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"Le numérique à l’école, qu’est-ce que c’est ?" (Le Web pédagogique)
- Loys
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Pour Michel Serres, l'inventeur du mot "ordinateur" , je ne dirais rien. Mais Serge Soudoplatoff , un "grand intellectuel" ?On le trouve dans le projet de loi pour la refondation de l’École. Il fut autrefois signe inquiétant de fracture. Il est aujourd’hui l’objet de réflexions très avancées de la part de grands intellectuels (Michel Serres, Bernard Stiegler, Serge Soudoplatoff…).
La lignée est inquiétante, à vrai dire.Il sera peut-être l’objet, après l’autisme ou l’illettrisme, d’une Grande cause nationale.
Ah bon ? On parie...Le passage de l’informatique au numérique
[...] En effet, depuis 1985, on sait où l’on va. On ne répétera pas les mêmes erreurs.
C'est curieux mais j'aurais plutôt constaté que de ce point de vue les choses n'ont guère évolué, et ce forum en témoigne assez.On admet qu’il ne suffit pas d’équiper en ordinateurs des établissements.
Rien moins.Aussi avons-nous délaissé ce vain mot «informatique» au profit de «numérique», chargé à lui seul de toutes les promesses d’une école plus appropriée aux défis actuels, plus juste, plus efficace.
Pour l'efficacité on en attend toujours la démonstration. "promesses", "défis" : relire Jacques Ellul sur l'emploi de ces termes.
Avec le terme "injonction", au moins les choses sont claires.De quelle façon l’injonction du passage au numérique remplira-t-elle cet objectif ?
Rien de bien nouveau à l'école en somme.En énumérant les possibilités offertes par le numérique à l’école, nous devrions parvenir à définir ce mot employé partout, tout le temps. Naturellement, on n’épuisera pas le sujet, mais on y verra peut-être un peu plus clair.
Potentiel numérique
En faisant entrer le numérique à l’école, l’enseignement permettra de différencier la pédagogie (l’enseignant ne peut pas se démultiplier, mais il peut confier aux élèves certaines tâches à réaliser sur des ordinateurs ou des tablettes). En procédant ainsi, il dégage du temps pour les plus démunis.
Mais une remarque intéressante : le numérique ne vient pas au secours des "plus démunis". C'est pourtant ce que laisse croire le programme D'Col.
Sans le numérique ce n'est pas le cas ?Et par là même, il contraint les élèves à devenir autonomes : ils doivent effectuer certains travaux et, tant que le professeur ne s’est pas penché sur leur travail, celui-ci doit être effectué avec la précision et le sérieux requis.
Où l'on retrouve, à travers le terme méprisant de "becquée", la détestation de la transmission et de la position magistrale. Image qui suppose naïvement que le professeur n'a à transmettre que des "informations", comme une sorte de variation humaine du journal télévisé.De surcroit, les élèves apprennent à rechercher l’information, et non attendre la becquée professorale.
Il est toujours étonnant de voir des professeurs partager une telle conception de leur métier.
Ou pas...Le numérique étant éminemment socialisant...
Comme c'est beau et merveilleux....l’élève communique, partage ses connaissances, soutient l’élève en difficulté. Il partage donc ses compétences.
Sur les réseaux sociaux ils "partagent" le travail à faire à la maison et sur les sites de corrigés ils copient-collent les commentaires et dissertations que d'autres "partagent" avec eux.
Enfin, ceux qui qui ont accès à Internet et savent lire. Yann Houry aurait-il oublié ce que c'est que les publics défavorisés, pour lesquels l'ENT risque d'avoir un intérêt très relatif.De la même façon, l’enseignant communique avec la famille...
Se parler ne nécessite aucune technologie......s’écrire ou même se parler évacue les difficultés, les doutes, les errements.
