docs, collaborer autour de Basecamp, enrichir des articles de Wikipedia, faire de la géo en nourissant OpenStreetMap, des SVT avec Open Food Facts ou Tela Botanica, veiller sur Diigo…
Euh visiblement non... Voir plus haut.(oui, plusieurs de ces sites sont Américains et commerciaux, je suis preneur d’équivalents européens et libres, dès lors qu’ils ne se réservent pas “à l’éducation”).
Quelle idée d'avoir de telles exigences, comme si le numérique exigeait le moindre regard critique !Curieusement, seule la représentante du ministère de l’Education à la matinée de la Social Media Week, Blandine Raoul-Réa, a spontanément cité ces espaces et ces plates-formes généralistes. Comme si, rue de Grenelle, quelque chose bougeait. Malheureusement, ce quelque chose ne se retrouve pas dans les orientations de la feuille de route : des orientations sérieuses, mais prisonnières d’une vision du numérique comme média, comme véhicule de contenu, et avec toujours le même besoin de s’excuser à chaque pas (en trois lignes, “regard critique”, “autonome et responsable”, “droits et devoirs”, n’en jetez plus !)
Évidemment quand on n'a pas la lourde responsabilité d'instruire des enfants, on a du mal à comprendre.La pétoche de tous envers tous mine l’Ecole.
Ça me fait penser à ces images pornographiques qui ont surgi en plein écran sur l'ordinateur d'une petite fille de sixième effrayée en cours de technologie. Quelle idiote : le web est pour un tiers pornographique. Il faut bien que l'école ressemble à la société.Les TICE sont la traduction technique de cette trouille. Sortons découverts !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.