"L’ordinateur, bras droit du professeur" (Le Monde)

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25 Nov 2014 18:40 #12511 par Loys
"L’ordinateur, bras droit du professeur" dans "Le Monde" du 25/11/14

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25 Nov 2014 20:53 - 26 Nov 2014 16:45 #12512 par Loys
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25 Nov 2014 20:54 - 26 Nov 2014 16:46 #12513 par Loys
Et aussi : "« Comme une promenade en calèche à l’ère de l’automobile »"

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26 Nov 2014 16:00 - 26 Nov 2014 16:57 #12517 par Loys

« Comme une promenade en calèche à l’ère de l’automobile »

Un exemple de reductio ad absurdum propre au numérisme, que j’appellerais l'Amishing : regard critique = "calèche"...
De nouveau, avec cette analogie techniciste des moyens de transport, l'enseignement est conçu sur le mode du progrès technique : il y a pourtant bien des choses dans une vie humaine qui ne relèvent pas du progrès technique, dont précisément l'éducation. Au demeurant il est aujourd'hui facile de voir que l'automobile, en tant que technique mise au service de l'homme, n'a précisément pas toutes les vertus et présente quelques inconvénients...

Diplômé de Yale et de la Harvard Business School, l’Américain Marc Prensky a enseigné dans une école du Connecticut, puis un collège de New York, avant de rejoindre le Boston Consulting Group, pour s’intéresser à l’apprentissage par les jeux sérieux. Depuis quinze ans, cet écrivain et conférencier peu connu en France s’intéresse à la génération des «  digital natives » et à leur rapport aux apprentissages.

Le concept inepte des "digital natives" (qui précisément réduit les êtres à une dimension purement technicienne) a fait bien des ravages et commence quelque peu à s’essouffler.

Dans son dernier ouvrage, The World Needs a New Curriculum («  Le monde a besoin de nouveaux programmes scolaires  », The Global Future Education Foundation and Institute, 72 pages, non traduit en français), il se penche sur les enseignements de demain.

En bonne fée qu'il est.

Les écoles du monde occidental cherchent à entrer dans le troisième millénaire, sans trop savoir comment s’y prendre… Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?
Le problème de l’éducation est mondial. Il y a un déphasage entre l’offre et les besoins. Notre école reste trop focalisée sur les connaissances du passé.

Focalisons sur les connaissances de demain. :doc:
C'est vrai que les connaissances du passé sont sans intérêt. Le numérisme est un nihilisme. :fur

Nos parcours scolaires sont comme une promenade en calèche à l’ère de l’automobile ! Nous avons partout besoin de programmes nouveaux. « The world needs a new curriculum » est le titre d’un de mes derniers livres, et je sens bien que le ralliement s’opère de plus en plus autour de cette idée.

Apprendre à lire, à écrire, à calculer, c'est bon pour le monde ancien. Les élèves de demain pourront s'en passer !
On le voit, tout ce qui est nouveau est bon. A noter que le propos séduisant de M. Prensky est délibérément élusif : que faut-il abandonner, que faut-il introduire ?

Sur le fond, la mission de l’école n’a pas bougé. Comme aux siècles précédents, elle doit aider nos enfants à devenir des adultes capables d’améliorer le monde.

:scratch:

Apprendre n’est pas un but en soi, juste un moyen.

Un moyen de quoi ? :scratch:

Et pour que la génération à venir soit capable de créer des sociétés meilleures...

L'angélisme de Mark Prensky laisse pantois.

...il faut lui enseigner à penser efficacement, à agir, à vivre ensemble.

C'est vrai que l'école n'a jamais songé à enseigner à penser efficacement... Quant au vivre ensemble, le monde numérique où nous vivons d'ores et déjà est effectivement plus vertueux, comme nous pouvons le constater. :santa:

Pour cela, il faut puiser dans les sciences et les humanités. Mais pas n’importe comment, car tous les savoirs enseignés ne sont plus utiles.

Une précision à ce sujet ?
A noter que les humanités sont réduites à une vocation purement utilitaires.

On ne va tout de même pas chasser le lire-écrire-compter de nos écoles ?
Il est évident que certains aspects des mathématiques, le maniement du langage, les sciences et l’histoire restent essentiels.