La porosité totale entre vie privée et vie professionnelle est effectivement un grand progrès social.Pour ma part, je préfère que l’on m’écrive, chez moi, à l’heure que l’on veut, plutôt que de trouver le lendemain matin un élève dont le désarroi découle de son incapacité à avoir fait son travail.
Le professeur veille ainsi sur chacun de ses élèves, à distance mais toujours proche.Ainsi, on accompagne les élèves que personne ne peut aider à la maison.
De quelle justice s'agit-il ?Enfin un peu de justice dans l’enfer dominical des devoirs !
On se demande même pourquoi faire cours en classe et pourquoi les élèves devraient les noter. D'ailleurs pour cela ils pourraient aussi bien consulter leur manuel, finalement.Au reste, comme mes cours sont tapés sur mon iPad et vidéoprojetés, il m’est très facile de les envoyer par courrier.
Pourquoi Yann Houry ne le fait-il pas ? Et pourquoi ne le proposer qu'à certains et pas à tous, pour permettre aux élèves de s'affranchir de l'enfer hebdomadaire de l'école ?Je pourrais même filmer le cours, et le transmettre aux absents, qui n’ont pas toujours tort et sont parfois longuement alités.
"leur iPad" : il est amusant de constater combien les numérolâtres sont incapables de s'affranchir de leur fascination pour leur marque favorite. Comme si un professeur employait pour parler de sa pratique professionnel les mots "Waterman" ou "Clairefontaine". Avec Yann Houry le monde publicitaire entre avec fracas dans l'école : il est vrai qu'il se présente également sur son compte Twitter comme "Formateur Apple Professional Development".Numérique : des élèves travaillent avec leur iPad
Sur le même principe le blog macternelle.fr/ ... :shock:
Le raccourci est donc le suivant : ne pas donner d'iPad à un élève, c'est l'ostraciser.Dans le même ordre d’idée, le numérique permet d’aider les élèves en situation de handicap. Les tablettes permettant de changer la police, de l’augmenter, de faire lire le texte ne pouvant être lu par l’élève malvoyant, tout un public scolaire ne se laisse plus ostraciser.
Ça pour s'ouvrir, elle s'ouvre avec le numérique, mais pas toujours dans le sens que suppose Yann Houry, dont la "définition" du numérique se limite à ses usages institutionnels.On voit ainsi que la classe s’ouvre sur l’extérieur puisque le cours est accessible, transmissible, et qu’il se poursuit hors des murs scolaires.
Sachant que le monde n'en a pas grand chose à faire. Beau témoignage de promotion de l'illusion narcissique.La classe s’ouvre donc sur le monde.
Encore de la publicité pour un réseau commersocial.Les tweetclasses en sont un exemple, elles qui questionnent d’autres enseignants, d’autres élèves du monde entier, correspondent en temps réel.
Variation sur la "Petite Poucette de Michel Serres. Yann Houry semble confondre capacité de stockage pour l'information et la capacité de traitement de l'information. Pour rectifier, s'agissant de la puissance, elle est plutôt mille fois supérieure à celle d'Apollon 11 (1 MHz). S'agissant de la capacité de stockage, avec 1 Go, elle est des dizaines de milliers de fois supérieures à celle d'Apollo 11 (72 Ko).Avec internet, l’information (et non le savoir) est à portée de clic. L’élève le porte même dans sa poche, dans un téléphone cent fois plus puissant que ceux qui ont amené l’homme à marcher sur la lune.
Et les dictionnaires sont très utiles à ce sujet. Rien de bien nouveau en somme.Quand un élève, faisant une rédaction, a besoin de telle ou telle information, je lui rappelle que cette information attend juste qu’il la recherche.
Car - tout le monde le sait - les élèves n'ont de cesse d'utiliser leur smartphone pour étendre leurs connaissances et préparer leurs cours.Ainsi, on apprend partout : chez soi, à l’école, dans le bus…
Car elles n'y entrent tout simplement pas...Et toutes ces informations ne demandent nullement à entrer de force dans la tête de l’élève.
