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"L’ordinateur, bras droit du professeur" (Le Monde)
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Un exemple de reductio ad absurdum propre au numérisme, que j’appellerais l'Amishing : regard critique = "calèche"...« Comme une promenade en calèche à l’ère de l’automobile »
De nouveau, avec cette analogie techniciste des moyens de transport, l'enseignement est conçu sur le mode du progrès technique : il y a pourtant bien des choses dans une vie humaine qui ne relèvent pas du progrès technique, dont précisément l'éducation. Au demeurant il est aujourd'hui facile de voir que l'automobile, en tant que technique mise au service de l'homme, n'a précisément pas toutes les vertus et présente quelques inconvénients...
Le concept inepte des "digital natives" (qui précisément réduit les êtres à une dimension purement technicienne) a fait bien des ravages et commence quelque peu à s’essouffler.Diplômé de Yale et de la Harvard Business School, l’Américain Marc Prensky a enseigné dans une école du Connecticut, puis un collège de New York, avant de rejoindre le Boston Consulting Group, pour s’intéresser à l’apprentissage par les jeux sérieux. Depuis quinze ans, cet écrivain et conférencier peu connu en France s’intéresse à la génération des « digital natives » et à leur rapport aux apprentissages.
En bonne fée qu'il est.Dans son dernier ouvrage, The World Needs a New Curriculum (« Le monde a besoin de nouveaux programmes scolaires », The Global Future Education Foundation and Institute, 72 pages, non traduit en français), il se penche sur les enseignements de demain.
Focalisons sur les connaissances de demain.Les écoles du monde occidental cherchent à entrer dans le troisième millénaire, sans trop savoir comment s’y prendre… Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?
Le problème de l’éducation est mondial. Il y a un déphasage entre l’offre et les besoins. Notre école reste trop focalisée sur les connaissances du passé.
C'est vrai que les connaissances du passé sont sans intérêt. Le numérisme est un nihilisme.
Apprendre à lire, à écrire, à calculer, c'est bon pour le monde ancien. Les élèves de demain pourront s'en passer !Nos parcours scolaires sont comme une promenade en calèche à l’ère de l’automobile ! Nous avons partout besoin de programmes nouveaux. « The world needs a new curriculum » est le titre d’un de mes derniers livres, et je sens bien que le ralliement s’opère de plus en plus autour de cette idée.
On le voit, tout ce qui est nouveau est bon. A noter que le propos séduisant de M. Prensky est délibérément élusif : que faut-il abandonner, que faut-il introduire ?
Sur le fond, la mission de l’école n’a pas bougé. Comme aux siècles précédents, elle doit aider nos enfants à devenir des adultes capables d’améliorer le monde.
Un moyen de quoi ?Apprendre n’est pas un but en soi, juste un moyen.
L'angélisme de Mark Prensky laisse pantois.Et pour que la génération à venir soit capable de créer des sociétés meilleures...
C'est vrai que l'école n'a jamais songé à enseigner à penser efficacement... Quant au vivre ensemble, le monde numérique où nous vivons d'ores et déjà est effectivement plus vertueux, comme nous pouvons le constater....il faut lui enseigner à penser efficacement, à agir, à vivre ensemble.
Une précision à ce sujet ?Pour cela, il faut puiser dans les sciences et les humanités. Mais pas n’importe comment, car tous les savoirs enseignés ne sont plus utiles.
A noter que les humanités sont réduites à une vocation purement utilitaires.
Quelle concession !On ne va tout de même pas chasser le lire-écrire-compter de nos écoles ?
Il est évident que certains aspects des mathématiques, le maniement du langage, les sciences et l’histoire restent essentiels.
Parce que le monde actuel ou le monde de demain sont de mondes plus coopératifs ?Mais avant de creuser ces disciplines dans le détail, l’école doit aussi enseigner à penser, agir, vivre et travailler avec les autres et permettre le développement personnel de chaque enfant.