Quelle concession ! :cheers:

Mais avant de creuser ces disciplines dans le détail, l’école doit aussi enseigner à penser, agir, vivre et travailler avec les autres et permettre le développement personnel de chaque enfant.

Parce que le monde actuel ou le monde de demain sont de mondes plus coopératifs ? :santa:

Or aujourd’hui, elle n’enseigne pas cela de façon assez systématique. Nous sommes très forts en logique et en mathématiques, mais cela ne suffit plus. L’école doit contribuer à forger des adultes créatifs...

Quel rapport entre créativité et coopération ? :scratch:
Et en quoi l'école ne formerait-elle pas actuellement des adultes créatifs ? Il suffit de regarder comment le monde a changé depuis un siècle...

...capables de travailler ensemble, collaborer, résoudre les conflits.

Wikipédia est un bon exemple d'absence de collaboration, de conflits d'édition permanents, de résultat consternant. Quel modèle pour l'école !

Comment définiriez-vous l’enseignement de demain ?
Le métier d’enseignant est en mutation. Là où il ne l’est pas encore, cela ne saurait tarder.

Vive les prophéties !

L’enseignant n’est plus un M. Je-Sais-Tout...

Il n'a jamais prétendu l'être, à vrai dire. Derrière cette expression, tout le mépris des enseignants.

...présentateur, metteur en scène, conteur et arbitre de la vie de classe.

Qui devient "arbitre" en ce cas ? :shock:

Il devient un coach, un guide, un partenaire pour les élèves, qui doivent apprendre par eux-mêmes, aidés en cela par la technologie.

Le numérisme est un néo-constructivisme.

Face à une classe – structure inventée pour des raisons plus économiques que pédagogiques –...

Parce que la révolution numérique n'obéit pas, elle, à des raisons économiques ? :santa:

... l’enseignant cherche de plus en plus à créer une dynamique de groupe pour que ses élèves se mettent en action.

Ah... que faisait-il donc avant ? :scratch:
Je vois une contradiction entre "dynamique de groupe" et "apprendre par soi-même"...

Beaucoup de professionnels sont très conscients que le but n’est pas que la classe les écoute, mais qu’elle se mette au travail, qu’elle comprenne et avance.

En écoutant ou pas, donc. :santa:

Chaque élève, chaque groupe, doit comprendre et progresser pour lui, certes, mais aussi parce que sa connaissance aidera sa communauté et plus largement l’humanité à faire un petit pas en avant.

L'angélisme grandiloquent de Mark Prensky, recueilli pieusement par "Le Monde", ne déçoit jamais.

Pas si simple pour l’enseignant lui-même formé au cours magistral. Quel est son rôle ?
Il est présent pour assister les élèves. Il doit penser une organisation qui va leur permettre de se mettre au travail et de s’approprier les savoirs.

Un discours époustouflant de nouveauté ! :mrgreen:

Il doit leur poser les bonnes questions...

C'est effectivement mieux que de poser les mauvaises. :santa:

...susciter leur curiosité, éveiller leur intérêt.

Corollaire : un élève est tout à fait en droit de ne pas travailler s'il n'est pas intéressé, et le professeur en est responsable.

Il est là pour aider tout le monde à avancer, à la fois en groupe et seul. Il est le garant de la qualité et de la rigueur du travail fourni.

Mais c'est une vraie régression dans l'autodidaxie constructiviste ! :P

L’entrée de la technologie dans les classes pousse à ce changement. Mais elle fait parfois peur aux parents et son intérêt n’est pas toujours perçu par les enseignants…
La jeune génération a la chance incroyable d’être née à l’aube d’un monde nouveau.

Nouvelle poussée de millénarisme.

Prenons assez de recul pour regarder les deux millénaires qui viennent de s’écouler. Durant le premier, l’humanité a vécu du travail de la terre. Durant le deuxième, nous sommes devenus constructeurs, créateurs et avons mis sur pied une société industrielle.

Un sacré raccourci historique : les prophètes survolent tant l'histoire qu'ils ont tendance à la réécrire à leur convenance. :shock:

Au troisième, celui que nous entamons, l’humanité explore de nouvelles directions. Regardez comment nous scrutons le fonctionnement de notre cerveau, observons l’espace et commençons à nous intéresser au monde virtuel. Ces explorations vont repousser les limites de l’humain, aussi bien physiquement et intellectuellement que spirituellement.

