"Les problèmes majeurs de l’adoption du numérique au sein de l’éducation : l’avis d’un collégien"

A lire sur le site "e.lab" de Stéphanie de Vanssay : "Les problèmes majeurs de l’adoption du numérique au sein de l’éducation : l’avis d’un collégien" (4/05/13).

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Voir aussi notre article : "Les portables de multiplication" .

Les problèmes majeurs de l’adoption du numérique au sein de l’éducation : l’avis d’un collégien

Pas d'avis sur la pédagogie, la didactique, les programmes, les instructions officielles ?

Suite à une conversation sur Twitter, Alexandre a accepté d’écrire un billet pour notre blog afin de donner son avis sur le numérique à l’école.
L’avis et le ressenti des élèves nous semble essentiel et nos colonnes leur sont ouvertes. N’hésitez-pas comme Alexandre à nos proposer vos textes à cette adresse que vous soyez étudiant, lycéen, collégien ou même élève de primaire…

C'est assez discriminatoire pour les élèves de maternelle.

Bonjour à tous les membres de l’association et aux lecteurs,
Je suis élève de 4e dans un collège en Ille-et-Vilaine (35) et j’ai récemment assisté à l’intervention d’un adhérent d’une association extérieure du collège, qui nous a peu ou prou expliqué ce qu’était le « cyber-harcèlement » mais surtout ce qu’est la « e-réputation » et comment l’entretenir, donc il nous a cité cet exemple qui est de ne pas poster de photos se mettant en scène dans une soirée avec une bouteille ou une cigarette à la main ou d’autres cas de figures semblables à celui ci.
Aujourd’hui lorsque je vais sur Facebook, je me rends compte que certains de mes camarades ont toujours laissé leur(s) photo(s) d’eux la bouteille à la main, et que d’autres continuent de poster des statuts composés d’injures envers certaines personnes.

Il me semble avoir dit un jour : "je ne crois pas du tout à une moralisation possible du numérique à l'école"...

Ce que je constate c’est que ces personnes n’ont pas retenu ce qui leur a été expliqué et ont des usages avec les réseaux sociaux qui sont publiquement néfastes à leur image.

Et pourquoi ne l'ont-elles pas retenu ? Voilà la vraie question.

Parallèlement à ça je vois des enseignants qui ont très bien compris le sujet et apprennent à leurs élèves de CP/ CE1 (puisque c’est bien connu que l’on marque mieux les esprits au plus jeune âge) comment utiliser ces fameux Facebook et Twitter, malheureusement ils sont une minorité à pouvoir le faire.

C'est vrai que ça doit être plus efficace puisqu'on voit rarement des photos d'élèves de CP/CE1 une bouteille à la main sur Facebook... Enfin attendons qu'ils aient 14 ans, comme notre élève.

En effet s’ils veulent utiliser le réseau internet de l’établissement...

Je croyais qu'on parlait des enseignants du primaire et qu'au collège c'était déjà trop tard pour "marquer les esprits".

...c’est compliqué car il est filtré d’une façon hallucinante ne donnant accès ni aux réseaux sociaux, ni aux blogs, ni aux sites de vidéos tel que YouTube et Dailymotion ; ça veut dire que ce filtrage empêche l’accès à des sites que l’on consulte au quotidien, dont on connaît les usages qui, d’une part peuvent être utilisés pour l’éducation, et d’une autre pour le divertissement.

Et le divertissement a toute sa place au collège, dans un strict cadre pédagogique.
Récemment, malgré les filtres de mon établissement, des photographies pornographiques sont apparues en plein écran en classe sur les ordinateurs d'élèves de sixièmes parce que certains petits malins ont contourné les systèmes de protection. Certaines petites filles ont été choquées.
Mais qu'importe ! Supprimons tous les filtres !

Il se trouve qu’en cours de musique et d’arts plastiques par exemple il est agréable d’avoir à disposition ces plateformes, donc je trouve ça scandaleux de bloquer...

"agréable"/"scandaleux" : il va falloir trouver un équilibre sémantique plus approprié...

...l’accès aux innovations de demain qui seront probablement des méthodes d’apprentissage plus efficaces.

YouTube et DailyMotion sont des "innovations de demain" ?
Appréciez le jugement sûr de notre élève-pédagogue : "probablement des méthodes d’apprentissage plus efficaces"...

Je viens de parler de contenu mais pour pouvoir le consulter il faut un outil de travail à la fois simple d’utilisation, efficace et accessible financièrement. Il y a maintenant trois ans, s’est démocratisée une nouvelle race d’outils sur le marché à savoir la tablette, comme l’iPad, qui remplit la quasi totalité des usages que l’on a avec un PC traditionnel...

Heu non... pas du tout ou alors il s'agit d'usages très limités. Une tablette n'est qu'un téléphone avec un grand écran.
Bref Alexandre est scandalisé de n'avoir pas d'iPad distribué à l'école.
En ces temps de crise l’Éducation nationale pourrait quand même investir dans cette "race d'outils" : un iPad pour chaque collégien ou lycéen, ce n'est jamais qu'un budget de l'ordre de trente fois le budget annuel de l'Education nationale ou sept fois le budget de la Nation.

