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"Repenser l'éducation pour épouser l'ère numérique" (T. Marx, Nicolas Sadirac, D. Jacquet)
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Aucun des auteurs de cette tribune n'enseigne dans le primaire ou le secondaire. Et, comme on va le constater, le discours est extraordinairement confus ou vague s'agissant d'"éducation", sans précision de niveau.Repenser l'éducation pour épouser l'ère numérique
Si l'on définit "l'ubérisation" comme une libéralisation sauvage, par un court-circuit numérique, d'une secteur d'activité commercial au mépris des lois et des protections sociales, l'ubérisation de l'école offre effectivement une perspective réjouissante.S'il veut survivre, le monde de l'éducation a grand besoin d'intégrer l'ubérisation de la société dans ses modes de pensée.
Seul problème : l'école n'est pas un secteur d'activité commercial, ni même un service public. C'est une mission de la République.
C'est vrai que l'École ne subit pas réforme sur réforme...L'Education nationale n'évoluera que si elle ouvre ses portes, au lieu de s'opposer à tout changement.
Elle doit donc s'ubériser elle-même pour ne pas l'être ?Plus elle s'isolera, plus elle risquera de se voir « ubérisée ».
Caricature : l'enseignement est un échange vivant, c'est-à-dire tout sauf un enregistrement vidéo, qui serait plutôt le modèle des moocs ou de la classe inversée...Car notre système éducatif est basé sur des principes qui s'accommodent mal du monde nouveau. Trop à sens unique. Le professeur sait. Il dispense. Vous écoutez.
Par ailleurs, on reconnaît ici le dogme constructiviste qui met à égalité "l'enseignant" et "l'apprenant". Thierry Marx n'est-il pas présenté comme un "chef" ?
Quel "discours", lorsqu'un professeur de mathématiques ou un professeur de lettres enseigne l'analyse d'un raisonnement ? Quelle "méthode imposée" quand les professeurs jouissent d'une liberté pédagogique garantie par le Code de l'éducation ?Le discours est répété, inlassablement et, souvent, sans aucune remise en question, par des professeurs prisonniers d'une méthode imposée.
Tentative de relativiser le "sans aucune remise en question" de la phrase précédente.La structure administrative fige leur volonté de changement.
Elle recherche le profit facile. L'École cherche autre chose.L'ubérisation adore ces situations.
Que le court-circuit numérique puisse passer pour "créatif" serait déjà discutable : c'est une créativité qui se moque des lois protégeant les salariés ou les consommateurs. Mais en quoi l'ubérisation libère-t-elle la créativité ? Les conducteurs Uber sont plus créatifs que les autres ?Elle libère la créativité et remet en cause la pensée unique. La rente.
Cliché pédagogiste : il serait bien difficile de définir la créativité comme une compétence. Par ailleurs les anciens élèves de l'école traditionnelle n'ont eu aucune difficulté à s'adapter au monde moderne. Les plus créatifs (en supposant qu'une telle créativité soit vraiment digne d'admiration : Facebook n'est jamais qu'un trombinoscope amélioré) des grands groupes numériques ont souvent eu des parcours scolaires très académiques et élitistes...Ce système basé sur la répétition des habitudes tue la créativité et l'esprit d'adaptation désormais indispensable.
Le changement n'est pas nouveau, mais sa vitesse est folle. L'éducation devrait y préparer les élèves et leur permettre de l'affronter à plusieurs.
Caricature...Apprendre par coeur...
Caricature......se contraindre à l'uniformité...
En même temps une raquette sans filet ne serait plus vraiment une raquette. Il y a des images qui mériteraient d'être mieux choisies....peut fabriquer des bêtes à concours, utiles pour alimenter le flot de nos futures élites, mais insuffisant pour combler les trous dans la raquette sociétale.
Ce propos anti-élitiste et à vocation sociale est très étonnant dans la bouche du directeur d'une école pratiquant une sélection sauvage. L'École publique, contrairement à 42, ne choisit pas ses publics en les sélectionnant sur leur niveau.
De même, où est la préoccupation "sociétale" d'Uber quand cette société se dispense, par un montage financier complexe, de verser des impôts en France ?
Même si c'était vrai ("le collaboratif l'emporte"), ce dont on peut douter (Uber est tout sauf un modèle "collaboratif"), quel rapport entre le mode de formation et les méthodes de travail ?Pendant très longtemps, l'Education nationale a assumé le rôle qu'on lui a affecté et l'a fait avec succès. Mais elle est désarmée face aux bouleversements actuels.
Dans un monde dans lequel le collaboratif l'emporte, le mode de formation descendant est disqualifié.
Les connaissances ont été disponibles bien avant l'ère numérique, ne serait que dans les manuels scolaires pensés pour les élèves : leur disponibilité s'est accrue, il est vrai, le plus souvent dans la plus grande confusion. Il n'empêche que croire que cette disponibilité en ligne suffit à rendre ces connaissances accessibles est d'une naïveté confondante.Le savoir étant disponible, il n'est plus distinctif.