Bref, un transhumanisme qui ne dit pas son nom et auquel "Le Monde" ouvre grand ses colonnes.

Notre rôle à nous, adultes éducateurs, est d’aider nos enfants à entrer dans ce monde nouveau, aux frontières repoussées.

En quoi une formation traditionnelle s'y opposerait-elle : voilà la vraie question, à vrai dire...

Dans un de vos livres, vous développez le concept de « sagesse numérique ». Que signifie cet étrange concept ?

Concept numériste s'il en est.

Savoir utiliser la machine pour les tâches qu’elle fait mieux que nous, savoir faire confiance au cerveau humain pour sa supériorité sur la machine… Voilà ce qu’est la sagesse numérique. Trouver un juste équilibre entre ces ceux approches s’apprend. L’éducation y contribue.

La "sagesse numérique" consisterait surtout à mesurer tout ce que le numérique retire à la sagesse humaine.

Ce nouvel équilibre peut d’ailleurs déplacer ce qu’on pensait immuable. Regardez la perception qu’ont les adolescents de la propriété intellectuelle. C’est intéressant… Bien sûr que nos enfants doivent montrer du respect pour le passé et les attitudes du passé, mais nous ne devons pas les enfermer dans ce passé.

Qui parle "d'enfermer dans le passé" et quel rapport avec la "propriété intellectuelle" : ce concept serait-il dépassé ? Les livres de Mark Prensky sont gratuits ?

Vous dites que la sagesse, c’est que la technologie devienne une extension de notre cerveau. Cela ne risque-t-il pas de créer plus de passivité chez les adolescents, c’est-à-dire une attitude contraire à l’apprentissage ?
Absolument pas ! C’est même l’inverse. La jeune génération est beaucoup plus active que passive.

A l'appui de cette déclaration fracassante... rien.

C’est la génération d’avant, celle qui a grandi devant la télévision, qui était passive.

Rappelons quand même que les mêmes discours millénaristes ont été tenus aux débuts de la télévision. Les résultats sont spectaculaires, en effet. :fur

Regardez à quelle vitesse les jeunes se familiarisent avec les nouvelles technologies, observez comment il y a toute une vague du « faire » dans le sillage de l’imprimante 3D.

Du "faire" ? Non du "faire fabriquer par une machine"... :shock:

La jeune génération veut fabriquer, créer avec les outils de son époque. Les adolescents ont à leur disposition, parfois dans leur poche, les outils créatifs les plus puissants que le monde ait jamais connus.

Et spontanément ils s'évertuent à rendre le monde meilleur avec ces "outils créatifs" fabriqués dans des pays pauvres et voués à une péremption rapide. :doc:

Arrêtons de critiquer nos enfants parce qu’ils ne nous ressemblent pas. Notre rôle est de les encourager à utiliser ces outils pour construire le monde de demain.

Une console vidéo est un "outil" ? :scratch:

Dans ce moment d’incertitude et de transition, comment décider des savoirs qui seront nécessaires demain ?
D’abord arrêtons de préparer nos enfants à un monde dans lequel la technologie n’était pas fiable.

Car aujourd'hui la technologie est fiable ! :doc:

La plupart des choses que nous avons apprises par cœur peuvent se retrouver aujourd’hui facilement sur le Net.

Elles se trouvaient déjà dans les manuels scolaires... Il s'agit en tout cas donc bien de renoncer à apprendre "la plupart des choses" que nous avons apprises.

Souvenez-vous qu’il y a dix ans à peine nous mémorisions encore les numéros de téléphone…

Nous voilà replongés dans le "savoir disponible"...

Certains veulent encore faire croire qu’utiliser Google en classe c’est tricher...

C'est surtout renoncer à penser par soi-même. Est-ce qu'aller sur Google pour traduire un texte ou résoudre une équation a un sens ? Mark Prensky, grand expert de l'éducation, réduit l'enseignement à une dimension purement documentaire. :shock:

...que Wikipédia n’est pas fiable.

Il faudrait savoir : Wikipédia se présente comme une source secondaire nécessitant une vérification dans les sources primaires. Considérer que Wikipédia est fiable, c'est précisément n'avoir rien compris à Wikipédia.