Après la "becquée", le "gavage". Yann Houry ne semble pas avoir compris que le savoir procède de l'appropriation des connaissances et que précisément le numérique donne l'illusion que cette appropriation est inutile. A lire à ce sujet : "Je google donc je sais" .Le gavage cognitif est frappé d’inanité.
Euh... non. Apprendre un poème, c'est apprendre son vocabulaire, comprendre sa syntaxe, se familiariser avec son style.Cela, par exemple, est certes très beau et très gratifiant de savoir des poèmes par cœur, mais cela ne sert qu’à une chose : savoir des poèmes (et c’est très important).
Car bien sûrOr ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Il s’agit de concevoir que l’information est externalisée : des zettaoctets de savoir sur le web accessibles en deux clics.
- l'enseignement n'est que de la distribution d'information. Par exemple le raisonnement logique en mathématique ou en analyse grammaticale.
- le web est une grande bibliothèque, bien organisée, avec uniquement des connaissances fiables et validées, adaptées des publics scolaires, et rien d'autre bien sûr.
Yann Houry devrait lire ce qu'en dit Emmanuel Sander.Qui a encore envie d’apprendre par cœur les départements et leur numéro ?
Tout le monde sait, c'est beau.Et surtout, l’information est multiple : mon professeur sait, mes parents savent, Wikipédia sait, l’internaute que je sollicite sait. Force est de reconnaître la multiplicité de l’autorité.
Mais au fait, qui est "Wikipédia" au juste ? Et qu'est-ce qui me prouve que l'internaute que je sollicite sait ?
Et ça c'est plus important encore que la connaissance dans l'école-du-futur-de-demain !Enfin, les tablettes, les ordinateurs favorisent la créativité.
Intéressant de voir que le numérique est célébré pour s'être "débarrassé de ses oripeaux techniques". C'est vrai, quoi, utiliser le numérique, c'est renoncer à le comprendre. On est bien dans l'esprit Apple.Faites l’essai avec telle ou telle application. Demandez aux élèves d’en faire quelque chose. Vous serez surpris de voir à quel point le numérique s’étant débarrassé de ses oripeaux techniques permet de faire de belles choses simplement et efficacement.
Mélangeons tout : élèves du secondaire et étudiants !Et l’enseignant ne se dérobe pas : classe inversée (ou Ernest ou Treize minutes), MOOC, etc.
Dans les moocs l'enseignant n'est plus là. Et dans la classe inversée il ne fait plus cours à proprement parler...
Alors que dans la classe ce désir est vraiment limité...Il y a là une exubérance gargantuesque, un désir inassouvi de faire cours.
C'est vrai que spontanément les élèves téléchargent des opéras et consultent des manuscrits anciens sur Gallica !In fine, le numérique ne permet-il pas d’accéder à la beauté artistique ? Vous qui êtes né dans les années 70 ou 80, vous êtes-vous déjà émerveillé, à l’école, de la splendeur de tel tableau ? De tel manuscrit enfermé dans les coffres-forts de la BNF ? De tel film en haute définition ? Eh bien ! non, puisque vous n’aviez que cette photocopie ou cette télé à tube cathodique juchée sur l’armoire du coin de la classe ! Quant aux merveilles de la BNF, vous n’y aviez simplement pas accès.
Donc rien sur le numérique sauvage ?Esquisse d’un définition du numérique
Il est temps de conclure.
Effectivement il est bien d'autres choses qui ne rendent pas service aux élèves.Le numérique à l’école n’est pas un outil, une machine ni même un réseau ou je ne sais quoi encore. Ou, en tout cas, pas seulement.
Sauf que les nouvelles technologies dont il s'agit ici n'ont pas été pensées pour la pédagogie, voire n'ont pas été pensées du tout. Il n'y a pas d'intelligent design du numérique, comme en témoigne son évolution rapide et imprévisible.Non, le numérique, c’est la pédagogie réinventée grâce à la tekhnê.