... d’une façon simple et ludique : on y retrouve un navigateur internet fiable et rapide qui est très efficace pour utiliser l’ENT de l’établissement scolaire, télécharger des applications de traitement de texte, de géométrie, d’astronomie et bien d’autres…

Et pleins d'autres usages qui ne sont guère pédagogiques.

Mais il existe quelque chose qui s’appelle le manuel scolaire numérique, aujourd’hui quasiment tous les éditeurs de manuels scolaires que tout le monde connaît tel que Nathan et Hatier ont le leur et il peut être projeté sur le tableau en branchant la tablette à un vidéo projecteur d’une façon très simple.

Alors que le manuel papier, il ne se branche nulle part : qu'est-ce que vous voulez qu'on apprenne avec ça ?

Si je parle de la tablette et non du PC c’est pour toutes les raisons que j’ai citées précédemment et surtout pour la simplicité !

C'est bête parce que des département entiers se sont équipés d'ordinateurs ...

Pour ma part, mon établissement a déjà adopté le vidéo projecteur dans toutes les salles donc c’est un problème en moins, maintenant dans un établissement public, on est dépendant du Conseil Général pour l’achat de ces équipements et en sachant qu’un iPad coûte environ 400€-500€, je ne pense pas que l’achat d’une tablette par élève soit la meilleure solution.

D'un point de vue économique, effectivement...

Une solution envisageable serait de fournir une tablette par enseignant ainsi qu’un vidéo-projecteur.

C'était bien la peine de nous parler d'un usage personnel des tablettes, avec accès aux réseaux sociaux, à l'ENT, à des applications...

N’oublions pas non plus, qu’aujourd’hui quasiment tous les adolescents ont un smartphone dans leur poche, car on peut désormais en trouver pour pas cher et avec des abonnements à prix cassés depuis un an, je pense en tant qu’élève qu’on ne nous fait pas assez confiance, on devrait nous autoriser à utiliser nos smartphones quand on a besoin de chercher une information sur Google : pour l’anecdote j’ai un professeur d’arts plastiques qui nous autorise à sortir notre téléphone pour s’inspirer de tableaux ou chercher des informations et tout se passe à merveille !

Je croyais que les camarades d'Alexandre continuaient à "poster des statuts composés d’injures envers certaines personnes"...
C'est vrai qu'on peut observer de nombreux usages responsables des smartphones en classe.

Cette règle il y a beaucoup d’enseignant qui sont contre, j’ai d’ailleurs posé la question à des professeurs et des surveillants qui eux aussi étaient contre, ils ne veulent pas de changements pensent que l’on va prendre des photos d’eux ou alors s’amuser plutôt que d’apprendre.

Ce qui ne peut pas arriver, bien sûr. C'est pourtant arrivé à plusieurs de mes collègues rien que cette année : et encore, nous n'avons accès qu'à ce qui est publié (bêtement) sur le web. Pas aux réseaux sociaux.
Sans parler des mille distractions possibles offertes par les smartphones. Le virtuel est toujours vertueux, comme dirait Michel Serres.

En conclusion de cette chronique/coup de gueule...

Définition de "chronique" à revoir.

...je retiens quatre points essentiels et fondamentaux à savoir :
L’importance de l’apprentissage des usages des réseaux sociaux dès le plus jeune âge

Sans en avoir démontré l'intérêt.

Le scandale du filtrage des sites pertinents dans le cadre de l’éducation

Evidemment, si pour Alexandre, les sites "pertinents" sont des sites de vidéos en ligne...

Le problème de l’équipement informatique dans les salles de classe

Tapons dans nos mains et l'argent va pleuvoir ! Et oublions qu'il y a d'autres priorités, à l'heure où les cohortes d'élèves sont plus nombreuses avec le boom démographique des années 1990-2000.

Le manque de confiance envers les élèves

Les exemples donnés par Alexandre au début de son salutaire "coup de gueule" ne sont malheureusement pas de nature à nous convaincre. Tout comme les usages des réseaux sociaux constatés depuis que Twitter s'est démocratisé auprès des plus jeunes, avec des vagues de tweets racistes ou homophobes. Quant à la véritable utilité pédagogique de son smartphone, il ne nous a guère convaincu...
Bref "les problèmes majeurs de l’adoption du numérique au sein de l’éducation", c'est laissez-nous utiliser nos smartphones en classe.

Je souhaite franchement que l’Éducation Nationale se réveille et s’aperçoive que nous sommes au 21e siècle !

Et au XXIe siècle, l'enfant doit être considéré comme un adulte.

Si vous voulez approfondir le sujet avec moi ou en débattre, contactez-moi via Twitter @gAlexLTT ou dans les commentaires de ce billet.

Si vous voulez savoir pourquoi Alexandre milite pour la libre autorisation des smartphones au collège, je vous conseille sa chaîne YouTube : www.youtube.com/iletimetechno
Après le coup de gueule, le coup de pub :

Et un usage pédagogique de l'iPad :

Il faut diffuser un message aussi positif : c'est ce que s'est dit Ludovia. Quelle surprise !