Utilitarisme terrifiant, conséquence d'une décennie d'idéologie de la compétence. Il ne faut donc rien apprendre, si ce n'est ce qui peut servir ici et maintenant.C'est l'utilité qu'on lui confère, l'objectif qu'on lui fixe, qui fait la différence.
L'École 42, trop jeune encore, n'a encore rien montré : elle n'est pour l'instant qu'une coquille médiatique vide. Voir notre réflexion : "42” ou l’exemple de l’école libérée"Nous devons donc donner à nos enfants les armes pour affronter ce nouveau monde et les baskets pour courir à son rythme. En France, la sélection de « l'espèce » se fait par le haut. Les maths constituent les galons qui distinguent les meilleurs. Or, l'Ecole 42 a justement fait exploser ces critères.
Par ailleurs, la sélection par les mathématiques n'a pas de sens dans le Supérieur. Comment peut-on comparer une école privée informatique du Supérieur avec l'École publique ?
L'École 42 ne choisit pas les élèves "perdus" pour en faire "ses meilleurs élèves", mais les meilleurs qui se présentent à son concours d'entrée. Les cohortes des étudiants de "42" ne sont d'ailleurs guère représentatives de la société française.Une très large proportion de ses meilleurs élèves étaient considérés comme perdus pour l'Education nationale.
En quoi les élèves qui apprennent l'anglais ou l'histoire n'en comprendraient pas le sens ?Ainsi, nous pensons que la formation du XXIe siècle se justifiera par le projet qu'elle sous-tend. Dans un monde dans lequel le fait d'étudier était la certitude d'une carrière tracée, apprendre sans en comprendre le sens pouvait se concevoir.
On notera d'ailleurs que, contrairement aux autres écoles, 42 ne dispense aucun enseignement général.
L'Ecole, à part dans la voie professionnelle, n'offre pas une "formation" qualifiante. Confusion permanente entre un discours peut-être recevable dans le Supérieur et dépourvu de sens dans le primaire et le secondaire.Cet aveuglement avait une contrepartie. Mais, dans un monde dans lequel le diplôme ne garantit plus le succès, la formation doit se réinventer.
Personne ne peut le savoir dans le primaire ou le secondaire. C'est d'ailleurs l'intérêt d'une formation générale...L'élève doit savoir pourquoi il se forme et ce à quoi cela le mène.
Il donne un sens à chaque chose apprise. Son objectif, c'est son avenir, et il veut se montrer digne de son titre.
Le diplôme devient une conséquence et non un objectif.
Que "42" cesse de recruter sur sélection pour donner des leçons de vie en société ou de pédagogie efficace...C'est le rôle de l'école que de rendre lucide. L'éducation doit aussi produire des êtres responsables, capables de vivre en société.
Elle doit répondre aux défis de l'évolution darwinienne du monde, celle du digital.
Bizarre contradiction... Et toujours caricatures ("la seule capacité à apprendre") et formules creuses.Développer des êtres capables d'adaptation, distingués par d'autres qualités que la seule capacité à apprendre. Fabriquer des êtres autonomes, mais conscients de la nécessité du collectif.
Il serait intéressant de connaître le profil sociologique des étudiants de l'école 42. Puisse cette école moderne "donner la même valeur et les mêmes chances à ceux qui souhaitent exceller", sans exclure ceux qu'elle estime indignes de son "enseignement".Donner la même valeur et les mêmes chances à ceux qui souhaitent exceller. L'école de la République, elle, est devenue un outil d'inégalité sociale.
La reproduction des élites n'a d'équivalent que le déclassement du reste de la population de nos écoles.
Le mode de fonctionnement de 42 (des professeurs qui n’enseignent pas) promu en modèle pour "repenser l'éducation" dans son ensemble.Le numérique peut aider les professeurs à transformer leur univers. Dispensateurs des savoirs du monde, ils doivent devenir des coordonnateurs, des révélateurs de talents, des accompagnateurs de projets emplis de sens.
Formule creuse...La quête de l'excellence doit animer chacun, de l'apprenti boulanger à l'élève programmeur.
Le respect de la notion de travail, au service d'un projet, ne doit plus être vu comme une contrainte mais comme un outil.
42 n'a nullement montré sa plus-value. Et avec la sélection initiale qu'elle pratique, l'absence de modèle concurrent ou le refus de préparer à un examen ou à un concours, cette plus-value risque bien d'être difficile à appréhender...Celui qui forme n'est légitime que s'il prouve sa plus-value et non du simple fait de son statut.
Rien n'empêche un "changement" d'être médiocre : Uber en est un bon exemple.Ubérisons la formation, le changement n'est pas une insulte au passé, mais à la médiocrité.
Derrière une vague préoccupation sociale, un discours libéral confus, sentencieux et empli de clichés
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