Quel rapport entre créativité et coopération ?Or aujourd’hui, elle n’enseigne pas cela de façon assez systématique. Nous sommes très forts en logique et en mathématiques, mais cela ne suffit plus. L’école doit contribuer à forger des adultes créatifs...
Et en quoi l'école ne formerait-elle pas actuellement des adultes créatifs ? Il suffit de regarder comment le monde a changé depuis un siècle...
Wikipédia est un bon exemple d'absence de collaboration, de conflits d'édition permanents, de résultat consternant. Quel modèle pour l'école !...capables de travailler ensemble, collaborer, résoudre les conflits.
Vive les prophéties !Comment définiriez-vous l’enseignement de demain ?
Le métier d’enseignant est en mutation. Là où il ne l’est pas encore, cela ne saurait tarder.
Il n'a jamais prétendu l'être, à vrai dire. Derrière cette expression, tout le mépris des enseignants.L’enseignant n’est plus un M. Je-Sais-Tout...
Qui devient "arbitre" en ce cas ?...présentateur, metteur en scène, conteur et arbitre de la vie de classe.
Le numérisme est un néo-constructivisme.Il devient un coach, un guide, un partenaire pour les élèves, qui doivent apprendre par eux-mêmes, aidés en cela par la technologie.
Parce que la révolution numérique n'obéit pas, elle, à des raisons économiques ?Face à une classe – structure inventée pour des raisons plus économiques que pédagogiques –...
Ah... que faisait-il donc avant ?... l’enseignant cherche de plus en plus à créer une dynamique de groupe pour que ses élèves se mettent en action.
Je vois une contradiction entre "dynamique de groupe" et "apprendre par soi-même"...
En écoutant ou pas, donc.Beaucoup de professionnels sont très conscients que le but n’est pas que la classe les écoute, mais qu’elle se mette au travail, qu’elle comprenne et avance.
L'angélisme grandiloquent de Mark Prensky, recueilli pieusement par "Le Monde", ne déçoit jamais.Chaque élève, chaque groupe, doit comprendre et progresser pour lui, certes, mais aussi parce que sa connaissance aidera sa communauté et plus largement l’humanité à faire un petit pas en avant.
Un discours époustouflant de nouveauté !Pas si simple pour l’enseignant lui-même formé au cours magistral. Quel est son rôle ?
Il est présent pour assister les élèves. Il doit penser une organisation qui va leur permettre de se mettre au travail et de s’approprier les savoirs.
C'est effectivement mieux que de poser les mauvaises.Il doit leur poser les bonnes questions...
Corollaire : un élève est tout à fait en droit de ne pas travailler s'il n'est pas intéressé, et le professeur en est responsable....susciter leur curiosité, éveiller leur intérêt.
Mais c'est une vraie régression dans l'autodidaxie constructiviste !Il est là pour aider tout le monde à avancer, à la fois en groupe et seul. Il est le garant de la qualité et de la rigueur du travail fourni.
Nouvelle poussée de millénarisme.L’entrée de la technologie dans les classes pousse à ce changement. Mais elle fait parfois peur aux parents et son intérêt n’est pas toujours perçu par les enseignants…
La jeune génération a la chance incroyable d’être née à l’aube d’un monde nouveau.
Un sacré raccourci historique : les prophètes survolent tant l'histoire qu'ils ont tendance à la réécrire à leur convenance.Prenons assez de recul pour regarder les deux millénaires qui viennent de s’écouler. Durant le premier, l’humanité a vécu du travail de la terre. Durant le deuxième, nous sommes devenus constructeurs, créateurs et avons mis sur pied une société industrielle.
Bref, un transhumanisme qui ne dit pas son nom et auquel "Le Monde" ouvre grand ses colonnes.Au troisième, celui que nous entamons, l’humanité explore de nouvelles directions. Regardez comment nous scrutons le fonctionnement de notre cerveau, observons l’espace et commençons à nous intéresser au monde virtuel. Ces explorations vont repousser les limites de l’humain, aussi bien physiquement et intellectuellement que spirituellement.