Par ailleurs une technique, ce n'est pas nécessairement un objet technique qui travaille à notre place : une technique, ce peut être une façon de travailler par soi-même.
"accompagner" et "librement" : une contradiction dans les termes que se garde bien de soulever Yann Houry. Comment "accompagne"-t-on un enfant qui accède seul à Internet sur son smartphone ?C’est accompagner les élèves (mais aussi les parents et tout adulte désireux de savoir), non plus à pied comme le faisait l’esclave emmenant l’enfant à l’école, mais librement sur les réseaux d’ordinateurs.
Ainsi, le numérique est ce qui fait exploser le cadre spatiotemporel scolaire.
Au contraire elle la rend plus que jamais nécessaire.L’élève, mais aussi l’adulte apprend partout et tout le temps. Le numérique fait voler en éclat l’autorité du maître.
Ah quand même...Bien sûr, celui-ci sait davantage de choses que son élève...
Bien sûr ! Le numérique nous veut du bien....mais ni plus ni moins que les milliers d’enseignants qui diffusent leurs cours à tout-va et de toutes les manières possibles. Le numérique est démocratique.
La classe devient démocratique et toutes les paroles s'y valent. Le savoir est démocratique : avec Internet tout le monde sait tout sur tout, quel que soit l'âge ou les compétences. On est dans le plus pur mythe wikipédien.
Personne n’est plus délaissé en raison de son handicap ou de ses difficultés.
Tout il est beau, juste et gentil dans le monde de l'Internet.L’informatique pure s’est effacée, on n’achoppe plus sur une difficulté technique pour faire un beau livre, une belle photo, un film, un site web, etc. On peut alors faire de belles choses et jouir de leur beauté.
La beauté artistique est devenue un produit de consommation à la portée de tout le monde : une belle photo s'obtient facilement en achetant un bel appareil numérique. Internet, c'est l'infini à la portée des caniches.
C'est comme si c'était fait !Il ne reste plus qu’à permettre à l’école de trouver le loisir (c’est le sens du mot «école» d’y accéder, à faire comprendre aux élèves à quel point toutes ces choses sont nécessaires, désirables et fondamentales, que le numérique n’est pas qu’un objet de divertissement, que l’injonction sociétale à prendre son pied n’est pas contradictoire avec le fait de se prendre la tête.
A noter que le terme scholè renvoie à la pause, à la suspension : et si, au lieu d'en faire la promotion publicitaire comme le fait Yann Houry avec l'iPad ou Twitter, l'école était cette pause, cette mise à distance critique et salutaire dans cet environnement numérique de consommation de masse ?
En renonçant à la connaissance technique du numérique, c'est gagné.Notre élève doit donc devenir un citoyen numérique éclairé, conscient des enjeux dont personne ne peut dire où ils nous mèneront.
Et en invitant les élèves à tweeter, certains collègues y participent activement...Tout au plus sait-on, depuis l’affaire Snowden, que le numérique nous expose. Si nous n’y prenons garde, l’homo numericus risque de se retrouver dans une nudité numérique totale.
Da façon surprenante, puisque les ravages du numérique à l'école ne sont jamais évoqués par lui dans cet article, Yann Houry récite le bréviaire de Bernard Stiegler et termine par cette conclusion relativiste qui suppose que les défauts valent autant que les avantages. Or rien n'est moins évident : il faut, pour le savoir, faire en toute lucidité la somme de ce que l'on perd avec le numérique, et de ce que l'on gagne.Ainsi, le numérique est un pharmakon. À la fois remède et poison, il nous promet le pire et le meilleur.
En toute logique puisque le numérique peut aussi être un "poison" qui peut promettre "le pire"...Dites, chers collègues, avez-vous connu période plus exaltante ?
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- Loys
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