Dans de nombreuses autres circonstances, nous devons, nous adultes, réviser nos croyances.

Lien logique ?

Sauf si l’on veut garder une calèche dans son garage en cas de défaillance de l’automobile.

Apprendre à penser le numérique permet d'utiliser le numérique. Apprendre à penser avec le numérique ne permet pas d'apprendre à penser sans lui.

Une bonne partie des programmes enseignés aujourd’hui sont inutiles.

Des détails, des détails ! Mais non, Mark Prensky reste toujours aussi évasif et préfère des analogies comme celles de la calèche : c'est intellectuellement plus confortable.

Si nous voulons lutter efficacement contre l’ennui en classe, contre le décrochage, il faut que les élèves se sentent concernés par ce que l’enseignant propose.

La "lutte contre l'ennui" s'apparente à la recherche de la stimulation permanente, sur le mode de la gamification, laquelle considère finalement des élèves comme des êtres beaucoup plus passifs qu'elle ne veut le faire croire.

Nous pouvons très bien développer la pensée logique en enseignant la programmation, plutôt que des connaissances moins utiles.
Lesquelles ? :fur
Et en quoi la programmation est-elle "utile" exactement ?

C’est d’autant plus important que les adolescents apprendront ainsi à prendre le contrôle de la machine.

Bien sûr ! :santa:
"prendre le contrôle" est une expression totalement creuse ici.

Et c’est beaucoup plus motivant que bien des exercices factices pour développer la logique !

Les exercices pour apprendre le code sont toujours motivants ! :cheers:

Et comment l’école peut-elle éduquer à la liberté dans ce maillage serré ?
Nos enfants sont plus libres dans ce monde technologique que leurs aînés ne l’ont jamais été… à condition qu’on cesse de les brimer.

"Brimer" comment, exactement ? :shock:
Et en quoi consiste cette liberté, exactement ?

Oui, mais les éducateurs ont aussi le souci de ne pas en faire des geeks. Ils craignent que ce monde technologique rende virtuelles les relations humaines. L’hyper­connexion ne favorise pas la rencontre…
Une communication profonde et sincère peut passer par l’écrit.

C'est assez rare, à vrai dire et ça ne remplace pas une vie sociale. Mark Prensky est donc favorable, sans le dire, sans le dire à un monde de relations humaines virtuelles.

Souvenez-vous des lettres que vous avez reçues !

Argument relativiste assez faible. Les lettres pallient la séparation imposée dans les échanges. La communication virtuelle se substitue aux échanges humains.

Par ailleurs, si vous êtes adeptes des haïkus ou des aphorismes, vous savez qu’on n’a pas besoin de beaucoup de mots pour formuler une pensée profonde.

Encore une relativisme consternant hissant le tweet à la pensée profonde d'un aphorisme philosophique ou d'un haïku.

Le monde des relations évolue, mais nous n’entrons pas dans une ère de solitude pour autant.

Il faudrait savoir...

Arrêtons de penser que parce que les adolescents ne parlent pas la même langue que nous, ils communiquent moins bien. Chaque langage a ses forces et ses faiblesses...

Relativisme encore. Mais de quelle "langue" parle Mark Prensky ? :scratch:

...mais l’homme sait s’emparer de chacune d’elles suffisamment bien pour toujours communiquer avec profondeur.

On se demande bien pourquoi Mark Prensky écrit des livres au lieu de tweets pour exprimer une pensée si profonde.

Le grec et le latin sont devenus des niches !

:scratch:
La preuve que le numérisme est un anti-humanisme.

Nous avons maintenant une langue nouvelle qui est celle de la technologie.

:shock:
La technologie est une "langue" ?

La vidéo, la programmation sont des nouveaux langages.

Le texte est aboli.

D’autres vont apparaître, encore inconnus de nous.

Dixit vates ! :doc:
Dernière édition: 26 Nov 2014 16:57 par Loys.

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15 Jan 2015 21:38 #12901 par Shane_Fenton
"L'ordinateur, bras droit du professeur"... il se peut que bientôt ce ne soit plus une métaphore... :?
En tout cas, je ne suis pas surpris par l'évangélisme de Prensky, qui me rappelle celui de James Paul Gee.

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