En quoi une formation traditionnelle s'y opposerait-elle : voilà la vraie question, à vrai dire...Notre rôle à nous, adultes éducateurs, est d’aider nos enfants à entrer dans ce monde nouveau, aux frontières repoussées.
Concept numériste s'il en est.Dans un de vos livres, vous développez le concept de « sagesse numérique ». Que signifie cet étrange concept ?
La "sagesse numérique" consisterait surtout à mesurer tout ce que le numérique retire à la sagesse humaine.Savoir utiliser la machine pour les tâches qu’elle fait mieux que nous, savoir faire confiance au cerveau humain pour sa supériorité sur la machine… Voilà ce qu’est la sagesse numérique. Trouver un juste équilibre entre ces ceux approches s’apprend. L’éducation y contribue.
Qui parle "d'enfermer dans le passé" et quel rapport avec la "propriété intellectuelle" : ce concept serait-il dépassé ? Les livres de Mark Prensky sont gratuits ?Ce nouvel équilibre peut d’ailleurs déplacer ce qu’on pensait immuable. Regardez la perception qu’ont les adolescents de la propriété intellectuelle. C’est intéressant… Bien sûr que nos enfants doivent montrer du respect pour le passé et les attitudes du passé, mais nous ne devons pas les enfermer dans ce passé.
A l'appui de cette déclaration fracassante... rien.Vous dites que la sagesse, c’est que la technologie devienne une extension de notre cerveau. Cela ne risque-t-il pas de créer plus de passivité chez les adolescents, c’est-à-dire une attitude contraire à l’apprentissage ?
Absolument pas ! C’est même l’inverse. La jeune génération est beaucoup plus active que passive.
Rappelons quand même que les mêmes discours millénaristes ont été tenus aux débuts de la télévision. Les résultats sont spectaculaires, en effet.C’est la génération d’avant, celle qui a grandi devant la télévision, qui était passive.
Du "faire" ? Non du "faire fabriquer par une machine"...Regardez à quelle vitesse les jeunes se familiarisent avec les nouvelles technologies, observez comment il y a toute une vague du « faire » dans le sillage de l’imprimante 3D.
Et spontanément ils s'évertuent à rendre le monde meilleur avec ces "outils créatifs" fabriqués dans des pays pauvres et voués à une péremption rapide.La jeune génération veut fabriquer, créer avec les outils de son époque. Les adolescents ont à leur disposition, parfois dans leur poche, les outils créatifs les plus puissants que le monde ait jamais connus.
Une console vidéo est un "outil" ?Arrêtons de critiquer nos enfants parce qu’ils ne nous ressemblent pas. Notre rôle est de les encourager à utiliser ces outils pour construire le monde de demain.
Car aujourd'hui la technologie est fiable !Dans ce moment d’incertitude et de transition, comment décider des savoirs qui seront nécessaires demain ?
D’abord arrêtons de préparer nos enfants à un monde dans lequel la technologie n’était pas fiable.
Elles se trouvaient déjà dans les manuels scolaires... Il s'agit en tout cas donc bien de renoncer à apprendre "la plupart des choses" que nous avons apprises.La plupart des choses que nous avons apprises par cœur peuvent se retrouver aujourd’hui facilement sur le Net.
Nous voilà replongés dans le "savoir disponible"...Souvenez-vous qu’il y a dix ans à peine nous mémorisions encore les numéros de téléphone…
C'est surtout renoncer à penser par soi-même. Est-ce qu'aller sur Google pour traduire un texte ou résoudre une équation a un sens ? Mark Prensky, grand expert de l'éducation, réduit l'enseignement à une dimension purement documentaire.Certains veulent encore faire croire qu’utiliser Google en classe c’est tricher...
Il faudrait savoir : Wikipédia se présente comme une source secondaire nécessitant une vérification dans les sources primaires. Considérer que Wikipédia est fiable, c'est précisément n'avoir rien compris à Wikipédia....que Wikipédia n’est pas fiable.
Lien logique ?Dans de nombreuses autres circonstances, nous devons, nous adultes, réviser nos croyances.
Apprendre à penser le numérique permet d'utiliser le numérique. Apprendre à penser avec le numérique ne permet pas d'apprendre à penser sans lui.Sauf si l’on veut garder une calèche dans son garage en cas de défaillance de l’automobile.
Des détails, des détails ! Mais non, Mark Prensky reste toujours aussi évasif et préfère des analogies comme celles de la calèche : c'est intellectuellement plus confortable.Une bonne partie des programmes enseignés aujourd’hui sont inutiles.
La "lutte contre l'ennui" s'apparente à la recherche de la stimulation permanente, sur le mode de la gamification, laquelle considère finalement des élèves comme des êtres beaucoup plus passifs qu'elle ne veut le faire croire.Si nous voulons lutter efficacement contre l’ennui en classe, contre le décrochage, il faut que les élèves se sentent concernés par ce que l’enseignant propose.
Nous pouvons très bien développer la pensée logique en enseignant la programmation, plutôt que des connaissances moins utiles.
Lesquelles ?
Et en quoi la programmation est-elle "utile" exactement ?
Bien sûr !C’est d’autant plus important que les adolescents apprendront ainsi à prendre le contrôle de la machine.
"prendre le contrôle" est une expression totalement creuse ici.
Les exercices pour apprendre le code sont toujours motivants !Et c’est beaucoup plus motivant que bien des exercices factices pour développer la logique !
"Brimer" comment, exactement ?Et comment l’école peut-elle éduquer à la liberté dans ce maillage serré ?
Nos enfants sont plus libres dans ce monde technologique que leurs aînés ne l’ont jamais été… à condition qu’on cesse de les brimer.
Et en quoi consiste cette liberté, exactement ?
C'est assez rare, à vrai dire et ça ne remplace pas une vie sociale. Mark Prensky est donc favorable, sans le dire, sans le dire à un monde de relations humaines virtuelles.Oui, mais les éducateurs ont aussi le souci de ne pas en faire des geeks. Ils craignent que ce monde technologique rende virtuelles les relations humaines. L’hyperconnexion ne favorise pas la rencontre…
Une communication profonde et sincère peut passer par l’écrit.
Argument relativiste assez faible. Les lettres pallient la séparation imposée dans les échanges. La communication virtuelle se substitue aux échanges humains.Souvenez-vous des lettres que vous avez reçues !
Encore une relativisme consternant hissant le tweet à la pensée profonde d'un aphorisme philosophique ou d'un haïku.Par ailleurs, si vous êtes adeptes des haïkus ou des aphorismes, vous savez qu’on n’a pas besoin de beaucoup de mots pour formuler une pensée profonde.
Il faudrait savoir...Le monde des relations évolue, mais nous n’entrons pas dans une ère de solitude pour autant.
Relativisme encore. Mais de quelle "langue" parle Mark Prensky ?Arrêtons de penser que parce que les adolescents ne parlent pas la même langue que nous, ils communiquent moins bien. Chaque langage a ses forces et ses faiblesses...
On se demande bien pourquoi Mark Prensky écrit des livres au lieu de tweets pour exprimer une pensée si profonde....mais l’homme sait s’emparer de chacune d’elles suffisamment bien pour toujours communiquer avec profondeur.
Le grec et le latin sont devenus des niches !
La preuve que le numérisme est un anti-humanisme.
Nous avons maintenant une langue nouvelle qui est celle de la technologie.
La technologie est une "langue" ?
Le texte est aboli.La vidéo, la programmation sont des nouveaux langages.
Dixit vates !D’autres vont apparaître, encore inconnus de nous.
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En tout cas, je ne suis pas surpris par l'évangélisme de Prensky, qui me rappelle celui de James Paul Gee.
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